CECI N’EST PAS LIÉ À LA CRISE DU COVID-19
En tout cas pas exclusivement (voir :https://www.slate.fr/story/213723/hausse-tentatives-suicide-morts-enfants-perilleux-impense-passage-acte-confinements). C’est simplement un triste effet parmi tant d’autres de l’organisation sociale dont nous faisons partie. La civilisation a toujours été un enfer pour les enfants. La civilisation pourrait d’ailleurs se définir par une certaine manière d’élever les enfants (autoritaire, violente, standardisée, utilitaire, inhumaine).
- Le suicide des enfants en hausse - La civilisation industrielle est néfaste à tout point de vue
- Partout, dans tous les domaines, la civilisation industrielle étend ses ravages, et on voudrait la « sauver », la faire durer ?!
Dans un livre à paraitre aux éditions Le Hêtre-Myriadis, intitulé « Anthropologie de l’enfance », David Lancy, anthropologue états-unien spécialiste de l’enfance, effectue un tour d’horizon des différentes manières dont les enfants vivaient et étaient élevés (vivent et sont élevés) dans les différents types de sociétés ayant existé, et existant encore. Il conclut que seule l’enfance chez les chasseurs-cueilleurs était réellement bonne, que seuls les chasseurs-cueilleurs offraient aux enfants une sorte de paradis où grandir et s’épanouir. (Il affirme aussi, avec ses œillères de spécialiste formé et stipendié par la civilisation industrielle contemporaine, que l’on tendrait actuellement, dans la civilisation industrielle, à retrouver ce genre de paradis ; néanmoins, outre quelques thèses ou analyses douteuses de ce genre et dont les motifs sont assez évidents, le livre est très intéressant.)
Cela dit, la civilisation industrielle contemporaine n’est pas qu’un enfer pour les enfants, c’en est aussi un pour les adultes et les personnes âgées (froidement stockées dans des « établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes » en attendant la fin), pour tout le monde, d’où des consommations élevées de psychotropes, d’anxiolytiques, d’hypnotiques, et d’autres drogues légales (alcool, café), etc., d’où les angoisses, stress, dépressions, burnouts, bore-outs, etc.
Et donc, une des choses les plus effrayantes chez les civilisés contemporains, c’est ce refus d’admettre que, même en mettant de côté tout le reste, le désastre écologique, le réchauffement climatique, etc., la civilisation est un désastre à tous les niveaux, y compris et notamment sur le plan humain, social. Fructueusement conditionnés par l’idéologie du Progrès (selon laquelle tout va de mieux en mieux, hier était moins bon qu’aujourd’hui, qui est moins bon que demain), on se raccroche, tout de même, à cette maigre branche : « oui, mais, tout de même, nous vivons mieux qu’avant ! »
Et pendant que les enfants sont malmenés de toutes parts, abandonnés au conditionnement scolaire, vissés devant un bureau, enfermés toute la journée, et même chez eux devant des écrans à se faire rincer le cerveau, à s’abrutir et s’étioler (s’encrasser l’organisme dans la sédentarité : « En 1971, les enfants mettaient trois minutes pour faire 600 mètres ; aujourd’hui, il leur faut plus de quatre minutes. Ils ont perdu 25% de leurs capacités cardiaques. Ce n’est pas juste un ressenti, ce sont des chiffres avérés. Le constat est le même pour le temps passé devant les écrans, qui a considérablement augmenté. Aujourd’hui, les jours sans école, les garçons âgés de 11 à 14 ans passent 5h48 par jour devant un écran, et les filles 6h13. Je ne sais pas si on mesure les conséquences pour le futur. »)
Pendant ce temps, les adultes responsables cherchent des solutions pour alimenter en énergie propre et illimitée la glorieuse civilisation technologique, bientôt multiplanétaire.
Une terrible démence.
Post de Nicolas Casaux