Paysannerie : des actions et contestations continuent avant le salon de l’agriculture, Lactalis et Avril visés

Viser des perspectives communes vivables au lieu des ravages sociaux et écologiques de l’agro-industrie

jeudi 22 février 2024

Avant le gros show du salon de l’agriculture, les révoltes et contestations paysannes continuent, notamment contre les multinationales Avril et Lactalis.
Le libre marché et le productivisme, la bureaucratie exacerbée et la concurrence, n’en finissent pas de détruire inéxorablement les terres et les paysans depuis des dizaines d’années.
Mais les révoltes et contestations reprennent, moins médiatisées, pour dessiner des bifurcations salutaires connues (et pratiquées en marge ou à petite échelle) de longue date, mais dont la généralisation est totalement incompatible avec les impératifs économiques et politiques du système en place, avec les exigences de la civilisation industrielle.
Car, par définition, c’est le modèle capitaliste qui est fondamentalement « prédateur de la valeur », pas seulement Lactalis qui agit de manière particulièrement odieuse et caricaturale. Le capitalisme, par essence, épuise la terre et les travailleurs pour fabriquer de l’argent, en concentrant profits et entreprises au bénéfice d’une minorité de nantis.

Dans le techno-capitalisme-étatiste, l’agriculture ne sert pas à « nourrir le monde » avec des aliments de qualité qui respectent la biosphère, mais surtout à gaver les actionnaires et les grands possédants à l’aide de grandes monocultures toxiques à tout point de vue.
Les discours et opérations marketing, les bonnes actions à petite échelle, n’y changent rien.

Comme toujours, l’alternative est en gros « une bifurcation radiale ou la ruine », « la révolution ou la mort ». Autant opter franchement et collectivement vers une direction de rupture au lieu de s’enliser encore et encore dans les défaites, dans des réformismes et contestations partielles qui ne permettront jamais d’enrayer les désastres planifiés qui ravagent la biosphère et tous ses habitants.

https://www.youtube.com/watch?v=j4kYkBculmU

Discussion avec Alessandro Pignocchi sur la colère du monde agricole

- Discussion avec Alessandro Pignocchi sur la colère du monde agricole - Alors que le monde agricole vient de montrer sa colère et sa détermination à tout le pays, un certain nombre d’interrogations restent en suspens. Les revendications des principaux syndicaux sont-ils les réels intérêts des agriculteur.ice.s ? Les écologistes sont-ielles leurs vrai.e.s ennemi.e.s ? Alessandro Pignocchi a semblé la bonne personne vers qui se tourner.
(...)
- Le mouvement de révolte qui traverse le monde agricole est extrêmement impressionnant. Jamais l’État sous Macron n’avait semblé craindre une colère au point qu’il refuse, autant qu’il l’a pu, la confrontation et la répression. Comment l’expliquer ?

Il y a les raisons évidentes – le soutien de la population, la collusion de la FNSEA et de l’État, la peur de voir encore monter le vote RN aux Européennes – et des raisons plus structurelles. L’agriculture industrielle est à la fois la base et la matrice du système de domination que nous connaissons. Elle en est la base, car le capitalisme, pour fonctionner, a besoin d’un prolétariat abondant et docile, et donc d’une population massivement dépossédée de ses moyens de subsistance. Notre dépendance générale au marché pour subvenir à l’ensemble de nos besoins, en premier lieu alimentaires, est sans doute la principale raison de notre impuissance politique. Un article de Gaspard d’Allen paru dans Reporterre montre la corrélation, au cours du 20e siècle, entre la perte progressive des liens entre la classe ouvrière et les campagnes vivrières et la diminution du temps des grèves. L’agriculture industrielle est aussi la matrice de notre monde dans la mesure où elle contribue, directement ou par le système institutionnel qui s’organise autour d’elle, à façonner nos subjectivités et nos façons d’être. Nous tenons pour acquis, pour « naturel », notre dépendance vitale au marché. Nous nous habituons à traverser des paysages ou les forces naturelles et les dynamiques du vivant sont contraintes, amoindries, contrôlées et mises au travail. Bref, pour un gouvernement libéral autoritaire, le complexe agro-industriel, grâce auquel la production alimentaire est prise en charge par un nombre minimal de personne, est un pilier vital.

- Tout est fait dans les médias pour opposer la colère des agriculteur.ice.s aux partisan.ne.s de l’écologie. On a l’impression que cela sert à soustraire les responsables de la crise actuelle ainsi que les rapports de force au sein du monde paysan. Qu’en penses-tu ?

La maxime « diviser pour mieux régner » sonne comme un adage éculé, mais elle a rarement été aussi vraie qu’aujourd’hui. D’un point de vue économique et politique, l’unité de la FNSEA est une aberration. Une petite minorité se gave grâce aux accords de libres échanges, c’est-à-dire grâce à cela même qui détruit l’existence des populations qu’elle est censée représenter. Malheureusement, la manière spontanée, intuitive, dont l’esprit humain distingue les alliés, les collaborateurs potentiels, des ennemis, ne se fonde pas sur les structures économiques, sur le positionnement au sein de la chaîne de production, mais sur des critères beaucoup plus superficiels liés aux goûts, à l’apparence, au positionnement intellectuel. Les classes dirigeantes jouent à fond cette carte-là pour prévenir les liens de solidarité parmi les classes dominées : quartiers racisés contre ruralité blanche ou, ici, écologie urbaine contre bon sens paysans. Et ça marche très bien, c’est d’ailleurs pour ça que, quand le capitalisme entre en crise, et à l’encontre de toute rationalité, ce sont les projets fascistes qui raflent la mise. En créant la figure de « l’autre », du « différent », ils captent les ressentiments, les frustrations, les haines avec une redoutable efficacité. Et c’est ce qui semble se produire dans cette crise agricole : la coordination rurale semble sortir grande gagnante de cette histoire.

- Si la perte de savoir-faire ancestraux ne suffit pas, si les rapports scientifiques et si la dérégulation du climat, dont les agriculteur.ice.s sont les témoins privilégié.e.s, ne suffisent pas, si les dommages causés à leur propre terre, l’endettement aux banques, la dépendance aux grandes firmes internationales ne suffisent pas, que faut-il imaginer pour faire tomber l’actuel modèle suicidaire de l’agrobusiness ?

Eh eh, je ne sais pas, sinon je l’aurais déjà dit. Mais il est sans doute opportun de ne pas se focaliser uniquement sur les dégâts causés, la crise écologique, la catastrophe en cours, mais de travailler aussi la dimension désirable des autres formes d’organisation, les joies que pourrait libérer une reprise en main collective de notre alimentation, une déspécialisation des tâches agricoles, une relocalisation et une redistribution du pouvoir politique organisant les activités productives. Par ailleurs, il serait utile de bien garder à l’esprit le fonctionnement des processus cognitifs que je viens d’évoquer, la manière spontanée dont nous identifions nos alliés et nos ennemis. Il s’agirait de penser nos actions de manière à diviser la FNSEA, à faire passer une ligne de conflictualité en son sein, à dissocier la tête de la base. Malheureusement, nos actions ont plutôt tendance à produire l’effet inverse, à la souder. Malgré les haines internes qui les travaillent et les antagonismes abyssaux qui les opposent, les sympathisants FNSEA se retrouvent dans une haine commune de « l’écologiste », du « militant ». On ne peut pas les affronter comme un bloc, on a aucune chance. Les antagonismes économiques sont tels que ça ne devrait pas être si difficiles de choisir nos cibles et d’inventer des modes d’action de manière à les diviser au lieu de les unir.
(...)
En associant des mouvements écologistes et des mouvements paysans, notamment syndicaux, Les Soulèvements de la terre opèrent tout de même la première étape nécessaire pour clarifier les formes de la conflictualité. Malheureusement, pour l’instant, ce rapprochement a sans doute plutôt œuvré à ostraciser la Confédération Paysanne au sein du monde agricole qu’à fracturer le complexe agro-industriel… C’est ça l’étape suivante, et il faut espérer que tout le travail accompli autour de sujets aussi clivants et, disons, clarifiants, que les méga-bassines, y parvienne.
(...)

- suitet article complet sur : https://lagrappe.info/?Discussion-avec-Alessandro-Pignocchi-sur-la-colere-du-monde-agricole-631

Colère des agriculteurs : les manifs reprennent partout en France

- Colère des agriculteurs : les manifs reprennent partout en France - Les agriculteurs ont repris leur mouvement de protestation : à Marseille, les Jeunes agriculteurs et la FRSEA ont manifesté ce 19 février en ciblant les administrations. (...)
« Premièrement, nous voulons des réponses sur le revenu des agriculteurs. Quand sur cent euros de produits vendus, seulement dix euros reviennent au producteur, c’est du mépris de classe », affirme le syndicaliste.
(...) « Si mon père prend sa retraite à l’âge légal, il n’aura pas de quoi manger », dit Marianna Briançon, 28 ans, éleveuse dans les Hautes-Alpes
(...) Réactivée, la colère des agriculteurs ne s’était pas non plus volatilisée. D’autres manifestations et blocages — notamment appelés par la Coordination rurale — se sont tenus il y a quelques jours dans l’Ouest et le Sud-Ouest.
La Confédération Paysanne a choisi, elle, de viser la grande distribution en bloquant des supermarchés ou en organisant des marchés paysans à leur entrée.

« Lactalis, prédateur ! » 200 paysans occupent le siège du géant laitier

- « Lactalis, prédateur ! » 200 paysans occupent le siège du géant laitier - À Laval, en Mayenne, le siège du géant laitier Lactalis a été envahi par 200 paysans. Les contrats imposés par la multinationale « poussent certains éleveurs à travailler à perte », dénonce la Confédération paysanne.

Une intrusion historique. À trois jours de l’ouverture du Salon de l’agriculture, près de deux cents paysans et une dizaine de tracteurs ont convergé sur le siège social du numéro 1 mondial des produits laitiers, Lactalis. Jamais la multinationale basée à Laval n’avait connu un tel envahissement en près d’un siècle d’existence. En une poignée de secondes, vers 14 heures, sous les regards incrédules des salariés et de la direction, les drapeaux jaunes de la Confédération paysanne flottaient par dizaines dans les couloirs immaculés des bâtiments.
(...)
« Lactalis est un véritable prédateur. » Au cœur des préoccupations ce jour, les contrats imposés par la multinationale, qui « asservissent les éleveurs, et poussent certains à travailler à perte ». La direction du syndicat a demandé à être reçue par l’un des actionnaires. En vain.
(...)
« L’urgence est là, et elle ne peut pas attendre l’été. En deux semaines, il peut s’en prendre à Écophyto [qui vise à réduire le recours aux pesticides]. Pourquoi on ne pourrait pas se doter d’une loi protégeant le revenu des paysans dans le même laps de temps ? »
La porte-parole réclame l’interdiction de tout achat de produits agricoles en-dessous du prix de revient. Autrement dit, l’instauration d’un prix minimum couvrant le coût de production, la juste rémunération du paysan et sa protection sociale.
(...)
Avec un chiffre d’affaires dépassant les 28 milliards d’euros en 2022, Lactalis est le n°1 français de l’agro-alimentaire, devant Danone. Et il est désormais sous le coup d’une enquête du Parquet national financier pour fraude fiscale aggravée et blanchiment de fraude fiscale aggravée. Les faits s’étendraient de 2009 à 2020.
(...)
Un homme au béret détrempé s’applique à énumérer la poignée de milliardaires détenant la totalité des actions du groupe : « Il y a Emmanuel Besnier, sixième fortune de France, son frère Jean-Michel et sa sœur Marie. C’est tout, insiste-t-il, les yeux écarquillés. Et ce trio détient 36 milliards d’euros. Un éleveur bovin mettrait 2 millions d’années à récolter une telle somme. Leur déconnexion est fulgurante ! »

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🐄MEGAPROFITS ET EXPLOITATION DES PAYSANS : OCCUPATION DU SIÈGE DE LACTALIS

- "Lactalis, rend l’argent" : la firme qui étrangle les éleveurs alors que son PDG est multimilliardaire envahie -

« Les agriculteurs » ne sont pas un tout homogène : il y a d’un côté des gros exploitants qui cherchent à faire toujours plus d’argent avec des méthodes toujours plus polluantes, et de l’autre, des petits paysans qui galèrent et subissent la concurrence et le libéralisme de plein fouet.

Macron n’a cédé qu’aux premiers, en faisant un cadeau à la FNSEA, le lobby de l’agro-industrie, en autorisant un usage maximal d’engrais chimiques. Il n’a en revanche rien réglé pour tous les petits exploitants. Le mouvement de colère n’est donc pas fini.

Parmi les grands ennemis du monde paysan : le groupe Lactalis, numéro un mondial des produits laitiers, qui possède les marques Lactel, Président, Société, Galbani ou La Laitière. Lactalis est le numéro 1 de l’agroalimentaire en France, devant Danone. C’est un véritable empire qui règne sans partage sur l’industrie du lait et exploite les producteurs. Son patron, Emmanuel Besnier, est la 6e plus grande fortune de France, avec plus de 20 milliards d’euros.

Non content de pressuriser les paysans pour faire de mégaprofits, Lactalis fraude le fisc. Le 6 février,le groupe a été perquisitionné par les enquêteurs du Parquet National financier à la fois au siège national, à l’hôtel particulier parisien du PDG et dans ses bureaux dans la tour Montparnasse, dans le cadre d’une enquête pour « fraude fiscale aggravée » et « blanchiment de fraude fiscale aggravée ».
Pendant plus de 10 ans, de 2009 à 2020, Lactalis aurait soustrait avec des montages financiers des sommes colossales aux impôts : on parle de plusieurs centaines de millions d’euros !

La Confédération Paysanne, syndicat de gauche du monde agricole, avait déjà dénoncé en 2019 Lactalis au Parquet National Financier, pour avoir « mis en place un système de refacturation intragroupe particulièrement complexe ainsi qu’un système d’achat fictif d’actions ».
Cette année, avant même la flambée médiatique des actions d’agriculteurs fin janvier, des mobilisations avaient lieu partout en France contre le prix imposé par Lactalis aux producteurs de lait.
Car oui, une entreprise aussi énorme fonctionne comme une mafia : elle contrôle le marché, et peut donc fixer les prix d’achats. Lactalis avait proposé un prix de 405 euros la tonne de lait, « complètement déconnecté du marché et des attentes des producteurs » selon la Confédération Paysanne. Plusieurs rassemblements ont ainsi eu lieu devant les usines de Lactalis dès le début du mois de janvier. Sous pression, le groupe a fait une nouvelle proposition : 420 euros la tonne. Cela prouve que la lutte fonctionne, mais cela reste très insuffisant.

Médiapart rappelle qu’en 2001, une brique de lait se vendait en moyenne 55 centimes hors taxes, un prix sur lequel les éleveurs gagnaient 25 centimes d’euro, soit 45 % du prix. Aujourd’hui, sur une brique à 83 centimes, les éleveurs ne gagnaient plus que 24 centimes, soit seulement 29 % du prix. Autrement dit, les agriculteurs ont perdu de l’argent, alors que les grands magasins et les entreprises comme Lactalis ont fait exploser leurs marges ! Ce prix qui augmente, payé par le consommateur, ce n’est pas pour les paysans, mais dans la proche des intermédiaires qui se comportent comme des parasites.

Partant de ce constat, la Confédération Paysanne a décidé de taper du poing sur la table. Ce mercredi 21 février, 200 de ses membres ont organisé une action contre le siège social de Lactalis, situé à Laval en Mayenne. Le bâtiment a été envahi pour exiger une rencontre avec le PDG du groupe.
Des pancartes ont été affichées devant et dans les locaux, aux cris de « Lactalis ! Lacto terroriste ! » Des CRS ont été envoyés pour évacuer les occupants.
Vu les mégaprofits du patron de Lactalis et la précarité grandissante des paysans, la revendication est pourtant plus que justifiée. Mais étonnamment, les médias parlent moins de cette juste occupation, vite expulsée, que des blocages de la FNSEA il y a quelques semaines.

Alors à nous de faire savoir que la lutte continue pour un revenu paysan et contre l’agro-industrie, avant le salon de l’agriculture qui commence ce samedi et s’annonce agité.

(post de Contre Attaque)

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Lactalis - Usine à fric pour les actionnaires

- Le patron de Lactalis a vu sa fortune doubler grâce à la libéralisation du lait et aux accords de libre-échange
Optimisation fiscale au Luxembourg et en Belgique, lait contaminé, conflits et rétorsions contre les éleveurs, pollutions... Les scandales se succèdent depuis quelques années pour Lactalis. Mais cela n’affecte pas la fortune de son PDG Emmanuel Besnier, estimée à quelques 12 milliards d’euros. Le groupe est nominé au prix Pinocchio « spécial agriculture ».

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DIVERS

Ep.02 | Mégabassines, histoire secrète d’un mensonge d’État
par [Off Investigation->https://www.youtube.com/@offinvestigation]
https://youtu.be/6kAQppHIt5U
Paysannerie : des actions et contestations continuent avant le salon de l’agriculture, Lactalis et Avril visés

🚜RETOUR SUR LE BLOCAGE PAYSAN DE LA CENTRALE LECLERC PRES DE NANTES

– Blocage de la SCA Ouest, un appel au secours de la paysannerie face à la mondialisation agricole : les derniers paysans de Loire-Atlantique résistent tant bien que mal. Explications par un paysan engagé dans le mouvement –

Lundi 29 janvier, quelques paysan.nes de la Conf’44, GAB 44 – Groupement des Agriculteurs Bio – Civam 44 – groupes d’agriculteurs et de ruraux qui travaillent ensemble à la transition agro-écologique – et asyndiqué.es parviennent à bloquer les accès de la SCA Ouest, grande centrale d’achat Leclerc.
Cette action visait un acteur privilégié du monde des grandes surfaces, et dont les dirigeants amis des leaders de la FNSEA, tous, sans scrupule, s’enrichissent sur le dos des agriculteurs et consommateurs. Dès le lendemain les premiers agriculteurs sur place qui resteront, seront également rejoints, relayés, par de nombreux collègues. Le mardi après midi, la décision d’ouvrir aux soutiens extérieurs à la profession, a été voté en AG sur le blocage, renforçant le nombre de personnes sur place en journée et soirée pour tenir le blocage. Pendant 5 jours, ce site restera fermé à toute expédition impactant directement le chiffre d’affaire et l’image de Leclerc. Tout était prévu sur place pour dormir ; lit de paille dans les bétaillères, se restaurer avec des petits plats, soupes et un barbecue assuré en quasi continu, et bien entendu de quoi s’hydrater, le tout dans un esprit de bienveillance. Il y avait parfois en début de soirée plusieurs centaines de personnes présentes, d’horizons divers, mais échangeant tous.tes sur l’agriculture. Un sujet passionnant parce que nous en sommes tous.tes à différents niveaux, dépendant.tes.

De nombreux.ses paysan.nes étaient présent.es pour faire reconnaître le métier à travers différentes revendications. La proposition d’équilibrer le revenu agricole, l’expression des conséquences du libre échange sur le marché même local autant de messages à faire passer aux dirigeants. La paysannerie est indispensable au maintien du tissu social rural. Elle est aussi garante de la sauvegarde du paysage, des haies, du bocage et de toute la biodiversité que ces espaces recèlent. En laissant gagner du terrain au modèle productiviste prôné par certains de la profession et chefs d’organisations syndicales, tout jusqu’à la relation entre le producteur et ses consommateurs sera rompu. Les dernier.ères paysan.nes et les soutiens ont donc pu échanger longuement sur cet engrenage de la mondialisation et de son impact sur le métier d’agriculteur et de la responsabilité des gouvernements et industriels dans l’anéantissement du modèle paysan.

Rappelons ce que c’est d’être Paysan. D’abord, un métier de passion, quelque soit le type de produits élaborés sur la ferme. C’est un travail de plein air mais où les contraintes sont nombreuses. Peu de vacances, de l’appréhension quand à une météo toujours incertaine, mais aussi face aux problèmes divers rencontrés au jour le jour, et que seul.e, ou presque, l’agriculteur.ice peut résoudre. C’est donc devoir faire preuve d’une grande polyvalence dans les tâches à accomplir pour assurer sa production, dans de bonnes conditions de travail tout en limitant ses dépenses.

Arrives ensuite les annonces du premier ministre, jeudi 1er février, et l’obtention de quelques revendications émises par la FNSEA. Rien sur le revenu des agriculteur.ices ou les questions du libre échange, avec un recul aberrant sur les efforts engagés, même par les politiques, pour le maintien d’une agriculture biologique et durable. Plan éco-phyto mis en pause, facilitation du productivisme agricole tout est fait pour finir de tuer le monde paysan et ce qu’il apporte de si précieux aux campagnes. Standardisation, homogénéisation plus rien n’échappera à l’industrialisation et numérisation du monde agricole si rien n’est fait dès aujourd’hui. Les personnes qui étaient présentes sur le blocage de la SCA Ouest étaient très conscientes de ce problème. Pour cette raison, ils préviennent des répercussions que tout cela aura mais pas que sur le monde agricole. La population sera aussi directement impactée, à moyen terme, au niveau de la santé. Soit par une régression de la qualité de la nourriture (provoquant carences et cancers) soit par celle de la qualité de l’eau. Celle-ci n’a jamais était vu sa qualité autant détériorée, jusqu’à devenir impropre à la consommation. Cela devient d’ailleurs un sujet de plus en plus préoccupant dans certaines communes de l’hexagone.

Ce que proposes donc les paysan.nes qui étaient présentes sur ce blocus, c’est un choix de consommation pour tout le monde, plus respectueux du vivant et des ressources qui nous maintiennent en vie et en bonne santé. La réponse du gouvernement, une fois que la FNSEA a fini de lever ses barrages, n’aura pas traînée et démontrée une étroite complicité de ce syndicat avec les groupes industriels. Dès 7h, un dispositif très impressionnant de maintien de l’ordre et de plusieurs brigades de gendarmeries arrivent sur place et nasse l’ensemble des agriculteur.ices présentes.
De nombreuses personnes sur place témoignent de la tentative d’intimidation claire du gouvernement de faire taire la voix de la paysannerie. Le prétexte avancé étant une atteinte possible à l’ordre public dans une impasse vide, d’une zone industrielle ou tout le monde est pacifique et vit ce moment malgré tout dans la bonne humeur. Le plus tragique étant que cette répression sert aussi, en criminalisant la situation de sortie, à empêcher les revendications d’être d’entendues par le gouvernement et la population. Après plus de deux heures de négociation afin d’empêcher les forces de l’ordre de relever les identités des personnes présentes, le blocage a été levé. La tentative une fois de plus, d’un gouvernement, de marginaliser les paysans au statut d’écoterroriste ne lui aura non seulement pas servie, mais fais tort au vue des nombreux soutiens émanant de la population après cette expulsion contraire à ce qu’on connu les membres de la FNSEA.

A la fin, il restera un goût amer de défaite face à la surdité du gouvernement quand aux revendications paysannes. Mais d’avoir mis en difficulté un des acteurs du capitalisme et provoquer une pénurie dans les rayons des Leclerc du grand Ouest permet à tout le monde de repartir, malgré tout, la tête haute. Renforçant aussi la détermination du mouvement paysan et de tous ces acteurs.ices pour continuer à résister face à la mécanique broyeuse capitaliste.

(post de Contre Attaque)


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