J’ai bien aimé ce thriller simple et efficace.
Il y a de bons rebondissements, les actrices et acteurs sont bons et le thème intéressant.
On sent que l’auteur a choisi une galerie de personnages variés, sans doute pour parler à un large public et montrer que ce type d’action directe concerne tout le monde et pourrait être pratiquée par tout plein de gens.
Les protagonistes de la bande ne sont pas du tout des écervelé.e.s qui veulent se faire mousser, ils-elles savent parfaitement ce qu’ils-elles font et pourquoi ils-elles le font.
Le film Sabotage est visible en Drôme ces jours ci :
- à St Vallier, Ciné Galaure : https://www.cinegalaure.fr/film/565842/
- à Crest, cinéma l’Eden : https://www.lenavire.fr/crest/film/565842/
- ailleurs en Drôme ?
Ce film d’action s’est inspiré du livre d’Andreas Malm « Comment saboter un pipeline » (d’où le titre original "How To Blow Up A Pipeline"), il utilise les codes du film de braquage de banque.
Cette fiction rappelle opportunément que les habituelles actions de réformisme institutionnel, sensibilisation et d’alerte à propos du climat et de la planète ne fonctionnent pas. Face aux désastres qu’ils ressentent et qui causent des morts autour d’eux, des jeunes veulent agir. Au lieu de céder à la résignation, à l’éco-anxiété et à l’impuissance, un groupe de jeunes se réunit pour prendre les choses en main et décide de pratiquer un sabotage efficace d’infrastructures pétrolières.
Il y a sans doute des invraissemblances dans le scénario, mais on est pris dans l’action de ce film (avec un montage nerveux et tendu, sans être ultra-speed) et l’histoire est crédible, émouvante, dérangeante.
On pourrait cependant regretter qu’il n’y ait aucune analyse critique du capitalisme et du modèle techno-industriel-étatiste-productiviste.
Un spectateur non-averti pourrait s’en tenir au seul rejet des industries pétrochimiques (et des SUV et yachts qui surconsomment), et s’imaginer (pour se rassurer) que les rendre moins polluantes ou les remplacer par des machines électrifiées, du photovoltaïque ou de l’éolien résoudrait la plupart des problèmes.
Il manque donc à ce film une réflexion, des questions, sur les mécanismes du capitalisme et du monde qui va avec (la Mégamachine), qui auraient pu donner au film une dimension beaucoup plus profonde et perturbante.
C’est dommage, les non-activistes et réformistes ne seront pas dérangés par des remises en cause de fond du modèle social en place, mais éventuellement par les modalités d’action seulement.
Mais ça reste un bon film d’action, qui valorise l’action directe, la légitime défense et prend au sérieux les personnes qui y ont recours et leurs motivations. Le film en fait des sortes de « héros » des temps modernes en phase avec les actualités du moment.
à voir
R. Plok
(si vous ne voulez pas voir le film, vous trouverez une description de toute l’histoire et du contexte sur Wikipédia)