Nous sommes tous reliés

vendredi 26 janvier 2024, par jérôme.

Collectif d’opposition a l’installation d’une antenne 4G sur le Vercors

Nous sommes reliés

Un beau jour on t‘annonce que tu vas avoir à moins de 150 m de chez toi une antenne relais 4G & plus si affinité.

Bien sur je me suis réjoui de voir que la vie m’avait choisit pour me lever et m’opposer en toute légalité de riverain à ce projet très très contagieux du programme « New Deal ».
Plus de 40 000 antennes relais en septembre 2021. Un marché captif bien juteux, et bien fielleux avec une détaxe de 2,5 à 3 milliards d’euros pour les opérateurs sur leurs redevances hertziennes ! Un petit arrangement entre intéressés afin d’aller vite comme ça on ne le signale même pas dans les comptes de l’état ! Ce que la cour des comptes remarque et nomme d’anti constitutionnel…
Bref on est au nouveau Farwest avec des accords entre finances, états, surveillances et répressions qui se passent de considérer le droit, la souveraineté des peuples à jouir de leurs terres et qui se font des arrangements sans soucis démocratiques et ni légaux.

J’ai été sollicité par certains élus, eux même choqués par ce déni démocratique, lorsque le prestataire des poses de pylônes et l’opérateur leur ont dit qu’ils n’avaient pas besoin de leur accord de municipalité, que cela serait signé directement en préfecture pour l’autorisation des travaux.

Ravis de voir que les élus eux-même réagissent, nous créons un collectif de soutien à la lutte contre ces antennes, récoltant en 15 jours 1800 signatures. Des ateliers de peinture, de pancartes et banderoles s’organisent dans notre grange qui devient de fait et par sa proximité avec le site pressenti le quartier général de cette lutte.
Deux émissions radio nous permettent de mobiliser un collectif localement mais aussi, probablement par notre détermination, à nous faire mettre sous écoute téléphonique.

Deux heures avant la réunion d’information publique avec les deux entreprises et l’opérateur concernés pour laquelle nous avions mobiliser une jolie opposition (Plus de 100 personnes présentes devant la salle des fêtes), voilà que débarquent chez nous cinq voitures de la gendarmerie et du PSIG (peloton spécialisé d‘intervention de la gendarmerie) brigade anti terroriste. Douze gendarmes armés jusqu’aux dents arrivent et viennent m’arrêter, perquisition sans mandat, menottes aux poignets.
Ils prétextent des choses fausses telles que la prétendue appartenance d’une Megan grise break qui aurait été vue par les services de la voirie alors que des poseurs de banderoles oeuvraient.

Pour faire court ils m’embarquent en garde à vue, sans que je sache vraiment quel était le délit qu’ils me reprochaient.
Après 24 h d’interrogatoire fichage et autre délices ils décident de prolonger la garde à vue.
Là, devant le manque de matière et le coté absolument arbitraire et démesuré de leurs façons d’agir, je ne me prive pas de leur dire. Magnifique prétexte pour le chef qui commence par m’étrangler, comme je me débat pour respirer il se mettent à trois sur moi, me frappent, me jettent au sol, me donnent des coups de pieds … j’appelle au secours, vient alors un adjudant qui les arrêtent dans leurs débordements de violence injustifiés.
L’annonce à ma compagne de cette prolongation de garde à vue réussit à mobiliser en moins d’une heure plus d’une soixantaine de personnes devant la gendarmerie. Le grand Chef du secteur ne tarde pas à rappliquer et cherche à faire redescendre la tension qui se joue dehors. Résultat je suis déporté à la caserne de la PSIG à Romans. Dans une voiture banalisée qui roule à vive allure, je me demande où va ce corridor carcéral.
Je discute avec ces jeunes garçons qui se plaignent des conditions d’humiliations courantes qu’ils subissent. « Oui à la gendarmerie on est à l’armée, à la caserne on est corvéable nuits et jours, nous n’avons pas de syndicats… ».
Je sors finalement après 43h de garde à vue sous une petite neige printanière, j’imagine alors comment on peut aimer la liberté dans la rue un beau matin après des années de privation, de violence interne, d’incompréhension de la peine…. De rupture sociale…
Heureusement comme je n’avais rien prévu, parti en petit pull, un copain m’a récupéré.
Là on te donne avant de sortir une convocation au tribunal Judiciaire pour dans un an.
Je veux dire qu‘à ce moment là, si pour mille bonnes raisons, tu sèmes je ne sais où cette précieuse feuille, tu te retrouves le jour du jugement assez facilement sans défense, sans avocat.

Rentré à la maison j’ai eu beaucoup de beaux messages de soutien, et comment et combien cela redonne de la dignité à tous quand ne serait-ce qu’une seule personne s’indigne. Je ne vais pas me flatter je m’en passe, ce que je veux partager, c’est que dans ce moment-là en cellule, ou dans imposture de l’injustice, il y a quelque chose de fort et de puissant à l’endroit même où l’on nous tient en impuissance.
J’avais du fond de mon silence engagé une grève de la faim, cela m’a relié aux milliers de prisonniers politiques, à tous ces peuples qui se battent contre les états policiers et militaires associés à des intérêts de multinationales et autres capitaux véreux qui prétendent mettre main basse sur la souveraineté de nos vies pour plus de profits.
J’ai vu dans la nuit de ma cellule des visages, j’ai entendu des témoignages, des pleurs, des cris, des viols, des morts…
Oui c’est facile de résister dans notre petit coin d’injustice face à tant d’insupportables comportements. Il y a quelque chose de juste qui ne m’a pas mis à la place de la victime, mais plutôt à celle de celui qui à la chance de se lever.

Bien sûr on s’en passe facilement, des violences, et des coûts de la défense.
Mais c’est aussi une chance de pouvoir se défendre contre les probables violences judiciaires.

Au tribunal judiciaire on fait passer en premier les détenus qui sont jugés pour une autre affaire que celle de leur détention actuelle. Eux ils n’ont pas gardé cette convocation d’où ils étaient, c’était surement trop loin, trop improbable, trop insignifiant, encore et encore des erreurs de parcours, de vies, de compréhension… alors ils n’avaient pas d’avocat, ils ont demandé à reporter leur jugement, on leur a dit que c’était trop tard, mais qu’ils pourraient faire appel ! bien entendu…
Les suivants à être jugés, des petits fils à papa qui avait fait du rodéo urbain avec des voitures sportives qui valent très cher, eux, avaient des avocats qui nous ont fait une plaidoirie absolument insolente, un théâtre nauséabond où l’on défend des comportements répréhensibles ! avec du fric.
Vient mon tour, avec peu de mots je démontre que la fameuse voiture qui sert de flagrance n’est pas la mienne, le procureur parcourt rapidement le procès verbal, avant de demander la relax pour vice de procédure.
Le Juge unique lui, demande aussi la relaxe et dit qu’au vu des preuves, je n’aurais pas dû faire de garde à vue ni même subir la perquisition de la maison au moment de l’arrestation. Mon avocat fait son théâtre sans intérêt si ce n’est qu’il relève que cette histoire tient plus d’un délit d’opinion !
La petite récompense au vue des coûts de la défense : 1400€ avec les frais de déplacement et le rdv au cabinet.

Ce qui fait du bien dans l’histoire, c’est que de façon anonyme j’ai reçu il y a quelques semaines une enveloppe avec 800€ en liquide.
Une cagnotte m’a donné plus que la somme en fait, elle m’a donné la légitimité de mon indignation et de ma résistance, elle m’a demandé sans le faire de témoigner, de rendre compte de ma petite lutte, qui encourage et réconforte.

Oui nous avons la force en nous, dans la conscience des collectifs à être solidaires nous pouvons nous engager dans des actions face au désordre des puissants.

Gratitude compagneros !

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