Ces derniers temps, Jacques Dubay maire de Saint-Péray s’en prend beaucoup aux écologistes et autres en critiquant leurs méthodes. C’est plus simple pour lui de tenter de dénigrer les contestataires que de débattre franchement des sujets de fond et de du projet archaïque et néfaste de bétonisation de La Plaine initié par un projet de déviation has been.
Ce cas d’école permet d’aborder ici quelques questions de fond par le biais de la sémantique et des angles journalistiques utilisés habituellement.
Un journalisme rigoureux et objectif devrait en réalité « inverser » les choses pour mieux coller à la réalité des faits, explications :
Polémiques ou profonds désaccords politiques sur les projets et ce que doit être une démocratie ?
Les médias dominants et les élus utilisent souvent le terme de « polémiques » pour qualifier les désaccords et oppositions argumentées envers certaines décisions politiques ou certains projets. Ils laissent ainsi souvent entendre qu’il s’agirait de vaines querelles superficielles et violentes, pour éviter de parler des désaccords profonds sur le fond, de différence de projet de société, et pour disqualifier insidieusement d’emblée les contestations.
En gros, ça équivaut à dire : « les sages élus légitimes disposent et décident de manière pragmatique pour l’avenir » VERSUS « des opposants exagérément énervés mènent des querelles politiciennes supercielles et irrationnelles ».
En réalité il n’y a pas de « polémiques », mais de profonds désaccords politiques entre une clique d’élus imbus de leur pouvoir exorbitant validé par des institutions non-démocratiques et des personnes qui expriment leurs idées et exigent une véritable démocratie.
Et quand parfois le ton devient virulent de la part des contestataires c’est parce que cette situation tyranique dure depuis trop longtemps et que rien ne bouge, si ce n’est toujours plus de répression et de « business as usual », avec des élus et des médias qui refusent de parler du problème au fond et réduisent tout ça à des « polémiques » et des oppositions.
Le terme même d’« opposants » est très ambigüe
Pour les médias dominants et les classes dirigeantes, il y a d’un côté les élus (légitimes, presque sacrés, qui eux ont des projets sérieux à porter) et de l’autre des opposants, souvent dépeints comme illégitimes, pas sérieux, irrationnels, violents (polémiqueurs), anti-tout, sans projets, « pas d’ici », chômeurs, feignants, parasites...
Mais, dans ce modèle de société très inégalitaire, hiérarchique, centralisé et non démocratique, on pourrait, on devrait, inverser les choses.
En effet, si l’idéal de cette société est la démocratie et l’égalité sociale, alors ce sont la quasi totalité des élus en place et de leurs soutiens inconditionnels qui sont les opposants aux valeureux partisans et militants de la démocratie réelle.
Les élus et les classes oligarchiques sont donc des opposants, parfois violents et prêts à tout, qui utilisent les flics (souvent adeptes de l’extrême droite) et leurs armes violentes à létalité aléatoire pour imposer leur tyranie aux courageuses personnes porteuses d’un projet de société démocratique.
En résumé, il faudrait dire :
La plupart des élus, les classes oligarchiques et leurs soutiens inconditionnels sont donc des opposants anti-démocrates qui utilisent des milices policières violentes extrême-droitisées et des lois qu’ils se fabriquent sur mesure pour perpétuer un modèle de société extrêmement destructeur et inégalitaire.
Ces élus et les classes oligarchiques qui vont avec sont donc des sortes d’extrêmistes, des jusqu’au boutistes brutaux, des dangers pour la société qui propagent et appliquent des idées et projets trop souvent criminels.
C’est ce que devrait dire tout journaliste un peu objectif et rigoureux.
Le terme d’opposants habituellement utilisé laisse entendre qu’il y a une majorité légitime et une minorité d’opposants qui perturbent le bon ordre des choses. Alors qu’en réalité il y a une majorité qui désirent autre chose et une minorité d’opposants (élus, lobbies et oligarchies) à tout changement de société positif.
Ainsi, par exemple, la lecture de la lutte à St Péray (comme partout ailleurs) prend une tournure différente.
Un journaliste objectif dirait :
Malgré l’extrême violence des destructions de terres, d’animaux protégés et d’arbres envisagées, malgré un despotisme imposé de longue date qui tourne à une forme de mafia et malgré de nombreuses manipulations/mensonges éhontées, des habitant.e.s courageux et des activistes écologistes et pro-démocratie luttent de manière plutôt « pacifiste » pour faire valoir un projet de société juste, pérenne et réellement démocratique.
Ces militant.e.s seraient même en droit d’utiliser des moyens plus vigoureux pour se défendre et pour contraindre leurs opposants (élus et oligarchies, lobbies économiques) à la raison, pour empêcher ces opposants obstinés de nuire à l’intérêt général et aux générations futures.
C’est la brutalité et l’obstination des opposant.e.s (élus et oligarchies) qui obligent parfois les démocrates, militant.e.s et écologistes à utiliser des moyens plus vigoureux (occupation illégale, casse, sabotage, désarmement, blocage...) de manière responsable pour faire valoir leur droit légitime à la démocratie, à vivre décemment, à viser l’égalité sociale et un modèle des société vivable et soutenable.
PS :
Evidemment, c’est dur au quotidien de toujours remettre les choses à l’endroit de cette manière, d’autant que les oligarchies ont davantage de moyens que nous (salariés, argent, connivences, réseaux, médias et lois pour eux...), mais pensons-y, pour ne pas se faire enfumer par la communication manipulatrice (consciemment ou pas) et orientée des élus et des médias dominants.