PGE et chômage partiel entretiennent entreprises et emplois zombies : bientôt le crash et l’explosion de la bulle financière et économique ?

Effet domino et enchainement de faillites sur la durée - Quelles options possibles ?

lundi 9 novembre 2020, par Camille Pierrette.

Voici quelques analyses économiques de bon sens par rapport à ce qui nous attend, suivies de quelques remarques sur les voies possibles.

PGE et chômage partiel entretiennent entreprises et emplois zombies : bientôt le crash et l’explosion de la bulle ?
Effet domino de l’enchainement des faillites sur la durée - Quelles options possibles ?

🔴FAILLITES A VENIR🔴

Comment les banques profitent de la crise actuelle et du système d’aide de prêts aux entreprises de l’État.... et prépare le terrain à des milliers de faillites. Et une crise sûrement plus grosse que celle des Subprimes ! Explication avec un très bon Thread de David Cayla (les Économistes atterrés) :

Beaucoup de gens se demandent pourquoi, depuis six mois, malgré un effondrement de l’activité économique, on ne voit pas le chômage exploser ni les faillites se multiplier. Pourquoi la bourse semble tenir, pourquoi aucune banque n’a fait faillite ?

En fait, quand on regarde les chiffres, il y a une sorte de paradoxe inexplicable. Depuis le mois de mars, on constate un effondrement du nombre de faillites par rapport à une année normale.
Ce phénomène s’explique très bien. Pour faire faillite, une entreprise doit réunir les deux conditions suivantes :

  1. Avoir une dette supérieure à son patrimoine
  2. Ne plus pouvoir payer ses factures.

La condition 1 reflète un problème de solvabilité, la seconde de liquidité.
En général quand une entreprise n’est plus solvable, elle finit assez vite par ne plus avoir accès à la monnaie une fois que sa trésorerie tombe à zéro, car aucun organisme de crédit ne souhaite prêter à une entreprise non viable.
Mais avec le prêt garanti par l’État (PGE), et le chômage partiel, les entreprises n’ont plus du tout intérêt à faire faillite et peuvent facilement l’éviter.
Le chômage partiel permet à toute entreprise de continuer de payer ses salariés. Avec le PGE elle repousse sa faillite.

Quand une entreprise non viable économiquement parvient à poursuivre son activité et repousse indéfiniment sa faillite en recourant à l’emprunt on dit qu’il s’agit d’une « entreprise zombie ». Morte sur le plan économique, mais vivante sur le plan administratif.

Le PGE s’est traduit par un phénomène relevé par la Banque de France.
Entre février et juillet 2020, la trésorerie des sociétés non financières a augmenté de 170 milliards d’euros, et leur endettement s’est accru de 175 milliards.
Autrement dit, le PGE a permis de maintenir de nombreuses entreprises en survie artificielle et donc de leur a permis de distribuer des salaires via le chômage partiel.
Il y a donc non seulement des entreprises zombies, mais surtout des centaines de milliers d’emplois zombis.

Durant sa phase de déni, en septembre-octobre, le gouvernement a semble-t-il, décidé d’accélérer la distribution de PGE, espérant sans doute que les morts allaient se relever grâce à la consommation des ménages.

Une anecdote à ce sujet.
J’ai une amie qui a racheté un magasin de fleurs en décembre 2019. Évidemment sa boutique a été très durement touchée par le confinement du printemps. En juin, elle fait une demande de PGE qui lui est refusée car son entreprise a moins d’un an d’existence.
L’été passe et sa situation ne s’améliore pas. Malgré un été plutôt bon sur le plan commercial, son entreprise de deux salariés n’est pas rentable. En octobre, elle doit se mettre en cessation de paiement.
Et voilà que son banquier l’appelle pour lui proposer un PGE.
Car les banquiers ont intérêt à distribuer des PGE. En cas de non remboursement, c’est l’État qui paie. Et tout PGE permet d’engranger des intérêts et une commission. Les conseillers bancaires sont incités à en refiler le plus possible pour toucher une prime de fin d’année.
Voilà comment le système bancaire se met à prêter à tour de bras à des entreprises non solvable avec la bénédiction de l’État et la bénédiction des contribuable.

Cette logique ne vous rappelle rien ? Mais si ! C’est le retour des subprimes !
Avec une nuance, toutefois.
Cette fois-ci le risque n’est pas assumé par les opérateurs des marchés financiers (qui seront ensuite sauvés par l’État), mais par l’État directement.
Le PGE est en train de créer une énorme bulle de faillites à retardement. Car dès que ce dispositif sera arrêté, toutes les entreprises zombies vont soudainement se retrouver en cessation de paiement.

Ça, c’était la situation fin octobre, le résultat du premier confinement.
Vous ajoutez là-dessus un deuxième confinement et une nouvelle de vague épidémique qui promet d’être plus longue et plus forte que la première. Et tout cela pendant la période des fêtes.
Concrètement que va-t-il se passer dans quelques mois ?
Dès que le chômage partiel et le PGE cesseront, on va se retrouver avec un mur de faillites et de destructions d’emplois. Il faudra restructurer tout le secteur productif et faire disparaitre les 100ks d’emplois zombis.

Le problème c’est que ça va prendre des mois. Les tribunaux de commerce vont être totalement embouteillés. Une procédure de faillite c’est long, cela demande de passer devant un juge, de solder toutes les dettes. Les arbitrages sont complexes.
Or, tant que la faillite n’est pas prononcée, on ne peut pas calculer les pertes.
Car les pertes ne reposeront pas que sur l’État. Il y a les dettes fournisseurs, les dettes de loyer, les dettes bancaires classiques. Tout le monde va se retrouver avec des pertes imprévus.
Certaines entreprises qu’on croyait solides vont se révéler être zombie. Et des actifs qu’on pensait posséder vont soudainement se retrouver sans valeur.
A mesure que les procédures de faillite vont s’enchainer, de nouvelles pertes vont apparaître dans des entreprises solvables.

Le processus de découverte des pertes durera des mois. Des sociétés immobilières vont voir disparaître leurs loyers commerciaux ; des salariés vont se retrouver au chômage, des fournisseurs ne récupèreront pas leur argent. Et les banques, bien sûr, vont accumuler des pertes.
Car les banques et la finance sont en bout de chaine. Il a fallu 1 an et demi entre le retournement du marché immobilier américain et la faillite de Lehmann Brothers. Là, cela prendra encore plus de temps. C’est l’effet domino, ou systémique : l’enchainement des faillites.

Je ne veux pas jouer les Cassandre mais il me semble que ça serait bien que notre gouvernement, pour une fois, ne se fasse pas dépasser par les évènements.
Tout ce que je viens de dire est évident pour tout économiste sérieux. Tout cela est parfaitement prévisible.
Maintenant que le second confinement douche une fois pour toute les espoirs d’un retour à la normale, il ne serait pas idiot de se préparer à « l’anormal » et au mur qui arrive et qui produira ses pleins effets d’ici un an. En pleine campagne de 2022.

(post et visuel de Cerveaux Non Disponibles)

Remarques persos

Ces analyses semblent logiques, de bon sens.
Le gouvernement français ne pourra pas retarder indéfiniment les crashs et faillites en série. Il essaiera de les contenir jusqu’aux élections de 2022, mais ce ne sera sans doute pas possible, 2021 partira en sucette, les bulles vont éclater, le chômage va exploser, et on se retrouvera à chuter dans le vide sans parachutes.

De prime abord, on pourrait se réjouir du crash en cours de l’économie capitaliste, en se disant que c’est bon pour le monde vivant, les émissions de CO2 et que ça pourrait libérer des humains du joug de l’aliénation économico-politique.

Seulement, le problème, c’est qu’il n’existe pas (bien trop peu) en france et dans la plupart des pays similaires de forces sociales capables de prendre le relai et d’imposer une autre voie que le chaos et l’austérité autoritaire promis par le monstre capitalo-étatique. Ces forces pourraient-elles émerger à la faveur de cette méga-crise ? C’est toute la question.
D’autre part, on sait qu’en cas de crise dans ce système que ce sont les petits, précaires et salariés qui morflent davantage, tandis que les grosses entreprises et banques, « trop grosses pour chuter », survivent voire s’enrichissent (voir Amazon). Et puis je ne crois guère à la « pédagogie » par le désastre, ça ne marche pas plus que la la prospérité. On peut juste constater des sursauts de révoltes quand la survie est directement menacée. Les soulèvements spontanés par catégories sociales sur des bases d’intérêts catégoriels pourront-ils s’aggréger et approfondir analyses et contestations ? Les gilets jaunes l’avaient réalisé en partie.

Ces déclassements et crises peuvent produire aussi bien du fascisme que de la révolution sociale, rien n’est écrit.

On risque fort de se trouver dans le cas prévisible d’une pénurie/crise/misère subie, brutale et inégalitaire à défaut d’avoir choisi et imposé (à la civilisation industrielle et ses servants) des formes de décroissances collectives solidaires et égalitaires avec abandon du capitalisme.

Si ce crash économique et financier se produit comme indiqué plus haut, alors on sera face à une gigantesque « crise » type 1929, et les options seraient en gros au nombre de 3 (avec les variantes intermédiaires et hybridations possibles) :

  • Un régime néo-fasciste (en france c’est déjà en bonne voie avec le macronisme et son régime policier qui se révèle et s’étend), qui permettrait une gestion encore plus autoritaire et brutale pour contenir les révoltes et relancer l’économie de marché (LePen en 2022 ?, ou une alliance d’extrême droite à la façade « respectacle » avec le macronisme ?)
  • Un régime autoritaire cyborg appuyé sur les technologies numériques à fond, qui laisserait plein de monde sur le carreau, mais qui permettrait aux capitalistes de rebondir en se faisant mousser dans la « croissance verte » et les nouvelles technologies portées par les nouvelles entreprises « maîtres du monde » type GAFAM
  • Des formes de révolutions et d’insurrections, de bouleversements radicaux visant à construire d’autres voies que la civilisation industrielle, et donc s’émancipant plus ou moins profondément du capitalisme et de l’étatisme

Vue l’ampleur des crashs, surtout que les catastrophes climatiques/écologiques/sociales produites par la civilisation industrielle vont s’amplifier de partout, il me semble que les voies réformistes classiques, les bricolages financiers, ne pourront pas fonctionner longtemps. Les explosions de faillites et de bulles seront trop fortes et trop brutales, les économies et finances publiques seront trop exsangues pour que des aides sociales massives, de la relance par une large « création d’emplois » soient possibles.
Peut-être que les gouvernements instaureront une sorte d’aide sociale universelle automatique minimaliste, genre de RSA généralisé, pour tenter de contenir les révoltes et de garder un temps des consommateurs sous le coude pour l’économie ?

Mais au final, de toute façon, les dirigeants, à fond dans les idéologies ultra-capitalistes et ultra-libérales et prisonniers qu’ils le veuillent on non des exigences sans pitié de la Méga-Machine, ne veulent plus de l’Etat providence à l’ancienne et de ses services publics. Sous la poussée de la concurrence mondialisée et de la nécessité de se créer de nouveaux marchés, ils veulent un autre régime de gouvernement, plus élitiste et plus brutal où tout est marchandisé jusqu’à l’os, où la cure violente d’austérité permettra d’achever les restes de services publics, où les « faibles » et les « pauvres » seront éradiqués ou laissés à l’abandon loin des « smart cities » bunkérisées, c’est à dire en pratique une forme de néo-fascisme plus ou moins exacerbé.

Au minimum, nous vivrons ici une situation similaire à la Grèce d’après 2008, mais il est fort probable que le chaos et la recomposition soit à la fois plus tendus et plus durables.

- Voir ce que j’écrivais en juin dernier :
La crise économique post-covid de 2020-2021 pire que 1929 ? - Le monde capitaliste n’a que des solutions désastreuses en guise de remèdes

- Extrait en guise de conclusion :

Au lieu de simplement subir les crises de l’économie capitaliste en pleine poire, au lieu de renforcer l’économie totalitaire en place et ses Etats autoritaires via la quête partagée de la Croissance et de l’emploi, on pourrait se saisir de l’occasion pour lutter et s’auto-organiser autrement.
Au lieu d’accentuer notre dépendance à la méga-machine étatiste/capitaliste par les crédits et les aides sociales, on pourrait en profiter pour accentuer sa destruction et construire notre autonomie.
Au lieu de manifester pour réclamer du fric à l’Etat, au lieu de faire grève pour réclamer plus d’emplois aux entreprises, on pourrait virer à la fois les patrons et les oligarques technocratiques pour autogérer nous mêmes nos vies, dans la sobriété, le partage et la solidarité, hors du système marchand, de l’Etat et de la civilisation industrielle.

Il n’existe pas de solutions satisfaisantes à l’intérieur de la grande « prison » de la civilisation capitaliste/étatiste, la seule issue est de s’évader, de construire d’autres mondes, de faire exploser les murs et les miradors, de faire s’écrouler les bâtiments d’administration, de destituer tous les gouvernements, de démolir les camps de travail et d’internement, de se libérer des casernes de tout poil.

P.-S.

Compléments


Forum de l’article

  • PGE et chômage partiel entretiennent entreprises et emplois zombies : bientôt le crash et l’explosion de la bulle financière et économique ? Le 25 janvier 2021 à 17:20, par Camille Pierrette

    🟥LE CHAOS QUI S’ANNONCE🛑

    Vers une crise de la dette et un scénario « à la grecque » ? Nous en parlions il y a plus d’un an en estimant que la plus grave crise était encore devant nous, avec une utilisation de la crise sanitaire par les ultras riches pour durcir encore plus le capitalisme. Le FMI commence à placer ses points en ce sens en affirmant qu’il va falloir des réformes pour diminuer la dette...
    À savoir des coupes budgétaires !
    Analyse de Thomas Porcher.

    Le chaos politico-économique qui s’annonce
    La dette de l’Etat, avec des ressources qui diminuent, amènera une cure d’austérité drastique imposée aux peuples

    (sur Cerveaux non disponibles)

    - voir aussi :

    Prisionnières qu’elles sont des dogmes de l’étatisme et du capitalisme, les gauches réformistes n’aucun remède consistants à ces problèmes structuraux, elles seront donc balayées (par le macronisme et l’extrême droite) ou étouffées (comme en Grèce) si élues par la puissance des multinationales et des marchés financiers.

    Une radicalisation de la gauche vers l’anticapitalisme non tronqué, vers la démocratie directe émancipée de l’étatisme, l’autogestion, la mise à distance des dogmes de la civilisation industrielle, est donc vitale, et urgente.

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