Un sursis : le RN repoussé - Le Nouveau Front Populaire en tête - et la suite ?

La France ingouvernable ! Actus, remarques, analyses...

lundi 8 juillet 2024

Une bonne surprise hier soir pour la plupart des membres de « la gauche » & co : le Nouveau Front Populaire termine en tête, l’extrême droite est rétrogradée grâce à la conjonction de multiples forces. Soulagement. Bravo à toustes !
Un sursis, un sursaut, une pause.
De quoi respirer quelques secondes, mais rien n’est réglé.
Tout reste à faire, et pour ça, aujourd’hui comme hier et comme demain, on ne peut pas compter sur les partis et les institutions.

Répartition officielle des sièges à l’Assemblée nationale

🔴NFP+DVG | 195
🟡Ensemble+DVC | 174
RN+LR Ciotti | 143
🔵LR+DVD | 60
Divers 1
Régionalistes 4 (si ce sont Tjibaou et les guadeloupéens ils sont de gauche)

Hanouna va devoir tenir parole et dégager, loin, en Hongrie par exemple, ou mieux, sur Mars, ou alors au fond du lac avec un boulet au pied (Astérix)

- Mais aucun bloc n’a de majorité, donc divers scénarios institutionnels sont possibles :
Qui va gouverner la France ? Les scénarios possibles pour un gouvernement après le second tour des législatives - Coalition, gouvernement minoritaire ou gouvernement technique ? Faute de majorité claire sur les bancs du Palais-Bourbon, le risque de blocage institutionnel est réel.

Un sursis : le RN et le macronisme repoussés - Le Nouveau Front Populaire en tête - et la suite ?

NOUS AVONS GAGNÉ… UN SURSIS

Soulagement. Ce dimanche 7 juillet, tous les pronostics ont été déjoués. Toutes les prophéties médiatiques ont été battues. L’extrême-droite, donnée triomphante pendant des semaines, n’arrive « que » troisième force politique du pays, derrière les néolibéraux et le Front Populaire. Macron est triplement vaincu : avec sa dissolution, il pensait liquider la gauche, elle est renforcée. Il désirait gouverner avec l’extrême droite, le plan est compromis. Il voulait renforcer son camp, c’est raté. Son silence résonne comme une défaite.

Malgré la propagande, les diffamations incessantes, les manipulations, il reste encore, en France, un peuple qui rejette le racisme et qui réclame la justice sociale, la liberté et l’égalité. Cela tient du miracle. Déjà, les éditorialiste aboient sur les plateaux télé. La bourgeoisie enrage.

Pourtant, rien n’est gagné. Nous faisons face au plus dur des combats. Même dans l’hypothèse où le Parti Socialiste et les écologistes ne trahiraient pas immédiatement pour entrer dans une coalition macroniste, les défis sont majeurs.

Le RN n’a jamais été aussi puissant – "Notre victoire n’est que différée" dit Marine Le Pen. Les médias des milliardaires vont salir encore plus violemment les forces de gauche. Le patronat et les lobbys de l’agro-industrie feront bloc contre la moindre mesure écologique ou sociale. Les fascistes, qui déchainent déjà leur violence dans les rues, vont tenter des coups de force. La police qui vote à la quasi-unanimité pour l’extrême-droite, va entrer en guerre.

Autrement dit, les périls seront inédits. Nous avons gagné un répit : les fascistes et les fascisateurs ne gagnent pas aujourd’hui, mais ils feront tout pour garder le pouvoir demain. Le seul obstacle, ce sera nos luttes, nos médias, nos assemblées : notre force collective.

En 1936, rien n’aurait été possible sans la grève générale. À l’inverse, en 1973 au Chili, le gouvernement de gauche n’a pas pu empêcher le coup d’État militaro-capitaliste.

Nous avons gagné quelques mois, quelques années peut-être, pour construire une force à même d’imposer des avancées sociales, et de résister à la menace fasciste, plus puissante que jamais.

(post de Contre Attaque)

sur Reporterre : La victoire inespérée du Nouveau Front populaire

  • La victoire inespérée du Nouveau Front populaireLe Nouveau Front populaire a remporté une majorité relative à l’Assemblée nationale en dépit de toutes les prédictions. Un retournement de situation qui redonne de l’espoir aux écologistes.
    (...)
    C’est un renversement total de perspective qui s’impose : au lieu de se préparer à résister, il faut se mettre en place de pousser et de soutenir les forces émancipatrices qui ont placé le quotidien, les inégalités, l’écologie au cœur de leur projet.
    (...)
    Il est clair qu’en France, aucun des trois blocs — la gauche, la droite macroniste et des Républicains, le Rassemblement national — ne peut gouverner seul. Le temps des discussions va s’ouvrir. Et une nouvelle pratique politique, jamais vue dans la 5ᵉ République, va s’imposer. La joie est bien là, mais le temps du calme n’est pas pour demain.
  • « On l’a fait ! » : la joie après la victoire de la gauche - Larmes, embrassades... Des milliers de personnes ont célébré la victoire du Nouveau Front populaire aux élections législatives, le 7 juillet, place de la République, à Paris.
  • Alain Damasio, Juliette Rousseau, Claire Nouvian : « La gauche n’a plus droit à l’erreur » - Alain Damasio, Jean Jouzel, Terres de luttes, Banlieues Climat... Plusieurs figures écologistes évoquent leur joie de voir gagner la gauche aux législatives, même si la « bataille pour le climat est loin d’être gagnée ». (...) « On peut se féliciter, mais je crains que les gens se reposent sur ce résultat. N’oublions pas que le RN a quasiment doublé ses sièges à l’Assemblée nationale. On va vers une situation politique extrêmement instable et précaire. Si les partis de gauche doivent désormais être responsables et ne pas s’entre-déchirer, on va surtout avoir besoin de construire des contre-pouvoirs dans la rue et sur le terrain. Nous ne pouvons pas nous limiter à une échéance électorale. Tout reste à faire. Ce soir, on souffle, mais à partir de demain, non seulement on continue mais on intensifie : on investit les réseaux de lutte, on en crée de nouveaux et on combat pied à pied les idées d’extrême droite. On va devoir tout reconstruire, guérir et soigner patiemment. La gauche ne mène une politique de gauche à l’Assemblée que lorsqu’un mouvement social fort l’y oblige. La rue va devoir reprendre toute sa place et nous devons inventer de nouvelles modalités pour s’organiser. Beaucoup de gens se sont investis et on rejoint les campagnes des partis, ces trois dernières semaines, maintenant elles doivent les déborder. Notre seule issue, la seule façon que nous allons avoir de faire gagner l’antifascisme c’est par le terrain et en dehors des villes. La bataille électorale ne suffira pas.

Remarques persos

- Dimanche soir tout le monde avait gagné si on écoutait les chefs politiques :

  • Les macronistes se sont maintenus à un bon niveau
  • Le RN a fortement augmenté le nombre de ses députés
  • LR a fait mieux que prévu
  • Le NFP arrive en tête malgré les pronostics et les attaques constantes des médias dominants

Donc c’est super, tout le monde a gagné ! LOL
En réalité, le système oligarchique anti-démocratique est un peu enrayé, car aucun groupe n’a la majorité absolue requise pour gouverner tranquille en imposant sa loi aux autres, et la formation d’une coalition bancale ayant cette majorité semble difficile à obtenir et à maintenir..
Pour ça, il faudrait que tout les PS, écolos et communistes quittent le NFP pour rejoindre une coalition macroniste, et encore.
Ou qu’environ 90 macronistes rejoignent une coalition NFP, improbable.
Donc ça va être un gros foutoir.
Vaut mieux ça qu’une majorité RN ou macroniste.
Mais il paraît clair que le Nouveau Front Populaire ne pourra pas appliquer son programme, au mieux certaines parties

Il pourrait alors y avoir une sorte de gouvernement "fantoche" (technique comme ils disent), et les lois se voter au cas par cas au parlement.
Autre option, s’il y a des révoltes et une assemblée "ingouvernable", le tyran Macron pourrait s’octroyer les pleins pouvoirs avec l’article 16. Mais ça reste peu probable, tant il attiserait la révolte. En même temps, on sait qu’il aime jeter de l’huile sur le feu et passer en force...

Bref, rien n’est réglé, on est juste en mode PAUSE, ou en mode ralenti.
On est toujours sous le régime totalitaire du capitalisme (naturalisé dans de nombreux esprits), de la technocratie et de la démocrature.
Les médias des milliardaires sont toujours là à asséner leur ultra-capitalisme néo-fasciste, et le RN est encore monté en puissance, tandis que le macronisme ne s’est pas totalement écroulé. Et puis les affects d’extrême droite sont répandues partout, d’ailleurs des agressions racistes se sont multipliées. Tandis que le mois de Juin 2024 a été le plus chaud jamais enregistré (canicules aux USA, au Pakistan, Inde, Mexique...), etc.
Seuls de puissants et déterminés mouvements sociaux, soulèvements et insurrections pourraient pousser dans le sens de l’égalité sociale et de la sortie du capitalisme, et vers la démocratie réelle (donc la démocratie directe et la fin des partis en compétition pour le pouvoir).
Pour l’instant on ne les voit pas venir, mais tout reste possible malgré tout, surtout si de nouvelles personnes, conscientes des limites et de l’impuissance du jeu institutionnel, rejoignent les courants les plus radicaux à gauche.
En tout cas, le terrain pour ça est plus « favorable » qu’avec un gouvernement d’extrême droite !
Et si ces révoltes n’aboutissent pas à un basculement révolutionnaire, elles pourraient au moins « mettre la pression » au système en place et à la Gauche, qui, si elle continue à l’emporter électoralement, serait obligée d’en tenir compte.

- La démocrature pourrait aussi essayer de s’en sortir via le lancement d’une « constituante » (la réécriture de la Constitution, pour passer à une 6e république), mais en contrôlant le processus d’en haut pour qu’il ne remette pas grand chose en cause, pour changer ce qu’il est nécessaire de changer pour que rien ne change. (un peu comme les « grands débats » et autre « assemblée citoyenne » de Macron) (voir aussi ce qui s’est passé au Chili avec la nouvelle Constitution)

- Autre scénario possible : Macron pourrait tenter de maintenir son gouvernement actuel, en mettant au « défi » les autres de le faire chuter. Etant non majoritaire, la gauche doit avoir des voix du RN (et éventuellement de LR) pour faire passer ses motions de censure (qui obligent le gouvernement à se dissoudre). Mais si le RN juge qu’il préfère avoir le même gouvernement Macron qu’un autre gouvernement possiblement moins à droite, il pourrait ne voter aucune motion de censure. Et on sait la convergence, voir la connivence, de l’extrême droite et du macronisme sur de nombreux sujets.

« Ils veulent nous obliger à gouverner, ne cédons pas à la provocation. » Slogan, Oaxaca 2006

Le soulagement hier soir à 20h était immense, à la hauteur de l’angoisse des dernières semaines de voir le RN au pouvoir. Et c’est un bonheur rare (et donc à savourer) de voir le seum de l’extrême droite bourgeoise (qu’ils soient au RN ou dans les médias).

Mais il apparait important de poser rapidement les mots sur ce que nous sommes en train de vivre. Et se rappeler que la situation reste grave. Dramatique même.
Car hier, nous n’avons fait que sauver les meubles d’une maison qui brûle.

Le RN n’a certes pas une majorité absolue, ni même relative. Mais cela s’est fait grâce à des désistements de candidats de gauche au profit de macronistes (ou de LR). Et inversement.
Malgré cette « alliance contre nature », l’extrême droite fait le plus gros score de son histoire. Et de très loin puisque près de 140 députés siègeront à l’Assemblée. Ils étaient 89 en 2022 et seulement 8 en 2020 !

D’autant que même dans les circonscriptions où le RN a perdu en raison de désistements, il arrive souvent à 45% lors du deuxième tour. La France est plus divisée que jamais. Le racisme progresse objectivement depuis des années en France (et en Europe). Les élections ne sont que le reflet de cette réalité. Et en tant que révolutionnaire et antifasciste, il convient de combattre ce racisme bien au delà des élections. Dans la vie de tous les jours. A l’école, au travail, dans la rue...

Surtout, ces désistements et les alliances à venir pour gouverner vont renforcer le sentiment des Français ayant voté pour le RN que l’ensemble des politiques « de droite et de gauche » font en fait partie du même système. Et que seul le RN pourrait apporter un vrai changement.
Ce jeu des chaises musicales aura également permis au camp macroniste de se refaire une santé de façade, avec plus de 160 députés (quasi autant que le NFP). Alors qu’il était à 13% aux Européennes du mois dernier et à 20% lors du premier tour dimanche dernier. La Macronie, si détestée, et elle même porteuse du racisme et de l’oppression des plus faibles, reste plus que jamais dans le jeu et pourra encore peser ces prochaines années. Pour notre plus grand malheur.

Dans la série de revenants qu’on espérait pourtant bien enterrés : le PS est le parti qui gagne le plus par rapport aux législatives de 2022. Plus du double de députés ! Dont l’ancien président Hollande.
Là encore, c’est objectivement un échec pour le camp révolutionnaire et antiraciste. Car ce qui a permis une libération de la parole (et des actes) racistes, tout autant qu’une désertion de l’électorat populaire de la gauche, ce sont bien les années où le PS était au pouvoir. Il était presque enterré il y a quelques années, et il a réussi à revenir grâce à la NUPES, puis le NFP. N’attendons rien d’autre de lui (tout comme du PCF) que des trahisons politiques à des fins personnelles et de partis.

Puisqu’on ne peut pas refaire l’histoire et qu’il ne sert à rien de vivre avec des regrets, il parait essentiel de pousser et de marteler à quel point la vraie gauche de rupture ne doit désormais plus faire alliance avec la social démocratie. Même pour « faire barrage ». Elle n’a rien à y gagner à long terme. Pas même la lutte contre le racisme.

Si le tableau peut sembler bien sombre au lendemain d’une soirée « festive », ce n’est pourtant pas une gueule de bois. Mais bien un constat froid pour espérer poser les bases d’un horizon bien plus désirable.
Car en nous focalisant sur les élections et sur leurs conséquences, nous prenons le problème à l’envers.
Bien évidemment qu’il faudra toujours des partis et que même en tant que révolutionnaires, nous comprenons l’intérêt d’avoir des partis qui incarnent et défendent des valeurs humanistes, écologistes et anti capitalistes.
Mais nous sommes aussi convaincus que la rupture réelle avec ce monde qui nous étouffe et qui survit grâce aux braises de la haine et de la peur, cette rupture ne pourra se faire qu’en dehors des échéances électorales.

N’attendons pas des partis politiques, même des plus anti capitalistes, de créer les conditions d’un véritable changement de société. Celui-ci n’arrivera que lorsqu’une dynamique très forte débordera l’ensemble des cadres préexistants. Alors seulement, certains partis embarqueront dans cette nouvelle aventure. Attendre l’inverse est l’assurance de rester à quai pendant encore de longues années.

Le NFP a promis un certain nombre de choses durant cette campagne. Mais il ne fait aucun doute que sans la construction d’un vaste mouvement social, nous n’aurons rien. Or nous voulons tout. A nous de nous en donner les moyens.

(post de CND)

TROISIÈME TOUR SOCIAL

Merci et bravo à mes compagnons libertaires et autres abstentionnistes convaincus, d’avoir appuyé cette incroyable remontada et d’avoir participé à changer une histoire qui semblait déjà écrite. Merci de votre intelligence, de votre conscience politique et de votre solidarité envers toutes celles et ceux qui avaient très peur de subir l’arrivée au pouvoir du RN.
Une pensée également pour certains élus du Nouveau Front Populaire que je connais bien pour les avoir vu actifs dans nos luttes, parfois depuis 20 ou 30 ans à nos côtés. Par exemple, dans le Tarn où j’ai longtemps vécu, j’adresse mes félicitations à mon amie Karen Erodi, une militante dévouée sur de nombreux terrains de luttes : droits humains, chantier de l’A69, résistances sociales et même soutien aux luttes en Grèce.
Karen est le parfait exemple de cette remontada : elle ne rassemblait que 31% des voix au premier tour, avec 5000 voix de retard sur le candidat néofasciste. Une situation très difficile, perdue d’avance selon les sondages.
Ce soir, vers 20h30, j’ai appris sur internet que Karen avait perdu 48,72% contre 51,38%. Je lui ai envoyé un sms. J’ai alors appris que le décompte n’était pas encore terminé, même si il était mal engagé. Et finalement, retournement de situation : Karen a battu sur le fil le candidat RN. 50,73% à 49,27%, avec seulement 1000 voix d’avance. Le taux de participation a été exceptionnellement fort : presque 72%. Et pour cause !
Après tout ça, je vous souhaite une douce nuit. Par contre, dès demain, il faudra mettre la pression : si on veut que les choses changent vraiment, rien ne vaut un troisième tour social. La majorité est prétendument insuffisante ? C’est sans compter le poids de la rue ! À condition qu’elle se fasse entendre.
Y.Y.

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HANOUNA VA-T-IL QUITTER LA FRANCE ?

C’était l’un des slogans les plus scandés dans les rues de Nantes, de Paris et d’ailleurs, dimanche 7 juillet après l’annonce des résultats : « Hanouna casse toi ! »

En effet, l’animateur de Bolloré Cyril Hanouna avait promis le 12 juin en direct depuis son émission TPMP : « moi j’te dis, LFI au pouvoir, je quitte la France ». S’il fallait trouver un argument pour motiver les abstentionnistes à aller voter, c’était celui là.

Cyril Hanouna incarne à lui seul la fascisation et l’abrutissement méthodique orchestré par les médias dominants. Le millionnaire, lui-même fils de grands bourgeois parisiens, qui travaille pour un multimilliardaire d’extrême droite, a fait carrière en choisissant la carte de l’obscénité maximale. En quelques années, il a soufflé dans l’anus d’un chien, bu de l’urine dans une émission, exhibé son pénis dans la rue et devant les caméras, ou encore humilié un de ses chroniqueurs en lui versant des nouilles dans l’entrejambe et en le forçant à rester avec durant l’émission. Tout ce que la télévision fait de plus avilissant, ignoble et décadent, c’est lui.

Ces dernières semaines, il a mis absolument toute son énergie contre la gauche et pour le RN. Jusqu’à sa dernière émission sur C8, il diffamait le Front Populaire en continu et recevait des élus Rassemblement National et des militants néo-nazis en plateau. Puis Bolloré lui a offert une émission sur mesure sur Europe 1 en dégageant la présentatrice du jour au lendemain. Durant toute la campagne il a ainsi pu diffuser ses fake news et sa propagande immonde, invitant dans chaque émission des personnalités d’extrême droite. Certains propos haineux et délirants tombaient sous le coup de la loi.

Hanouna tiendra-t-il sa promesse ? Sans doute pas, malheureusement, mais dimanche 7 juillet, le système Bolloré a été tenu en échec.
A présent, la bataille médiatique doit être l’une de nos priorités absolues. On ne construit aucune lutte politique, aucune victoire sociale sans avoir gagné la bataille des idées et reconquis l’hégémonie culturelle. Le choc que nous vivons doit être l’occasion de désarmer les médias des milliardaires et de développer les nôtres.

(post de Contre Attaque)

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Avant les résultats électoraux :

LESGISLATIVES SONT-ELLES TRUQUÉES ?

- Oui, mais pas au sens où on pourrait l’entendre -

Ce dimanche 7 juillet, jour de scrutin, l’essayiste d’extrême droite, masculiniste et raciste, Julien Rochedy se plaint sur Twitter : "En France, même notre mode de scrutin est gauchiste". Et comme à chaque fois qu’un fasciste s’exprime, la réalité est littéralement inverse. Explications :

Un mode de scrutin majoritaire peu démocratique
La démocratie représentative s’organise par la tenue d’élections, notamment les législatives qui permettent d’élire les députés à l’Assemblée. Schématiquement, on peut distinguer deux grands modes de scrutin aux législatives : majoritaire (le plus souvent à deux tours) ou proportionnel (à un tour).
De façon exceptionnelle, le scrutin majoritaire peut se faire en un tour, c’est alors le candidat qui a la majorité relative qui l’emporte. Ce système est probablement le moins démocratique qui soit, il n’est utilisé que dans trois pays anglo-saxons, mais c’est celui-ci qui devrait servir d’exemple pour Rochedy.
En France, c’est le scrutin majoritaire à deux tour qui est en vigueur depuis le coup d’État de 1958 et l’avènement de la Ve République. Il s’agit en réalité de 577 élections au scrutin majoritaire, dans chaque circonscription, pour compléter les 577 postes de député à pourvoir. Le premier tour permet de faire le tri, de peser les forces en présence et de calculer les financements publics des partis. Ne parviennent au deuxième tour que les candidats qui ont obtenu au moins 12,5% des voix des inscrits. C’est ensuite le candidat ayant la majorité (absolue ou relative) qui l’emporte.
Ce système est taillé sur mesure pour un régime présidentiel : les élections législatives se déroulant habituellement juste après l’élection du Président, celui-ci dispose d’un avantage certain. Il bénéficie déjà d’une dynamique de campagne positive, et peut faire valoir son besoin de majorité pour gouverner, un argument de poids pour mobiliser son électorat, que ce soit à gauche ou à droite. C’est ainsi que Macron, à la tête d’un parti tout neuf et peu structuré, a pu faire élire 308 députés en 2017, dont la plupart étaient totalement inconnus de la population. Et sans vraie majorité dans les urnes.

Le scrutin proportionnel, beaucoup plus répandu, est aussi bien plus démocratique car il représente plus fidèlement les tendances politiques des votant-es. Se déroulant en un seul tour, comme aux européennes, il s’agit de donner aux partis la même proportion de sièges au Parlement que la proportion de votes reçus de la part de l’électorat. Avec les résultats du premier tour, cela donnerait environ 173 sièges pour le RN, 167 pour le Front Populaire, 115 pour les macronistes, 35 sièges pour LR et 23 pour les Ciottistes. L’Assemblée serait encore plus partagée qu’elle ne le sera ce soir. À la proportionnelle, il y aurait aussi 5 ou 6 députés du NPA et quelques autres.

Pour résumer, si le scrutin proportionnel est plus représentatif et démocratique, il est aussi plus difficile d’y obtenir une majorité. Les partis doivent nouer des alliances pour pouvoir gouverner et les gouvernements ont moins d’autonomie. Un président autoritaire et tout-puissant comme Macron n’aurait aucune chance d’exister dans ce système. Heureusement De Gaulle, qui souhaitait régner sans partage, a mis en place un système majoritaire car plus stable et permettant une prise de décision unilatérale qui ne concède que peu de poids aux opinions divergentes en éliminant les petits partis. La démocratie est une notion bien trop compliquée pour s’embêter avec ça.

Des circonscriptions sur mesure pour la droite
Par ailleurs, le découpage des circonscription favorise très clairement la droite et l’extrême droite comme le montre l’étude de Cédric Rossi pour Visionscarto. Sachant que chaque circonscription élit un seul député, plus il y a d’électeurs ou d’électrices, moins le poids individuel est important. Certaines circonscriptions n’ont que 45.000 votants, d’autres 135.000 : les députés ne sont pas tous élus par le même nombre d’électeurs, ils n’ont pas le même « poids » démocratique dans les urnes, mais en ont à l’Assemblée. L’étude montre que dans les circonscriptions urbaines hors Paris, qui votent à gauche, le nombre d’électeurs passe parfois du simple au double par rapport aux circonscriptions rurales, marquées à droite. L’ouest de la France et notamment la Bretagne, plus à gauche, est aussi bien lésé. En revanche, les départements ruraux du centre et de l’est, très à droite, sont bien lotis.
Concrètement, un député RN a besoin de moins d’électeurs pour être élu. Le suffrage majoritaire où chaque député est élu individuellement sur un territoire circonscrit est clairement à l’avantage de la droite, et désormais des fascistes. En 2009, c’est Sarkozy qui a redécoupé les circonscriptions pour avantager son camp. À l’époque, le PS calculait qu’il fallait que la gauche "fasse 51,3 % pour avoir une majorité à l’Assemblée nationale, alors qu’avec 48,7 % des suffrages, la droite obtiendra une majorité". Bref, sur ce sujet comme sur tout le reste, Rochedy le champion de la droite néofasciste raconte n’importe quoi.

Une ancienne revendication du FN
Toute la seconde moitié du XXe Jean-Marie Le Pen a réclamé la proportionnelle. En 1986, 35 députés FN font leur apparition à l’Assemblée car François Mitterrand a introduit un mode de scrutin proportionnel par département. Le système disparaîtra deux ans plus tard, mais depuis la dédiabolisation on n’entend plus trop Marine Le Pen sur ce sujet. Désormais favorisée par le scrutin majoritaire, la demande de proportionnelle a même disparu du programme du Rassemblement National. Sous un certain, seuil, autour de 15%, un parti risque de n’avoir aucun député, même s’il a des millions d’électeurs. En revanche, passé ce plafond de verre, la 5e République autoritaire est avantageuse pour les gros partis. Le RN en bénéficie désormais.
Rochedy devrait donc mettre à jour son logiciel : une fois n’est pas coutume, la ligne de son parti était de fermer sa gueule sur le sujet. Mais se plaindre d’une situation fantasmée sur les réseaux sociaux est devenu un art majeur à l’extrême droite.
Rochedy ose même déclarer que "Il vaut mieux l’alliance des losers qu’un winner. C’est tellement significatif de l’esprit français au fond". C’est à cela qu’on reconnaît un authentique "patriote" : quelqu’un qui clame son amour du pays tel qu’il le fantasme 10% du temps et passe 90% de son temps à cracher sur ce qu’est le pays réellement.

Un sursis : le RN et le macronisme repoussés - Le Nouveau Front Populaire en tête - et la suite ?

CALAIS : UNE VOITURE FONCE SUR DESFUGIÉS

- Explosion des attaques racistes et contre les bénévoles qui aident les exilé-es depuis 2 semaines -
Les faits ont eu lieu mardi 2 juillet à 22h30. Des jeunes originaires du Soudan venaient de quitter un point de distribution de nourriture d’une association humanitaire à Calais et rentraient vers leur campement.
En chemin, ils racontent avoir « croisé un groupe d’une dizaine d’hommes » près de voitures, puis « l’un d’eux serait monté dans son véhicule, les aurait poursuivis en zigzagant ou montant sur le trottoir » avant de percuter un jeune soudanais à deux reprises. La victime tentait d’échapper au chauffard, qui a foncé délibérément sur lui pour l’écraser. La voiture a fini sa course encastrée sous un panneau publicitaire.
Puis les soudanais rapportent que l’homme est descendu du véhicule accidenté, « armé d’un bâton », et a tenté de frapper l’homme à terre. Le cauchemar a continué puisque, toujours selon les victimes, le chauffard a été récupéré par un autre véhicule qui a « continué à les prendre en chasse et a tenté de leur bloquer le passage ». Les soudanais ont réussi à se réfugier dans leur campement et les agresseurs se sont enfuis.
Ce témoignage est rapporté par l’association de solidarité avec les réfugié-es, Utopia 56, auprès de France 3. La personne blessée a été hospitalisée.
Le 18 juin, Utopia 56 révélait, photo à l’appui, que « près de Dunkerque, un liquide chimique a été mélangé à l’eau destinée aux centaines de personnes sans-abri. Cette eau, fournie quotidiennement par une organisation citoyenne, est utilisée pour boire, cuisiner et se laver. Une plainte va être déposée ». On voit sur l’image diffusée par l’association un liquide bleu vif artificiel sortir du robinet sensé verser de l’eau, signe que le contenu du récipient a été empoisonné.
À propos de la tentative d’écrasement du groupe de jeunes soudanais du 2 juillet, le coordinateur d’Utopia 56 explique que cette agression n’est pas la première, mais que le contexte électoral et l’augmentation de l’extrême droite ont fait exploser les attaques. « Cela arrive souvent que les exilés soient insultés, mais aujourd’hui ils reçoivent aussi des pierres » explique-t-il. Les bénévoles aussi subissent cette nouvelle violence : « Une équipe Utopia a été suivie une nuit, et victime d’intimidation ».
Auprès de France 3, il conclut : « On sent que les élections ont libéré un discours, ça existait avant, mais pas à ce point-là. La fréquence de ce type d’événement a explosé depuis 2 semaines ».

(posts de Contre Attaque)


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