Les partisans de l’agro-industrie poussent les hauts cris quand leur business chéri est légèrement attaqué, mais font silence radio sur tous leurs méfaits et sur les multiples conséquences néfastes de leurs activités.
A Nantes comme ailleurs, l’agro-industrie doit disparaître avec les cendres du capitalisme.
En Drôme, l’agro-industrie, c’est le maïs pour l’export sous un climat qui s’assèche, les pesticides pour les vignes et les vergers, les terres tuées par les systèmes intensifs, les subventions pour l’irrigation des cultures d’exportation, les élevages intensifs et carcéraux dans des hangars, etc.
- Nantes : l’agro-industrie chougne quand elle est égratignée
- Désintox
🥬 SAINT-COLOMBAN : DES PETITS AGRICULTEURS ATTAQUÉS, VRAIMENT ?
Contre les salades médiatiques
Suite aux actions écologistes menées en Loire-Atlantique dimanche 11 juin contre l’agro-industrie et les carrières de sables, un déferlement d’intoxications d’un niveau rarement atteint se déchaîne contre Les Soulèvements de la Terre. À écouter certaines chaînes de télé, une horde de terroristes venus des villes passe ses dimanches à attaquer sans raison de petits maraîchers sans défense. Absolument tout est faux. Et on vous le prouve. Voici une dose de désintox à partager.
🟢 Petits maraîchers ?
« Cela me heurte profondément. Tout cela appelle des heures qui ne sont pas les bienvenues ». Ces mots viennent d’Emmanuel Torlasco, directeur de la Fédération des Maraîchers Nantais, entreprise ciblée lors des actions.
Emmanuel Torlasco n’est ni paysan ni maraîcher, il n’a probablement jamais travaillé la terre. Avant d’être à la tête de cette Fédération, il occupait le poste de secrétaire général régional de « l’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction », un lobby du béton, après avoir travaillé dans le monde judiciaire et avoir été chargé des « relations publiques » dans un consulat. Rien à voir avec l’image du petit paysan attaché à son pré.
Cette Fédération des Maraîchers Nantais est un géant. Un consortium de 200 entreprises avec 3000 salariés, 3 à 5000 saisonniers et 4500 hectares de terres. Son chiffre d’affaires annuel avoisine les 25 millions d’euros. Les paysans qui étaient présents à l’action des Soulèvements de la terre dénoncent précisément cette firme de gros exploitants qui empêchent les petits cultivateurs de se développer. En Loire-Atlantique, les surfaces accaparées par le maraîchage industriel ont augmenté de 29% entre 2010 et 2021. On assiste à un mouvement de concentration des terres par des agro-industriels au détriment de petits paysans.
Quant au champ de muguet industriel qui a été ciblé, il appartient au groupe VINET, un gros exploitant local du sud de Nantes, qui concentre les terres et réalisait un chiffre d’affaire de 49 millions d’euros l’an dernier. En augmentation de 11,74% par rapport à l’année précédente !
Et sur le plan social ? Zéro pointé. En avril 2023 : un article de l’Hebdo du Sèvre et Maine évoquait le recrutement de travailleurs étrangers par la Fédération des Maraîchers Nantais. Le journal explique qu’une entreprise privée embauche des travailleurs directement au Maroc pour les envoyer dans les travaux maraîchers pénibles en pays nantais. Ces ouvriers n’ont aucun droit : ils « ne peuvent pas être résidents français. Une convention entre le Maroc et la France leur permet de rester jusqu’à 6 mois moins un jour ». Pas un jour de plus.
6 mois de labeur et retour au pays, merci, au revoir. Et tout cela pour une paie au SMIC horaire, sans être logés, donc en prélevant le loyer de leur logement en France. L’article vante un dispositif « pilote » et « vertueux ». Autrement dit, la plupart du temps, les ouvriers de cette firme maraîchère sont encore moins bien traités…
🟢 Cultures écologiques ?
En octobre 2018, dans un champ de mâche en Maine-et-Loire, 61 personnes suffoquent et sont prises d’irritations aux yeux, comme si elles subissaient du gaz lacrymogène. Les pompiers interviennent, 17 personnes finissent au CHU. L’intoxication vient d’un pesticide très puissant : le métam-sodium, utilisé par l’entreprise nantaise Primaloire. Il était massivement répandu en pays nantais par les grosses firmes maraîchères et bénéficiait d’une dérogation malgré sa dangerosité.
Après cet épisode, l’entreprise est condamnée et le produit est interdit. Au procès, le procureur détaille : « soixante-quatorze victimes déclarées, une cinquantaine de pompiers mobilisés, une intoxication massive ». Pourtant, après le retrait du metam-sodium. la Fédération des maraîchers nantais se dit « inquiète » de cette « décision couperet qui mettrait gravement en péril la filière ». C’est la même Fédération qui parle maintenant d’agriculture respectueuse…
De même, dans le sud Loire, la Fédération des Maraîchers Nantais multiplie les « grands abris plastiques » (GAP). Ce sont d’énormes serres qui peuvent atteindre cinq mètres de hauteur. Il y en a aujourd’hui des centaines d’hectares en Loire-Atlantique. C’est ce type de serre qui a été investie dimanche 11 juin.
Les méga-serres peuvent accélérer le risque d’inondation en cas de fortes pluies. Elles doivent également être « blanchies » au printemps : des hélicoptères pulvérisent du carbonate de calcium, poudre blanche mélangée à un produit collant pour limiter le rayonnement solaire en saison chaude. Puis il faut les « déblanchir », en automne, en projetant un acide pour décoller le produit. Suite à l’usage de cet acide, des centaines de poissons avaient été retrouvés morts dans un canal du sud Loire en 2020.
Enfin, pour faire pousser cette mâche industrielle, il faut une trentaine de tonnes de sable par hectare, ce qui appauvrit énormément les sols et augmente les risques de lessivage des champs. Les médias donnent l’impression que de petites cultures respectueuses de l’environnement auraient été attaquées sans raison. Rien n’est plus faux.
🟢 Une action d’urbains déconnectés ?
Derrière ces actes irrationnels, il y aurait des « écoterroristes » venus des villes, qui ne connaissent rien à l’agriculture. Encore un mensonge. Au sein du convoi, une cinquantaine de paysans et leurs tracteurs initiaient ces actions. Dans un communiqué, ils écrivent : « nous l’assumons pleinement ».
Leur texte explique : « depuis des années, nos fermes sont impactées par un terrible phénomène. Une poignée d’agri-managers spécialisés dans le maraîchage industriel est en train d’accaparer la terre et l’eau, de détruire le bocage et ses haies... d’empêcher les nouvelles installations en faisant exploser le prix du foncier, d’artificialiser les sols à grand renfort de bâches plastiques et de serres chauffées ». « Le sud-loire est en passe de devenir une petite Andalousie. Les exploitant-es adhérent-es de la Fédération des Maraîchers Nantais font main basse sur les terres et en chassent le maraîchage diversifié et la polyculture élevage ».
En fait, ces actions sont pensées et portées directement par des paysan-nes qui connaissent parfaitement leur territoire et luttent contre l’agro-industrie. Le discours médiatique dit exactement l’inverse. C’est de la tromperie pure et simple, destinée à un public qui ne connaît pas les conflits de la ruralité, entre gros exploitants et petits paysans.
🟢 Tabasser et réprimer les Soulèvements de la terre ?
Dans les médias et sur les réseaux sociaux, on voit refleurir les appels à dissoudre les Soulèvements de la Terre, à « emprisonner » leurs militants voire même à les tabasser.
Rappelons qu’en France, des mégabassines sont construites en toute illégalité, que des pesticides interdits continuent à être utilisés, que la chasse à la glu était autorisée encore récemment, que des entreprises se débarrassent de déchets toxiques dans les cours d’eau, que des buissons sont rasés en pleine saison des nids, que les chasseurs tirent des tonnes de plomb dans la nature et que leurs balles tuent plusieurs promeneur-ses ou habitant-es chaque année… Et tout cela, en toute impunité, sans scandale médiatique.
Rappelons aussi que le chaos climatique est sous nos yeux, que nous allons à nouveau manquer d’eau cet été, que les pesticides empoisonnent la population, que les abeilles et les oiseaux disparaissent...
Mais ce sont les militant-es de l’écologie qu’il faudrait enfermer ? Soyons sérieux quelques minutes.
Si quelques plants piétinés vous choquent, alors vous n’êtes pas prêts pour le désastre environnemental qui arrive devant nous. On ne peut pas à la fois s’affoler de l’extinction de la biodiversité et pleurer sur des plants de salade sous serre abîmés.
(posté par Contre Attaque)
- Nantes : l’agro-industrie chougne quand elle est égratignée
- A Nantes, serres géantes d’un consortium
"QUE BRÛLE L’AGRO-INDUSTRIE"
Dans le cadre des actions "fin de carriere 44" ce 10 juin à Nantes contre l’exploitation abusive du sable par le BTP, des militants ont voulu dénoncer l’usage des terres en s’en prenant symboliquement à un champ de muguet exploité par un maraîcher industriel. Ils ont déplanté le muguet dans une de ses parcelles pour les remplacer par des graines de céréales.
" Que brûle l’agro-industrie " a été écrit à la bombe de peinture rouge sur les serres expérimentales des maraîchers nantais.
(post sur FB)
Notre sarrasin vaut mieux que vos salades du futur
Notre sarrasin vaut mieux que vos salades du futur - Les actions de « désarmement » contre le maraîchage industriel du Pays nantais, dimanche 11 juin, ont suscité des réactions indignées des partisans de l’agrobusiness. Des paysans et paysannes répondent dans cette tribune.
À la suite des actions de désarmement d’infrastructures lors de la manifestation des paysan·nes de Loire-Atlantique, de La Tête dans le sable et des Soulèvements de la Terre du dimanche 11 juin, les maraîchers industriels ripostent par leur communication de crise sur le mode du pleurnichage : en se faisant passer pour de pauvres petits agriculteurs attaqués par des hordes d’écologistes radicalisés, déconnectés des réalités de la campagne. Face à cette petite musique, nous, paysan·nes maraîcher·es diversifiés du Pays nantais, affirmons clairement : nous ne plaindrons pas ces agrobusinessmen.
(...)
Après avoir longtemps moqué et méprisé celles et ceux qui pratiquaient une agriculture paysanne, respectueuse de la terre et des êtres humains qui la travaillent, on a finalement dit que nous aurions besoin de toutes les agricultures, qu’il ne faut pas nous opposer. Nous ne sommes pas d’accord. Tout nous oppose, autant sur le plan social qu’environnemental. Ce n’est pas l’agriculture qui a été ciblée dimanche 11 juin. Seulement la vôtre. Chaque fois que vos salades du futur seront remplacées par une variété de sarrasin population, c’est avec un large sourire ridé par le soleil et le vent que nous partirons récolter nos pois gourmands et choux chinois, nos blettes et nos rhubarbes.
(...)
Communiqué des Soulèvements de la Terre du 11/06/2023 :
"Le lobby agro-industriel inonde les médias de sa complainte pour dénoncer le remplacement du muguet industriel et une poignée de plants expérimentaux non destinées à l’alimentation, par un semis de sarrasin bio. Comme d’habitude, le gouvernement complice reprend mot pour mot sa propagande. Mais pour qui prend le temps de s’intéresser un tant soit peu aux faits et d’enquêter derrière les piteuses tentatives de greewashing, il apparaît que :
les industriels du légumes nantais visés par ces actions sont responsables de divers empoisonnements récents aux pesticides comme le metam-sodium
les serres visées à Pont-saint-Martin dimanche sont bien encore l’objet d’expérimentations sur des pesticides cancérigènes selon l’ANSES comme le métobromuron. Elles visent à maintenir le même modèle et à renforcer l’acceptabilité des pesticides en prétendant réduire leur usage plutôt que de permettre leur interdiction.
ces serres sont majoritairement ensablées et destinées à ce type de cultures plutôt qu’à de quelconques "sols vivants".
ces industriels chef d’entreprise à la main d’oeuvre exploitée, n’ont rien d’"agriculteurs".
ils sont par contre bel et bien responsables de l’accroissement ravageur de la production de sable et de la consommation d’eau pour des productions non vivières ou tournées vers l’exportation.
ils ont été récemment condamnés pour leur surplus de rejets toxiques dans l’atmosphère, notamment sur leurs cultures de concombres.
la collusion de certains dirigeants des maraîchers nantais avec l’industrie du sable est avérée. Le président de la maison des maraîchers Mr Torlasco a par exemple occupé pendant 11 ans le poste de secrtaire régional de l’UNICEM - union national des industries de carrière et matériaux de construction.
ils s’accaparent main dans la main avec l’industrie du sable des terres transformées en mer de plastique et serres chauffées, et tuent ainsi les autres formes d’agriculture paysanne dans le département.
En Loire-Atlantique, les surfaces dédiées à l’agro-industrie légumière ont augmenté de 24% entre 2010 et 2021. Le paysage de bocage et de polyculture élevage qui a caractérisé pendant des siècles le terroir du Pays-de-Retz est remplacé par un désert agro-industriel ultra-spécialisé qui ravage la mosaïque de prairies et de cultures de la campagne nantaise. Si c’est cela la terre qu’aime Olivier Véran, c’est bien le signe qu’il n’a aucune culture paysanne ! Il semble manifestement confondre la terre et le sable. 1 ha de mâche, c’est jusqu’à 30 tonnes de sable par hectare chaque année !
Ensabler la terre, drainer les parcelles, araser les haies, c’est – structurellement – une artificialisation massive des sols. Oui nous préférons le sarrasin biologique aux champs de muguets de Vinet et aux expérimentations du lobby agro-industriel.
La conclusion est qu’il est bel et bien grand temps de désarmer ces industriels et de changer de modèles si l’on souhaite sauver les sols, les nappes phréatiques et soutenir réellement l’agriculture.
Vous trouverez , juste dessous, un rétablissement minimal de la vérité dans le document d’enquête sur la "fédération des maraîchers" avec un ensemble de faits et de chiffres ici. Nous recommandons vivement sa lecture à qui s’intéresse à la parole des paysans dont les fermes sont mises en péril par les industriels et pas seulement à celles de directeurs d’entreprise dont les intérêts ne sont autres que leurs profits. Nous conseillons également celle de la tribune ou les paysans expliquent leurs gestes."
Dans ce cadre et d’autres, et parce qu’il s’agit de défendre le bien commun, des modes de vie à échelle humaine, la lutte contre la disparition de très nombreuses espèces, et l’habitabilité à long terme de nos territoires, je soutiens fermement les Soulèvements de la Terre.
Dissoudre ce mouvement ne servira à rien, car tant que ce qui le génère persistera, le mouvement existera, se renforçant et se durcissant d’autant plus qu’ils sera tenu d’agir dans l’ombre. Ca s’appelle la Résistance.