Les gouvernements ne faisaient déjà pas grand chose de consistant pour l’écologie et le climat, mais à présent le renoncement est total dans la plupart des pays industrialisés. Place à l’économie de guerre et à l’industrialisation agressive. Les masques sont tombés, et derrière les faces de monstre froid ne sont pas belles à voir.
Sur l’écologie, un grand renoncement à l’œuvre en France et dans le monde - Déjà marginalisée en France et en Europe depuis l’irruption de la guerre en Ukraine, la défense du climat et de l’environnement se retrouve piétinée dans le chaos géopolitique créé par l’administration Trump.
Puisque les puissants et leurs valets confirment leur renoncement total aux bifurcations nécessaires et leur refus de laisser la place pour permettre un éventuel changement radical de modèle de société, il leur reste à agiter des récits foireux d’impossible adaptation (des "adaptations" qui ne seront pas davantage mises en oeuvre que les changements radicaux de société qu’il eu fallu faire pour stopper le réchauffement climatique ou la destruction du vivant) :
La tragédie de l’adaptation - « Se préparer au pire devient le discours officiel » - 10 Mars 2025. En même temps que le 3e plan d’adaptation au réchauffement climatique gagne en vigueur en France, claironnant que ce sera 4°C de hausse, des publicités vendent des grosses voitures à des joueurs de golf. On va dans le mur, on le sait et on y va quand même. Telle est la tragédie du monde occidental : une tragédie de l’adaptation.
Pour sauver le monde, il faudrait mettre en réserve de biodiversité la moitié de la terre, seule mesure à même d’enrayer la chute. Le scientifique qui tient en premier ce raisonnement, voici une dizaine d’années, n’est pas un gauchiste : Edward O. Wilson, écologue de renom, en expose le principe dans son livre Half-Earth, Our Planet’s Fight for Life [1], se fondant sur les lois observables de la vie sur terre – dont l’humanité fait partie.
Dix ans plus tard, début mars 2025, à observer le monde, il ne semble pas que celui-ci prenne la tournure de ne pas courir à la catastrophe. Une publicité circule, qui cible la vente de grosse voitures vers les joueurs de golf : « Lexus, témoin de vos plus beau swings ».
L’argent va à des grosses voitures et à l’entretien de golfs plutôt qu’aux réserves naturelles.
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Pour sauver le monde, il faudrait massivement privilégier la correction de la trajectoire sur le réchauffement climatique, la chute de la biodiversité, la pollution des milieux, la déforestation, l’artificialisation des sols, l’agriculture industrielle, l’extractivisme et la captation de l’eau. Autrement dit, prendre des mesures énergiques, de coopération internationale et de planification écologique, pour éviter le pire.
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L’inverse est désormais acté par le plan d’adaptation au changement climatique.
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2016 : si rien n’était fait, on serait à quatre degrés de hausse et les conséquences seraient terribles pour la pérennité de notre civilisation et les plus fragiles.
2023 : pas grand chose n’a été fait, donc on se prépare à quatre degrés de hausse et les conséquences seront terribles pour la pérennité de notre civilisation et les plus fragiles.
Des moyens convergents et colossaux de communication, calés sur la politique gouvernementale, se mettent alors en branle pour faire admettre aux peuples, à l’opinion publique, aux populations, aux consommateurs, qu’il n’y a pas d’autre alternative. Impossible d’échapper au mouvement.
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à peine 15 mois plus tard, le message change. Soudain, les communications s’orientent vers l’adaptation à une hausse de quatre degrés, passant de
deux degrés seront catastrophiques
à
quatre degrés, il faut s’adapter !
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La somme des réussites de l’humanité moderne aboutit donc à cette assertion effarante, circulant dans l’espace public dominant, sans remise en cause, qu’avec tous les progrès accomplis, il n’y a plus qu’à S’ADAPTER AU PIRE, c’est-à-dire qu’il n’y a plus qu’à cultiver l’aptitude à vivre dans le plus haut degré de la catégorie du mauvais.
Et on ne fait pas pire parce qu’on manquerait de connaissances comme les médecins de Molière qui n’y comprenaient goutte, ni parce qu’on vivrait dans l’incertain. La stratégie de l’adaptation se base sur des prévisions on ne peut plus certaines, scientifiques, documentées sur la longue durée, qui adviennent depuis plus de cinquante ans.
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Les prévisions de longue date se vérifient sur tous les segments de la catastrophe : pollution, chute de la biodiversité, réchauffement climatique, épuisement des ressources et des sols...
Bien sûr, publiquement, il faut maintenir une dose d’optimisme : « On a bien compris qu’adapter ne veut pas dire renoncer à faire baisser la température », complète Fabienne Sintes en introduction du Téléphone sonne du 10 mars 2025. Mais personne n’est dupe : à l’évidence, l’objectif des deux degrés de hausse « est mort ». Il faudrait moins d’avions, mais il y aura plus d’avions, nous prédisent les experts. Il faudrait moins de plastique, mais il y aura plus de plastique, nous annoncent les enquêtes. Il faudrait moins de « polluants éternels », mais le lobbying en prend la défense. Aucune campagne de communication ne se mobilise pour des mesures correctives de la trajectoire à la hauteur de celle en soutien de l’adaptation. Et pour cause : il y a peu à communiquer sur le sujet des années 1970 à aujourd’hui. Et ce n’est pas « l’économie de guerre » qui se profile en 2025, qui va permettre de mieux s’attaquer à la crise environnementale, au contraire.
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On fait pire parce que le régime organisationnel imposé à la société est incapable de faire autrement. Blindé de compétences et richissime, l’Occident industriel et capitaliste n’offre plus que cette perspective :
L’aptitude à vivre dans le plus haut degré de la catégorie du mauvais,
martelée en permanence dans l’espace public. Comment résister ? Elle pourrait faire bondir, entraîner à la révolte, mobiliser l’opinion publique et les citoyens dans les organisations, pour enfin traiter les causes de la catastrophe. Mais rien ne bouge de significatif. L’acceptation du message domine. Tout continue comme si de rien n’était : tragédie de l’adaptation, avec cette ironie que le vocable de l’adaptation vient des théories de la nature, de l’écologie évolutionniste, mais, transféré dans l’usage social, politique et organisationnel, il se transforme en antimodèle de réussite, entretenant la catastrophe.
Remarques
La plupart des civilisés adhèrent encore au modèle désastreux de la civilisation industrielle, ils préférent donc la poursuite du « progrès » à la rupture radicale et à la révolution, comme leurs gouvernements ils ne leur restent effectivement qu’à subir et accepter les désastres, à essayer en vain de s’adapter au pire avec les mesures insuffisantes d’adaptation impossible promues par la civilisation industrielle.
Beaucoup votent même pour des Trump, Milei, Bardella... ces fossoyeurs qui ne font qu’accélérer encore la course au pire.
Avec pour finir l’économie de guerre et son réarmement qui enfoncent pour de bon les clous de nos cercueils déjà prêts à être descendus dans la fosse.
Malgré tout, il suffit au politicards de faire de belles promesses bien emballées pour embarquer des foules toutes prêtes à croire n’importe quoi pourvu que les richesses ruissellent ...un peu (surtout vers le haut de la pyramide sociale en réalité) :
- à gauche ils promettent du boulot et la redistribution aux pauvres et travailleurs des richesses produites par la civilisation industrielle qui ravage la planète, en promettant l’impossible « verdissement » et démocratisation du système techno-étatico-capitaliste totalitaire... qu’il suffirait soi-disant de mieux « planifier ».
- à droite et à l’extrême droite ils promettent de fournir du boulot aux travailleurs en appuyant sur le champignon qui mène au pire (réindustrialisation, « drill drill drill », masculinisme, IA, agriculture industrielle...), en tapant sur d’autres catégories sociales (pauvres, RSA, chômeurs, migrants et immigrés, gauche, LGBT, intellos... mais bien sûr pas sur les milliardaires ni les actionnaires), en utilisant un langage vulgaire et simplifié pour « faire peuple », en mentant et en faisant du 1984, sur fond de néofascisme et d’économie de guerre.
Aucun de ces « partis de gouvernement » ne tient compte de la réalité :
- des exigences et impasses du techno-capitalisme (qui sapent et empêchent tout autre façon de fonctionner que ce totalitarisme économique destructeur)
- du problème de l’Etat (lié au productivisme, à l’autoritarisme et aux hautes technologies) et de l’absence de démocratie réelle
En attendant un bien hypothétique et difficile soulèvement général bien vener, il reste l’ironie (et quelques non-reculs locaux arrachés par des luttes) :
Mais pas de problème, avec +4°C de magnifiques perspectives de croissance se profilent, ...dans l’industrie de la climatisation et des pompes funèbres, et puis les projets structurants de fosses communes et de bunkers enterrés renfloueront le secteur du BTP et leurs amis les élus, tandis que le développement durable des désastres et épidémies permettra de nouveaux relais de croissance et des dizaines de créations d’emploi dans les valeurs pharmaceutiques et les métavers sous IA. La résilience des tas d’or des milliardaires sera heureusement assurée grâce aux flics qui garderont les banques et les résidences dorées bunkérisées.
Et puis les guerres seront propres : les tanks seront électriques, les avions auront un pot d’échappement filtreur, les bombes seront compostables après explosions.
Dormez tranquille, les tyrans et leur Vidéo Surveillance Automatisée veillent à votre sécurité, disons plutôt ...à la sécurité de leurs pouvoirs et revenus.
Va-t-on réussir à s’extraire de nos cerceuils plombés avant d’avoir 10 mètres de terre lourde sur la tronche ?
Après il ne restera que le mode zombie...