Partout le travail et la création d’emploi sont célébrés, comme si de généreux mécènes capitalistes oeuvraient religieusement et altruistement au bien être des travailleurs...
Or, les salariés sont plus rentables et plus disponibles pour l’économie de marché que les esclaves. Les employés rémunérés ont une meilleure productivité, ils assurent eux-mêmes la reproduction de la main d’oeuvre en payant leur logement, leur nourriture, leur voiture, etc. avec encore très souvent le concours du travail non-rémunéré féminin, sans compter que les travailleurs consomment et dépensent donc une grande part de « leur » argent dans des produits capitalistes qui contribuent à l’enrichissement des riches et à l’augmentation du Capital.
De plus, une économie technologique moderne a besoin de plus en plus de main d’oeuvre motivée, formée à des taches complexes, ce qui n’est pas le cas des esclaves.
Autre avantage, les travailleurs étant associés étroitement au fonctionnement du capitalisme, ils sont intéressés à sa continuation et à sa survie.
Et puis, les salariés et autres travailleurs se considèrent comme libres, plus ou moins considérés, ils ont donc moins de chance de se révolter que les esclaves.
- Travailleurs, employés et salariés coûtent moins cher que des esclaves et présentent de nombreux avantages
- Le salariat et autres formes de travail sont bien plus avantageuses pour l’Economie que l’esclavage
Les travailleurs libres coûtent moins cher que les esclaves - « Du point de vue économique — que je n’omettrai pas — l’esclavage présente quelques difficultés. En règle générale, il faut admettre, j’en conviens, que les travailleurs libres coûtent moins cher que les esclaves »
Extraits :
D’où cette remarque de Tolstoï (L’Esclavage de notre temps, 1900) :
L’abolition du servage et l’affranchissement des noirs marquèrent seulement la disparition d’une ancienne forme vieillie et inutile de l’esclavage, et l’avènement immédiat d’une forme nouvelle plus solide, plus générale et plus oppressive.
Ou ce mot du baron de Bessner, alors administrateur de Cayenne (1768) :
Des travailleurs libres, mieux entretenus et mieux traités que des esclaves, seraient plus dispos, plus vigoureux. Ils joindraient à la force mécanique l’intelligence et la bonne volonté qui manquent à la plupart des esclaves.
Ou ce commentaire d’Adam Smith (La Richesse des nations, 1776) :
L’expérience de toutes les époques et de toutes les nations montre donc, me semble-t-il, que l’ouvrage fait par des hommes libres revient en définitive moins cher que celui exécuté par des esclaves.
(...)
La privatisation (l’accaparement) antidémocratique de la terre, par des organisations ou des particuliers n’ayant jamais eu la moindre légitimité pour ce faire, est une (voire, la) condition essentielle de l’asservissement et de l’exploitation des êtres humains par d’autres. Avec, bien sûr, la capacité d’imposer et de faire respecter cette privatisation, cet accaparement, au moyen de la violence (d’où les forces de l’ordre, les polices). Aujourd’hui comme hier, si nous sommes tous contraints de nous vendre sur le prétendu « marché » du travail, c’est parce que nous n’avons aucun moyen d’avoir accès à la terre. Dans diverses régions du monde, nombre d’esclaves ont d’ailleurs réalisé, lors de l’abolition de l’esclavage, qu’ils n’avaient d’autre choix, ne possédant aucune terre et aucun moyen d’en acquérir, que de vendre leur « force de travail » à leur ancien « maître » (devenu « patron »). Cependant, désormais, propagande institutionnelle aidant (endoctrinement scolaire, médiatique, etc.), les esclaves modernes (« hommes libres ») se croient « libres » pour la seule raison qu’on leur assure qu’ils le sont — cela dit, beaucoup ont conscience de ne pas l’être vraiment.
(...)
Continuons à fond le capitalisme, c’est tellement beau et altruiste !
La fin de l’esclavage n’est pas seulement due à des motivations humanistes, mais aussi, surtout ?, à de basiques intérêts de rentabilité économique.
C’est tellement beau l’économie de marché, le capitalisme, le libéralisme, c’est tellement moderne et humain, et ça respecte tellement le vivant et le climat !
Continuons donc comme ça jusqu’au bout du bout, améliorons et modernisons le capitalisme pour que son "esclavage" et ses destructions durent le plus longtemps possible.
Contentons-nous de réclamer gentiment des emplois au Capital et à l’Etat, exigeons des hausses de salaires et du pouvoir d’achat pour qu’on soit contents avec ça, qu’on ne se rebelle pas davantage, qu’on continue le même système ravageur en touchant des pourcentages de participations actionnariales aux entreprises et à leurs bénéfices arrachés à la biosphère grâce au travail, à l’exploitation et à la technologie.