Le macronisme opportuniste rejoint la NUPES sur le concept de « planification écologique ».
S’il y a forcément de grosses différences concernant les objectifs et méthodes entre Macron et Mélenchon, sur le fond la « planification écologique » pose les mêmes problèmes : contradiction et impossibilité, poursuite de la civilisation industrielle, technocratie, centralisme étatique, autoritarisme...
L’objectif principal de la « planification écologique » est en fait de tenter de « sauver » la civilisation industrielle, pas de définir collectivement ce que seraient des sociétés désirables, vivables, soutenables, démocratiques, ni d’agir pour qu’elles adviennent. De là l’échec prévisible de la « planification écologique » de droite ou de gauche, et la poursuite des ravages écologiques/sociaux/climatiques.
Qu’elle soit de droite ou de gauche, la planification c’est l’outil récurrent de l’Etat, de la société de masse et du système techno-industriel, c’est donc l’outil de l’impasse et de la poursuite des mêmes structures néfastes.
On a plutôt besoin de démocratie directe, de subsistance individuelle et collective low tech et loin de toute forme de productivisme. Aux antipodes bien sûr du greewashing opportuniste du RN, englué dans les technologies et les idées réactionnaires.
De même qu’on ne peut pas résoudre les ravages créés par le système technologique par davantage d’innovations technologiques on peut pas résoudre les problèmes posés par la système technocratique et les sociétés fourmillières par davantage de centralisme technocratique et de dépossession politique.
- Planification écologique de Macron ou Mélenchon c’est bidon
LA PLANIFICATION, C’EST BIDON
« Les approches de la complexité, très schématiquement, s’opposent à la vision analytique cartésienne qui décompose et isole les problèmes pour les étudier et en distinguer les causes et les effets. Le monde, aussi bien naturel que social, est beaucoup trop compliqué pour qu’on puisse analyser séparément les multiples causalités en jeu, qui s’entremêlent et interagissent les unes avec les autres pour des résultats toujours transitoires et souvent imprévisibles. Pour l’appréhender, il vaut mieux raisonner en termes de systèmes dynamiques et complexes : un système est composé d’un ensemble d’éléments en interaction, le comportement global du système résultant de ces interactions. Il s’agit alors d’étudier les propriétés générales du comportement de ces systèmes, plutôt que d’essayer de démêler les multiples causalités à l’œuvre. Par exemple, la matière est formée d’un ensemble d’atomes liés par des chaînes et réactions chimiques et s’auto-organisant en différentes formes ; le cerveau peut être vu comme un ensemble de neurones, hiérarchiquement structurés, en interaction ; une société peut aussi être appréhendée au travers de ces catégories très générales, tout comme un organisme vivant ou un écosystème.
Dans tous les cas, la multiplicité d’interactions de toutes natures et la complexité des architectures ouvrent une infinité de possibles. Prévoir les chemins qui seront pris est un exercice impossible. On parle de ce fait de « dynamiques à l’avenir ouvert » (open-ended dynamics). Ces multiples interactions engendrent des propriétés nouvelles, qualifiées d’émergentes, des effets de système. De plus, ces systèmes font preuve de capacités d’auto-organisation, c’est-à-dire que l’interaction entre les différents éléments du système produit des structures de niveau supérieur.
Enfin, pour ajouter à l’incertitude quant aux résultats agrégés de ces multiples interactions, les éléments du système eux-mêmes évoluent : les espèces animales et végétales qui interagissent dans un biotope se transforment au contact de celles des biotopes voisins et de pressions environnementales elles-mêmes changeantes. Il en va de même des sociétés humaines et de leurs interactions avec leurs milieux. Toutes ces évolutions sont source de nouveauté, ouvrent perpétuellement de nouvelles trajectoires possibles. Puisque, par définition, il est à peu près impossible de prévoir les trajectoires des systèmes complexes, l’ambition d’instrumentaliser par la science et la technique les processus biologiques, les dynamiques climatiques et géologiques ou les institutions sociales avec l’intention d’en maîtriser les résultats agrégés devrait apparaître vaine. »
– Hélène Tordjman, La croissance verte contre la nature : critique de l’écologie marchande (2021)
La planification écologique est une escroquerie intellectuelle, le #greenwashing ordinaire de la technocratie. Ici je donne huit arguments contre la planification écologique : https://greenwashingeconomy.com/8-arguments-contre-la-planification-ecologique/
(post via P. Oberlé)
Voir aussi sur Ricochets :
- Négawatt et autres scénarios de décarbonation : des projets globalement indésirables et de toute façon incompatibles avec les impératifs techno-capitalistes - Décarboner l’Economie à l’horizon 2050, une fumisterie suicidaire
- A gauche, les impasses de la société techno-industrielle restent en partie les angles morts de la planification écologique - Une perspective de la subsistance pour s’affranchir du Marché ou du Plan
Au regard de cette histoire, la planification est indissolublement liée à l’émergence de sociétés industrielles de masse, à la logistique étatique du temps des guerres industrielles, et à la croissance infinie.
Une perspective de la subsistance suppose de s’affranchir du Marché ou du Plan comme pourvoyeurs de la subsistance.