Intro
La loi « Sécurité Globale » est un cran important de plus dans le durcissement de ce régime oligarchique, autoritaire et policier, un régime de surveillance total et permanent de tous nos faits et gestes dans l’espace anciennement public.
D’autres étapes sont prévues d’ici 2024 si on laisse faire, avec la surveillance totale et permanente de l’espace public par drones et caméras, la généralisation de la reconnaissance faciale automatisée puis les capteurs de son et de mouvement dans des rues, etc.
Les moyens de répression et de contrôle augmentent tandis que nos moyens de contestation sont ignorés, réprimés, détruits et empêchés. Nous sommes livrés toujours plus au monde capitaliste, à l’arbitraire policier, à la répression policière et à son impunité structurelle.
Avec ces nouvelles technologies numériques et robotiques, c’est une sur-puissante technopolice qui s’installe.
Vu que la France n’est pas une démocratie, il faudra attaquer les structures du système au coeur au lieu de s’illusionner sur les moyens légaux standards, sur quelques réformettes et non reculs temporaires.
- Vive la démocratie, vive la résistance, à bas le macronistan, à bas le technocapitalisme et l’Etat policier
1. Quelques constats
Cet Etat français policier autoritaire ne cesse de durcir ses lois et pratiques brutales et liberticides dans tous les domaines, contre toutes les formes de contestation, contre les journalistes qui n’obéissent pas aux injonctions policières et entendent faire leur métier librement, contre les exilés, les écologistes, gilets jaunes, syndicalistes, habitants des quartiers populaires, étudiants, lycéens, etc.
Mais pour autant il ne s’agit pas d’une dérive, d’un simple dysfonctionnement passager, c’est simplement l’accélération de la même politique, du même système, avec les mêmes recettes.
L’Etat français veut étendre sans cesse ses moyens de surveillance et de répression, tandis que les lobbys d’entreprises de la sécurité pèsent pour accroître leur présence et leurs profits.
Par ailleurs ce gouvernement extrémiste et minoritaire a absolument besoin des forces de l’ordre pour perdurer, alors les flics profitent du fait qu’ils sont indispensable et écrivent la loi, pour notamment augmenter leur impunité et leur pouvoir.
Ce système mortifère entend gérer les crises actuelles et à venir de la même manière que la pandémie, par le tout sécuritaire et autoritaire centralisé. Il ne sait pas, ne veut pas, et ne peut pas faire autrement s’il ne veut pas disparaître.
Vu qu’il a contribué à démonter les moyens d’opposition standards, il sait aussi que les soulèvements vont se multiplier à la place, et il veut se donner les moyens d’essayer de les mater.
Avec le Macronistan, le technocapitalisme accélère et profite des opportunités pour accroître son emprise, ses intérêts et son mode de gestion ultra-libéral.
Ce technocapitalisme a plus que jamais besoin de l’action complémentaire de l’Etat et de ses polices pour continuer à piller et détruire le monde vivant et exploiter les humains sans entraves.
Au délà de la répression, de la surveillance des personnes plus ou moins engagées, cette loi ouvre la voie à une surveillance permanente et totale de l’espace public (et même des halls d’immeubles) par des drones et caméras interconnetées, le tout sera relié ensuite très facilement à des systèmes très intrusifs de reconnaissance faciale automatisés. Et bientôt ce sera les capteurs de mouvement et de sons, voire d’odeurs.
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- ...et n’oubliez pas de bien vous laver les mains après
2. Allons plus loin
Il est temps de bien mesurer la situation.
Cette politique autoritaire proto-fasciste se déploie aussi facilement PARCE qu’il n’y a pas de démocratie, et il y en a jamais eu, une démocratie ne peut pas se maintenir dans ce type de société. Les députés d’opposition, malgré leur pugnacité, ne peuvent pas faire grand chose d’autre qu’alerter.
Malgré certaines formes (certains droits et une certaine liberté d’expression, certains contre-pouvoirs...), le système en place à double mâchoire, étatiste et capitaliste, ne peut pas être qualifié de démocratie parce que tout simplement les gens « ordinaires » n’ont pas le pouvoir, n’ont pas prise sur ce qui affecte leurs vies. Comme de nombreux auteurs le répètent depuis longtemps, nous subissons une oligarchie élective, une démocrature, une pseudo-démocratie autoritaire, une ploutocratie, appelez ça comme vous voulez.
Plein de formes sont possibles entre la démocratie et la dictature, nous barbotons dans ce marécage glauque depuis trop longtemps, et le macronisme nous pousse vers la mauvaise pente, bien glissante.
Sans démocratie, et c’est ce qu’il se passe, les pouvoirs et les forces économiques dominantes font à peu près ce qu’ils veulent, et veulent nous cantonner à « travaille, consomme, cause toujours, et vote ».
TRAVAILLE, CONSOMME, CAUSE TOUJOURS, ET VOTE
Sans démocratie, les moyens légaux de contestation et d’expression deviennent hélas largement inopérants, en tout cas insuffisants.
Sans démocratie, le gouvernement est illégitime, et donc ses lois, ses institutions, ses flics et ses répressions le sont également.
Il serait temps qu’un maximum de monde reconnaisse ce fait historique, politique et philosophique au lieu de perpétuer le mensonge et cette manipulation gravissime martelée par une propagande permanente. D’autant que continuer à propager le mensonge qu’on serait « en démocratie » donne de la légitimité au régime en place, à sa politique indigne et à sa répression brutale. Il a beau jeu de répéter qu’il a été élu « démocratiquement » et que « ce n’est pas la rue qui gouverne ».
Oui accepter ce constat est difficile, ça fait peur, c’est déstabilisant, mais on gagne toujours à s’appuyer au socle aride du réel plutôt qu’à flotter dans des illusions.
- Police partout, justice nulle part - Capitalisme & Etat partout, démocratie nulle part
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3. En conséquence
Pour commencer, nous exigeons non seulement le retrait intégral de cette proposition de loi « sécurité globale », et aussi des lois sur les « séparatismes » et la Loi de Programmation de la Recherche qui veut pénaliser lourdement les luttes étudiantes (il y en aurait beaucoup d’autres à revoir ou faire sauter), mais nous exigeons la fin immédiate de l’état d’urgence, la mise en place immédiate de processus politiques réellement démocratiques, et donc où toutes les composantes de la société puissent participer effectivement aux prises de décisions concernant la crise covid-19, les problèmes économiques dus à au fait que la pandémie perturbe les échanges inscrits dans le capitalisme, la question des services de santé, les attentats, et tout ce qui va avec.
En temps de crise, c’est encore moins à une petite minorité décriée et illégitime de s’octroyer les pleins pouvoirs, de surcroît quand elle agit au profit prioritaire des plus riches et dans le cadre d’un système anti-démocratique.
Pour commencer, il serait bon aussi que tous les préfets et chefs de police soient suspendus, le temps de faire l’inventaire et d’envisager une forte diminution des moyens et prérogatives des forces de l’ordre, en attendant leur complète reconfiguration, leur mise sous tutulle populaire et démocratique, voire leur abolition pure et simple.
Ensuite, sur le fond, nous ne voulons plus de ce simulacre de démocratie qui devient de plus en plus autoritaire et policier, nous voulons une véritable démocratie, en transformant structurellement toutes les structures sociales, politiques et économiques nécessaires pour qu’une réelle démocratie populaire, sociale et écologique soit possible, prospère et perdure.
N’attendons pas 2022 ou la saint glinglin pour prendre nos vies et notre avenir en main.
Evidemment, ces exigences pourtant modestes (lol) ne seront pas satisfaites, actons donc que le macronisme a fait sécession, que cette pseudo-démocratie autoritaire se dirige vers une forme de néo-totalitarisme, il faudra alors en tirer toutes les conséquences.
D’autant que le totalitarisme économique capitaliste est lui déjà installé depuis belle lurette.
Conscient que les rassemblements, les manifestations ne sont qu’un outil parmi d’autres et que le gouvernement les ignoreront totalement ou presque, nous encourageons chacun.e.s à se mobiliser aussi en s’engageant par d’autres moyens plus adéquats et plus offensifs.
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4. La tâche est immense et urgente
Si on ne réussit pas à bloquer la loi « Surveillance Globale » et toutes les saloperies qui vont avec, alors le décalage entre les moyens de répression et de surveillance de l’état policier et les moyens de protestation et de résistance sera énormément accru.
Ce qui signifierait que, durablement, il sera devenu énormément plus difficile (déjà que c’est gratiné) de contester quoi que ce soit de sérieux.
Ce serait un peu comme si on devrait lutter nus avec des brindilles de foin contre des robots géants surarmés en titane inoxydable.
Certes, les géants ont toujours des talons d’achille, et on peut fantasmer sur le mythe de David et Goliath ou sur les fictions d’anticipations dystopiques où la résistance parvient malgré tout à renverser le régime ou le règne des machines.
Mais on n’est pas dans un film, la réalité est plus trash et nos moyens de résistance pour l’instant très réduits.
En effet ça fait trop longtemps que trop de monde joue le jeu, qu’on accepte, qu’on attend, qu’on demande gentiment, qu’on laisse faire, qu’on se replie dans la sphère privée, les loisirs ou le travail, qu’on adopte les mentalités délétères du libéralisme ou de la bureaucratie étatiste, qu’on se sépare en sous catégories séparées et individualisées, qu’on délègue les choix aux politicards, aux experts et aux capitalistes. On se prend à présent les conséquences en pleine poire, et c’est pas fini si on considère par exemple les castrophes climatiques et écologiques, d’autant qu’on s’est rendu, qu’on a été rendu, très largement impuissants pour les contrer.
Mais rien n’est jamais complètement perdu, les gilets jaunes ont montré qu’on peut apprendre vite, le système leur a fait d’ailleurs payer très cher.
En réalité, pour que nos libertés ne soient plus dézinguées à coup de matraque, de terreur, de machines, de destructions et de fric, mais élargies, retrouvées, il faut une démocratie réelle, et pour avoir une démocratie, il faut la fin de la civilisation industrielle, donc la fin de l’Etat (ou au moins sa réduction à une portion congrue) et du capitalisme (ou au moins sa mise en laisse très courte avec muselière solide). (même constat pour tous les sujets : misère, climat, écologie, biodiversité, égalité sociale, exilés...)
Pour y parvenir il faudrait entre autre (re)constituer des communautés de luttes et de vie consistantes et déterminées, inscrites dans le quotidien et la durée. Des soulèvements et émeutes sporadiques ne suffiront pas.
- Sécurité globale, dictature générale
- Vive la démocratie, vive la résistance, à bas le macronistan, à bas le technocapitalisme et l’Etat policier
Arrêtons de tourner autour du pot et de réagir à retardement à certaines des conséquences néfastes du système (lois répressives ou antisociales, pollutions, précarités, violences policières racistes, terres détruites, espèces disparues...), attaquons au coeur des structures du capitalisme, jusqu’au bout, le temps qu’il faudra.
Le blocage de l’économie capitaliste, sa mise au rebus, obtenu d’une manière ou d’une autre, ne permet pas seulement de faire plier n’importe quel gouvernement ou multinationale bien plus sûrement que des manifestations à des millions, il permet aussi de stopper les ravages de la civilisation industrielle sur nos vies, sur le climat et l’ensemble du vivant.
Soit on s’attaque vraiment aux sources, aux causes profondes de tous les maux, et on peut espérer améliorer des choses conséquentes, voire « gagner », soit on continue indéfiniment à essayer d’endiguer CERTAINES des conséquences de la civilisation industrielle, et alors on peut au mieux obtenir quelques petits gains temporaires.
Du moment qu’ils poussent dans la même direction, toute la panoplie des moyens historiques de luttes devront être utilisés, à part la lutte armée qui n’est qu’un dernier recours dramatique, un triste constat d’échec collectif.
Les résistants seront forcément obligés de s’inspirer des méthodes stratégiques développées par les guérillas, les résistances assymétriques qui harcèlent et se dérobent face à des régimes surarmés prêts à tout pour tenir.
N’oublions pas que ce sont toujours l’Etat, les gouvernements, le capitalisme et leurs flics qui fixent le niveau de contestation et de violence révolutionnaire. Plus ces structures autoritaires sont inflexibles et brutales, plus la contestation se durcit et doit pratiquer des moyens importants d’autodéfense et d’attaque pour avancer et exister.
Si on n’est pas nombreux et nombreuses pour agir avec détermination et pertinence sur la durée, en étant offensifs et solidaires, alors le cauchemar va durer un moment, et il n’y aura pas de pillule miracle pour passer dans une douce réalité parallèle.
VIVE LA DÉMOCRATIE, VIVE LA RÉSISTANCE, À BAS LE MACRONISTAN, A BAS LE TECHNOCAPITALISME ET L’ETAT POLICIER
- « Le monde d’après », dessin de Zac Deloupy
Quelques gilets jaunes et contributeurs de Ricochets
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