Résister au coup d’Etat macroniste - Désirer et préparer un basculement révolutionnaire ou au moins un fort mouvement social

Déborder les urnes et les institutions, déplacer la fenêtre vers la gauche anticapitaliste

samedi 13 juillet 2024

C’est les vacances, la lutte politique semble déjà terminée pour beaucoup, et la « politique » se noie dans les jeux politiciens institutionnels et la déléguation à des représentants, qu’il faudrait, comme d’habitude se contenter de soutenir après les avoir élus.
Malgré tout de moins en moins de monde marche dans la combine, celà va-t-il se traduire par des réseaux autonomes de lutte et de résistance ?
Celà va-t-il se traduire dans la durée par toutes sortes d’initiatives ?

D’autant qu’on sait bien que rien n’a changé, que la social-démocratie de droite ou de gauche est une impasse, que le capitalisme ne peut se réformer, que les vraies ruptures et changements se font suite à des révolutions, ou au moins suite à des très forts mouvements sociaux, et non pas via les urnes et la représentation contrôlée de la république bourgeoise anti-démocratique.
Le problème de maintenant n’est pas la tronche d’un.e éventuelle nouvelleau premièr.e ministre, mais de voir combien de personnes, et notamment de travailleurs de secteurs clefs de l’économie, vont pousser à la réalisation d’un très fort mouvement social, d’un soulèvement, prélude ou début d’une, hélas bien improbable, nécessaire révolution générale.
On devrait parler (quasiment) que de ça. Mais après avoir fêter la (semi) victoire du Front Populaire, les électeurs croyants aux institutions semblent nombreux à être vite retournés dans les chaumières pour préparer leurs éventuelles vacances, regarder la liste des concerts à ne pas manquer, aller à la piscine. Aux élus et aux habituel.le.s militant.e.s de se démerder ?
Et très peu de larges assemblées (à part des groupes militants dans certaines grandes villes), discussions publiques ou manifestations ne montrent le bout de leur nez pour creuser l’analyse critique et pousser vers un vrai mouvement social (et pas un jour ou deux éparpillé de grève/manif).
Les députés de gauche devraient être nombreux.ses à avouer leur relative impuissance, et à appeler à préparer un très fort mouvement social qui deborde partis et directions syndicales. Mais ce serait diminuer leur rôle et avouer que « la-démocratie » est une oligarchie verrouillée par l’Etat et le Capital.
Il ne s’agit plus de fêter vaguement avec des défilés militaires la révolution à moitié ratée et récupérée de 1789 le 14 juillet, mais de désirer et préparer maintenant une révolution réussie et non récupérable.

Pour l’instant c’est mal barré.
Mais on va dire que c’est l’été, et que tout va bouger pour de bon à la rentrée n’est-ce pas ?
...Et puis à la rentrée y aura la remise au boulot, le coup d’Etat macronien à gérer, les prochaines élections à préparer, etc.
...à moins que, quelque chose se passe.

Frederic Lordon sur la « victoire » du Nouveau Front Populaire

Frederic Lordon sur la « victoire » du Nouveau Front Populaire
par [jean-politik->https://www.youtube.com/@jeanpolitik]
https://www.youtube.com/watch?v=FAMkZSX8Csk
Résister au coup d’Etat macroniste - Désirer et préparer un basculement révolutionnaire ou au moins un fort mouvement social

Après ces élections : Débordons les urnes

Par Anasse Kazib

Je souhaiterais dialoguer avec une logique fataliste qui dit que « les gens ne veulent plus lutter », « les gens ne veulent pas de la révolution », « c’est utopique ». Je veux par ce texte sortir de la logique immédiatiste, pour poser le débat plus en profondeur. Comment pourrait-il en être autrement, face à un tel matraquage au respect des institutions ?

Comment pourrait-il en être autrement avec une classe bourgeoise coordonnée, qui a ses médias, ses éditorialistes, sa police, sa justice, ses hauts fonctionnaires, etc. ?
J’attends le jour ou Truchot va appeler les prolétaires à l’action révolutionnaire. Comment les gens pourraient-ils penser à la révolution, quand on leur dit que la meilleure solution, c’est leur bulletin de vote ? Va en vacances, camarade, occupe-toi de louer ton AirBnB à Bayonne, « vote pour moi et dans 15 jours, je fais ça et dans 100 jours je fais ça », et ne te préoccupe pas de lutter, car on a aussi le « 49.3 de gauche » donc on imposera tout, va nager.

Comment pourrait-il en être autrement avec une gauche institutionnelle, qui veut « sauver les institutions » de l’État bourgeois, qui veut aussi 10 000 policiers de proximité. Pourquoi faire ? Pour la révolution, pardis. Une gauche dont l’agenda est déjà tourné vers les municipales 2 ans avant, et ensuite les présidentielles et ensuite les législatives, les départementales, les régionales, etc. etc. Ils sont pour la révolution entre le 29 et le 30 février.

Comment pourrait-il en être autrement quand depuis 30 ans les directions syndicales font tout pour perdre les grèves. Grève perlée, grève saute-mouton, grève isolée, manifestation le samedi, etc. Même le 14 juillet, une journée censée fêter la révolution et penser pour dissuader de la révolution.

Ce dimanche on va voir, un président bonapartiste debout sur une Jeep, avec au-dessus de lui des Rafales et derrière des bataillons d’infanterie, des chars, des hélicoptères, des motards, etc.

Chaque 14 juillet, ils ne fêtent pas la révolution, ils nous rappellent surtout toutes les armes que la bourgeoisie française a pour tenter de nous écraser si nous tentions une révolution. Il faudrait donc être frappé par la grâce pour penser, seul devant son plat de pâtes en écoutant Gilles Bouleau sur TF1, que la meilleure chose, c’est de lutter, quand même les directions syndicales n’appellent même plus à la grève, mais viennent de passer 3 semaines à envoyer les militants dans les marchés et les gares pour appeler à voter et non à organiser la riposte par la grève. Il y a 1000 syndicalistes CGT réprimés et jamais 1/100e de ce qu’ont fait les syndicats pour le NFP n’a été mis en place pour lutter contre la répression, la loi immigration ou encore l’inflation.

Et malgré toutes ces stratégies de merde, le poid du système, nous avons connu en 7 ans, une lutte de classes d’une rare intensité. Une lutte par an, parfois 2 dans la même année. En 2023 on a même battu le record de mobilisation depuis 1968. L’an dernier pas y’a 15 ans.

Alors oui, je ne vous dirai pas que les conditions de la révolution sont réunies, ou que la grève générale est imminente, sinon nous serions dans un autre moment de la vie. Mais je dis qu’il est faux de penser que le problème ce serait « les gens qui ne veulent pas » et pas la bataille politique féroce qu’opère la bourgeoisie et ses agents pour nous dissuader de cela.

La seule et unique question que je veux poser est de savoir comment faire face à la situation globale. Les guerres se multiplient, les crises économiques, la montée de l’extrême droite dans le monde, la crise climatique, etc. Est-ce que c’est Hollande, Faure, Marine Tondelier et compagnie, qui vont nous protéger de la barbarie de ce système ? Avant ou après avoir entendu Allahou Akbar ?

Est-ce que c’est l’Assemblée nationale, le Sénat, les gouvernements de « gauche », les coalitions ? En 30 ans, quelles lois ont amélioré la vie des millions de travailleurs et de jeunes ? Aucune. Les quelques acquis sociaux que nous avons encore et que chaque année on nous grignote petit à petit ne sont que le fruit des combats intenses de la lutte des classes. C’est un fait historique.

C’est pourquoi la question de la révolution n’est pas une histoire d’envie ou d’agir comme un thermomètre sous les aisselles des prolétaires en attendant que, par le Saint-Esprit, la classe ouvrière soit atteinte de la grippe révolutionnaire. Mais il s’agit de savoir ce que nous faisons pour y tendre. À minima, que faisons-nous pour les faire reculer serieusement ? Regardez par exemple les milliers de gens a qui ont a demandé de faire du porte-à-porte, distribuer des tracts dans les marchés, pendant 3 semaines non-stop.

Pourquoi cette énergie n’est-elle jamais mise en place pour lutter contre la loi immigration, l’interdiction de l’abaya, pour la réforme des retraites, l’assurance chômage, etc. ? Faire des blocs de résistances ? Les élections sont finies et tout le monde a déserté le terrain. Cette période entre dissolution et législatives a amené beaucoup de politisation, beaucoup de réflexion sur la situation, l’avenir, l’extrême droite, etc. Mais il est plus que nécessaire que cette phase de politisation et d’inquiétude sur l’avenir se transforme en volonté militante, en envie de se syndiquer, de construire des bastions ouvriers, de renverser le système capitaliste. Les directions syndicales devraient appeler à organiser des assemblées générales et des débats ouvriers dans tous les secteurs pour voir comment lutter et arracher nos collègues des griffes de l’extrême droite. Faire de la politique !

Comment se mettre en ordre de bataille pour plier le système ? Imaginez si demain, raffineurs, dockers, cheminots, énergéticiens, RATP, aéroports, agro-alimentaires, logistiques, etc., nous avons des armes phénoménales pour lutter. Encore pire à 15 jours des JO de Paris. Mais faut-il encore avoir envie de mettre en marche tout cela. Faut-il encore avoir confiance dans la capacité de la classe ouvrière à lutter contre le système et non de définir l’ouvrier comme un électeur ou un incapable de lutter. C’est faux.

Pour le militant de la gauche parlementaire, 1000 raffineurs, ça fait 4 % de voix pour gagner sa circo. Pour un militant marxiste, 1000 raffineurs, c’est ce qu’il a suffi en octobre 2022 pour plonger 80 % des stations essence de France dans la pénurie et créer la panique de la bourgeoisie.

Bien sûr, les révolutionnaires sont minoritaires aujourd’hui, mais ne nous demandez pas de nous taire, ne nous dites pas à nous qu’il ne faut pas chercher à transformer la subjectivité des masses, en leur montrant l’impasse stratégique de l’alliance NFP et, pire, du front républicain.

Les révolutionnaires ne sont pas des « utopistes », mais ce qui est utopiste au contraire, c’est de penser que face à la barbarie du système capitaliste, face aux boucheries des guerres, à la pauvreté, à la sécheresse, à la montée de l’extrême droite, il faut de la tendresse et de l’apaisement comme le dit Ruffin.

L’utopie, c’est de penser qu’on peut continuer de s’accommoder avec ce système, qu’il faut lutter pour sauver les institutions.
L’utopie, c’est de penser que le système capitaliste est réformable, pas de vouloir le détruire.

Rosa Luxembourg disait : « Avant qu’une révolution arrive, elle est perçue comme impossible ; après cela, elle est considérée comme inévitable. »

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TÉLÉVISION : USINE À FABRIQUER DU VOTE D’EXTRÊME DROITE

Près de 44 % des téléspectateurs du 20 heures de TF1 interrogés affirment ainsi avoir voté pour la liste du RN, contre 7 % pour celle du Parti socialiste ou 6 % pour celle de la France insoumise. C’est ce qu’affirme une étude Ifop commandée par Marianne au lendemain des élections européennes. Concernant les téléspectateurs du Journal de 19H45 sur M6 : 39% pour le RN. Ces deux émissions sont regardées par plus de 6 millions de personnes chaque soir en moyenne.
Une telle disproportion montre que ces chaines sont des usines à fabriquer des électeurs d’extrême-droite et à les dégouter de la gauche. Inversement, les électeurs d’extrême droite confortent leurs penchants en regardant ces chaines de télé orientées, qui leur donnent ce qu’ils veulent : des sujets anxiogènes, islamophobes et sécuritaires.
Il y a quelques jours, le média indépendant « Arrêt sur Image » avait justement épluché les Journaux Télévisés de TF1 et M6. Et il a constaté que ces chaines massivement suivies n’ont pas consacré une seule seconde à l’explosion des actes racistes a l’occasion des élections. Pas une seconde, alors que plusieurs dizaines d’actes racistes gravissimes avaient été commis en quelques jours dans tout le pays. C’est de la dissimulation délibérée de l’information, qui influence lourdement le scrutin.
Anne Claire Coudray, présentatrice des JT de TF1, estimait très sérieusement dans une interview il y a quelques jours que les politiques « refusent de parler d’immigration et de sécurité » dans le débat public « depuis des décennies », et que le problème de l’abaya à l’école n’était pas assez traité. Ce sont pourtant les obsessions politiques et médiatiques permanentes. La bourgeoisie qui contrôle les médias vit dans une bulle hors réalité et partage la vision du monde de l’extrême droite.
Un autre sondage réalisé il y a quelques semaines sur les téléspectateurs de l’émission Touche Pas à Mon Poste, de Cyril Hanouna, mesurait que 50% d’entre eux votaient pour l’extrême droite : 42% pour le Rassemblement National et 8% pour Reconquête. A l’inverse, les spectateurs réguliers d’Hanouna ne sont que 8% à voter LFI.
Tagaday, la première plateforme de veille médias, a réalisé après les élections Européennes un classement de 21 candidats en fonction de leur médiatisation à partir d’un échantillon de 3000 publications de presse écrite, imprimée et en ligne, ainsi que 5 400 programmes différents sur 410 chaînes et stations TV ou radio.
Sans surprise, et de très loin, c’est l’extrême droite de Bardella qui a été la plus « exposée », avec 17.309 mentions. Un endoctrinement massif, implacable. La candidate LFI, Manon Aubry, arrivait en cinquième position. Et lorsqu’on parle de « mentions » dans les médias, cela comprend aussi les évocations négatives. En l’occurrence, en 8 mois, les médias n’ont évoqué la France Insoumise quasiment que pour la diffamer.

Ces chaines privées influencent la situation politique et orientent les débats, c’est un coup d’Etat médiatique permanent. Imaginez un matraquage équivalent qui parlerait tous les jours depuis des années de licenciements et d’abus patronaux, de violences policières, de discriminations racistes et du désastre écologique, tout en invitant des éditorialistes anticapitalistes sur les plateaux ... Philippe Poutou serait au second tour.

Heureusement, la jeunesse regarde de moins en moins la télé. L’institut Médiamétrie a établi que 56,8% des téléspectateurs étaient « âgés de 50 ans et plus » au troisième trimestre de 2016. Ils sont aujourd’hui 68,6%. Les deux tiers de l’audience télé se trouve désormais chez les seniors. La télé vieillit. C’est aussi ce qui explique pourquoi l’électorat âgé plébiscite à ce point le tandem Macron-Le Pen. C’est de l’abus de faiblesse.

L’extrême-droite dispose d’un appareil médiatique complet à son service. Même si la situation est critique, il est donc admirable que le RN n’ait pas encore la majorité absolue, puisque le parti dispose de tous les leviers pour endoctriner la population. Pour faire barrage réellement, c’est à dire gagner la bataille des esprits, il faut donc développer, soutenir, lire et partager les médias indépendants, notamment le nôtre. Cela ne dépend que de vous.

(post de Contre Attaque)

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« BOUGNOULES ! » UN RACISTE TIRE SUR UNE FAMILLE MAGHRÉBINE


Encore un attentat raciste qui ne dépassera pas les colonnes de la presse locale, et ne sera pas sujet d’une indignation nationale. Samedi 6 juillet, il est 17h30 à Wangenbourg Engenthal, un hameau situé dans le Bas-Rhin.

Une famille de six personnes, d’originé maghrébine et venant de Strasbourg fêtait l’anniversaire d’une fillette, et se dirigeait vers une cascade après un barbecue. « Nous ne savions pas où c’était et il n’y avait pas de réseau pour rentrer le lieu dans le GPS » explique une des victimes. Leur voiture s’arrête, le temps de chercher le chemin. Un individu de 60 ans sort alors de sa maison et tire sur le véhicule en hurlant « Sales bougnoules dégagez, retournez dans vos quartiers », et précise à la famille qu’il est « pour le RN ». Un impact de munition a été constaté sur la carrosserie.

Le tireur raciste était jugé jeudi 11 juillet au tribunal de Saverne. La justice a décidé de qualifier cela en « violences aggravées sans ITT » plutôt qu’en tentative d’homicide. Le tireur prétend à la barre « J’ai entendu du bruit. J’ai chargé ma carabine j’ai tiré sur la voiture. » Le prévenu a été condamné à six mois de prison et a été interdit de port d’arme. Par le passé, il avait déjà été condamné pour des violences et des propos racistes à un « stage ».
À la barre, l’une des victimes témoigne en larmes « quelle que soit notre religion, on n’a pas à nous tirer dessus. Maintenant, on a peur de rencontrer des gens comme lui. Ce qu’il a fait, ça restera toujours. Je ne le souhaite à personne ».

Ces derniers jours, plus de 35 actes racistes et fascistes ont été répertoriés sur le territoire, plus d’un par jour. Les gros scores de l’extrême droite ont banalisé le passage à l’acte. Il y a eu des coups de feu aux cris de « mort aux arabes » dans le Gard, par un individu déjà condamné pour des faits de violences et de racisme. Il y a eu une série d’agressions racistes dans l’Herault par un commando roulant en 4X4. Il y a eu cette homme musulman tabassé sur le pas de sa porte aux cris de « sale bougnoule » dans l’Ain. Il y a eu l’exécution d’un algérien sans abris de 7 balles par un policier hors service, qui a ensuite photographié le cadavre. Il y a eu des militants RN armés de matraques semant le terreur devant une école, et ce chauffeur de bus percuté par un raciste hurlant « sale bougnoule » en région parisienne, ou encore des menaces racistes contre des journalistes, un ado maghrébin tabassé à Rouen aux cris de « gratteur d’alloc », et plusieurs lettres de menaces aux propos fascistes. Il y a eu, bien évidemment, ces dizaines de candidats RN ayant tenu des propos racistes, antisémites, homophobes, arborant des symboles nazis. Des logos syndicaux ont été dévastés par des néo-nazis en Ariège. Et la liste n’est pas exhaustive.

(post de Contre Attaque)

Comment le numérique fait le lit de l’extrême droite

Les technologies ne sont pas neutres, nouvel exemple :

- Comment le numérique fait le lit de l’extrême droite
Le monde numérique est le nouveau moteur des pensées d’extrême droite qui y prolifèrent. Élections françaises, présidentielle étasunienne... il pourrait contribuer à les mettre, très concrètement, au pouvoir.
(...)
Depuis, quarante ans sont passés. Soit une éternité. Le fantasme d’un internet entièrement libre, démocratique et cosmopolite a vécu et la réalité semble, sous certains aspects, avoir été rattrapée par le célèbre roman d’Orwell. Alors que le RN a failli remporter les élections législatives, que Trump pourrait reconquérir le pouvoir aux États-Unis, que le complotisme prospère sur les réseaux sociaux et qu’un régime de post-vérité s’installe dans le débat public, tout un faisceau d’indices tend à nous montrer que l’informatisation du monde nous conduit droit vers l’extrême droite et l’autoritarisme.
(...)
La vie connectée que nous impose notre époque nous rend aussi plus vulnérables. Isolés et noyés dans nos écrans, « nous sommes comme des ruminants sous hallucinogène », décrit, un brin provocateur le journaliste Bruno Patino dans son livre Submersion
(...)
Dès les années 1970, André Gorz disait « quand nous utilisons un ensemble donné d’outils, nous choisissons un certain type d’existence, un certain type d’homme ». « Passé un certain seuil, l’outil de serviteur devient despote et nous entraîne vers l’autoritarisme », ajoutait Ivan Illich.

Tout semble s’accélérer aujourd’hui. Internet n’est pas neutre et les événements récents ont contribué à faire tomber les dernières illusions. Il suffit de voir ces hordes de jeunes courir derrière Jordan Bardella et réclamer un selfie pour ressentir le malaise, les entendre crier des « Jordan, je t’aime », pour comprendre que nous avons changé d’époque. L’essor fulgurant du RN sur les réseaux a mis le doigt sur un engrenage infernal.
(...)
De nombreuses études ont montré comment les algorithmes favorisaient les discours xénophobes et les fake news, en donnant la prime aux contenus engageants, courts et clivants. Déjà en 2016, YouTube avait directement contribué à faire élire Donald Trump en lui octroyant une visibilité disproportionnée. Sur cette plateforme comptant 150 millions d’utilisateurs étasuniens réguliers, 80 % du contenus lui étaient favorables.
(...)
Depuis, avec le rétablissement de dizaine de milliers de comptes néonazis et complotistes, les insultes homophobes sont en hausse de 40 %, les insultes antisémites de 60 % et les insultes racistes de 200 % sur le réseau social rebaptisé X.
(...)
« Les réseaux sociaux sont des outils qui sont loin d’être neutres idéologiquement. Les instances de régulation existantes paraissent obsolètes et peu créatives », insiste la professeure à Sciences Po, Asma Mhalla, autrice de Technopolitique- Comment la technologie fait de nous des soldats (Seuil, 2023). Depuis dix ans, Internet a largement profité aux courants libertaliens et aux régimes autoritaires.
(...)

« Une poignée d’algorithme mus par des intérêts privés structurent l’accès à l’information de la moitié de l’humanité, écrit-il. Les dirigeants de ces entreprises présentent volontiers leurs plateformes comme les places de "villages planétaires". Mais la réalité est plus prosaïque : elles fonctionnent comme des régimes autoritaires dirigés par des autocrates »
(...)
Le néofascisme est un style de vie. Il ne s’exprime plus seulement par un programme, mais par un certain art du quotidien. Son goût pour la viande, les jeux vidéos, la musculation ou la « philosophie virile ». Sur la toile, on voit fleurir les vidéos des « influenceurs terroirs » et des « youtubeurs de la haine » qui dédiabolisent l’idéologie d’extrême droite, le rendent désirable à grand renfort de masculinité toxique et de propos dépolitisants. Médiapart parle d’un « néofascisme débonnaire » qui est en train de gagner la bataille culturelle.
(...)
Le rôle d’internet a été décisif dans cette évolution. Il existe entre le monde numérique et l’extrême droite comme une double affinité : d’un côté les réseaux sociaux font monter les idées réactionnaires, de l’autre, le technosolutionnisme de l’extrême droite pousse ce courant à embrasser toutes les avancées du numérique.
(...)
Dans ses Écrits corsaires, l’écrivain et poète italien, Paolo Pasolini disait que la société de consommation avait propagé plus profondément le fascisme que Mussolini. Il se pourrait, aujourd’hui, que la numérisation de la vie nous mène au fascisme bien plus rapidement que le Front national d’un Jean-Marie Le Pen…
(...)

NOTE : c’est même pire que ça : le technocapitalisme a absolument besoin de la dictacture, du néofascisme, des régimes très autoritaires pour survivre à sa brutalité sociale et à ses désastres, pour tenter de faire tenir son chaos et son ordre machinique voué à la Croissance, pour mater les récalcitrants et écraser toute contestation.
Le capitalisme étant un modèle de société ultra-violent et totalitaire, il est en parfaite affinté avec l’extrême droite et la dictature, bien plus qu’avec la démocratie ou ses simulacres actuels, c’est ce qu’avouent difficilement les libéraux.


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