Révolte pour nahel : une répression ultra-violente largement passée sous silence

Exemples parlant de ce qu’est « l’ordre-républicain » en pratique

vendredi 21 juillet 2023, par Chronique du régime policier.

Les protestations et émeutes pour Nahel, assassiné par un policier, ont été réprimées par des violences d’Etat (policières et judiciaires) énormes, démontrant une fois de plus la nocivité structurelle du système policier.
Au lieu de calmer le jeu, l’appareil policier a rajouté des couches et des couches de violences et d’armements de guerre, très loin du calme et de l’apaisement.
Certaines agressions particulièrement abjectes envers des manifestants/émeutiers ou de simples passants racisés démontrent l’étendue de l’infamie de l’ensemble du système policier. L’absence de désaprobation, et même souvent le soutien actif, du milieu policier et gouvernemental envers les auteurs de ces brutalités policières sans nom démontre la complicité du système policier dans son ensemble en incluant toute la hiérarchie. Il ne s’agit alors pas de bavures, mais d’une politique planifiée, ou a minima d’un laissé faire coupable.
Ainsi fonctionnent « la-république » et son « ordre-républicain », un appareil autoritaire guerrier et meurtrier prêt à toutes les exactions pour que les institutions anti-démocratiques bourgeoises et le capitalisme puissent continuer à régner, piller et dominer. A celà s’ajoute un racisme persistant qui débride à fond la répression visant les quartiers populaires et les personnes racisées.

Les droites (du macronisme aux extrêmes droites) sont bien sûr à fond dans ce modèle autoritaire, ultra-violent, inégalitaire et répressif, mais certaines gauches (?) semblent parfois leur emboiter le pas, ou semblent bien empêtrées du fait de leur adhésion à la fiction de « la-démocratie » et au modèle de l’Etat-capitalisme. Elles rêvent encore à une « bonne » police, un « bon » Etat ou un « meilleur » capitalisme... sic

Les réactions outrées de divers politiciens (au gouvernement et ailleurs) et chroniqueurs (soutenus par leurs médias militants) face aux émeutes de fin juin, leur soutien sans faille aux flics et à la répression féroce pour défendre l’Ordre et la-démocratie, et leur absence de critiques face aux brutalités policières immondes et aux procès expéditifs, démontrent qu’ils sont hors du champ de la décence et de la démocratie contrairement à ce qu’ils rabâchent sans cesse. Les factieux violents, destructeurs et séparatistes de la république démocratique et sociale ce sont eux.

Révolte pour nahel : une répression ultra-violente largement passée sous silence

VOLTE POUR NAHEL : UNEPRESSION D’UNE VIOLENCE INÉDITE

- Un bilan provisoire à faire connaitre, pour ne pas oublier

Nous avons tenté de recenser les victimes de la répression de la révolte après la mort de Nahel. En 4 nuits seulement, la police a tué un homme, brisé plusieurs vies à tout jamais, procédé à des milliers d’arrestations. Sans compter le nombre considérables de blessés qui ne se signaleront sans doute jamais. Voici donc un bilan provisoire de cette répression militarisée dans banlieues :

🔴Violences physiques🔴
➡️1 mort à Marseille. Dans la nuit du 1er au 2 juillet : Mohamed, livreur de 27 ans, père d’un fils de deux ans et qui attendait un autre enfant a été tué par un tir de LBD. Alors qu’il circulait à scooter ce soir là, il est retrouvé mort, avec le choc d’une balle en caoutchouc dans le thorax. Les dernières images retrouvées dans son téléphone sont une vidéo de policiers arrêtant un homme, filmées quelques minutes avant qu’il ne soit retrouvé. Un policier a donc abattu Mohammed avant de le laisser agoniser sur le bitume.
➡️2 personnes dans le coma :
À Mont Saint-Martin, en Lorraine, le 30 juin. Aimène, 25 ans, agent de sécurité, rentrait du travail et venait de rejoindre ses amis. Alors qu’ils sont en voiture, le jeune homme reçoit un tir en pleine tête : un « bean bag », une cartouche contenant du plomb, tirée par le RAID. Il est plongé dans le coma. Les habitants de la ville racontent une nuit « terrifiante » durant laquelle le RAID « tirait à tout va » dissimulé dans les buissons. Un habitant a filmé une scène dans laquelle on voit trois voitures roulant à faible allure, puis le RAID tirer en leur direction.
À Marseille, le 1er juillet, Hedi est laissé pour mort. Il sort de son travail en hôtellerie vers 1H30 et rejoint un ami. Coincé dans une ruelle par des policiers en civil, il reçoit un tir de LBD dans la tempe avant d’être passé à tabac. Il fait une rupture d’anévrisme, puis sombre dans le coma. Miraculeusement, il se réveillera après une prise en charge en urgence absolue. « Selon les médecins, j’aurais dû être un légume » dit-il à la presse. Il garde de lourdes séquelles et devra être réopéré.

➡️5 éborgnés :
Virgil éborgné par LBD à Nanterre, le 29 juin. Après la marche blanche pour Nahel appelée par la mère du défunt, cet ancien militaire part s’acheter à manger. « Hé toi, casse-toi ! » lui crie un policier. Virgil relève la tête en direction des agents. « La dernière image enregistrée par mon œil gauche est celle du point lumineux du LBD avec lequel le policier me visait. » Il perd un œil sur le coup.
Le 27 juin, un autre jeune homme est éborgné à Nanterre. Une vidéo montre un très jeune garçon évacué sur un fauteuil avec une blessure saignante à l’œil dès le premier jour de révolte suite à la mort de Nahel. Son nom n’est pas connu.
Mehdi a été éborgné par LBD à Saint-Denis. C’était le mercredi 28 juin au soir. L’impact du tir a gravement blessé à l’oeil et à la tempe droite. Il est laissé au sol, se réfugie dans une école et appelle les secours seul.
A Angers le 3 juillet, un homme de 32 ans est éborgné par un tir de LBD dans le centre-ville, alors que la police protégeait un local d’extrême droite. Au même moment, un autre homme est gravement blessé par un autre tir de LBD qui lui fracture le visage.
Aux Ulis en région parisienne, une femme qui rentrait du travail a reçu un tir du RAID dans sa voiture en pleine tête.
➡️Une main arrachée. Le 30 juin à Villejuif, des morceaux de main sont retrouvés dans la rue. Un journaliste de Cnews, informé par la police, parle d’un « morceau de phalange et les restes de grenade » qui « ont été prélevés » par la police pour retrouver la victime, qui ne s’est pas manifestée.
➡️D’autres cas nous ont été signalés, mais préfèrent rester secrets pour le moment, notamment un hématome intra-cranien par un tir de LBD. Des dizaines d’autres personnes ont subi des passages à tabac au moment de leurs arrestations. Lors de nombreux procès, les personnes arrêtées arrivaient avec des hématomes et des plaies dans la salle du tribunal.

🔴Violences judiciaires🔴
➡️La police a procédé à 3400 arrestations en 4 nuits.
➡️En 2 semaines, 1278 jugements ont été prononcés avec 95% de condamnations. 63% ont été condamnés à de la prison ferme, avec une moyenne des peines de 8,2 mois. Il s’agit très souvent de simples vols en marge des émeutes. Par exemple des personnes qui ont été interpellées après avoir récupéré de la nourriture ou des vêtements dans des magasins.
➡️Pour le moment, près de 600 personnes ont été incarcérées
Et ce ne sont que les interpellations immédiates. Les enquêtes, perquisitions et arrestations à postériori vont continuer pendant des mois.

🔴Une violence inédite🔴
En comparaison, en 1 an de révolte des Gilets Jaunes, 3204 condamnations ont été prononcées, pour un total de 440 Gilets Jaunes incarcérés. Ce qui était déjà énorme et qui le reste : une violence judiciaire extrême pour l’époque.

Sur le plan des dégâts humains, du traitement judiciaire et de l’arsenal déployé, la répression de juin/juillet 2023 est tout simplement inédite depuis la guerre d’Algérie. Surtout sur un laps de temps aussi court : un mort, deux comas, autant de mutilés et de peines de prisons pour 4 nuits de colère – suite à l’exécution d’un adolescent, rappelons-le. C’est bien plus violent que durant la réforme des retraites, les Gilets Jaunes Notre-Dame-des-Landes ou même les émeutes de 2005.

Et le pire ? Les médias ne parlent quasiment pas de cette répression inouïe, ou alors pour la trouver insuffisante. Elle est considérée comme normale, légitime, incontestable, puisqu’elle s’exerce sur des corps non-blancs, habitant les banlieue, et contre une révolte qui n’emprunte pas les formes « classiques » de la contestation.

Pourtant, tout le monde devrait regarder avec gravité ce qu’il se passe, et exiger réparation pour les blessés et liberté pour les inculpés. Car ce qui a été testé pendant ces 4 nuits d’été dans les banlieues française sera, soyez en sûrs, généralisé contre toutes les formes de contre-pouvoirs.

(post de Contre Attaque)

L’institution policière est en elle-même tellement factieuse....

Après une garde à vue pour avoir laissé pour mort Hédi, âgé de 22 ans, qui a été tabassé et ciblé par un LBD en pleine tête, quatre agents de la BAC ont été accueillis par les applaudissements de leurs collègues.
Hier, Mediapart révélait les circonstances de cette agression extrêmement violente (lire « Hedi, 22 ans, « laissé pour mort » après avoir croisé la BAC à Marseille).
En sortant du restaurant où il travaille aux alentours de 1h30 du matin, Hedi tombe sur cinq agents de la BAC pendant les révoltes.
Les policiers lui sont littéralement tombés dessus.
« Il raconte avoir vu un policier lui tirer dans la tête avec son LBD, puis avoir été traîné au sol sur environ dix mètres. L’un des hommes se serait alors agenouillé sur ses jambes pour l’immobiliser, tout en lui donnant plusieurs coups, tandis que les autres le passaient à tabac… » (extrait de l’article).
Hedi est un miraculé, mais s’en sort avec plus de 60 jours d’ITT et une invalidité temporaire.
Dans ces circonstances, l’attitude des policiers devrait sembler indéfendable et pourtant, l’institution est en elle-même tellement factieuse qu’elle peut publiquement faire l’apologie d’une tentative d’homicide.

- vidéo : https://fb.watch/lV32HsZ9DA/

(post de CND)

CAGNOTTE, ARRÊTS ET APPLAUDISSEMENT POUR SOUTENIR LE CRIME POLICIER DE MARSEILLE

Qui ose encore affirmer que les policiers « ne font qu’obéir » aux ordres ? Que les policiers violents seraient des « brebis galeuses », des exceptions, et que les violences seraient de malencontreuses « bavures » ?

À Marseille, une équipe de la BAC a commis une tentative d’homicide pure et simple le 1er juillet dernier. Hedi sortait de son travail en hôtellerie vers 1h30, et avait rejoint un ami. Coincé dans une ruelle par des policiers en civil, il reçoit un tir de LBD dans la tempe avant d’être passé à tabac. Il fait une rupture d’anévrisme, puis sombre dans le coma. Miraculeusement, Hedi se réveille après une prise en charge en urgence absolue. « Selon les médecins, j’aurais dû être un légume » dit-il à la presse. Il garde de lourdes séquelles et devra être réopéré.
Mardi, cinq agents de la BAC sont convoqués par l’IGPN suite à ce crime odieux. On imagine qu’il y a des preuves accablantes pour que la police des polices réagisse si vite.
Y-a-t-il eu la moindre dénonciation de ces agents par un seul policier en France ? Non. Pas plus qu’après l’exécution de Nahel. Pas. Une. Condamnation. Sur les centaines de milliers de policiers et gendarmes. Ne dites plus jamais qu’il s’agit de cas isolés, qu’il y en a « des biens ».
Encore plus grave, malgré des faits injustifiables, des dizaines de policiers ont attendu les mis en cause pour les acclamer et les applaudir à leur sortie ! Oui, la police Marseillaise félicite et encourage le fait d’avoir laissé un homme pour mort. Ils applaudissent. Devant les caméras de BFM.
Le Parisien révèle même qu’ils ont créé une cagnotte de soutien et posent des centaines d’arrêts maladie, totalement illégaux, pour protester contre les poursuites.
Dans quelle autre profession des gens viendraient applaudir des collègues soupçonnés d’avoir tabassé un individu sans raison et de l’avoir laissé pour mort sur le bitume ? Dans quel métier des gens se mettraient en arrêt pour soutenir un criminel ? Aucune. Et si cela arrivait, ce serait la réprobation générale et le licenciement.
La police est une mafia, un corps autonome, qui fait ce qu’il veut. Qui terrorise toute le monde.

(post de Contre Attaque)

DIVERS

  • Solidarité avec la révolte sociale ! - Ecris par la Coordination unitaire contre les idées d’extrêmes droite 09, suite au mouvement de révolte déclanché par la mort d’un jeune homme le 27 juin dernier. Amnistie pour les inculpé.e.s de la révolte sociale !
  • Un moment de révolte émeutière - Dans la continuité des nombreux articles que nous avons publiés à propos des émeutes qui se sont propagées en France après la mort de Nahel M., la revue Temps Critiques nous a transmis cette analyse factuelle, historique et politique.
Révolte pour nahel : une répression ultra-violente largement passée sous silence

Grande distribution pillée : un peu de justice ?

Après le meurtre de Nahel, nous avons assisté à des scènes de réapprovisionnement parfois spectaculaires.
Très vite, ces pillages ont entraîné une certaine panique générale. Quoi de pire pour la bonne société que de voir des hordes de gueux s’en prendre aux temples de la consommation ?
Passons sur les états d’âme au sujet des biens matériels.
Parmi celles et ceux en galère une fois le loyer payé, qui n’a jamais rêvé de pouvoir se servir à sa guise dans les rayons, fantasmé sur l’idée de se faire plaisir, ou à minima se nourrir correctement ?
Le fait est que les prix des grandes enseignes continuent de grimper en flèche et atteignent des hausses vertigineuses.
Pendant ce temps, les bénéfices du CAC 40 en 2022 étaient de 142 milliards d’euros et le montant des versements de dividendes redistribués aux actionnaires, de 67,5 milliards et 25 milliards de rachat d’actions.

D’après OXFAM, le montant total offert à ces derniers s’élèverait à 81 milliards d’euros (en comptant les rachats d’actions) contre 56,6 milliards en 2011.
Un record selon l’ONG Observatoire de Multinationales qui précisait aussi que parallèlement, ces entreprises avaient mis fin à plus de 16 000 emplois depuis 2019.
Aucun de ces grands groupes n’a tenté de faire le moindre effort, profitant clairement de l’inflation pour se remplir les proches.
Un phénomène déjà observé pendant la crise du Covid.
Dans ces conditions, il n’y a absolument aucune raison de s’émouvoir des pillages qui ont suivi la mort de Nahel.
Plus que jamais, qualifier d’autoréduction ce qu’ils appellent « vol », prend tout son sens.
Dans les années 60/70, le mouvement autonome italien (opéraiste) organisait des grèves massives de paiement des loyers ou de l’électricité.
Parfois, des ouvriers qui attaquaient des supermarchés en sortant de l’usine, redistribuaient la marchandise équitablement.
Cela paraît aujourd’hui impensable.
Nous en sommes très loin, en dehors de mouvements spontanés profitant de l’occasion et des épiphénomènes, certes tous deux salutaires mais encore marginaux.
Les risques d’identifications et de poursuites sont aujourd’hui beaucoup trop élevés.
Lors d’une prise de parole, Olivier Mateu de la CGT Marseille disait qu’un jour il faudra manger dans les Carrefour.
Cette phrase peut faire sourire.
Mais c’est une proposition concrète et moralement acceptable, au même titre que refuser de payer l’électricité, le gaz, ou encore plus utopiquement sans doute le loyer.
Il est fort dommage que depuis les Gilets Jaunes, jamais nos revendications ne soient clairement dirigées sur ces nécessités vitales du quotidien.

Que celles et ceux qui pleurent pour un Darty, un magasin Nike ou un Lidl continuent à consentir à se faire dépouiller.
Qu’ils se rassurent, ces grandes enseignes réussissent à réparer les dégâts à la vitesse de l’éclair, et à remplir leurs stocks dès le lendemain.

La grande distribution c’est aussi la mort des petits commerces, un gaspillage hallucinant, un modèle de production qui a tué la paysannerie et rendu l’agriculture dépendante d’un modèle meurtrier pour le vivant. C’est un désastre écologique que ce soit par l’utilisation des pesticides ou la surproduction de plastique.
Et non, ce n’est pas un mal nécessaire qui permet à tout le monde de manger correctement, au contraire, de plus en plus de personnes sautent quotidiennement un ou deux repas.

Les prix ne baisseront jamais et nos salaires ne suivront pas.
Dans ces conditions, il est probable que nous puissions assister à des scènes comme celles observées il y a quelques semaines dans les quartiers populaires.
Ou est le problème à faire payer ces gens qui ont choisi de gagner plus d’un côté et de nous affamer de l’autre ?
Qui plus est, en virant du personnel remplacé progressivement par des caisses automatiques.
Il n’y a aucune difficulté à comprendre celles et ceux qui volent dans les grands magasins.
Ce qui est beaucoup plus incompréhensible, c’est d’accepter docilement de se faire plumer sans broncher.

(post de CND)


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