Après avoir poursuivi avec violence et sans scrupule les politiques et le système qui ravagent le climat et la biosphère, les puissants nous invite gentiment à nous adapter aux désastres et à une planète qui serait rendue plus ou moins inhabitable...
Deux articles sur ce problème et le paradoxe.
Et puis on sait ce que signifie leur « adaptation » pour l’essentiel : viser de nouveaux marchés, tout faire pour que les entreprises et l’Economie continuent, technologiser et surveiller davantage, tout passer à la moulinette des « IA », etc.
- Les responsables criminels et cyniques des catastrophes climatiques veulent culpabiliser leurs victimes
- 25 ans d’avance !
- +4 °C en France : « Soit on s’adapte, soit on lutte contre » - Alors que le gouvernement veut préparer la France à une hausse de +4 °C, pour le chercheur Thierry Ribault, le pays devrait plutôt stopper dès à présent « les délires technophiles responsables de la catastrophe ».
(...) À quoi veut-on donc nous adapter ? Peut-on véritablement s’adapter à un monde invivable ? S’adapter au réchauffement climatique, qu’est-ce que cela veut dire concrètement ? Est-ce que cela ne s’oppose pas à l’action ? Est-ce que cela ne fait pas fi des causes réelles du réchauffement climatique ? Nous ne sommes pas prêts à nous adapter à tout.
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Or, le gouvernement nous dit que « la réalité s’impose », que « nous devons préparer la France à une élévation de la température de 4 °C ». Mais qui est ce « nous » générique ? N’est-ce pas démagogique de traiter de la même manière les classes dominantes les plus polluantes avec les citoyens ordinaires et les personnes précaires ? Je ne suis pas certain que tout le monde doive s’adapter. Le gouvernement voudrait nous voir embarquer tous dans la même galère. Il nous dit « ramez et vous survivrez ». Mais qui va ramer pour l’adaptation ? N’y a-t-il pas des gens qui rament déjà suffisamment alors que d’autres ne font rien ?
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Tout à fait. Le gouvernement déclare que nous devons nous adapter à 4 °C supplémentaires en 2100, mais dans le même temps, il continue, voire accélère, l’industrialisation de l’agriculture, l’extractivisme et tous les délires technophiles responsables de la catastrophe. C’est assez incroyable, en fait. Je dirai même que c’est audacieux de sa part. Le gouvernement veut nous intéresser à ce qui va se passer dans un siècle, il nous dit de nous préparer au pire et à un futur catastrophique, mais il ne fait absolument rien ici et maintenant.
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C’est comme si pendant la guerre, on nous avait demandé de nous adapter à la présence de l’ennemi sur notre sol tout en lui résistant. Il ne s’agit pas d’avoir un jugement moral, mais de voir que cognitivement, s’adapter et résister ce n’est pas la même chose. Être dans la résilience ou la résistance cela n’a rien à voir. Les pouvoirs publics entretiennent une confusion totale entre ces deux champs sémantiques, parce qu’ils ne veulent pas résister ni remettre en cause le système capitalo-technologique et industriel qui est à l’origine de ces catastrophes.
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On ne sait plus quoi penser…
Oui, cela crée une forme de sidération. On nous dit qu’il n’y a pas de quoi être anxieux, mais qu’il faut se préparer au pire… L’objectif des gouvernants est en réalité de nous faire intérioriser les menaces, sans que l’on s’intéresse à leurs causes. Pour eux, ce qui compte est moins la teneur des événements à affronter que la mentalité que la population devra adopter, son sentiment de responsabilité vis-à-vis d’une catastrophe qu’elle n’a pas, elle-même, causée. La prise de conscience souhaitée par le gouvernement n’est en rien une manière de modifier la situation actuelle, c’est une façon de nous y soumettre, de la conforter. Il s’agit de perpétuer l’existant, de nous l’imposer, en culpabilisant les victimes.
Le gouvernement nous invite à mettre sous le boisseau des affects négatifs qui sont pourtant légitimes, il dit qu’il faut avoir peur, mais pas trop, car une fois en colère on peut se révolter. En bref, il mène une politique d’antirésistance et veut nous adapter à son capitalisme vert et à son cortège de fausses solutions : le nucléaire, les voitures électriques, l’agriculture de précision. Et ce faisant, il nous précipite dans des voies de non-retour qui aggravent encore la catastrophe.
- Climat : esquisse d’une France à +4 °C - Le réchauffement global est inéluctable, a rappelé le Giec lundi 20 mars. En France, cela pourrait se traduire par une hausse des température de 4° C. Sécheresse, eau rare... Voici à quoi s’attendre.
- Les responsables criminels et cyniques des catastrophes climatiques veulent culpabiliser leurs victimes
EAU ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
"On comprend donc l’importance de ne pas se contenter des valeurs globales et moyennées pour avoir une idée des conditions extrêmes estivales qui nous attendent dans le futur.
Ces prédictions sont de toute façon incertaines, notamment en ce qui concerne les précipitations futures, et les modèles climatiques ont tendance à sous-estimer l’intensité et la fréquence de ces conditions extrêmes. Pour cette étude locale, nous avons utilisé le scénario du GIEC (RCP 8.5), considéré comme pessimiste (mais pas le plus pessimiste) à l’échelle de la fin du siècle – c’est en fait le scénario que nous suivons (voire dépassons) depuis plus de 20 ans ; et peu d’indices laissent présager une évolution positive majeure dans les prochains 10 ou 20 ans.
Ce schéma n’est pas une prévision exacte du futur, mais il donne une vision des tendances à venir en insistant sur l’un des points les plus fragiles des systèmes hydrologiques. Les évolutions ressortent clairement et dessinent un futur extrêmement alarmant pour la ressource en eau.
À ce titre, le plan « eau » annoncé par le gouvernement – qui retarde les engagements déjà pris en matière d’économie d’eau et épargne l’agriculture [industrielle] – ne prend pas la mesure des tensions estivales extrêmes à venir.
L’intérêt de notre démarche est de décrire les crises climatiques à venir ou déjà en cours dans de nombreux pays. Il ne s’agit pas de l’effondrement généralisé prédit par certains, mais de crises extrêmement sévères, localisées dans l’espace et le temps. Ces crises toucheront en premier lieu certains services primordiaux (eau potable, agriculture, industries…) et surtout une partie de la population, accentuant les clivages entre les classes sociales.
Pour surmonter les crises sociales que seront aussi les crises climatiques, nous ne pouvons faire l’impasse ni sur la raréfaction, ni sur la répartition de la ressource en eau."
(...)
Article complet :
Changement climatique et ressources en eau : ne nous cachons pas derrière des moyennes
Le meilleur moyen d’enrayer la casse généralisée est de démanteler le système en place, pour deux raisons majeures :
- ça diminerait fortement les émissions de gaz à effet de serre et la destruction de la biosphère, ce qui pourrait éviter l’auto-emballement catastrophique et incontrôlable du climat, limiterait les désastres futurs, et laisserait de meilleurs moyens de subsistance, sans parler de la solidarité avec les autres peuples et les autres êtres vivants
- ça casserait les inégalités sociales, l’autoritarisme centralisé et l’accaparemment des ressources par quelques uns, donnant plus de capacités d’action (à condition bien sûr d’aller vers la démocratie directe et la solidarité, et pas vers des dictatures et des autoritarismes pire encore) aux classes dominées actuelles (car sinon, dans le système actuel, seuls les plus riches vont bénéficier des ressources et essayer de "s’en tirer")