Dans ce système totalitaire et policier, faire peur est la fonction même de la répression

Mieux vaut partir de la réalité, aussi noire soit-elle, que de constructions chimériques hors sol

lundi 25 mai 2020, par Camille Pierrette.

Trois exemples de la répression et de la fonction terroriste des forces de police, suivis de quelques remarques persos et compléments d’analyses sur ce système totalitaire qui s’étend.

#MOIAUSSIJAIPEURDEVANTLAPOLICE : FAIRE PEUR EST LA FONCTIONME DE LAPRESSION

- A quoi servent les grenades, les matraques, les cagoules, les balles en caoutchouc sinon à terroriser ?

« Je ne me sens pas en sécurité face à un flic ». Voilà la phrase par laquelle le scandale est arrivé. Une simple phrase, de bon sens, prononcée par la chanteuse Camélia Jordana à la télévision.

Une évidence. Un fait. Il suffit d’habiter dans un quartier, de ne pas être blanc, de faire une manifestation ou même de se promener par temps de confinement pour ressentir cette peur.

Des morts, des mains arrachées, des yeux crevés, des bleus, des trous dans le visage, des poumons en feu. Nous sommes des millions à voir, à savoir, à avoir ressenti cette peur. Adama, Steve, Aboubakar, Zineb, Angelo, Zyed, Bouna et tant d’autres y ont laissé la vie.

Assa Traoré, sœur d’Adama, décédé en 2016 étouffé lors d’une interpellation, lance un appel à soutenir Camélia Jordana sur les réseaux sociaux avec le hashtag #MoiAussiJaiPeurDevantLaPolice. Assa et Camélia ne sont pas seules, nous sommes des millions.

Ceci étant dit, n’oublions pas que la police existe pour faire peur. C’est sa raison d’exister. Sa fonction. Son rôle. Elle terrorise pour maintenir un ordre injuste, inégalitaire, pour protéger les riches. C’est son travail normal : exercer la contrainte. Intimider les pauvres, les fils et filles de colonisés, des Gilets Jaunes, les révoltés. A quoi servent les grenades, les matraques, les cagoules, les balles en caoutchouc ? A faire peur, et uniquement ça. Si les manifestations se vident, s’il n’y a plus de poussettes depuis des années dans les cortèges, si peu de gens osent lutter, c’est à cause de cette peur.

Rappeler que la police fait peur est donc important face au déni des gouvernants. Mais ce n’est pas suffisant. Les grands changements naitront du dépassement de cette peur.

post et visuel de Nantes Révoltée - #MoiAussiJaiPeurDevantLaPolice

#moiaussijaipeurdevantlapolice : faire peur est la fonction même de la répression, de la police

🔴 TROIS PROFESSEURS SUSPENDUS POUR AVOIR MANIFESTÉ CONTRE LAFORME DU BAC - LELIREPRESSIF CONTINUE

Chaque jour apporte son lot de nouvelles aussi hallucinantes qu’inquiétantes. Nouvelle étape pour écraser ce qui s’oppose un peu trop vivement à l’ordre : sanctionner les professeurs qui ont contesté la réforme du bac. Rien n’arrête ce gouvernement qui glisse de plus en plus surement vers le pire des autoritarismes.

Trois professeurs du lycée Desfontaines de Melle sont suspendus 4 mois depuis mars pour avoir manifesté contre la réforme du bac. L’un d’entre eux témoigne :

« Depuis ma convocation au rectorat, je ne dois plus approcher le lycée ni avoir aucun contact avec les élèves ».

« A Melle, ce jour là, sur les 55 enseignants de l’équipe pédagogique, il y avaient un trentaine de professeurs mobilisés, ils ont suspendu ceux qu’ils considéraient être les meneurs, les plus visibles pour que tout le monde ait peur ».

« On a un couperet au dessus de la tête, ça peut-être une radiation, une mutation, certains rectorats ont fait le choix de faire des exemples pour étouffer la mobilisation, la révolte qui grondait de plus en plus. »

Une pétition en ligne a été lancée en soutien : https://frama.link/e95H3e0y

Illustration : Allan Barte

Source : https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/deux-sevres/niort/temoignage-professeur-melle-je-ne-dois-plus-avoir-aucun-contact-mes-eleves-lycee-1831738.html

post de Rouen dans la rue

Faire peur est la fonction même de la répression et des polices

🔴 MEURTRES ET MENSONGES D’ÉTAT : la police française a tué au moins 12 personnes durant le confinement

Un article de Rebellyon.info

Durant ces 2 mois de confinement, si un certain nombre de violences policières ont pu être dénoncées grâce aux images et aux révoltes dans les quartiers populaires et mises en lumière dans les médias, les morts liées aux interventions de la police sont restées dans l’angle mort.

Malgré un article de Rebellyon.info publié le 20 avril sur cette situation, largement relayé et suivi de tribune, aucun média national n’a titré sur ces morts. À la fin de ce confinement, ce sont 12 personnes qui sont mortes à cause de la police. À ce rythme, personne ne peut continuer à parler de bavures isolées. Ils s’agit de meurtres systémiques validés par l’État français.

Le macabre bilan :

- 5 personnes mortes dans un commissariat

- 3 personnes mortes suite à des tirs à balles réelles

- 2 personnes mortes suite à une poursuite routière

- 2 personnes mortes en sautant dans le vide

L’article entier ici : https://rebellyon.info/Meurtres-et-mensonges-d-Etat-la-police-22286

post et visuel de Rouen dans la rue

Meurtres et mensonges d’Etat : 12 tués en 2 mois de confinement

Résumons la situation :

🔴Depuis des années, les chaines de télévision, la radio et la presse nous imposent un idéologue d’extrême droite, Eric Zemmour, qui diffuse au quotidien des discours racistes, des éloges de Pétain et des appels à la guerre civile ... ➡️ Il est publiquement soutenu par le gouvernement, et la caste médiatique l’invite au nom de la « liberté d’expression ».

🔴 La chanteuse Camélia Jordana dit qu’elle « ne se sent pas en sécurité » face à la police, un sentiment partagé par des millions de personnes ➡️ Condamnations de ministres, torrent d’insultes, attaques médiatiques en folie, extrême droite invitée en boucle pour critiquer l’artiste, envolées lyriques parlant « d’atteintes à la république », menaces de syndicats policiers …

🔴 Leur "liberté d’expression" ne s’applique qu’à l’extrême droite. Les habitants des quartiers, les Gilets Jaunes, les révoltés, les exilés, les précaire n’ont jamais la parole. Ne l’oublions pas : les médias possédés par des milliardaires font délibérément monter le fascisme. Le gouvernement fait délibérément monter le fascisme. Aujourd’hui, remettre en cause les violences policières ou dénoncer le racisme, même timidement, est passible du tribunal médiatique. Dans le même temps, les discours réactionnaires et les éloges de la répression, monopolisent les antennes en permanence. Opération de bourrage de crane à grande échelle.

Développons nos propres médias, c’est urgent et vital.

post et visuel de Nantes Révoltée

- Voir aussi : POURQUOI LESDIAS FONT-ILS MONTER LE FASCISME ?

Gouvernements, polices et merdias complices pour favoriser l’extrême droite
Faire peur est la fonction même de la répression et des polices

Remarques persos

La répression n’est pas exercée seulement par les flics et leurs armes à létalité réduite, elle a lieu aussi dans les services publics (et aussi via l’éducation nationale) et les entreprises qui sanctionnent, placardisent ou virent les éléments perturbateurs, elle a lieu dans les merdias qui quotidiennement appuient et diffusent la propagande de l’Etat et de la civilisation capitaliste, elle se déverse non-stop via les superbes publicités sexy et décalées qui polluent partout.
Et surtout la répression est intégrée dans les mécanismes structurels de la gestion étatiste et capitaliste.

La centralisation autoritaire et l’absence de démocratie véritable répriment en permanence les désirs et idées politiques des populations, tandis que les mécanismes implacables et AUTOMATIQUES de l’économie de marché (concurrence, impératif de Croissance, marché de l’emploi, accumulations, inégalités sociales...) répriment de manière faussement « naturelle » tout désir d’émancipation sociale, d’autogestion, d’autonomie individuelle et collective, de maîtrise de sa vie.
Cet ensemble de choses s’appelle un système totalitaire, une « société » qui régit de manière autoritaire et centralisée la totalité de nos existences, où même la plus petite et symbolique contestation est réprimée par une police politique omniprésente assistée de dispositifs techniques et numériques de plus en plus puissants.

Comme le disait Aldous Huxley, le summum de ce totalitarisme est atteint quand la plupart des gens acceptent et RECLAMENT plus de soumission et de contrôle (au nom de la sécurité, de la « protection » contre un virus ou des terroristes...). On y est.

Il subsistera toujours quelques espaces de liberté surveillée pour maintenir l’illusion et les apparences. On sera encore autorisés à faire quelques manifs, à lancer quelques grèves, à voter bien sûr, à élire localement des listes plus ouvertes (mais avec des mairies ayant de moins en moins de pouvoirs), à publier des articles subversifs sur des sites web indépendants. Le système totalitaire malin nous laissera faire les actions d’expression contestataire qui ne peuvent pas l’atteindre.
Qui sait si l’Etat, pour mieux maintenir l’illusion de nos-libertés, n’ira pas jusqu’à laisser faire quelques manifs sauvages et émeutes ?

Mais au fond, mis à part des minorités rétives qui font se qu’elles peuvent, nous sommes plus ou moins domestiqués, écrasés, vaincus d’avance, impuissants, laminés, dépossédés de tout, sans moyens importants par rapport aux appareils techniques et aux employés qualifiés dont disposent avec abondance gouvernements (payés par nos impôts, ce qui est le summum de l’ironie et de l’humiliation), autorités et puissances capitalistes.

De plus, du fait de la crise économique en cours et à venir, les derniers îlots permettant aux rebelles et à leurs soutiens de survivre seront démolis eux-aussi. Je pense au secteur associatif, au secteur culturel alternatif.
Le Pouvoir sait que ce sont encore malgré tout des petits refuges d’opposants et il se gardera bien de les renflouer durant la crise économique grave qui va suivre. Les milliards et les subventions seront pour les stars, les structures culturelles et associatives convenables, les artistes bien en cour, les assos sociales utiles au système (travail à moindre coût et sous contrôle à la place de fonctionnaires au statut protégé et possiblement indociles), tout le reste sera abandonné à son sort. Les faillites, licenciements et galères vont s’amplifier.

Privés des derniers espaces où la rebellion pouvait s’appuyer, rencontrer du public, diffuser des idées, les derniers contestataires résiduels se retrouveront encore plus isolés et impuissants.
Cet isolement accru permettra ensuite au Pouvoir de les réprimer avec encore plus de facilité, il n’y aura plus de lieux ou de dispositifs pour relayer et médiatiser.
On n’est pas près de sortir du tunnel.

Mieux vaut partir de la réalité, aussi noire et bouchée soit-elle, que de constructions chimériques hors sol, afin de mieux anticiper et s’organiser, et sait-on jamais, agir avant que ça n’arrive ?
Soyons lucides, c’est ce qui se prépare.

...à moins que ...on ne sait trop quoi.
J’ai du mal à croire qu’on réussisse à faire dans un temps court ce qu’on a été incapables de faire auparavant depuis des lustres dans des conditions moins défavorables.
Mais bon, l’histoire reste imprévisible. Des rebellions peuvent se cristalliser de manière imprévue sous l’influence d’une goutte d’eau improbable faisant déborder le vase, l’expérience accumulée pourrait donner des élans nouveaux et forts, qui sait ? (voir les révoltes actuelles aux USA)

Le point positif de l’accentuation visible de ce régime policier totalitaire ?

Du fait que les brutalités des flics, l’absence de démocratie réelle, le totalitarisme économique soient plus forts et plus visibles fait voler en éclat les anciens mécanismes de régulation, de pacification et d’enfumage.
On se rend mieux compte que les stratégies de réformismes, de collaboration, de partenariat social avec l’Etat et les entreprises, de dialogues avec les pouvoirs ne mènent pas à grand chose et sont à présent inopérantes.

L’avantage de la mise à nu de la méga-machine économique sans tête et de l’autoritarisme d’Etat est qu’on peut moins qu’avant se fourvoyer dans les voies sans issue du « changer tout ce qu’il est nécessaire de changer pour que rien ne change ». Et alors les perspectives de contestations radicales, les idées anarchistes, l’écologie radicale gagnent en visibilité, et en crédibilité. Elles deviennent davantage entendables vu que le reste a foiré et a mené à cette situation épouvantable.

Bien entendu, les pouvoirs s’efforceront de boucher les trous pour ne pas s’appuyer uniquement sur la répression policière pour mater et occuper les foules. S’ils sont malins, ils proposeront sans doute des formes bidons de « démocraties participatives » et des plans d’actions de pseudo transitions écologiques (la relance « verte ») permettant de prolonger et renforcer le rôle totalitaire et destructeur du capitalisme et de l’Etat.
C’est déjà en cours.

- voir aussi :


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