BRAVO TOUT LE MONDE !
Eh oui, ce record du CAC 40, c’est un peu notre victoire à tous. En effet, nous contribuons toutes et tous, par la TVA que nous payons, notre impôt sur le revenu et l’austérité salariale à laquelle nous sommes soumis depuis des années, à cette réussite du capitalisme français.
Car oui, ce bon résultat des 40 entreprises françaises les plus performantes en Bourse, en pleine sortie d’un an de crise sanitaire, n’a pas été obtenu par de dynamiques capitaines d’industrie, mais par le soutien indéfectible de l’Etat auquel nous contribuons tous. Car les entreprises françaises ont touché, rien que l’année dernière :
- Exonération de cotisations patronales assurance maladie (ex-CICE) : 22,6 milliards. Conditions : aucune.
Réduction générale des cotisations patronales (ex réduction Fillon) : 29,9 milliards Conditions : S’applique à tout salaire inférieur ou égal à 1.6 SMIC (soit tout salarié payé moins de 2000€ net)
Crédit Impôt recherche : 6.5 milliards. Conditions : avoir des dépenses de recherche et développement. Un rapport de France Stratégie (antenne de Matignon en charge de l’évaluation des politiques publiques) sur les effets de cette aide a été publié aujourd’hui et il conclut : "Il n’y a pas d’éléments pouvant laisser penser qu’il est bien adapté pour développer l’innovation (...) il n’a guère contrecarré la détérioration de l’attractivité du site France pour la localisation de la R&D des entreprises multinationales."
Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) : 9 milliards
Conditions : crédit d’impôt calculé à partir du nombre de salariés payé moins de 2,5 SMIC
Chômage partiel : 22 milliards d’euros. Conditions : connaître ou anticiper une baisse d’activité (fraude estimée : au moins 6 milliards d’euros en 2020).
Oui mais, entend-t-on, ces aides sont d’abord destinées aux coiffeurs, aux restaurateurs, aux petits patrons... Eh bien non ! Puisque ces aides sont liées au nombre de salariés, les plus gros en attrapent le plus. Et comme en France, 7 salariés sur 10 travaillent directement ou indirectement (via des filiales) pour des groupes, ces derniers ont récupéré au moins 70% de la manne distribuée. Généralement défendues au nom du “petit commerçant qui galère”, de la “coiffeuse en difficulté”, ces aides bénéficient principalement à Total, Danone ou Sanofi.
Mais ce n’est pas tout : si, en tant que contribuable, c’est bien nous qui avons financé le développement de ces entreprises, nous l’avons aussi fait en tant que salariés : Entre 1998 et 2008, la baisse de la part de la rémunération des salariés (-5,9 points de pourcentage) a permis l’augmentation des dividendes ( 4,7 points de pourcentage). Autrement dit, nous avons rendu ces entreprises extrêmement profitables pour leurs actionnaires en nous serrant la ceinture. Et encore, les choses ont empiré après 2008, sous l’effet de la crise financière.
Est-ce que notre argent et nos efforts salariaux vont porter leurs fruits ? Pour nous, évidement que non : cela fait 20 ans que nos gouvernement nous imposent ce régime de soutien aux pauvres actionnaires et nous n’avons jamais rien reçu. Pour les entreprises et le "dynamisme économique français" ? Non plus : nos confrères de l’Observatoire des Multinationales nous apprennent que les 51 milliards d’euros de dividendes qui vont être distribués aux actionnaires du CAC 40 "représentent presque 140% des bénéfices cumulés du CAC40 en 2020. Autrement dit, le CAC40 a consacré tous ses profits et puisé dans sa trésorerie pour rémunérer ses actionnaires." (lien en commentaire).
La classe des actionnaires - qui n’est rien d’autre que la classe bourgeoise, celle qui possède les moyens de production - a donc profité de la crise sanitaire pour nous tondre encore plus. Et qu’importe si cela fragilise notre économie, nos industries, nos emplois. Elle a bénéficié des largesses du "quoi qu’il en coûte (pour les possédants)" et nous a doublement ponctionné : comme contribuables et comme travailleurs.
Bonne nouvelle : cela fait tant d’argent volé à récupérer que vivre mieux est une perspective largement possible : financer une protection sociale de qualité, éliminer la pauvreté, fournir un logement à tous, convertir notre mode de production à la cause écologique.
Reste à reprendre ce qui nous appartient.
(post de Frustration Magazine)
- Le CAC40 se gave toujours plus tandis qu’on se précarise davantage
- Grâce aux pauvres et à leurs souffrances, grâce à la destruction des mondes vivants, des yachts luxueux ...pour quelques uns, génial !
Dans la pure logique capitaliste, les plus pauvres doivent s’appauvrir pour que les plus riches puissent se gaver davantage, s’acheter davantage de yachts de luxe, de bijoux, de piscines, de jets privés, de caviar et de prostituées.
C’est pour ça que le monde vivant est détruit et que les peuples sont pillés et exploités, pour que les plus riches puissent jouir de leur puissance et de biens matériels futiles, protégés par les flics et les Etats, tandis que trop de pauvres et de classes moyennes rêvent de les imiter, mais en réalité doivent se contenter de miettes et d’ersatz.
Nous on ne veut pas d’une meilleure répartition des richesses, on veut la disparition du CAC40, la fin de l’Economie, la disparition ou la forte réduction de l’Etat.
On ne veut pas juste la socialisation ou l’autogestion des moyens de production techno-capitalistes, on veut qu’ils disparaissent pour la plupart, ainsi que le marché du travail et le salariat.
RAPPEL : Historiquement, seules des violences de masses ont pu véritablement libérer les peuples des inégalités sociales - Livre : dans cette civilisation, la réduction des inégalités se fait par la révolution, la guerre, le collapsus de l’État ou la pandémie - Le progressisme de gauche inadapté ?