Alors qu’on agit souvent dans l’urgence, qu’on court après les multiples actions et lois antisociales du Pouvoir, qu’on essaie d’endiguer les désastres produits sans fin par le système en place, il est grand temps de réfléchir plus largement, d’analyser la situation plus en profondeur.
Au lieu de répéter des erreurs, de s’égarer dans des voies sans issues ou insuffisantes, de s’enliser dans le renoncement ou l’agitation, mieux vaut élaborer des stratégies claires, possiblement « gagnantes ».
Parmi d’autres, voici 3 textes clés que tout le monde aurait avantage à lire attentivement pour ébaucher cette aventure :
1. Sur le choc fondamental qu’est la « civilisation »
Une analyse critique de la stratégie du choc de Naomi Klein - Ross Carter propose une relecture critique de la Stratégie du Choc de Naomi Klein. Il enrichit l’évaluation de la situation par Naomi en y ajoutant une analyse selon les perspectives de DGR.
L’histoire que raconte Naomi n’est pas une histoire isolée, c’est une histoire qui se déroule sous une forme ou sous une autre depuis que la civilisation existe. La logique de la civilisation est de se protéger à tout prix, et cette logique se poursuit sans relâche. Sans une analyse plus approfondie, vous êtes bloqué dans la perspective limitée que si seulement nous pouvions nous débarrasser de ces horribles capitalistes, alors tout irait bien. C’est une simplification excessive et naïve des problèmes auxquels nous sommes confrontés. Elle ignore le meurtre en cours de la planète par la civilisation industrielle.
Un gouvernement de gauche et des panneaux solaires ne vont pas suffire. Tout comme les changements de chefs et l’accroissement de la technologie n’ont jamais fait de différence auparavant. Ils n’ont fait qu’accroître et accélérer l’expansion et le contrôle de la civilisation. Il n’y a pas de solution simple ni de messie. Notre besoin désespéré de contrôler et de dominer depuis la Maison Blanche, jusqu’à notre famille nucléaire patriarcale, provient du même endroit. Le traumatisme culturel de masse. Comme le souligne Naomi, un individu brisé est facile à manipuler et à contrôler. Et nous avons tous été brisés par la civilisation. Nous avons été traumatisés dès l’utérus. Nous sommes traumatisés de naissance. Nous sommes nés avec un traumatisme générationnel. Nous sommes traumatisés au sein de nos familles et de nos structures sociales dysfonctionnelles. Nous sommes traumatisés par notre « éducation ». Nous sommes traumatisés par les cases dans lesquelles nous sommes forcés de rentrer et les masques que nous devons porter. Nous sommes traumatisés par la pollution, par la nourriture, par les technologies. Etc. Etc.
L’esprit traumatisé est un esprit de guerre et de compétition. Il ne peut pas être satisfait. La civilisation nous transforme et nous rend autres. Elle nous transforme en objets et en rôles. Esclave, fermier, chef, femme, mari, etc. Ceci est le Choc.
Il suffit de se saisir de quelques bases de l’histoire de la civilisation pour réaliser que, depuis sa création, elle repose essentiellement sur l’esclavage (par le fouet ou par le contrôle économique et culturel), le génocide, l’écocide et la colonisation. Mais cela est complètement ignoré. Pourquoi ? Pourquoi les libéraux continuent-ils à prêcher et à croire en ces mêmes choses qui les oppriment ? Le Green New Deal et les Démocrates ne vont pas supprimer le choc que le fait de vivre des vies sacrifiées sur une planète sacrifiée nous fait subir en permanence. Pourtant, ils sont vénérés. Comment avez-vous pu lire ce livre de 533 pages, pendant votre pause au bureau, ou assis dans votre appartement en ville, le bruit des sirènes et des voitures qui bourdonnent autour de vous, l’odeur de la pollution de l’air, l’absence de faune et de flore, sur la façon dont le capitalisme utilise le choc pour faire avancer son programme, et ne pas reconnaître le choc, tout autour de vous et en vous ? La réponse évidente est que les libéraux ont eux-mêmes été choqués.
Dans cet état de perdition et de déconnexion, nous sommes tous susceptibles de trouver des solutions faciles grâce aux religions, aux gourous, aux démagogues et aux techno-solutions. Nous sommes tous malléables. Les gens ne cèdent pas volontairement leur pouvoir et leur autonomie à la civilisation, à moins qu’ils n’aient d’abord été brisés en tant qu’humain et reconstruits en tant que citoyen. Nous ne pourrons vraiment penser avec clarté, et nous relier les uns aux autres et à la terre, qu’une fois que nous nous serons débarrassés des mythes que la civilisation nous impose. Une fois que nous, en tant qu’individus et communautés, aurons détruit la civilisation en tant que concept et système physique. Car ce n’est qu’au-delà de la civilisation que nous pouvons réellement être libérés du choc continu et du désastre perpétuel.
- Analyser la situation pour dégager des stratégies de résistance, des perspectives d’actions et objectifs
2. Sur les menées du technocapitalisme - Dégager des voies de résistance
Avec de nombreuses analyses pertinentes de la situation et des pistes stratégiques pour peut-être briser les murs du labyrinthe géant qui nous enferme.
Plus qu’industriel, le capitalisme d’aujourd’hui est technologique. Certes, des pans de l’économie reposent encore sur l’industrie (ne serait-ce que pour produire les outils et machines numériques), mais la « quatrième révolution industrielle » — suivant les importants de Davos —, celle de la robotique et du numérique, vient déjà chasser la « troisième », la révolution informatique. Autrement dit, l’économie de la connaissance — en fait les technologies de l’information et des données —, transforme l’ancien monde industriel et propulse le capitalisme dans l’ère post-industrielle. La vente de services immatériels et l’économie des « usages » accroissent leur part du PIB — voyez Google, Facebook, Uber.
Le capitalisme technologique doit résoudre deux problèmes pour enclencher un nouveau cycle de croissance (...)
Du point de vue du pouvoir, administrer une population par le truchement des machines (du puçage des poubelles et du compteur d’électricité à la surveillance des communications électroniques en passant par la « dématérialisation » des formalités administratives) présente un double avantage. Les masses d’en bas sont reléguées plus loin encore de leurs maîtres, désormais virtuels, plus que jamais intouchables, irresponsables, voire inconnus. Si le monde-machine est le produit impersonnel d’un progrès-qu’on-n’arrête-pas, à qui s’en prendre ? Sous le masque de la technologie, que les techno-furieux et les naïfs persistent à croire neutre, le pouvoir dissimule mieux que jamais ses intérêts et ses plans.
La « machine à gouverner » rend ce pouvoir ubiquitaire, jusqu’au sein des foyers. Votre compteur Linky en révèle bien plus sur votre vie que vos aveux approximatifs. La « planète intelligente », comme la nomme IBM, est celle du technototalitarisme, sans issue de secours.
Tandis que les machines deviennent plus « intelligentes », notre intelligence devient machinale. Sans aller jusqu’aux implants, chacun constate les effets sur son propre cerveau de l’usage de prothèses électroniques : perte de mémoire, baisse de l’attention profonde, dispersion de la capacité de concentration, etc. Comme nos corps ont perdu en musculature et en résistance en transférant les tâches manuelles aux machines, il est normal que nos cerveaux perdent en acuité en déléguant la résolution de problèmes intellectuels aux ordinateurs.
A‑t-on jamais vu, malgré des décennies d’appels et de propagande, la France d’en bas défiler en masse contre les nuisances qui frappent davantage les quartiers populaires ? Le bruit, l’air et l’eau empoisonnés, la malbouffe, les pesticides, les engrais qui infectent et abrègent la vie. A‑t-on jamais vu la jeunesse des cités ou la vieillesse des cantons se soucier de l’intérêt général et se joindre aux protestations contre le nucléaire, les chimères génétiques et l’artificialisation du territoire ? Pour toutes les critiques qu’on leur adresse, et qu’ils méritent, les petits-bourgeois « écolos » restent les seuls, et les derniers, à ne pas séparer leurs intérêts de l’intérêt commun, à faire preuve d’idéalisme et à se battre pour tous, en même temps que pour eux. Qu’ils gagnent et qu’ils s’y prennent bien pour rallier l’ensemble du peuple à la cause commune est une autre affaire. Mais pour en parler, il faut avoir tenté, une fois, d’éveiller un canton d’éleveurs de porcs ou les banlieusards d’une métropole à la critique radicale.
La question pendante reste celle du sort des superflus. Peuvent-ils retrouver une existence autonome, livrés à eux-mêmes dans les « zones grises » ? Vont- ils s’éteindre « naturellement » sous la combinaison de fléaux divers et d’une stérilité galopante ? Seront-ils exterminés, plus ou moins violemment, par la technocratie ?
Si ce monde est trop petit pour deux classes, pour la technocratie et les superflus, la première est concentrée ; coordonnée ; consciente d’elle-même. Elle jouit de la continuité de l’État, d’une unité de volonté, d’une immense supériorité économique, technologique et militaire. Les seconds sont faibles, dispersés et leur conscience ne va guère au-delà des péripéties de la vie pratique et quotidienne. Malgré les moyens de communication modernes, il n’y a pas encore d’unité de vue, d’intérêts, de pensée, entre les néoprolétaires d’Asie et d’Afrique, les paysans indiens, les superflus du Maghreb, d’Europe et des Amériques : tout au plus un début de connaissance de leurs intérêts et de leurs rapports mutuels. Et il faudra longtemps avant que cette connaissance ne produise une conscience commune. Or notre affaire n’est pas de renverser un gouvernement, ni un régime, mais une civilisation en voie d’intégration à l’échelle mondiale, qui est l’échelle contemporaine.
Il ne suffit pas de protester contre la destruction de l’école, de la langue, de la pensée, de la culture, de la mémoire, ni de se réfugier, chacun pour soi, dans la lecture. Il s’agit de créer un réseau de maisons vouées à la conservation et à la transmission de l’œuvre ancienne de l’humanité. Il faut de la pierre : des bâtiments, des librairies, des salles d’étude. Il faut des programmes, des maîtres, des élèves et de l’argent.
Il n’a jamais suffi de la réunion mensuelle du « café citoyen » ou du « lieu alternatif », avec son film-débat ou son conférencier en tournée.
Il faut, partout, des centres de recherches sauvages qui analysent constamment, concrètement, la situation et lâchent des essaims d’enquêteurs dans toutes les situations concrètes.
Il faut sauver tout ce qui peut l’être. Il faut des jardins, des vergers, des potagers ; des semences paysannes et des arches animales. Il faut des ateliers où réapprendre les techniques vernaculaires et autonomes, par opposition aux systèmes technologiques et autoritaires. Il faut donc tout ce qui se fait déjà, depuis des années, de manière éparse et multiple, et qui nourrit ce fond de conscience humaine et vitale, hostile à la mort machine. Mais il le faut de façon beaucoup mieux pensée, beaucoup plus dense et rayonnante. Beaucoup plus sérieuse.
Il s’agit en somme d’instituer une véritable éducation populaire, du meilleur niveau et pour le plus grand nombre. D’ouvrir des écoles partout.
Notre époque est marquée par la course de vitesse entre le désastre et la conscience du désastre. Autrement dit, le soulèvement est déjà en cours. Il suit la catastrophe comme son ombre, mais il ne fait que la suivre et rien ne dit qu’il atteindra ce seuil critique, ce point de bascule où surgit l’événement, la Catastrophe au sens courant. Nous avons également noté quelques signes de ce soulèvement des consciences (dépressions, dissidences intérieures, passives, sécessions actives, collectives, etc.), et certains moyens de l’accroître, de saturer le monde de l’attente consciente de son rêve immémorial. Son « horizon eschatologique » en termes religieux. Peut-on, au-delà, proposer aux superflus et aux résistants des tactiques de lutte, comme l’ancien mouvement ouvrier en avait inventé durant son histoire ?
En fait, nous pouvons toutes les transposer — grèves, sabotages, occupations, blocages, boycottages — de l’usine à la vie quotidienne, en sachant qu’aucune ne constitue l’arme absolue (aujourd’hui comme hier), et que toutes peuvent être récupérées et retournées par la technocratie.
Il est ainsi possible pour les radicaux de se lier aux superflus en faisant une propagande intense et constante aux entrées des grandes surfaces, aux sorties des gares, aux arrêts de bus, etc., partout où ils passent et consomment en masse des produits et des services, afin de les informer concrètement des vices de ces marchandises, les inciter au boycottage, leur proposer des alternatives d’achat, et surtout, des alternatives à la consommation.
3. Sur la police, à quoi sert-elle ? Qui sert-elle ?
Il faut en effet commencer par s’interroger sur ce que c’est que la légitimité – en général – puisque, à propos de la police et de sa violence, c’est devenu le lieu du débat. La légitimité n’est pas une qualité occulte comme disaient les Scolastiques, ou une qualité substantielle, acquise une fois pour toute – par exemple par l’épreuve électorale. La légitimité est le produit d’une formation imaginaire collective, en tant que telle constamment à produire et à reproduire. Pour dire les choses simplement, une institution est légitime si, et tant que les gens considèrent qu’elle est légitime. On dira que c’est là une parfaite circularité. C’est vrai. Mais le monde social ne cesse de fonctionner par l’effet de ce type de circularité. Car c’est la circularité de la croyance, et le monde social est farci de croyances, il ne tient même que par ça. Reproduire un ordre social, reproduire ses institutions, les maintenir dans la « légitimité », suppose de reproduire et de maintenir la croyance – croyance que ces institutions sont bonnes, que leur action est juste et justifiée, etc. C’est pourquoi tout ordre social, en vue de sa persévérance, doit mobiliser des forces de l’ordre symbolique en supplément des forces de l’ordre physique, les premières ayant pour vocation de minimiser le recours aux secondes, et de rendre ce recours acceptable quand néanmoins il doit avoir lieu.
Mais dans l’ordre du matraquage symbolique, il y a pire : il y a toutes ces émissions de journalisme embedded, comble du faux réalisme, donc à cet égard infiniment plus vicieux que la « fiction », puisque là c’est supposément « la réalité ». La TNT, qui est un égout télévisuel à ciel ouvert, déverse tous les jours ce flot de propagande déguisée en objectivité journalistique. Il n’y a pas une soirée de la semaine sans qu’une de ces chaînes, parfois plusieurs, ne diffuse un « reportage » avec caméra embarquée sur la police municipale du Cap d’Agde ou de Toulon (« Accidents, cambriolages et nuits chaudes »), la gendarmerie des autoroutes, ou le GIGN. Avec script unique : dans la société, il y a les braves gens, mais le mal rôde partout : irresponsables plus ou moins dangereux, délinquants endurcis, heureusement la police est là.
Sauf que, direct, ils se font cogner, gazer, embarquer, la totale. Il faut mesurer la violence du choc de stupéfaction, et l’effondrement symbolique qui s’en suit. « Ah d’accord, la police, ça n’est pas ce qu’on nous a raconté ; la police, donc, c’est ça ». En réalité, il y a là une dynamique qui ne peut que s’amplifier : à mesure que le désastre néolibéral s’étend, que des fractions de plus en plus larges de la population en sont touchées, qu’elles expérimentent l’inanité absolue des canaux usuels (électoraux, syndicaux) de la protestation, elles sont vouées à identifier la rue comme la dernière solution possible, donc à rencontrer la police dans les conditions que la situation générale détermine aujourd’hui.
Il n’est pas illogique que la police devienne un point de condensation de la conjoncture politique à partir du moment où le régime ne tient plus que par la force armée. Cependant je suis moins inquiet que toi : je ne crois pas que les divers secteurs en lutte se laissent engloutir comme tu le suggères par le trou noir de la « question policière », et y perdent de vue leurs raisons premières d’être en lutte. Ceci étant je suis sensible à ta question parce que je me sens très concerné par le risque d’égarement, tant les comportements de la police me révulsent. Le risque d’égarement, en effet, c’est de se mettre à penser, comme il m’arrive de le faire, que la police est « le problème numéro un » de la société française. Mais je me reprends et je vois le désastre économique du néolibéralisme, je vois, comme le comité Adama, que le problème c’est le racisme institutionnel et les ségrégations dont sont victimes les populations décoloniales, comme les Gilets Jaunes que le problème, ce sont les abyssales injustices sociales, comme les militants climat (conséquents…) que le problème c’est la dévastation capitaliste de la planète, etc. Et je ne crois pas qu’aucun de ces secteurs, tous s’étant retrouvés confrontés à la violence policière, ait pour autant oublié ce qui l’avait fait descendre dans la rue en première instance.
Maintenant il y a aussi un sens à faire de la police la question n°1 : le sens des considérations tactiques. Car la police est l’unique et dernier verrou. Nous avons expérimenté depuis suffisamment longtemps l’incapacité définitive des mécanismes institutionnels, politiques comme syndicaux, à obtenir quoi que ce soit de significatif – et dans la situation présente, c’est plus que du « significatif » qu’il va falloir. La solution de dernier recours – la rue – rend fatale la rencontre de la police. Donc, d’une certaine manière, rendue à son rôle d’ultime rempart, oui la question de la police, de l’affrontement des populations avec la police, ou du retournement de la police, dans la perspective d’Eric Hazan, devient centrale – mais à titre tactique. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de personnes enclines à affronter la police pour affronter la police. Les gens affrontent la police parce que la police est l’obstacle qui sépare d’une chose politique ardemment désirée.
Dans tous les cas, la police est un problème gravissime, pas le problème central mais, dirais-je, le problème goulet : le problème dans lequel viennent buter tous les autres problèmes.
- Analyser la situation pour dégager des stratégies de résistance, des perspectives d’actions et objectifs
Méthode
Après une lecture et une première macération individuelle, le mieux serait d’imprimer ces textes et de les étudier en groupe, d’utiliser des méthodes de lecture collective comme l’arpentage, où chaque personne étudie d’abord un morceau du texte avant de le commenter.
Ensuite, évidemment, ne pas en rester là, diffuser largement les stratégies et analyses qu’on en tire, et les mettre en pratique, les mettre à l’épreuve du réel.
Dans certains de mes anciens textes, je me suis aussi risqué à des analyses stratégiques et autres démystifications, voir par exemple :
- Les scénarios de la suite de la crise - Stratégies pour éviter la continuation du désastre - Comment renforcer les chances d’un scénario de changement profond et radical ?
- Déconfinement : rapports de force, nos objectifs, autonomie, pièges à éviter ! - Quelques ingrédients de base pour une insurrection réussie et durable (nombreux LIENS indiqués en fin d’article)
- Pour une grève longue et dure des secteurs clés de l’économie + coopération avec les petits paysans - Une grève coordonnée massive pour achever la civilisation capitaliste + Aider les paysans pour avoir de quoi manger
- Acceptation de la gestion autoritaire et policière des catastrophes et pandémies produites par la méga-Machine sans tête ? - OU luttes acharnées pour la liberté, l’autonomie et la démocratie directe ?
Voir aussi cet article à propos d’un livre récent :
Geoffroy de Lagasnerie : « La manifestation ou la grève sont des formes d’expression et plus d’action » - Le philosophe et sociologue, Geoffroy de Lagasnerie, est l’invité du Grand entretien de la matinale de France Inter. Il est l’auteur de « Sortir de notre impuissance politique » aux éditions Fayard, paru le 26 août. (...) « Le sociologue s’inquiète ainsi d’une »ritualisation« de certains modes d’action, au détriment de leur efficacité. »Il y a une logique perverse qui s‘est mise en place à gauche depuis une vingtaine ou une trentaine d’années : c’est lorsqu’elle croit qu’elle est en train d’agir, qu’elle est en fait en train de s’autodétruire et de perdre. La contestation nous piège : lorsque nous militons, nous militons beaucoup plus en automates qu’en stratèges. Nous recourons à des formes d’action rituelles, instituées : la manifestation, la grève, l’occupation, même l’émeute violente… Il faudrait faire un état des lieux général des formes d’actions pour les réinventer autrement."
Voir aussi sa présentation plus détaillée ici
(je trouve qu’il s’illusionne un peu sur ce qu’on peut faire avec les institutions, et il ne parle pas du fait que le bloc bourgeois s’est durci et se fout dorénavant des formes de protestations qui auparavant avaient quelque effet, mais le bouquin a l’air intéressant)