Avec le confinement généralisée, l’assignation à résidence surveillée, l’accentuation du tout répressif, la prison géante de notre impuissance politique et économique se révèle, au centuple, un peu comme les cachetons qui dévoilent la matrice dans la fameuse triologie cinématographique Matrix.
Partons de ça :
Témoignages, Rite funéraire - « Je ne sais pas comment on en est arrivé là : mettre les cendres des morts dans des sacs plastiques » - Danielle est décédée du Covid-19. Sa fille n’a pas pu voir sa mère à l’hôpital, avant son décès. Elle n’a pas pu accompagner le cercueil de sa mère. Elle va récupérer ses cendres, dans une zone commerciale. Dans un sac en plastique.
- Les vivants comme les morts sont des marchandises dans cette civilisation capitaliste
- Dit autrement : la civilisation capitaliste transforme la totalité de la vie en marchandises mortes
Avec Amazon et d’autres qui se moquent de la santé des travailleurs, les injonctions indécentes au travail de Pénicaud and co, les vieux et autres qui meurent seuls, les sacs plastiques contenant un défunt en cendres à aller chercher dans un garage pourri, on ressent avec effroi que nos vies ne valent rien, que seuls les profits et la continuation inchangée de la civilisation capitaliste compte.
On pourrait dire que c’est la faute l’épidémie, de l’urgence, des mesures de sécurité et des services débordés, mais en réalité on se rend compte que dans cette civilisation capitaliste avancée, les humains vivants comme morts sont traités comme des marchandises, des numéros jetables, des pions, des êtres substituables, des machines faillibles jamais assez surveillées et contrôlées.
On le voit chez Amazon, une des pointes avancée du capitalisme moderne, les humains fusionnent avec les drones et les codes barres, ils servent des robots et sont aiguillonnés en permanence à la performance totale par des injonctions numériquement enregistrées.
Dans la vie, à l’usine, on doit de plus en plus se comporter comme les robots mus par des intelligences artificielles, toujours à la traîne derrière la perfection calibrée du numérique.
En temps de pandémie, les barreaux de la prison sociale apparaissent davantage à la lumière, les dorures rouillent, le clinquant moisi, la propagande étatique et merdiatique sonne creux et résonne faux.
La situation présente met en exergue la violence extrême des exclusions diverses, de la misère, des inégalités sociales, de la morgue cynique des capitalistes, de la servilité empressée des gouvernements à les satisfaire, de la répression des quartiers populaires.
Prisons, sans papiers, SDF, violences contre les femmes, folie, dépendance, prostitution..., la folie d’une société qui engendre la plupart de ces problèmes ressort. La fragilité, l’insuffisance, parfois l’inhumanité, des dispositifs sociaux apparaissent davantage.
Avec la pandémie et ce qui s’en suit, la grande machinerie étatique et capitaliste est passée au karcher, décapée à l’acide, les jolies peintures et les petits amortisseurs sont dissous, il ne reste que l’os, la mécanique, les rouages froids et sans pitié. Le monstre est à nu.
- Les vivants comme les morts sont des marchandises dans cette civilisation capitaliste
- Les humains fusionnent avec les drones et les codes barres, ils servent des robots et sont aiguillonnés en permanence à la performance totale par des injonctions numériquement enregistrées
Tout ce que d’habitude les institutions et une bonne partie des gens préfèrent oublier et cacher pour continuer sans trop de problèmes de conscience « la normalité-qui-est-le-problème » nous saute à la figure, comme quand les égouts débordent dans les rues par temps d’orage. La merde est là, elle pue, elle est sale, on ne peut plus l’ignorer et regarder ailleurs.
Heureusement, la crise, la révélation pour qui veut voir de la brutalité structurelle de la méga-machine font aussi ressortir les possibilités et les élans de solidarité, de soins, de bienveillance mutuelle, d’auto-organisation, toute l’humanité encore là qui vit et agit malgré tout et à la place des structures étatiques et capitalistes.
Quand les voiles d’acier trempé du système de coercition permanent se déchirent, les humains et leurs actions aussi sont à nu, pour le pire comme pour le meilleur.
Et on voit d’ailleurs que le pire vient le plus souvent des instances et des personnes qui se prétendent dirigeantes et gouvernantes.
Tandis que la population assignée à résidence et les travailleuses-travailleurs en première ligne tiennent le choc, assument, font le job.
Les catastrophes sociales, sanitaires, politiques et économiques révèlent de manière plus crue et plus visible le fonctionnement quotidien, dit normal, de la sinistre machinerie étatiste et capitaliste.
Les jolies déclarations sur l’importance de chacun.e, sur le « vivre ensemble », sur le « lien social », sur « la-démocratie », sur le ruissellement des richesses pondues par les premiers de cordée, sur les droits de l’homme... deviennent d’un coup ce qu’elles sont en réalité, des mots creux masquant des réalités sordides.
Les institutions nous appellent des « citoyens » alors que nous subissons une impuissance grandissante sur les plans politiques et économiques. Elus et grands capitalistes ont légalement tout pouvoir sur nos vies. Notre autonomie s’étiole à mesure que la toile de la marchandisation et de la dépossession de tout s’étend.
Nous ne sommes aucunement des citoyens, juste des moucherons dans une grande toile totalitaire, des granulés préfabriqués destinés à nourrir le monstre glouton de la civilisation industrielle, broyés entre ses deux mâchoires acérées, le capitalisme et l’Etat.
En réalité, pour la civilisation capitaliste, les travailleurs et le monde vivant ne sont que des moyens pour extraire de la valeur. Les systèmes capitalistes ne produisent pas de richesses, ils encaissent de la valeur (du fric et du pouvoir) en exploitant des humains et en détruisant la nature. Ils créent des marchandises mortes en détruisant la richesse des vies humaines, animales et végétales.
Pour le capitalisme, les consommateurs ne sont que des cibles, des récepteurs comme le disait la firme Dupont de Nemours dans le film Dark Waters, auxquels on peut mentir en les empoisonnant sciemment si les profits attendus sont importants.
Quantité de scandales le démontrent : amiante, tabac, pesticides, produits pharmaceutiques, silicose des mines...
Pour notre santé, nos vies, notre avenir vivable, on ne peut compter que sur nos forces individuelles, nos luttes collectives, alliances et coopérations.
On ne peut compter sur la civilisation industrielle, ses capitalismes, ses Etats, leurs gouvernements et leurs polices que pour nous pourrir davantage la vie.
Et maintenant, qu’allons-nous faire ?
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