On le sait bien, même si on ne veut pas toujours se l’avouer franchement, on subit un système politique et des institutions non-démocratiques. Et on est écrasé par l’hégémonie capitaliste et son économie totalitaire. Le tout défendu sans scrupule et avec brutalité par des bandes armées policières aux ordres.
Ainsi, on sait bien, même si on ne veut pas toujours se l’avouer , qu’il n’y a pas de dialogue réel possible, d’écoute, et que les voies électorales ont une portée limitée.
- Les manifs et les grèves sectorielles se multiplient - Grève générale partout + le retour des GJ ?
- On a tellement l’habitude de perdre qu’il ne faudrait pas se contenter de petites « victoires »
Les manifs et les grèves sectorielles ponctuelles se multiplient. Simple énervement passager pré-électoral ou prémisses d’un large mouvement de fond beaucoup plus radical ?
Comme au Chili, dans un système verrouillé non-démocratique et policier, seule une conjonction de grosses manifestations et d’énormes blocages, d’émeutes, de pillages, de sabotages et d’incendies d’infrastructures, de grèves générales longues et dures des secteurs clés de l’économie pourraient obtenir des changements profonds, voir un véritable basculement révolutionnaire.
Des changements qu’il faudrait porter bien au délà des éventuelles augmentations de salaires, des droits sociaux (re)conquis et des réductions de temps de travail que lâcheront peut-être Etat et capitalistes pour tenter de calmer la révolte (avec l’éternelle complicité des partis et des directions syndicales).
En effet, vu les dégradations sociales, climatiques et écologiques dues au techno-capitalisme, se contenter d’améliorations sociales seraient tout simplement suicidaire.
Et puis la malbouffe, la pollution, la destruction des écosystèmes et des humains exploités ici et ailleurs continueraient.
Le mieux être matériel ne serait que temporaire et très insuffisants si l’économie capitaliste et le marché du travail ne sont que "bousculés". Les catastrophes financières, climatiques et écologiques en cours détruiront bien vite les "avantages" acquis, et les autres nuisances inchangées continueront détruire le vivant et à alimenter la mégamachine cybernétique et technocratique.
Il faudrait aussi se poser la question de quel "bien vivre" on désire. Est-ce que accumuler des biens est un mieux être, la qualité ne devrait-elle pas primer sur la quantité ? Sans oublier que ce sont les riches qui polluent et consomment le plus.
Donc, quitte à mettre en branle un énorme mouvement contestataire, autant le porter le plus loin possible au lieu de rentrer chez soi dès les premières concessions importantes cédées par le système en panique.
Voyons plus loin que nos intérêts immédiats, analysons la situation globalement.
extraits : Une théorie qui considère que le simple fait d’encenser les divers mouvements contestataires et insurrectionnels ne fait pas avancer la cause de l’émancipation sociale, parce qu’un bouleversement véritablement révolutionnaire ne progresse que dans la mesure où l’on en critique – sans pitié ! – les débuts et les étapes, afin d’aller plus loin en écartant demi-mesures, retombées négatives et dérives ; faute de quoi toute l’entreprise peut fort bien se changer en son contraire (...) S’émanciper de la logique capitaliste-patriarcale veut dire que le travailleur considère sa condition comme ce qu’il faut abolir et non réaliser. Il ne s’agit pas de libérer le travail du capital, mais de se libérer du travail (...) Une théorie qui veuille aller au-delà des conflits d’intérêts internes au capitalisme (tels ceux qui opposent le salariat et le capital) qui restent toujours inscrits dans la logique du système.
En réalité, même sur le court terme, l’émancipation sociale et le bien vivre ne peuvent passer que par l’éradication complète du techno-capitalisme, du marché du travail, par la disparition de la concurrence et de la propriété privée des moyens de production, la mise au pas ou mieux la disparition de l’Etat, et la généralisation de communes libres fédérées, la mutiplication de démocraties directes et d’assemblées pour tous les choix politiques et d’organisation de ce qui est produit.
Le bien vivre pour toutes et tous ne peut pas passer par la Croissance économique, l’industrialisation, les technologies complexes, les robots et les logiciels à tout faire, le progrès technologique...
Même un changement de constitution ne pourrait pas mettre fin au joug de l’Etat et du Capital.
On ose encore moins s’avouer qu’une démocratie réelle est impossible tant que subsistent l’Etat et le capitalisme.
Et bien peu ose s’avouer qu’une société écologique et démocratique est impossible sous le règne de la techno-industrie, qu’elle soit relocalisée ou cybernétique.
Beaucoup de chemin reste à faire dans les têtes, à commencer par le nettoyage au karcher des idéologies capitalistes et libérales qui ont fossilisé nos cerveaux, et aussi par l’abandon d’habitudes consuméristes et individualistes si essentielles pour le maintien de la domination en place.
Peut-être que l’instinct de survie et le tumulte de l’élan des corps qui luttent ensemble permettront de dépasser rapidement des seuils de radicalité que la pensée et l’action rationnelle semblent incapable de franchir ?
En attendant, quelques exemples de velléités et luttes multiples en cours :
GJ, POUR UN AUTOMNE RADICAL
On le sait depuis trois ans, il n’y a aucune place pour le dialogue dans ce gouvernement. Et celui qui sera élu en 2022 ne sera pas mieux. La seule stratégie encore possible, c’est la lutte dans la radicalité : bloquer les flux, les outils de production, manifester dans les quartiers riches....
La VIDEO
Post de CND
Voir aussi : Analyses et perspectives socio-politiques des mouvements de contestation récents et en cours en France - Analyses pour alimenter des actions et réflexions stratégiques pertinentes
Et voici des Extraits de posts de Jacques Chastaing, qui montrent que l’automne commence à s’enflammer un peu :
HIER DES HÉROS, LES TRAVAILLEURS "ESSENTIELS" SONT PAYÉS 30% DE MOINS QUE LA MOYENNE DES FRANÇAIS
ET L’ECART GRANDIT DE PLUS EN PLUS VITE...
Le nombre de branches professionnelles en dessous du Smic a explosé : elles étaient 22 fin 2019, 37 fin 2020, 57 le 1er octobre, soit 34 % des branches de plus de 5 000 salariés.
METTONS LE FEU A L’AUTOMNE
APPEL A LA GREVE DES CHAUFFEURS DE POIDS LOURDS LE 12 NOVEMBRE
DES GREVES PARTOUT
14e JOUR DE GREVE A L’EHPAD DE Pompairain (groupe DomusVi) à Châtillon sur Thouet pour dénoncer le manque de personnel, le manque de moyens et la souffrance pour le personnel et résidents qui en résulte.
METTONS LE FEU A L’AUTOMNE
ILS SONT EN GREVE DEPUIS 15 JOURS
Ils travaillent chez Apperton à Bouc Bel Air et ils stérilisent les instruments médicaux. Ils sont en grève pour les conditions de travail, bas salaires, fiches de paie abominable, maladies/accidents de travail non payés ou très très très en retard...
27/10/21. BLOCAGE DU DEPÔT PETROLIER DE PUGET-SUR-ARGENT (83) PAR UNE CENTAINE DE GILETS JAUNES A PARTIR DE 3 H 30 CE MATIN
Bibliothèques : SEUL SECTEUR PROFESSIONNEL EN GRÈVE CONTRE LE PASS SANITAIRE ET EN LUTTE DEPUIS LE 11 SEPTEMBRE, ABANDONNÉS PAR LES DIRECTIONS SYNDICALES, ILS APPELLENT A UNE NOUVELLE JOURNÉE DE GRÈVE NATIONALE LE 10 NOVEMBRE
METTONS LE FEU A L’AUTOMNE
LE PATRON PERD AU TRIBUNAL CONTRE LA GREVE POUR LES SALAIRES
Ils sont en grève pour les salaires depuis le 21 octobre chez DCX Chrome à Marly. Le patron a voulu assigner 20 travailleurs au tribunal pour tenter de casser la grève. Il a perdu, il doit 100 euros à chacun des 20 ouvriers et la grève continue.
LA GREVE POUR LES SALAIRES DANS LES ENTREPÔTS LOGISTIQUES DE DECATHLON TRÈS SUIVIE
Ici à Dourge et Lompret
DES LUTTES PARTOUT !
La psychiatrie de l’hôpital de Cholet en lutte contre l’abandon des soins psychiatriques
MARDI 26 OCTOBRE : JOURNEE INTERNATIONALE DE GREVE ET LUTTE CONTRE LE PASS SANITAIRE ET L’OBLIGATION VACCINALE EN MARTINIQUE, GUADELOUPE, GUYANE
GREVE AVEC OCCUPATION DE TRAVAILLEURS SANS PAPIERS SUR 11 SITES FRANCILIENS POUR OBTENIR LEUR RÉGULARISATION
Depuis ce lundi 25 octobre, plus de 200 travailleurs sans papiers ont entamé un mouvement de grève coordonné avec occupation de leurs entreprises sur 8 sites en Île-de-France.
Livreurs, plongeurs, ouvriers, éboueurs, intérimaires dans diverses professions, ont décidé de gagner leur régularisation.
Agents municipaux en grève à Morlaix : ILS VEULENT UNE AUGMENTATION DE SALAIRES
METTONS LE FEU A L’AUTOMNE
LES GREVES POUR LES AUGMENTATIONS DE SALAIRES SE MULTIPLIENT
MOUVEMENT ANTI-PASS, GILETS JAUNES CONTRE LA HAUSSE DES PRIX, GREVES POUR LES SALAIRES... C’EST LE MOMENT DE S’Y METTRE TOUS
Grèves pour les salaires à : Labeyrie, Upergy, Decathlon, Enedis, SNCF, Granger, Véolia, CFTA, Bergams, Transdev, Gelagi, Qualipac, Biospringer, Dachser, Agim, Aubret, SMST, Agrolub, Material Logistics, DCX Chrome, employés municipaux Morlaix, sages-femmes, médico-social...
METTONS LE FEU A L’AUTOMNE
Les cheminots en grève pour exiger plus d’effectifs
CGT SDIS 14 - 25 octobre
🚨🚨🚨CIS TOUQUES🚨🚨🚨
Un manque d’effectif dénoncé depuis des jours, des semaines, des mois, des années.
Les pompiers de touques ne sont plus assez aujourd’hui pour assurer ⚠️la protection de la population. ⚠️
Secteurs : #DEAUVILLE #TROUVILLE et les communes aux alentours
Nous demandons un recrutement massif afin d’assurer nos missions quotidiennes et répondre aux besoins de la population.
⚠️POPULATION EN DANGER ⚠️
⚠️DÉLAIS D´INTERVENTIONS RALLONGÉS⚠️
⚠️POMPIERS AU BORD DU BURN OUT⚠️
METTONS LE FEU A L’AUTOMNE !
OUVRIERS DANS LA MISERE, PATRONS MILLIARDAIRES
La grève dans trois usines du roi du foie-gras pour de meilleurs salaires dure et s’étend
Guingamp : des centaines de personnes pour le maintien de la maternnité et de la chirurgie
HYPOCRITES
Ils font la morale sur la vaccination et ferment en même temps maternités et services de santé
MANIFESTATION NATIONALE DES CHEMINOTS A MARSEILLE LE 29 OCTOBRE POUR L’AUGMENTATION DES SALAIRES ET LA DEFENSE DU SERVICE PUBLIC
23 OCTOBRE : LES MANIFESTATIONS ANTI-PASS SONT EN TRAIN DE METTRE LE FEU A TOUTES LES COLERES
La tendance qui s’était révélée le 9 octobre, puis confirmée le 16, a encore pris de l’ampleur ce samedi 23 octobre avec un retour en nombre des Gilet Jaunes sur les rond-points et dans les cortèges anti-pass sanitaire.
On a ainsi vu plusieurs manifestations anti-pass terminer leurs parcours sur les rond-points Gilets Jaunes et d’autres envahir des gares ou bloquer la circulation.
De la sorte, la tonalité de l’ensemble de cette journée était marquée non seulement par l’opiniâtreté des anti-pass qui continuent à occuper la rue en nombre à leur 17e samedi mais aussi par les Gilets Jaunes avec une ouverture à d’autres revendications contre les hausses de prix du carburant, du gaz et de l’électricité et globalement enfin ainsi par une nouvelle détermination plus socialement ancrée à gauche avec notamment une manifestation de tous contre l’extrême droite à Lyon.
Ce qu’il y a d’extraordinaire dans le mouvement actuel et probablement d’unique, mais qui est la marque de la période actuelle dans son ensemble, c’est qu’un mouvement social en cours sur des revendications particulières fait renaître un autre mouvement presque éteint qui s’était bâtit sur de toutes autres revendications et enfin que tous deux fusionnent pour certainement en entraîner d’autres... et ainsi de suite.
Le mouvement anti-pass a entamé sa lutte en refusant l’expertise médicale sans contrôle populaire de ceux du dessus au service de l’industrie pharmaceutique. Par sa détermination dans la durée, la détermination des soignants prêts à perdre leur emploi pour leurs convictions, cette lutte contre des mesures liberticides déguisées en mesures sanitaires, a formé au fond une lutte contre la peur, contre l’acceptation, contre l’esprit de défaitisme sur lequel le gouvernement qui se prétend fort s’appuie pour faire passer toutes ses mesures et ne rien céder. Mais là, il a trouvé face à lui des personnes libres qui se tiennent debout et qu’aucune force ne fera plier.
On voit particulièrement bien cette même détermination dans les anciennes colonies où par celle-ci le mouvement anti-pass a unifié toutes les révoltes qui sont dans l’air, ce qui mène à une sorte de pré-grève générale ou grève générale rampante en Martinique, Guadeloupe, Guyane, Polynésie et Nouvelle Calédonie avec de premiers succès par l’obtention du report du pass sanitaire pour tous fin décembre en Nouvelle Calédonie et l’autorisation de travailler et accéder au CHU de Martinique sans pass sanitaire.
Le confinement, le couvre-feu, les attestations de sortie étaient des mesures qui prolongeaient d’autres mesures coercitives antérieures particulièrement mal ressenties dans les anciennes colonies ou les quartiers et qui pavaient la voie à un renforcement brutal du contrôle social. Le Pass Sanitaire est une décision politique, un outil sécuritaire, un instrument du contrôle social, dont un des objectifs est d’opposer une partie de la population à l’autre et à partir de là de distiller petit à petit une nouvelle ère de délation organisée et de surveillance des uns par les autres.L’épidémie a continué et maintenant semble s’atténuer mais le gouvernement qui a pris goût à « l’état d’urgence permanent » et au vidage progressif de la démocratie de son contenu a, dans ce contexte, fait adopter la loi Sécurité globale. Puis ça a été l’obligation vaccinale et le Pass Sanitaire…
Et maintenant, le Pass sanitaire qui devait prendre fin le 15 novembre, est prolongé jusqu’au 31 juillet 2022, tout comme l’état d’urgence ainsi que l’autorisation d’accéder au statut vaccinal des élèves par les directeurs d’écoles ou les chefs d’établissement du second degré.
Le Pass, symptôme des dérives liberticides et l’Etat d’urgence sanitaire sont bien installés dans le quotidien de la population tout comme les mesures liberticides imposées pour soi-disant lutter contre le terrorisme après les attentats de 2015 qui ont été intégrées dans le droit commun.
Bien des Gilets Jaunes avaient des affinités d’esprit avec le fond de la résistance à ces évolutions des anti-pass. Mais c’est la détermination du mouvent anti-pass dans la durée contre toutes les calomnies et les sanctions qui a entraîné peu à peu de plus en plus de Gilets Jaunes dans le mouvement et qui a réveillé leur détermination au moment même où la hausse des prix leur rappelait le point de départ de leur révolte.
Or, à un moment où les grèves se multiplient depuis le mois de mai et maintenant plus significativement en septembre-octobre sur les salaires, le mouvement anti-pass par le biais des Gilets Jaunes qui ont beaucoup évolué à gauche depuis trois ans, est en train non seulement de réveiller toutes les colères pour la défense de toutes les libertés, mais aussi contre la hausse des prix, pour des hausses de salaires, et surtout de dessiner la possibilité d’unir tous les petits ruisseaux de ces colères en un seul fleuve contre le régime Macron et ses amis milliardaires... ce que l’on a vu tout particulièrement avec la manifestation contre l’extrême droite ce samedi 23 à Lyon,comme pour déblayer clairement le terrain politique, lever les ambiguïtés et permettre tous les ralliements.
La possibilité de ce mouvement d’ensemble qui se dessine de plus en plus est déjà inscrite dans le fait que le mouvement actuel anti-pass, les Gilets Jaunes et les grèves contribuent à inverser l’air du temps, la tendance néolibérale des quarante dernières années qui pesaient lourdement sur les épaules et les esprits des classes populaires.
Après des décennies d’aggravation des inégalités au détriment des plus pauvres comme au détriment des libertés, on assiste aujourd’hui - depuis un lent démarrage qui s’est fait en 2016 (voire 2009) – au renforcement de la force des exploités et opprimés, de son expression et à travers cela aux prémices de l’affirmation de l’existence des exploités et opprimés en tant que classe politique et de leur pression sur l’ensemble de la société et son avenir.
Avec la pandémie, on a qualifié les travailleurs en première ligne de héros, en particulier les soignants. Mais aujourd’hui, on les montre du doigt, on les culpabilise et suspend leurs salaires en attendant de les licencier tandis que les salaires de la majorité des salariés et des héros des premières lignes leur suffisent à peine à survivre alors que les milliardaires ont profité du covid pour s’empiffrer encore plus au vu et au su de tous.
Aujourd’hui, où les gouvernements qui ont montré une incapacité totale au plus fort de l’épidémie, sanctionnent des soignants, licencient des premiers de cordée et alors que les prix explosent, beaucoup expriment sous forme de manifestations ou de grèves quelque chose qui va eu delà des revendications immédiates et qui est une détestation commune de ce monde où toute la richesse revient toujours aux plus riches, aux planqués, aux voleurs et fraudeurs alors que les salaires de la grande majorité de ceux qui travaillent n’ont même pas suivi l’inflation.
La pandémie a provoqué une prise de conscience chez les travailleurs du monde et par là a changé la situation et changé chaque conflit.
Des rond-points, des usines, des grèves et des manifestations se lève l’exigence commune de découvrir et dénoncer le luxe dans lequel baignent les voyous qui nous gouvernent, qui profitent de notre travail et qui après avoir donné 300 milliards aux 500 plus grandes fortunes du pays, jettent une pièce, 100 euros, à ceux qui par leur sueur ont produit toutes leurs richesses. Ça devient insupportable et c’est ce qui est dans l’air, partout et qui unifie la diversité des mouvements dans leurs revendications particulières pour en faire un seul en tendance.
C’est pour le moment un cri encore sourd qui monte de toutes les manifestations, toutes les grèves avant qu’il ne devienne clair, limpide et explicite demain sous forme de programme général anticapitaliste et révolutionnaire.
La recherche de cette expression commence à devenir pressante. Dans cette situation, la tentation de la force par la bourgeoisie grandira au fur et à mesure que les tensions sociales se développeront et avant qu’elles ne deviennent trop dangereuses pour elle. On le voit déjà au pullulement de chroniqueurs d’extrême droite dans les médias, à la candidature soudaine de Zemmour propulsée par les médias des milliardaires.
Que sera demain ?
Cette urgence nécessite plus que jamais l’intervention maintenant du "facteur subjectif", l’appel à la rencontre des militants des Gilets Jaunes, du mouvement anti-pass, des militants syndicalistes de base, comme l’avait fait en son temps le Front Social en décembre 2016, mais aujourd’hui dans une situation infiniment plus mûre qu’à ce moment, pour faire entendre le cri sourd qui monte des manifestations, pour le rendre conscient, pour dire haut et fort où en est le mouvement général actuel, ce qu’il est en train de faire, vers quoi il se dirige et quels obstacles il va rencontrer, en général, mais plus précisément déjà avec les élections présidentielles qui se profilent.
On ne peut rien comprendre à la situation actuelle si on ne comprend pas la dimension de tension vers la "grève générale" que porte toute cette période et le dire haut et fort est un élément qui renforce encore le mouvement devenant ainsi plus conscient de ce qu’il est tout en accélérant sa progression.
C’est cette dimension de la période qu’un regroupement conscient et organisé peut décrire. C’est cette dimension qui explique pourquoi chaque mouvement est lié aux autres ; pourquoi le mouvement anti-pass n’est pas intrinsèquement de nature fascisante comme l’écrivaient bien des militants démoralisés mais qu’il tire au contraire à gauche dans la durée, comme tous les mouvements aujourd’hui, et pourquoi ainsi il peut fusionner avec celui des Gilets Jaunes pourtant apparemment si différent ; pourquoi dans cette situation chaque échec ne se traduit pas par un découragement mais est juste compris comme une leçon pour faire mieux la prochaine fois ; pourquoi cette détermination se montre dans la durée qui grandit dans les conflits sociaux en particulier pour les salaires ; pourquoi par exemple chez les salariés de Bergams en grève depuis 40 jours contre la baisse des salaires en échange du maintien de l’emploi, on entend comme chez les soignants suspendus par refus de l’obligation vaccinale, « qu’ils la ferment leur usine, on sera mieux à la maison qu’au travail à se détruire la santé pour une bouchée de pain » ; pourquoi la détermination monte chez les sages-femmes à leur 4e mobilisation nationale en refusant les réquisitions du préfet ; pourquoi encore a surgi la grève surprise des cheminots ce week-end pour l’augmentation de salaires et son extension possible à tous les week-end à venir laissant entrevoir à nouveau une lutte importante des cheminots alors qu’on imaginait les cheminots définitivement battus après les échecs de leurs deux longues luttes de 2018 et 2019/2020 ; pourquoi la journée d’action syndicale nationale du 5 octobre conçue pour démoraliser a pu être utilisée par des militants comme point d’appui pour aller plus loin, au point qu’un mouvement lancé chez Enedis ce 5 octobre s’étend aujourd’hui de proche en proche dans différentes unités de l’énergéticien pour des augmentations de salaires, reprenant le chantier de leur mouvement général très important de juin et juillet 2018... et pourquoi enfin il va se profiler bien d’autres conflits de ce type, à commencer par celui de la RATP de 2019/2020 qui ne demande qu’à reprendre ; pourquoi enfin cette fois-ci, le lien va se faire encore plus clairement entre les Gilets Jaunes qui luttent contre la hausse des prix et les salariés en grève qui se battent pour des augmentations de salaires face à la hausse des prix ; pourquoi pour finir, la grève générale rampante en Italie entraînée par les anti-pass qui se centre maintenant autour de son noyau prolétarien et vers laquelle regardent avec attention Gilets Jaunes et militants syndicalistes de base ou celle aux USA sont des autres figures du même mouvement qui se passe en France.
Pour comprendre et décrire cette situation, il faut être optimiste et il est temps de donner une expression organisée et consciente à cet optimisme.
Car aujourd’hui, dans cette « période de grève générale », l’optimisme n’est pas une dimension morale, il est l’intelligence de la situation.
La formule d’hier « allier l’optimisme de la volonté au pessimisme de la raison » attribuée à Gramsci et reprise pour leur compte par bien des militants découragés est non seulement une absurdité philosophique qui sépare la volonté de la raison, le corps de l’esprit, mais est aussi aujourd’hui l’expression d’un renoncement à comprendre la période, morcelant la situation en autant de conflits séparés alors que sa dynamique pousse au contraire à leur unité. Ceux qui ne voient pas cette poussée à l’unité sont alors toujours surpris par les explosions de colère sans arrêt renouvelées et une combativité jamais éteinte qu’ils enterrent pourtant à chaque occasion et qu’ils n’attribuent qu’à la nécessité de se défendre contre des attaques incessantes. Mais en général, des attaques incessantes écrasent, ici, elles poussent à la révolte incessante. Cette vision de conflits morcelés, défensifs, sans en voir l’unité offensive, obligent ces militants à courir sans fin derrière les événements sans jamais rien y comprendre, ne trouvant pour se justifier qu’à critiquer les mouvements, le peuple devenu selon eux fascisant sans jamais se mettre en cause eux-mêmes. Bousculés par ces mouvements qui les surprennent en permanence, ils ne trouvent à s’abriter que dans le sillage des organisations traditionnelles au nom du moindre mal. Ils justifient alors tout cela en se construisant un univers mental refermé sur lui-même, un univers du discontinu, de l’amnésie, de la mauvaise foi, de l’indifférence aux idées et de l’adaptation à des structures, de l’addition de formules militantes comme on empile des assiettes, et, au final, un univers mental où l’agressivité comme état d’esprit général irrité par tout ce qui différent, tout ce qui est vivant, prend la forme du goût du pouvoir.
Alors, vive l’optimisme, l’intelligence de la situation !
Jacques Chastaing