Voici pourquoi le capitalisme, fondamentalement, ne peut pas être réformé ni devenir Vert

Ses propres lois de fonctionnement discréditent définitivement le capitalisme

samedi 14 août 2021, par Les Indiens du Futur.

Macron, comme la quasi totalité des dirigeants politiques ou économiques connus ou inconnus, se réjouit d’un "retour de la croissance". Leur objectif est toujours qu’on travaille et produise plus.
Ils font mine de croire que la croissance permettrait d’avoir les moyens de réduire les dérèglements climatiques !
A présent, ils ne jurent que par le "capitalisme vert" et la supposée "décarbonation" de l’Economie à l’aide de hautes technologies industrielles.
Toutes ces absurdités criminelles sont brillamment démontées dans les posts ci-dessous, qui expliquent ce qu’est véritablement le capitalisme.
C’est un peu ardu à lire et parfois verbeux, mais ça vaut le coup de s’accrocher car c’est essentiel et ça permet de démolir définitivement les discours majoritaires suicidaires et hors sol qui sont promus partout.

Tentative de résumé (simpliflié) : le capitalisme, par essence, du fait de ses mécanismes fondamentaux, ne peut pas se réformer ou "se verdir".
Il est totalement inféodé à la valorisation du capital, et donc à l’accroissement des productions du fait de la pression de la concurrence et de la hausse de la productivité. Peu importe ce qui est produit car ce qui compte c’est de toujours dégager suffisamment de valeur (et pas de d’abord satisfaire des besoins réels), de richesse abstraite sous la forme-argent, pour que la machine puisse continuer. Cette production "brûle" les humains et les produits de la Terre pour accroître le Capital.

L’« économie » n’est pas du tout la même chose que la simple fabrication de biens matériels nécessaires.

Sous le règne du capitalisme, un pain n’est fondamentalement pas du pain et une paire de pantalons n’est pas davantage une paire de pantalons : ces deux choses « valent » que comme une représentation du « travail abstrait » passé et donc comme « richesse abstraite » sous la forme-argent. C’est pourquoi rien n’est produit simplement parce que leur besoin se fait sentir et pour avoir les moyens matériels de le satisfaire ; et c’est pour cette raison que, en dépit de l’impérialisme de la « production », un pain ou un pantalon font souvent défaut à beaucoup de monde.

Quand la « production » est devenue économique, quand il s’est agi de produire de l’argent, c’est-à-dire une réalité économique, en lieu et place des biens utiles à la vie, la face du monde en effet a été changée
. Le capitalisme est une « révolution économique » mais non pas une révolution à l’intérieur d’un univers économique prédonné, il est le surgissement radical de celui-ci et son installation dans l’être (c’est-à-dire autant dans nos tronches que sous notre peau).

Voici pourquoi le capitalisme, fondamentalement, ne peut pas être réformé ni devenir Vert
Se noyer dans l’argent à en mourir

★ Contribution à une élucidation systématique du saccage de la Terre par le rapport-capital que nous formons.

Sous le capitalisme, les matières premières détachées de la Terre et du vivant ‒ monde animal et végétal ‒, pour en faire les « corps des marchandises » et les marchandises elles-mêmes, sont, comme nous l’a appris Marx, des supports de valeur, c’est-à-dire les moyens de la multiplication de l’argent et non de simples éléments constitutifs d’une richesse matérielle qui auraient pour finalité de satisfaire des besoins (utiles ou inutiles) et donc la « consommation ».

Dans le capitalisme, la forme de la richesse sociale spécifique à cette seule société (la valeur) apparaît sous la forme de la survaleur qui métabolise l’ensemble du procès de production et de reproduction des individus transformés en « travailleurs » et « consommateurs » médiatisés par les marchandises qu’ils produisent et consomment. Ces marchandises de chez Leroy Merlin, La Maison de la literie, Marie Blachère ou Chausson matériaux, n’existent pas en dernière instance sur le plan de la logique d’ensemble comme moyens de consommation et de satisfaction de besoins (quels qu’ils soient), ils n’existent que comme supports de la valorisation de la forme de richesse susdite. Cette richesse abstraite fait abstraction dans son autoréférentialité de tous les contenus interchangeables et secondaires des marchandises (fer à frisser les cheveux, lunette de piscine, poubelle à pédale, coffre de voiture, etc.), car elle se réfère tautologiquement à elle-même. Elle est bouclée sur elle-même. La valeur et son incarnation dans l’argent ne sont pas un simple moyen d’échange ou de circulation des marchandises, elles ne sont pas un simple médium entre des producteurs qui seraient réellement indépendants. Cette richesse abstraite est autoréflexive, elle n’a d’autre fin qu’elle même et constitue dès lors sa substance sociale ‒ alias la dépense abstraite de force de travail (le travail abstrait) ‒, en mécanisme n’ayant également de fin qu’en soi. Mécanisme qui, à travers les milliards d’actions des êtres humains qui composent différemment l’exécution obligée de son rapport social, se représente comme auto-mouvement de l’argent, c’est-à-dire au final, transformation d’un quantum de travail mort et abstrait en un autre quantum de travail mort et abstrait et constitue ainsi un mouvement tautologique de reproduction et d’auto-réflexion de l’argent, qui n’est rien de moins que ce que nous appelons le capitalisme.

Dans le cadre de ce principe capitaliste de la dépense abstraite de la force de travail, dans lequel le travail est posé comme fin en soi tautologique et substance de la forme de richesse abstraite, « le moyen de travail universel est [...] la terre elle-même ; car c’est elle qui procure au travailleur son locus standi et l’espace d’efficience de son processus de travail » (Le Capital, livre I, ES, 2016, p. 178). Le capital en tant que le rapport social d’autoréflexion de l’argent que nous constituons par notre inscription en lui de diverses manières et selon quantité de places et classes hiérarchisées, produit la richesse matérielle comme simple moyen de créer de la valeur/survaleur, de la richesse abstraite (s’incarnant dans l’argent). Il transforme les matières premières qualitativement particulières en « choses », en supports qualitativement homogènes de temps objectivés de travail mort et abstrait. Les ressources humaines et matérielles servent désormais l’autoréflexion de l’argent vers « davantage d’argent » (autrement dit la transformation de 100€ en 110€). Aussi le capital ne consomme-t-il pas seulement la nature matérielle en tant que matériau de la richesse matérielle (comme le croit la critique antiproductiviste, la critique des « faux besoins », la critique écologiste ou décroissante, etc.), mais fondamentalement en tant que moyen d’alimenter le feu nourri de sa propre expansion (A-M-A’) sur le plan de la richesse abstraite ‒ c’est-à-dire en tant que moyen d’extraire et d’absorber plus de temps de surtravail possible de la population laborieuse.

Voici pourquoi le capitalisme, fondamentalement, ne peut pas être réformé ni devenir Vert
Transformer le monde naturel et ses habitants en marchandises mortes permettant d’accroître le Capital

Des quantités toujours croissantes de matières premières et d’énergies sont ainsi arrachées à la Terre et doivent être consommées, brûlées, transformées, pour produire des marchandises même s’il n’en résulte pas une augmentation correspondante de la forme sociale de la sur-richesse (survaleur et profit).

C’est ce que Marx appelle la « consommation productive » qui alimente la chaudière à valorisation du rapport-capital : « le travail consomme ses éléments matériels, objet et moyen, il les mange » (Karl Marx, Le Capital, livre I, ES, 2016, p. 181). Marx défini de la façon suivante cette consommation productive dans un passage que l’on peut citer intégralement : « Le travail use ses éléments matériels, son objet et ses moyens, et est par conséquent un acte de consommation. Cette consommation productive se distingue de la consommation individuelle en ce que celle-ci consomme les produits comme moyens de jouissance de l’individu, tandis que celle-là les consomme comme moyens de fonctionnement du travail. Le produit de la consommation individuelle est, par conséquent, le consommateur lui-même ; le résultat de la consommation productive est un produit distinct du consommateur. En tant que ses moyens et son objet sont déjà des produits, le travail consomme des produits pour créer des produits, ou bien emploie les produits comme moyens de production de produits nouveaux » (Marx, Le Capital, Livre I). Cette consommation productive qui a lieu au quotidien sur les chaînes de production de n’importe quelle entreprise aux quatre coins du monde, est la principale bouche béante et jamais rassasiée du Moloch-capital dans laquelle les éléments de la Terre et le vivant sont jetés dans les flammes de l’auto-mouvement de l’argent qui montent désormais jusqu’au ciel en allant jusqu’à modifier inexorablement le climat.

« Avec le capital note Moishe Postone, la transformation de la forme (-marchandise) devient une fin en soi et, la transformation de la matière devient le moyen de cette fin. La production, en tant que procès social de transformation de la matière, qui médiatise les hommes et la nature, est subsumée sous la forme sociale constituée par la fonction socialement médiatisante du travail sous le capitalisme » (Moishe Postone, Temps, travail et domination sociale, p. 393). Cela constitue la structure de base de la société capitaliste, et tout le reste en dérive.

La force destructrice des complexes technoscientifiques entrelacés (industries, macro-systèmes techniques, etc.) qui matérialisent le processus entrepreunarial de la valorisation de la valeur, et leur dynamique délirante ont depuis longtemps franchi la ligne rouge derrière laquelle commencent les « catastrophes naturelles » causées par l’économie et la technoscience. « Les forces productives y deviennent franchement des technologies d’autodestruction apocalyptiques » (Robert Kurz). La destructivité matérielle du mouvement autoréférentiel du capital, est cependant plus encore déterminée par la dynamique immanente à sa logique de base. Le cadre concurrentiel des différents amas de capitaux qui au travers des entreprises cherchent à transformer 100€ en 110€, exige une augmentation permanente de la productivité. Comme chaque produit représente de moins en moins d’argent, le volume de la production doit croître non pas de manière linéaire, mais en progression géométrique pour compenser la diminution de valeur-survaleur par unité de marchandise. Plus la productivité du travail augmente, plus la quantité de ressources consommées doit s’accroître pour que soit produite une même quantité de survaleur au travers d’une montagne grandissante de « corps de marchandises ». C’est là l’origine objective du productivisme, du « produire pour produire », qui n’est rien d’autre que l’autre face ‒ sa matérialisation ‒ du mécanisme de la fin en soi délirante de l’accroissement de l’argent, c’est-à-dire la logique de base de Lidl, Aldi, Promocash, Ikea, Subway, Amazon, Leclerc, Bosch, Samsung, Netflix, Safra, Airbus industries, Pasquier brioche, Gaspacho Alvalle, etc., et de la géographie mondialisée du capital qui court aux quatre coins du monde la « réduction des coûts de production ». Le gaspillage, le consumérisme goinfre du lèche-vitrines des centres-villes et des influenceurs TikTok, la consommation ostentatoire et surfaite des riches, ne sont toujours que des rapports dérivés de cette origine objective sise dans la logique de base de la forme de vie capitaliste.

Au fur et à mesure des poussée de la productivité qui se manifestent dans les différentes révolutions industrielles, le capitalisme par la ponction croissante sur la nature constitue devant lui un mur écologique dans la mesure où il exerce une pression croissante sur nos milieux. Le rapport-capital, au travers de sa substance, le travail, consomme les éléments matériels, objet et moyen de la Terre qui font les corps de ses marchandises, il la mange littéralement. Et puisque dans cette dynamique les investissements suivent les signes abstraits de la rentabilité, l’option d’un « développement durable », d’une « transition écologique » définie qualitativement au sein de l’économie de marché est une complète illusion, en ce sens qu’elle relève simplement d’une impossibilité logique.

Le problème écologique-climatique du capitalisme n’est pas fondamentalement le type de ressources ou d’énergies qu’il utilise (comme le croit l’idiot utile des énergies renouveables qu’est Andreas Malm avec son concept superficiel de « capitalisme fossile »), ce n’est pas le problème de mauvais choix qu’aurait fait le capitalisme,. Ce n’est pas comme si le capitalisme pourrait résoudre son problème en utilisant d’autres ressources, d’autres énergies, d’autres moyens de transport, d’autres matériaux en les utilisant de manière parcimonieuse, ou encore en produisant et en consommant plus localement ou en économisant l’eau sous la douche. Le problème du capitalisme n’est pas qu’il produit trop de choses inutiles au dépend de choses plus utiles. Ce n’est pas cela fondamentalement qui se trouve la méta-origine de la crise écologique du capitalisme (le changement climatique n’étant qu’une partie de celui-ci).

Le problème fondamental du capitalisme qui est immédiatement celui des êtres humains piégés par l’être qu’ils ont eux-mêmes produits au quotidien, vient de son fonctionnement objectif concret qui est acculé à opérer une ponction croissante sur la Terre et le vivant ‒ en termes de matières, ressources vivantes, énergies à extraire, transformer, électrocuter et brûler ‒ afin de compenser la baisse de valeur/survaleur par unité de marchandise qu’induit le processus de compulsion de la productivité. Compulsion qui sur les lignes de production sert à abaisser les prix des marchandises et extraire ainsi davantage de survaleur relative dans un cadre concurrentiel. Cette relation destructice entretenue entre la richesse matérielle et la richesse abstraite, n’est pas quelque chose d’accidentel pour le capitalisme. Elle constitue la matérialisation même de son mécanisme social le plus élémentaire.
Le capitalisme porté par son idéologie bourgeoise du progrès notamment technologique, aura beau continuer à saccager la Terre par les technologies « douces » et « vertes », changer de mix énergétique et recouvrir la Terre d’énergies renouvelables, de centrales nucléaires EPR, ou encore racler les nodules polymétaliques sur le fond des planchers océaniques, miser sur l’efficience énergétique des batîments et des processus industriels, et basculer toute l’agriculture chimique en agriculture biologique, etc., il restera toujours dans l’impossibilité logique de débrancher la relation destructive qui lie inexorablement la richesse matérielle à la richesse abstraite.
No way out, pas de capitalisme vert et durable possible : la vie sociale capitaliste ne peut que prendre un caractère autodestructeur. Et face à cette urgence climato-écologique, si on veut se donner les moyens de « tirer le frein d’urgence » (Walter Benjamin), il faut défendre une urgence révolutionnaire qui soit portée pour la première fois au-delà de toutes formes d’anticapitalisme tronqué.

Voici pourquoi le capitalisme, fondamentalement, ne peut pas être réformé ni devenir Vert
Le capitalisme ne connaît aucune limite dans l’invention de produits absurdes et anti-écologiques

« L’industrie moderne a tué plus d’enfants que le roi Hérode, mais elle a toujours su se laver les mains et se référer aux lois changeantes de l’argent. Les salariés ne remettent pas non plus en cause le produit de leur travail, puisqu’ils sont totalement dépendants de leur "emploi". Le système de l’argent est responsable d’une schizophrénie structurelle : tout le monde sait que son action est destructrice, mais chacun garde les yeux rivés sur ses revenus, comme le lapin sur le serpent. » (Robert Kurz)

(posts de Palim Psao)

NOTES :
C’est pourquoi tout écologiste ou humaniste décent se doit d’être foncièrement anticapitaliste, et même contre le monde de l’Economie (le fait de faire de la production un élement central, et de sacraliser le travail).
On parle ici d’un anticapitalisme non tronqué, qui ne se limite pas à critiquer la finance au profit de l’économie dite réel, le capitalisme mondialisé au profit d’un capitalisme plus local, certains prétendus "excès" du capitalisme, à critiquer certains emplois tout en sacralisant le travail salarié, etc.

- On pourrait aussi ajouter que l’effet rebond rend vain les tentatives d’économies d’énergies ou de matières premières dans le capitalisme. En effet, le besoin d’énergies et de matières premières est tel dans la folie capitalisme, que tout ce qui serait économisé d’un côté serait utilisé ailleurs, et appellerait au final à un surcroît de consommation d’énergies et de matières premières.

P.-S.

Perspectives et pistes de résistance active

La situation écologique, climatique, sociale est terrible.
Mais tant qu’il y a des résistances, rien n’est complètement perdu.
Et puis la civilisation industrielle, ce système techno-capitaliste et étatique, n’est peut-être pas si solide que ça, elle sans doute plus attaquable qu’on ne pense.

Il existe quantité de moyens de se battre, de lutter pour abattre/détruire/démolir/désarmer/stopper/effondrer les structures matérielles et idéologiques de la civilisation industrielle. Et quantité de moyens pour construire à la place des mondes vivables et soutenables.
Soutien financier, action directe, information, soutien aux personnes engagées, actions publiques ou clandestines, communication, refuges...
Il y en a pour tous les goûts, toutes les disponibilités et « niveaux » d’engagement.

Il y a des places pour chacun.e dans cette vaste culture de résistance à construire.

- Liens utiles pour aller plus loin :


Répondre à cet article

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
[Se connecter]
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Partagez la page

Site réalisé avec SPIP | | Plan du site | Drôme infos locales | Articles | Thèmes | Présentation | Contact | Rechercher | Mentions légales | Suivre la vie du site RSS 2.0
Médial local d'information et d'expression libre pour la Drôme et ses vallées, journal local de contre-pouvoir à but non-lucratif, média participatif indépendant :
Valence, Romans-sur-Isère, Montélimar, Crest, Saillans, Die, Dieulefit, Vercheny, Grane, Eurre, Loriol, Livron, Aouste sur Sye, Mirabel et Blacons, Piegros la Clastre, Beaufort sur Gervanne, Allex, Divajeu, Saou, Suze, Upie, Pontaix, Barsac, St Benois en Diois, Aurel...
Vous avez le droit de reproduire les contenus de ce site à condition de citer la source et qu'il s'agisse d'utilisations non-commerciales
Copyleft