Retour sur Sivens et la mort de Rémi Fraisse, 10 ans après ces crimes d’Etat

“Tant pis pour vous, vous pouvez mourir, être mutilés, blessés”

mercredi 30 octobre 2024, par Chronique du régime policier.

Récit d’une rencontre à Sivens pour la mémoire de Rémi Fraisse ce 26 octobre, plus un article sur les manipulations médiatiques et mensonges des autorités pour tenter de dissumuler les faits et d’étouffer toute explosion de révolte.
Révélateur et tristement récurrent.

- D’autres éléments ici sur la violence d’Etat. Un tel régime policier autoritaire est nécessaire pour la quête perpétuel de puissance liée à l’Etat (et pour maintenir la société de masse, le système techno-industriel productiviste et le régime politique tyranique qui vont avec).

« Ce qu’on a vécu là est indélébile » : à Sivens, la mémoire de Rémi Fraisse vit toujours

- « Ce qu’on a vécu là est indélébile » : à Sivens, la mémoire de Rémi Fraisse vit toujours
La mort de Rémi Fraisse, militant écologiste tué par un gendarme en 2014, a été commémorée à Sivens, le 26 octobre, par plusieurs centaines de militants. Un travail de mémoire nécessaire pour les luttes.

Un ciel d’automne, une pluie fine, une atmosphère humide, et une foule de plusieurs centaines de militants longeant la rivière du Tescou. 250 personnes se sont retrouvées samedi 26 octobre, à Sivens, sur la commune de Lisle-sur-Tarn, pour honorer la mémoire d’un homme et d’une lutte. Un temps de retrouvailles pour toutes les composantes de la bataille contre le projet de barrage abandonné à la suite de cette terrible nuit du 25 au 26 octobre 2014, où Rémi Fraisse a été tué par un gendarme mobile. L’étudiant était venu ce jour-là en simple soutien, sans avoir participé à la longue lutte.
(...)
l’histoire se répète : « Les scientifiques nous disent que ce n’est pas la bonne méthode, les projets sont illégaux, on gagne en justice, mais les chantiers se font quand même. » Et l’ultime option, « même manifester, devient illégale ».
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Pour elle, au-delà de la tentative de dissimuler la responsabilité des gendarmes, le pouvoir avait décidé à Sivens « d’envoyer un message aux militants : “Tant pis pour vous, vous pouvez mourir, être mutilés, blessés” ».

Désamorcer la rage, différer la révolte-

- Désamorcer la rage, différer la révolte
Il y a 10 ans, Rémi Fraisse, jeune botaniste de 21 ans, était abattu par un gendarme dans la forêt de Sivens. Une atrocité qui risque de se produire encore, alors que le gouvernement lâche chaque jour un peu plus la bride de la répression policière. Cet hommage à Rémi revient sur la bataille médiatique qui a suivi sa mort.

Ce texte a été écrit par des personnes qui ont participé à la lutte contre le barrage de Sivens et d’autres qui n’y étaient pas, mais qui ont travaillé à reconstituer le fil précis de la bataille qui s’est menée dans les médias pour faire connaître la vérité sur cet assassinat. Les témoignages des unes et des autres sont mêlés dans un « nous » unique et fictif.

Il est suivi d’un court extrait de la pièce “M.A.D ! Je te promets la forêt rebelle”, écrite et mise en scène par Joséphine Serre.
(...)
Il nous faut trouver des preuves et des témoignages, afin d’empêcher le ministère de l’Intérieur d’imposer son propre récit manipulant si besoin les résultats de l’autopsie. Un texte doit donc être publié avant mardi. C’est dimanche, nous sommes en fin d’après-midi, et c’est une course contre la montre qui s’engage.

Dès le dimanche soir, alors qu’un rassemblement spontané à Gaillac est dissout par les forces de l’ordre, la machine communicationnelle du pouvoir se met en branle. Le procureur d’Albi et le ministère de l’Intérieur laissent entendre que le corps a été découvert par les gendarmes plus ou moins par hasard.
(...)
Le président du conseil général et le préfet du Tarn n’ont plus aucun argument en faveur du barrage. Ils avaient donc besoin de violence. Ils l’ont provoquée.
(...)
L’explosion de la grenade est bien l’unique cause de la mort de Rémi.
Moins d’une semaine après cette conclusion, une fuite confirme ce que nous soupçonnions dès dimanche : les autorités policières et politiques savaient depuis le début et ont sciemment menti.


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