C’est l’euphorie totale dans les bourses, les médias libéraux et les réunions d’actionnaires, le champagne et la coke s’étalent, c’est la reprise, la croissance revient, la consommation explose, yahaaaaa ! Le business qui détruit partout le vivant et les humains, et même les conditions d’habitabilité sur la planète, va pouvoir reprendre à donf, accélérer encore et déployer de nouveaux moyens d’exploitation, d’enfumage et de destruction mondialisés :
- En France, la reprise tient ses promesses, la prévision de croissance revue à la hausse - Pour la Banque de France, la croissance de l’économie française pourrait atteindre 5,75 % à la fin de l’année, au lieu des 5,5 % prévus il y a trois mois. Un chiffre nettement supérieur à celui de la moyenne de la zone euro, qui s’établit à 4,6 %. (...) « C’est l’euphorie générale, tous nos clients sont débordés. La principale préoccupation des chefs d’entreprise, aujourd’hui, est de gérer les problématiques de ressources humaines ! »
- Covid-19 : en Europe, une forte reprise économique accompagne le début du retour à la normale (...) « Une explosion de la consommation est probable à partir de juin et pour l’été, estimait dans une note, vendredi, Daniela Ordonez, économiste à Oxford Economics. Les prévisions de chômage des ménages ont également beaucoup baissé, preuve que les consommateurs croient que la reprise du marché du travail sera forte. »
- La Fed anticipe un rebond économique spectaculaire aux Etats-Unis - Malgré une inflation à 5 % au mois de mai, la banque centrale américaine maintient son soutien monétaire. Ses membres prévoient néanmoins une remontée des taux dès 2023, au lieu de 2024. (...) « La demande est très forte. Les revenus des ménages sont élevés, les gens ont de l’argent sur leur compte en banque, la demande pour les biens de consommation est extrêmement élevée et ne s’est pas réduite, le secteur des services est en train de rouvrir… »
- Catastrophe générale : la reprise économique est là, la croissance repart fortement à la hausse en France et aux USA
- La tornade dévastatrice de la civilisation industrielle va pouvoir accélérer et amplifier ses désastres !
La reprise est là : destructions et désastres vont pouvoir à nouveau accélérer
C’est sûr qu’il y a de quoi se réjouir de voir ce monde d’après strictement identique à celui d’avant, en pire.
C’est le retour à la normalité du bétonnage, de l’aliénation par le travail et le numérique, des pollutions et des inégalités sociales, des forêts, des mers et des zones humides dévastées, des zoonoses mortelles bichonnées dans les élevages industriels de fourrures pour les riches, de la destruction des communs, du fichage total et des flics partout, des élections compétitions entre partis qui baignent dans le même délire technocratique de la civilisation industrielle, des déchets numériques polluants qui tuent loin de chez nous pour que nos rues soient propres zéro déchets, des centrales nucléaires géantes et de leurs déchets ingérables, de la surveillance généralisée, des températures de four à chaleur tournante (on s’en fout, tant qu’on a de la clim !), d’oiseaux éradiqués, etc. etc.
Mais on s’en fout, la croissance revient, c’est la reprise, les riches et les actionnaires vont pouvoir se gaver encore plus que pendant la pandémie (est-ce possible ?), et nous on est tellement ravis et avides de léchouiller le ruissellement filandreux de quelques miettes moisies, d’emplois de merde, de produits de conso toxiques, de baver devant le luxe des ultra-riches à la télé, de les imiter maladroitement avec les produits made in China jetables.
On est tellement aliéné et perdu qu’on est en réduit à réclamer bruyamment le système qui nous tue, à se réjouir du « retour à la normale » : consommation, emplois, déresponsabilisation et insouciance, délégation et dépendance, croissance et développement économique, innovations technologiques et numérique partout
Pourtant, les rebelles de Hong Kong avait prévenu en 2019 : « Il n’y aura pas de retour à la normale ; car la normalité était le problème ».
La spirale de fascisation et de destructions violentes est bien lancée, attisée par de nombreux vents puants. Les minorités rebelles, anti-capitalistes et anti-autoritaires seront-elles assez fortes pour générer de puissants contre-feux ?
- Catastrophe générale : la reprise économique est là, la croissance repart fortement à la hausse en France et aux USA
- Le retour à la normalité est un délire suicidaire, pourtant célébré presque partout
Le retour à la normalité est un délire suicidaire
« Il y a trois cents ans, personne ne parlait de l’état normal des choses, ni n’aspirait à la normalité, cela n’existait tout simplement pas. C’est parce que « normalis » était à l’époque un mot latin qui décrivait les angles droits faits par une équerre de charpentier.
Ce n’est qu’avec l’avènement de l’industrialisation et la pensée techniciste que le mot « normalis » a colonisé notre vocabulaire et s’est imposé au XVIIIe siècle.
Standardisé, le système des machines exige la normalité, car tout doit se conformer aux angles droits du progrès. Cela signifie une croissance et une consommation sans fin, le tout alimenté par la fiction de l’énergie bon marché.
En réalité, la normalité, cela veut dire vivre dans des grandes boîtes et être esclave des machines. Cela signifie que vous êtes tellement distrait par les écrans, la vitesse et la mobilité que vous ne pouvez plus faire attention à ce qui compte vraiment. La normalité signifie que vous n’avez aucun respect pour les limites ou les lieux sacrés.
La normalité signifie que vous pensez qu’il est possible de simplement substituer les combustibles fossiles par ce que l’on appelle de l’ « énergie propre » dans le seul but de protéger la norme. Mais cela signifie surtout que vous avez renoncé à votre capacité d’être humain et d’aimer cette Terre.
Donc je ne veux pas revenir à la normale. »
Andrew Nikiforuk, journaliste et auteur, extrait du texte « Normal is the problem » publié en 2020 dans le média canadien indépendant The Tyee.
Voir aussi : Notre obéissance inquestionnée - « Chaque jour est une occasion de conspirer pour nos communes vies et leur assomption pleine et entière »
Un lecteur qui anime le blog « Les Petits Soirs » nous a fait parvenir cette longue méditation sur l’obéissance. S’il invite, comme d’autres, à désobéir, l’intérêt de l’analyse est dans les références - notamment Simone Weil et l’historien du nazisme et du management Johann Chapoutot - et les exemples mobilisés - des soldats russes qui désobéissent dans la Creuse en 1916 aux Gilets jaunes en passant par le management contemporain.
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