Lors de la lutte pour les retraites, il faudrait éviter de s’enliser dans les mêmes impasses idéologiques et économiques pourries que le régime macroniste et ses amis.
Si on en reste à une « simple » lutte défensive pour maintenir un statu quo on n’ira pas bien loin. Saisissons plutôt l’occasion pour élargir et approfondir les réflexions, les objectifs et revendications. Pour remettre en cause le capitalisme et son système du « travail » au lieu de juste vouloir temporairement adoucir un peu nos chaînes.
- Retraites : le problème c’est le travaillisme, c’est le capitalisme et l’absence de démocratie réelle
Quelques pistes de réflexions à poursuivre : :
- Battons-nous pour une retraite inconditionnelle, pour tous et toutes - L’auteur de cette tribune appelle de ses vœux une « contre-proposition générale » à la réforme des retraites pour retrouver « le véritable esprit d’une retraite par répartition », soit l’équité de la cotisation et de l’âge de départ et l’égalité de la pension.
- Retraites : pour gagner, en finir avec la routine manif-merguez-négo - Jeudi 19 janvier 2023 pourrait faire date comme la journée où les classes laborieuses de tout un pays ont redressé collectivement la tête face à un projet complètement injuste, carrément injustifié et attentatoire à leurs droits et leur dignité. Il pourrait aussi être le début de la fin pour un président bourgeois, imbu de lui-même et boursouflé de mépris de classe, qui récolterait une claque sociale à la mesure de la violence du système électoral pété qui l’a amené à gagner sa deuxième présidentielle. Mais le jeudi 19 janvier 2023 pourrait tout aussi bien être une journée de mobilisation massive et sympathique de plus, une démonstration de force de la légendaire capacité des directions syndicales françaises à bomber le torse pour mieux courber l’échine, entraînant les travailleuses et travailleurs dans leurs combines malsaines, transformant n’importe quelle colère en fête au village, n’importe quelle révolte globale en dialogue social. Heureusement, nous ne vivons pas dans le Jour sans fin et nous pouvons tirer les leçons de vingt ans de défaites. (...) Pour de nombreuses raisons (enjeux de pouvoir internes, carrières individuelles, déconnection de la base etc.), les directions syndicales ont leur propre agenda. Et soyons-en sûr : il ne comporte pas la chute du gouvernement ou même de sa réforme dégueulasse. Hypothèse pessimiste, mais réaliste : ces gens misent sur un essoufflement du mouvement social. Ils en rêvent secrètement la nuit parce que le cours de leurs petites carrières médiocres dépend de la continuité de l’existant. Leur scénographie du dialogue social ne comporte plus, depuis longtemps, d’envie de victoire. (...) « Sans attendre le soir du 19 pour ébaucher un plan de bataille, les raffineurs de la CGT-Pétrole ont proposé dans la foulée de l’intersyndicale un plan de bataille qui s’écarte de cette routine. Celui-ci est organisé en trois temps, 24h de grève le 19, 48h le 26 janvier, et 72h de grève à partir du 6 février, « date à laquelle il sera proposé aux salariés la grève reconductible » et l’arrêt des installations. » Un plan qui a le mérite de permettre aux salariés d’entrer progressivement dans la grève, de l’organiser pour limiter la casse sur le plan financier. Cela permet aussi de convaincre les collègues, de former des collectifs, de motiver ses proches pour tenir. Pour des relais comme nous, c’est le moment de préparer un grand mouvement citoyen de remplissage de caisse de grève, par ceux qui ne peuvent pas la faire (retraités, indépendants etc.). Bref, de préparer méthodiquement un mouvement dans la durée en renonçant à toute illusion d’un recul du gouvernement sur la seule base de quelques massives démonstrations de force isolées. (...)
Sur Ricochets :
Combien de révolutionnaires n’ont-ils pas opposé à l’exploitation une exaltation du travail, dessinant un avenir qui ressemblait plutôt à un grand camp de travail volontaire ? Pas surprenant alors que le mouvement ouvrier -socialistes et syndicalistes inclus- en soit généralement resté à une remise en cause partielle de l’économie, à une critique de ses formes (les conditions de travail, le rapport entre travail et capital) plutôt que de son essence même. La critique du capitalisme doit s’accompagner de celle du travail, si elle veut toucher les fondations de cette société.
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- Rien ne sert d’être vivant s’il faut qu’on travaille - Le respect du travail participe à l’idéologie bourgeoise et capitaliste - Abolissons le travail ! - Revue Jaggernaut n°3
- La société du travail est le tombeau du socialisme et de l’écologie - Soustraire les communs et les moyens de subsistance de l’emprise du capitalisme
- La valeur travail : quand l’exploitation est intégrée par les classes exploitées - Trimer, bosser, travailler, peu importe où, comment, et pour quoi ?
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- La valeur travail, la morale du travail capitaliste : une manipulation pour nous enfumer - Le travail ce n’est pas l’activité humaine, c’est une création du capitalisme et du productivisme, s’en libérer est vital
- Défendre le Travail, c’est s’enfoncer dans les catastrophes climatiques et sociales - Il ne s’agit plus de créer des emplois, mais de détruire et remplacer le monde de l’Economie
Mais saurons-nous prendre le temps de la réflexion et de l’auto-organisation, saurons-nous agir hors du calendrier réformiste des directions des organisations de gauche ?
Voulons-nous sortir de l’ornière mortelle, ou juste essayer de s’y aménager un espace moins désagréable ?
Tant qu’on veut rester dans le giron empoisonné du capitalisme et de l’Etat on est cuit, on ne peut que gigoter désespérément et ainsi resserrer toujours plus le filet autour de nous qui cisaille nos chairs, comme l’agitation des bancs de poisson pris dans la nasse d’un filet d’acier.
La seule option est de déchiqueter le filet collectivement et de s’offrir de meilleurs horizons que la mort industrielle.