Pourquoi l’écologie perd - Alors que tout s’aggrave

Livre : Pourquoi l’écologie perd toujours

samedi 26 octobre 2024, par Lili souris de bibliothèque.

A force de désastres et de perspectives de plus en plus sombres, les classes dominantes sont obligées de parler d’écologie, mais une « écologie » libérale des consommateurs, des petits gestes et des micros pas, séparée des questions sociales et politiques, qui ne remet absolument pas en cause le modèle de société en place, le capitalisme, le système techno-industriel, etc.
Ce faisant, l’écologie est impuissante, alors que pourtant tout s’aggrave et que les prévisions se réalisent.

Un livre évoque ces sujets :

Pourquoi l’écologie perd - Alors que tout s’aggrave

- Pourquoi l’écologie perd toujours
Clément Sénéchal a été porte-parole climat de Greenpeace et il est actuellement chroniqueur Frustration sur les sujets écologiques. Ce mois-ci, il sort un livre à la fois coup de poing et analysant finement la pacification et la dépolitisation de l’écologie par celles et ceux qui la représentent dans le champ institutionnel. On s’étonne que les gouvernements s’en foutent de l’écologie mais il faut voir comment la lutte est menée : derrière les actions spectaculaires qui ont rendu Greenpeace célèbre, c’est un lobbyisme poli, complaisant et intégré au fonctionnement ordinaire de la classe bourgeoise qui s’exerce. Cette écologie du spectacle institutionnalisée ne fait peur à personne, et surtout pas aux grands groupes capitalistes. Nous publions avec son accord des extraits de ce livre vraiment essentiel.
(...)
Les trajectoires actuelles dessinent l’enfer sur la terre : sans doute au-delà des +3 °C d’ici à la fin du siècle, +3,8 °C en France. Nous comptons déjà plus de 670 000 morts du réchauffement climatique depuis le début des années 1990. Sur les neuf limites planétaires à respecter pour garantir l’intégrité de notre écosystème, six ont déjà été franchies.
(...)
Depuis les années 1970, une partie des élites de l’écologie officielle portent une lourde responsabilité. Elles ont fait de l’écologie un objet de lutte pour privilégiés, une cause morcelable, négociable et surtout, profitable. Et ce faisant, elles ont contribué à faire de l’écologie une morale abstraite. Une caution symbolique, doublée d’une leçon de maintien.
(...)
« Hélas, cette stratégie de l’impuissance, qui n’a fait qu’accroître la puissance des criminels climatiques en tant que bloc organisé, perdure très largement aujourd’hui. Greenpeace France continue d’attendre de TotalEnergies qu’elle soit exemplaire. Idem avec les Amis de la Terre et BNP-Paribas, tandis que le WWF entretient ses partenariats. Une nouvelle ONG, Reclaim Finance, qui a connu un certain succès d’estime dans la presse, s’est montée exclusivement sur ce modèle : demander à la banque et à la finance de devenir plus vertueuses, comme si ces derniers avaient d’autres objectifs que d’accumuler du capital. Quand Emmanuel Macron accède au pouvoir en 2017, l’écologie de marché fondée sur les engagements volontaires, à la fois racoleuse et consensuelle, bat toujours son plein et demeure dominante au sein des grandes ONG. Les rapports sur les multinationales pleuvent et les écologistes professionnels discutent avec le big business pour trouver une sortie par le haut. Pas étonnant, dès lors, que l’environnementalisme ait été compatible avec le macronisme au point de lui céder cadres et vedettes.
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Couper l’eau, éteindre la lumière, baisser le chauffage, trier ses déchets… Le problème de cette approche individualiste, c’est qu’elle conforte la déresponsabilisation complète des décideurs politiques, trop heureux de pouvoir dès lors se cantonner à « sensibiliser » ou « inciter » le public. Et parmi les écogestes, il y a bien entendu celui de donner un peu d’argent aux ONG qui alertent courageusement sur le réchauffement climatique. Sans surprise, ce registre est donc abondamment exploité par le pouvoir
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« S’inquiéter de votre empreinte carbone est exactement ce que les grandes sociétés pétrolières veulent que vous fassiez. » D’abord, la focale portée sur « les petits gestes du quotidien » éparpille complètement la perception du problème, jusqu’à la réduire en miettes, effaçant par là la nécessité du changement politique. Ensuite, elle réserve l’écologie à une classe supérieure, éduquée, dotée des ressources nécessaires pour consentir et sublimer quelques sacrifices mineurs dans son mode de vie.
(...)
On comprend donc mieux pourquoi la critique du capitalisme reste tabou dans le champ environnemental professionnalisé, au point d’en faire un impensé central qui obère culture théorique et rigueur stratégique. Les rares fois où il est évoqué par les ONG, sa critique est immédiatement déviée par des adjectifs
(...)

Et pendant que les bourgeois, oligarques et capitalistes nous enfument à coup "d’écologie punitive", de grenwashing, de déni, de "on verra bien plus tard", "on va s’en tirer plus tard un jour avec les nouvelles nouvelles technologies", les désastres programmés pourraient encore s’accélérer et s’aggraver :

- Forêts, océans... Les puits de carbone n’ont presque pas absorbé de CO₂ en 2023
(...)
L’effondrement des puits de carbone en 2023 pourrait être temporaire. Mais l’enjeu est de taille : ces écosystèmes — vastes forêts, prairies, tourbières et océans — sont indispensables pour absorber une partie des 37,4 milliards de tonnes de carbone émises dans le monde en 2023, un volume record. En outre, la possibilité d’un effondrement rapide n’a pas été prise en compte dans la plupart des modèles climatiques ; si ce phénomène perdure, il soulève la perspective d’un réchauffement rapide de la planète, au-delà des prévisions de ces modèles.

- Le monde se dirige vers un réchauffement de 3,1 °C en 2100
(Note : rappelons que 3.1°C est une moyenne, sur les continents ça fera plus)


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