De prime abord, on pourrait se dire qu’une navette autonome électrique, c’est génial : c’est « propre », c’est du transport en commun, ça remplace le boulot pénible de plusieurs conducteurs par le boulot d’un technicien qui gère plusieurs navettes...
Mais ...il y a quelques petits hics.
- La navette électrique autonome sans pilote Ecocite de Eurre / Crest : une technologie à abandonner
- Les hautes technologies ne seront jamais écologiques ni démocratiques
D’abord, présentation de la machine, la navette électrique sans pilote « Beti »
Quelques aperçus des messages promotionnels :
MOBILITÉ INNOVANTE 🚐🆕
Nos services techniques ont aménagé aujourd’hui devant la gare le futur quai d’accès à la « navette autonome », qui sera expérimentée à partir de février entre Crest et l’écosite d’Eurre. ⭐ Une 1re mondiale en milieu rural ! ⭐ Hervé Mariton a présenté ce projet aux côtés de Jean Serret (président de la CCVD et Maire d’Eurre), Olivier Bernard (maire de Livron et vice-président à la CCVD) et Muriel Paret (conseillère départementale). Initiative portée par la Région Auvergne-Rhône-Alpes, avec La Drôme, le Département, la Communauté de communes du Val de Drôme en Biovallée, la Ville de Crest et Eurovia
(Post de la ville de Crest, 7 janvier 2020)
voir aussi :
- http://www.mairie-crest.fr/-Innovation-.html?recherche=navette-autonome
- https://www.auvergnerhonealpes.fr/actualite/902/23-innovation-experimentation-d-une-navette-autonome-en-milieu-rural.htm
- Dans le journal Le Crestois du 11 septembre 2020, le président de la CCVD Jean Serret faisait un éloge fou de la navette, souhaitait le train à hydrogène, « l’Intelligence Artificielle » et la réindustrialisation pour la Vallée de la Drôme
- L’auto-promo de la navette sur FB
Laurent Wauquiez :
La première navette autonome rurale au monde est lancée en @auvergnerhalpes. Elle est 100% électrique et fabriquée à 90% dans notre région. C’est un symbole : celui d’une ruralité vivante et attractive, celui d’une écologie de bon sens, celui d’une préférence régionale assumée.
On compte parmi les partenaires de cette navette électrique autonome :
- Eurovia = Filiale du groupe Vinci
- Navya, qui développe aussi du « Tracteur industriel autonome pour la logistique » (pour Amazon ?) et des projets à Abu Dhabi pour Masdar City
Nos remarques critiques et autres rappels
Les élus sont presque toujours ravis, quel que soit leur bord politique, de lécher le cul des industriels « innovants », de se mettre en scène en grand sauveur moderne et d’encenser le dieu Innovation, mais la navette électrique sans pilote ça pourrait bien être malgré tout une initiative rétrograde, qui favorise la fuite en avant dans les hautes technologies, lesquelles sont anti-écologiques et anti-démocratiques (car reposent sur des infrastructures complexes et centralisées).
Tout ça ne servirait au final qu’à developper de nouveaux marchés, de nouvelles parts de croissance économique pour les mêmes entreprises ou de nouvelles startups avides d’innovations et de profits, bref tout ce qui détruit le vivant et un climat habitable partout sur Terre.
Et non on ne prône pas pour autant le retour à la bougie dans des cavernes.
D’autres sociétés sont possibles que la sophistication acharnée de l’actuelle impasse catastrophique, avec d’autres techniques (basse technologie, locales, conviviales, démocratiques).
Mobilité vers quoi, pour quoi faire ?
Des stations de ski ?, pour des zones industrielles géantes pour le e-commerce et le commerce hybride (telle que e-Valley)
Voir notre article sur la mobilité : La mobilité permanente : évolution positive ou nouvel enfermement contribuant aux désastres ? - Ce qui nuit à tous profite néanmoins à chacun personnellement
Quoi qu’en dise la com des "écolos" médiatiques, des élus ou des techno-industriels, les véhicules électriques ne sont pas des véhicules propres, et encore moins les véhicules autonomes. Et les hautes technologies telles que celles nécessaires à "Beti" ne sont ni écologiques ni conviales ni démocratiques :
- De la cuillère en plastique à la centrale nucléaire : le despotisme techno-industriel (par Nicolas Casaux)
- Planète des humains ou Comment le capitalisme a absorbé l’écologie (par Michael Moore, Jeff Gibbs, Ozzie Zehner)
- Confusion renouvelable et transition imaginaire (par Nicolas Casaux)
- La pire erreur de l’histoire de la gauche (par Nicolas Casaux) - Personne, au sein des tendances dominantes de la gauche, n’envisage la désindustrialisation, la sortie de la société industrielle technologique, son démantèlement au profit de petites sociétés à tailles humaines, aussi autosuffisantes et autonomes que possible, fondées sur des technologies douces, sur des basses technologies, comme horizon politique souhaitable. Un tel avenir est impensable, parfaitement indésirable. La chimère en laquelle on continue d’espérer, de croire, consiste toujours à communaliser, collectiviser, nationaliser, démocratiser ou étatiser les machines, les hautes technologies et les industries développées par le capitalisme. Le mouvement écologiste lui-même, devenu mouvement pour le climat, ou mouvement climat, ne vise plus qu’à perpétuer la civilisation techno-industrielle capitaliste en la verdissant, au moyen de hautes technologies supposément (faussement) vertes, comprenant celles visant à produire de l’énergie supposément (faussement) propre ou renouvelable.
- Low tech : face au tout numérique, se réapproprier les technologies (intéressant même si la critique des technologies numériques ne semble pas assez poussée)
- Ecologie : l’effet rebond casse les rêves du solutionnisme technologique - Les hautes technologies, c’est plutôt la poursuite du cauchemar écologique, climatique et social
- Dans le cadre technocapitaliste, les économies d’énergies sont un leurre très dangereux - Le système en place absorbe au final toute l’énergie disponible, « verte » ou fossile
- Le numérique carbure au charbon (par Sébastien Broca) - Pour qu’il soit accessible à tous, j’ai retranscrit cet article d’utilité publique du journaliste Sébastien Broca publié par le Monde Diplomatique dans l’édition de Mars 2020.
On a beau moderniser par tous les bouts, repeindre, décorer, changer l’énergie utilisée, numériser, renommer, une machinerie socio-économico-technique néfaste reste néfaste.
Et une haute technologie nécessitant une infrastructure lourde et mondialisée, des matières premières importantes issues de l’extractivisme, des appareils hiérarchiques et coercitifs ne peut pas être écologique, ni démocratique.
Donc, non à la navette, virons ceux qui la promeuvent, et construisons plutôt des sociétés vivables.
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