Sur l’affaire de l’assassinat d’un PDG par Luigi Mangione aux USA

Sur fond de désespoir et de capitalisme mortifère, un retour de l’assassinat politique ?

jeudi 12 décembre 2024

Deux articles parlent ci-dessous de l’engouement pour Luigi Mangione, l’américain qui a exécuté le PDG d’une grande compagnie d’assurance maladie privée à New York.
Sur fond de désespoir, d’atomisation individualiste et de pression mortifère du capitalisme sur la population, un retour de l’assassinat politique ?

A défaut de révolte collective et de lutte des classes, l’assassinat politique individuel en guise de pseudo remède ??!
On pourrait de prime abord se réjouir que "la peur change de camp", mais le passé a déjà montré que les assassinats politiques menés par vengeance ou au nom de l’émancipation, même ciblés, ne menaient pas à grand chose de bon et ne permettaient pas les si nécessaires basculements révolutionnaires.

Il existe heureusement d’autres moyens que l’assassinat, qui sont régulièrement utilisés par les révoltés et mouvements sociaux : grève, actions collectives, sabotage, vandalisme, blocage, émeute...
Car on ne résout pas des problèmes structurels en éliminant quelques uns des abominables chargés de pouvoir interchangeables et remplaçables de l’Etat et du Capital.

Peut-on faire de Luigi Mangione un héros ?

- Peut-on faire de Luigi Mangione un héros ?

Le 9 décembre, après plusieurs jours de cavale, l’homme qui est suspecté d’avoir assassiné de sang froid et en pleine rue le PDG d’une grande compagnie d’assurance maladie privée à New York a été arrêté. Le monde entier a découvert son identité : celle d’un jeune homme de 26 ans, issu d’un milieu aisé, diplômé et occupant un job banal dans le secteur de la Tech. Les américains se sont rués sur ses réseaux sociaux, où il affichait ses voyages, ses amis, ses soirées et son corps bodybuildé. Comme dans n’importe quel fait divers, “rien ne laissait présager” qu’il allait commettre de façon aussi froide et méthodique un tel meurtre. Seul un commentaire élogieux, en ligne, du livre de Theodore Kaczynski, un activiste anti-technologie ayant tué trois personnes après plusieurs attentats à la bombe dans les années 1990, pouvait éclairer les motivations du suspect.

Comme Rob Grams l’exposait dans cet article, Luigi Mangione n’a pas assassiné n’importe quel PDG : sa victime est Brian Thompson, PDG de UnitedHealthcare, une assurance qui “a refusé à des usagers, de manière systématique, de rembourser des traitements et procédures nécessaires. En 2019, le New York Times a rapporté un taux de refus pouvant atteindre 27%. Au cours des dernières années, le taux de refus pour des “autorisations préalables” délivrées par UnitedHealthcare, qui obligent médecins et patients à obtenir l’approbation de l’assureur avant de recevoir des soins ou de subir une intervention chirurgicale, a considérablement augmenté.” Sur les douilles retrouvées sur la scène de crime sont inscrits les mots “Deny” “Defend” “Depose” (soit “refuser”, “défendre”, déposer”). Ces mots pourraient faire écho l’expression “delay, deny, defend” (soit “retarder”, “refuser”, défendre”), une formule courante pour décrire les méthodes des assureurs cherchant à éviter de rembourser leurs assurés.

Les motivations politiques de l’assassin semblent donc assez claires. Quand on partage sa révolte contre le capitalisme médical, que peut-on vraiment penser de cette affaire ?

Dans notre précédent article, écrit donc peu après l’assassinat de Thompson, avant que l’identité du suspect soit connu, nous avions décrit nos importantes réserves par rapport à la stratégie de l’assassinat politique, notamment parce que son utilisation a toujours déchaîné des réactions violentes de la classe dominante, à terme nuisible aux mouvements de contestation, et parce que ces violences sont très mal reçues par l’opinion publique.

Force est de constater que Luigi Mangione est devenu en quelque jour une figure légendaire et considérablement glamourisée sur les réseaux sociaux américains. Des centaines de “memes” sont apparues après la diffusion de son visage, tout sourire, sur une vidéosurveillance durant sa cavale. Un concours de sosies a même été organisé en plein New York le 8 décembre. Ses comptes de réseaux sociaux ont aggloméré des milliers de followers dès que son identité a été connue. Des vidéos humoristiques, de vibrantes déclarations d’amour se succèdent sur X ou Instagram. Le bonnet “Luigi” inspiré de l’univers du jeu vidéo Mario a été commandé plus de 100 000 fois en quelques heures sur Amazon.
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La mort du PDG de UnitedHealthcare n’a pas fait pleurer dans les chaumières aux Etats-Unis, c’est le moins qu’on puisse dire. Les moqueries se sont multipliées sur les réseaux sociaux, ainsi que des milliers de témoignages sur la façon dont les refus de soin ou de remboursement de la part de cette entreprise ont ruiné la vie des personnes et de leurs proches. Il faut mesurer la violence de ces entreprises : elles font payer cher la couverture santé à leurs assurés (ce que nous payons nous avec nos cotisations sociales, bien moins cher) et, lorsque des soins doivent être fait, elles font tout pour ne pas les rembourser. Soit les gens renoncent à des soins essentiels, soit ils sont endettés à vie.
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Depuis son arrestation, les médias peinent à décrire Luigi Mangione autrement que comme un garçon sans histoire. Le fait que quelqu’un comme lui puisse se transformer en tueur de PDG de sang froid a de quoi effrayer bien des puissants, puisque son geste semblait impossible à prévenir. Et c’est donc cette banalité du coupable présumé qui l’a transformé d’ores et déjà en icône de la culture populaire. Cet engouement n’est pas neutre politiquement puisque ce meurtre a mis les assurances privées et leurs pratiques au cœur du débat public aux Etats-Unis.
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Face à l’absence d’empathie pour la victime et un enthousiasme populaire pour le suspect, les représentants de l’ordre établi sont montés au créneau. Le gouverneur de Pennsylvanie, l’État où Mangione a été arrêté, a déclaré : “Some attention in this case, especially online, has been deeply disturbing as some have looked to celebrate instead of condemning this killer. […] In America, we do not kill people in cold blood to resolve policy differences or express a viewpoint.” – “Certaines attitudes, surtout en ligne, ont été très dérangeantes puisque certains ont célébré le tueur plutôt que le condamner. (…) En Amérique, on ne tue pas les gens de sang froid pour résoudre les conflits politiques ou exprimer un point de vue”

Le problème de la déclaration du gouverneur, c’est qu’elle contient en elle-même une justification du geste de l’assassin. Car de quel autre type de moyen les Américains confrontés à leur système de santé injuste et criminel disposent-ils vraiment ?

Le système électoral américain favorise les candidats et les programmes soutenus par des milliardaires et des grandes entreprises. C’est ainsi que l’aile droite du Parti émocrate est toujours préférée à son aile gauche, ce qui conduit régulièrement à l’enterrement de son programme de santé publique, qui pourrait mettre fin à la dépendance des Américains à ces assurances-santé véreuses. La candidate Kamala Harris n’a pas fait exception à ce renoncement récurrent.
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Les entreprises du secteur médical sont toutes puissantes et sont restées largement impunies par la justice malgré leurs récents méfaits. Les Etats-Unis ont subi une terrible vague de mortalité ces vingt dernières années en raison de la prescription abusive de médicaments opioïdes… Oui, terrible : en 25 ans, 700 000 américains sont morts d’une overdose d’opioïdes et l’espérance de vie a diminué en raison de ce fléau qui a été sciemment mis en œuvre par des entreprises pharmaceutiques et leurs prestataires (cabinets de conseils comme McKinsey, agences de publicité comme Publicis etc). Les dirigeants du laboratoire à l’origine de la mise sur le marché du médicament le plus dangereux, l’Oxycontin, s’en sont tous sorti en payant de grosses amendes, comme la plupart des autres entreprises complices. Bref, l’impunité règne, même dans une affaire aussi monstrueuse que celle-ci.

Les morts des assurances-maladie privées, pour endettement ou refus de soin, se comptent certainement par milliers. Pourtant, rarement la responsabilité de ce système est invoquée et les dirigeants et actionnaires de ces entreprises ne subissent jamais les conséquences de leurs actes. “Lorsque toutes les autres formes de communication échouent, la violence est nécessaire pour survivre” écrivait Luigi Mangione dans son commentaire en ligne du livre de “Unabomber”. Peut-on sérieusement lui donner tort ? Les dominants passent leur temps à nous dire que des recours existent, qu’il faut se mettre autour d’une table et discuter, faire confiance à notre système judiciaire, aux élections, au “dialogue social”… mais pour quel effet réel ?
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Prendre une vie, c’est un terrible acte de pouvoir et de violence. Mais est-il si tabou dans nos sociétés capitalistes ? Sur les réseaux sociaux, les internautes ironisent sur l’hypocrisie qui consiste à dénoncer un meurtre en pleine rue tout en justifiant les nombreux autres meurtres commis plus indirectement, par des décisions inhumaines motivées par le profit.
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D’une façon générale, la classe dominante ne recule pas devant le meurtre. C’est d’abord elle qui légitime une telle action. Elle ne cesse de nous donner, via nos médias, de nombreuses raisons de justifier ou de relativiser des tueries. Chaque année, des centaines de personnes meurent dans les rues parce qu’ils n’ont pas d’argent et de logement, et cela ne fait pas les gros titres. Priorité au dynamisme du marché immobilier ! La France est championne des accidents de travail mortels mais la dérégulation du droit du travail a été unanimement saluée par les classes dirigeantes ! À Gaza, un génocide est en cours, des femmes, des hommes et des enfants sont abattus de sang froid par des soldats qui, en prime, violent et torturent. Pour autant, une grande partie des journaux français, Libération compris, n’a de cesse de justifier ces meurtres : Israël n’a-t-il pas le “droit de se défendre” ?

Dans nos sociétés capitalistes, donner la mort n’est pas un tabou. C’est simplement un privilège réservé aux policiers, aux militaires et aux actionnaires. Ces dernières décennies, nos classes dominantes ont justifié le meurtre, voire le meurtre de masse, à bien des reprises, en arguant que “la fin justifie les moyens”. C’est pourquoi on ne peut pas se contenter de dire, comme le fait Libération, “tuer c’est mal”. Après tout, Mangione aussi avait ses raisons, et les citoyens américains ont l’air massivement de penser qu’elles étaient légitimes. En comparant Mangione à un vulgaire tueur à gage, Libération établit une distinction de style entre les meurtres acceptables, commis chaque jour par les décideurs du capitalisme, et le meurtre moche, “de sang froid”, comme si les autres ne l’étaient pas également.
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Cependant, s’il semble difficile de s’étonner, comme le fait Libération, de la popularité de l’assassin présumé de Brian Thompson, on peut légitimement se demander dans quel monde nous sommes en train de basculer si, pour beaucoup, le meurtre devient une arme efficace pour mener la lutte des classes et obtenir justice.
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Nous pensons qu’il existe encore de nombreux leviers collectifs pour contraindre la classe dominante, voire mettre fin à son règne, sans recourir au meurtre. La grève, les actions collectives, le sabotage, le vandalisme sont des moyens qui existent et qui ont fait leur preuve, bien qu’ils ne soient pas tous légaux. Aux Etats-Unis, faire valoir ses droits collectivement est beaucoup plus difficile qu’en France… pour l’instant. Il serait sain que la classe dominante médite sur le type de violence que peut engendrer une société où il n’y a plus d’autre recours possible.

L’affaire Luigi Mangione questionne notre rapport à la mort, à la violence et aux modalités de la lutte sociale. Mais une chose est sûre : aux Etats-Unis comme en France, la bourgeoisie et ses journaux ont bien trop justifié les tirs policiers à bout portant, les entreprises capitalistes criminelles et les génocides coloniaux pour prendre part à cette discussion.

Sur l’affaire de l’assassinat d’un PDG par Luigi Mangione aux USA

Luigi Mangione : nouveau héros anticapitaliste sur les réseaux sociaux

Le 4 décembre, le PDG de l’énorme compagnie privée d’assurance maladie United Healthcare, dont l’actif total est de 273,7 milliards de dollars, était abattu par balle dans le centre de New York, devant un hôtel de luxe., par Luigi Mangione.

Les images de vidéosurveillance montrent l’exécution du patron par un homme au visage masqué, calme et déterminé, qui repart en vélo électrique. Elles ont suscité un vif émoi aux USA et provoqué une vaste chasse à l’homme pour arrêter le responsable. Sur les balles retrouvées seraient marqués les mots « deny, defend, depose ». C’est-à-dire « refuser, défendre, déposer » : les formules types apposées par les compagnies d’assurance privées sur les dossiers rejetés, pour éviter de rembourser les soins de santé de leurs clients. Ces mots ont été immédiatement compris par des millions d’Étasuniens comme une revendication.

Lundi 9 décembre, en Pennsylvanie, Luigi Mangione, âgé de 26 ans, était arrêté dans le cadre de l’enquête. La police locale a vite reconnu que le suspect « a de la rancune envers la grande entreprise américaine ». Il avait sur lui des faux papiers et un manifeste pour expliquer sa colère contre les assurances de santé privées : « Je m’excuse pour tout conflit ou traumatisme. Mais il fallait le faire. Ces parasites l’avaient bien mérité ». Il y dénonce le système de santé « le plus coûteux du monde, alors que l’espérance de vie d’un Américain est classée au 42e rang mondial ». Une espérance de vie qui est effectivement en baisse dans la première puissance économique mondiale.

Le jeune homme sportif, issu d’une bonne famille, séduisant et diplômé d’une université prestigieuse, avait tout pour réussir. Mais ses amis de lycées ont expliqué qu’il avait subi il y a quelques années une opération du dos qui a « tout changé » pour lui, et qui l’aurait rendu fou de colère. Une colère envers le système de santé, qui s’est trouvée renforcée par le traitement réservé à ses proches malades, selon le New York Post. Il a perdu sa grand-mère en 2013 et son grand-père en 2017.

Avant de passer à l’acte, Lugi Mangione a lu de nombreux ouvrages, notamment annoté le texte de Theodore Kaczynski, surnommé « Unabomber », terroriste anarchiste et anti-technologie qui avait commis des attentats contre les entreprises informatiques dans les années 1980. Particulièrement efficace, ce dernier avait longtemps échappé à la plus coûteuse chasse à l’homme de l’histoire du FBI, avant d’être arrêté.

Revenons à Luigi Mangione. Dans un pays surarmé et très violent, l’acte du jeune homme visant un grand patron apparaît comme un retour de l’action directe anticapitaliste, en plein cœur de l’Empire du capital. Et plutôt que d’être réprouvé unanimement aux USA, cet assassinat a provoqué une vague inattendue et immense de soutien en faveur du jeune homme. Sur les réseaux sociaux, des posts à la gloire de Luigi Mangione, ou dénonçant violemment le secteur privé de la santé, sont likés et partagés des dizaines de milliers de fois. Des pages de « fans » de Luigi Mangione ont même été créées. À tel point que la porte-parole de la Maison Blanche a déclaré : « La violence pour combattre la cupidité des entreprises est inacceptable ».

L’exécution commise à New York met en lumière la réalité crue de la société US, celle dont on ne parle quasiment jamais : ces familles qui s’endettent pour accéder à des soins, les compagnies d’assurance qui rackettent les patient-es, les inégalités insoutenable d’accès à la santé, les millions de personnes qui n’ont pas d’assurance santé. Cette thématique avait été abordée dans la série Breaking Bad : l’anti-héros, professeur de chimie, bascule dans la production de drogue pour financer sa chimiothérapie et les soins de son fils handicapé.

La réaction populaire à l’acte de Luigi Mangione révèle donc une colère généralisée contre le système d’assurance maladie privé et les géants de cette industrie. Le Wall Street Journal a publié en première page un article titré : « La chasse à l’homme du meurtrier du PDG de United Healthcare rencontre un obstacle inattendu : la sympathie pour le tireur », notant que « les autorités sont confrontées à un défi inattendu : une vague de sympathie populaire pour le tueur ».

Chez nous, France Info s’alarme : « La vague de soutien à Luigi Mangione enflamme les États-Unis ». Elle révèle surtout que dans un pays qui a créé une mythologie autour de la « réussite » et du « rêve américain », des millions de personnes haïssent le capitalisme.

Aux États-Unis, comme pour répondre à cette soudaine sympathie pour l’action directe, les médias dominants se sont soudains remplis de témoignages de victimes des compagnies d’assurance privées, évoquant les traitements médicaux retardés ou refusés par des sociétés comme United Healthcare.

Il y a le récit d’une femme qui dit s’être battue contre une compagnie d’assurance alors qu’elle était enceinte de neuf mois et que son enfant d’un an était hospitalisé pour une tumeur cérébrale. Un autre déclare : « Aujourd’hui, je pense à la fois où United Healthcare a soudainement décidé d’arrêter de payer ma chimiothérapie et n’a pas pris la peine de me le dire, de sorte que les infirmières ont dû me le dire lorsque je me suis présentée au centre de cancérologie pour mon prochain traitement ».

Selon plusieurs reportages, les factures médicales sont la première cause de faillite personnelle aux États-Unis. En parallèle, les PDG des six principaux assureurs des USA ont perçu une rémunération totale de 122.970.614 de dollars en 2023. Andrew Witty, Directeur Général de United Health Group, a reçu à lui seul 23,5 millions de dollars l’année dernière.

La société la plus riche du monde a privatisé l’accès à la santé afin de permettre à des compagnies privées de maltraiter et de voler des milliers de patient-es, dans le but de réaliser plus de profits. Dans ces conditions, et alors que les dernières élections – opposant un vieillard sénile et génocidaire contre un autre vieillard néofasciste, tous deux néolibéraux – n’ont laissé aucun choix à la population, il n’est pas étonnant que des gestes anticapitalistes désespérés aient lieu. Et provoquent un engouement aussi massif qu’inattendu.

- source : https://contre-attaque.net/2024/12/11/luigi-mangione-nouveau-heros-anticapitaliste-sur-les-reseaux-sociaux/


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