Aux USA comme ailleurs, ce ne sont pas les présidents (et encore moins « le peuple ») qui gouvernent mais les diktats du capitalisme, les lobbies économiques et les plus puissants du moment.
Mais de nombreux membres des classes moyennes et des pauvres votent malgré tout pour les sociopathes dangereux qui leur promettent illusoirement que leur sort va « s’améliorer » en accentuant le « business as usual », en tapant davantage sur les contestataires de gauche et sur des minorités/boucs émissaires.
Mais les règles implacables du capitalisme et de l’Etat ne changent pas quand le parti au pouvoir change de couleur, et les désastres écologiques et sociaux continueront de s’aggraver (sans parler des risques de guerre), mais avec des régimes de plus en plus brutaux, autoritaires, dictatoriaux et policiers.
Les élections dans les démocratures sont tout aussi irrationnelles, sans espoir et dangereuses que le capitalisme. Avec l’Etat et ses rouages pour maintenir et faire « fonctionner » tout ça jusqu’à la lie, en toute légalité la plupart du temps.
Sans rupture radicale avec la mégamachine, le modèle social dominant, et les partis/institutions qui marchent avec, « l’empirement » est assuré, en France comme aux USA et partout ailleurs.
- Les USA livrés aux ultra-capitalistes et néofascistes
Musk et Trump : le règne du capitalo-fascisme
Elon Musk faiseur de Roi : la première fois dans l’histoire qu’un réseau social se met intégralement au service de l’extrême droite
« La victoire annoncée de Donald Trump saluée par les marchés financiers » explique le quotidien Le Monde ce mercredi 6 novembre. Le capitalisme financier se félicite d’un nouveau mandat d’extrême droite à la tête des USA. Par exemple, « le bitcoin a ainsi inscrit un nouveau record à plus de 75.000 dollars en hausse de 8% ».
Parmi les entreprises dont les valeurs s’envolent en bourse, la firme Tesla, l’entreprise du multimilliardaire Elon Musk. Ses actions sont déjà en hausse de plus de 12% en pré-marché à Wall Street.
Il faut dire qu’Elon Musk a mis tous ses moyens au service de Trump pendant la campagne électorale. Il a participé aux meetings du républicain, a publié des dizaines de tweets en faveur du candidat et a modifié les algorithmes de son réseau social pour mettre en avant les contenus pro-Trump et d’extrême droite. C’est de la manipulation délibérée de l’opinion. C’est la première fois qu’un réseau social mondial, qui compte plus de 600 millions d’utilisateurs actifs, est ouvertement consacré à faire élire un candidat. Qui plus est un homme d’extrême droite revendiquant son projet d’être un « dictateur le premier jour » de son mandat.
Pour rappel, le compte de Donald Trump avait été suspendu par Twitter après sa tentative de coup d’État en 2020. En 2022, Musk avait racheté le réseau social, avait licencié la moitié de ses employés, puis avait immédiatement ré-autorisé le compte de Trump tout en supprimant des centaines de comptes anticapitalistes et antifascistes. Cette décision est cruciale : c’est sur Twitter que Trump avait appelé au rassemblement devant le Capitole, et sur ce réseau qu’il avait axé la majorité de sa communication politique.
Au moment de sa prise de pouvoir sur Twitter, le nouveau propriétaire expliquait qu’il avait racheté le réseau pour permettre une « liberté d’expression totale ». En réalité, il l’a paramétré pour droitiser l’opinion.
Musk s’est tellement impliqué en faveur de Trump qu’il avait déclaré avant l’élection : « S’il n’est pas élu, je suis foutu ». Mais il a gagné son pari. Trump lui est désormais fortement redevable. Donald Trump a d’ailleurs annoncé vouloir nommer Elon Musk à la tête d’une commission gouvernementale « chargée de conduire un audit complet en matière de finances et de performances de la totalité du gouvernement fédéral ». On peut aussi s’attendre à ce que l’État américain valide et finance tous les projets mégalos de Musk, notamment en matière de conquête spatiale.
Musk tweete compulsivement depuis l’annonce de la victoire républicaine : « L’Amérique est une nation de constructeurs, bientôt vous serez libres de construire » ou encore : « Le futur va être fantastique » et « vous êtes le média maintenant », une publication « likée » presque un million de fois en quelques heures !
Pourtant, les deux milliardaires avaient beaucoup de divergences. Trump nie le réchauffement climatique alors que Musk considère qu’il s’agit d’une menace et veut trouver des solutions technologiques, parfois délirantes, pour y faire face. Trump est soutenu par une galaxie d’individus qui croient que la terre est plate et de gens qui pensent que l’Homme n’a jamais marché sur la Lune. Musk est un scientiste qui veut coloniser la Lune et Mars.
Qu’est ce qui relie les deux hommes ? Une haine commune des LGBT – Musk est en croisade contre les droits des trans. Une obsessions raciale autour de la démographie – Musk, père de 12 enfants, veut encourager les blancs et les « meilleurs » à procréer. Il s’alarme de la baisse de fécondité en Occident, dans une perspective eugéniste. Et surtout, les deux souhaitent une dérégulation économique totale – Musk est un libertarien qui rêve d’un capitalisme sans limite.
Ainsi, le rôle de X-Twitter sur la campagne aux USA est considérable : c’est par ce canal que les fake news ont massivement pénétré l’opinion, recueillant des millions de likes et imposant certains sujets dans le débat public, concurrençant les médias traditionnels. Les résultats sont spectaculaires : Trump a progressé dans tous les États des USA, y compris dans ceux qui étaient les plus démocrates. C’est une victoire idéologique sans appel.
Le duo qui va diriger les USA consacre le triomphe de deux milliardaires autoritaires et confirme que « l’influence » est bien plus importante que les faits en politique. Alors que les ultra-riches possèdent déjà les médias classiques – la presse et les chaînes de télé – et que Trump lui-même doit sa popularité à une émission de téléréalité, Elon Musk prouve que l’achat d’un réseau social permet d’infuser des idées au sein de parts toujours plus importantes de la population. Et ainsi d’imposer au pouvoir son candidat favori.
source : https://contre-attaque.net/2024/11/06/musk-et-trump-le-regne-du-capitalo-fascisme/
L’Histoire se répète : d’abord comme une farce puis comme une tragédie - Pourquoi les Démocrates sont responsables du retour au pouvoir de Trump
L’Histoire se répète : d’abord comme une farce puis comme une tragédie - Pourquoi les Démocrates sont responsables du retour au pouvoir de Trump [CrimethInc.] - L’écrasante victoire de Trump vient surprendre et contredire tous les éditorialistes si prompt à le présenter comme un bouffon ou un abruti. Il y a beaucoup à dire et à penser de cette étrange foi en la démocratie libérale qui pousse à ne pas voir comment elle peut se couler dans l’autoritarisme ou le fascisme. Rappelons que dans l’éventualité d’une défaite de Trump, le FBI avait mis en place un centre de commandement spécial à Washington pour gérer ses équipes réparties sur tout le territoire pour protéger les bureaux de vote. Ils ne s’attendaient pas à une nouvelle tentative de prise du Capitol mais à « plein de petits 6 janvier répartis sur tout le territoire ». Finalement, la célèbre agence n’aura pas à contenir les partisans du candidat séditieux et va pouvoir servir les intérêt d’un président d’extrême-droite. Pour qui les résultats de cette élection n’ont rien d’une surprise, reste à comprendre et analyser ce qu’ils viennent bousculer ou accélérer tant aux États-Unis que dans le reste du monde. Pour commencer, nous avons traduit ce texte de nos confrères états-uniens de CrimethInc. dans lequel ils reviennent sur la responsabilité des Démocrates dans l’accession au pouvoir de Trump. En réprimant les mouvements de contestation populaires et en s’accrochant au mirage d’une normalité néo-libérale, le parti centriste a permis à Trump de s’ériger en rebelle et lui offre un boulevard où toute contestation de masse et de rue doit être reconstruite.
(...) Nous avons longtemps soutenu qu’au 21e siècle, le pouvoir d’Etat est une patate chaude. Comme la mondialisation néo-libérale a rendu difficile pour les structures étatiques d’amortir l’impact du capitalisme sur les gens ordinaires, aucun parti n’est capable de maintenir longtemps le pouvoir d’Etat sans perdre sa crédibilité. De fait, ces derniers mois, de troublantes défaites ont sapé les parties gouvernementaux en France, en Autriche, au Royaume-Uni et au Japon.
(...)
Les Républicains sont devenus le parti du fascisme. Dans la course aux élections, les Démocrates se sont imposés comme le parti de la complicité avec le fascisme.
Qu’est-ce que cela signifie de reconnaître que Donald Trump est un fasciste et de ne rien faire d’autre que d’appeler les gens à voter contre lui ? Si en fait, Trump a l’intention d’introduire le fascisme aux Etats Unis – si, comme il a été explicitement promis, il rafle des millions de personne (« la plus vaste opération nationale de déportation dans l’histoire de l’Amérique »), met l’armée dans la rue pour interdire les protestations, et utilise le système judiciaire pour attaquer quiconque s’attaque à lui, alors se limiter à une opposition purement électorale revient à accueillir le fascisme à bras ouverts.
(...)
La direction du Parti démocrate est déjà préparée à coexister avec les fascistes, à être gouvernée par les fascistes. Ils préfèrent le fascisme à quatre années supplémentaires de protestations tumultueuses. Le fait d’avoir un parti plus autoritaire au pouvoir leur offre un alibi – ça leur permet d’endosser le bon rôle, alors même que ce sont eux qui ont fait partir le peuple de la rue et pavé la voie à Trump pour qu’il réalise son programme.
(...)
Comme nous avertissions en juillet dernier, une victoire de Trump signifie que toutes les institutions sur lesquels les centristes ont compté pour les protéger – politique électorale, système judiciaire, police, inclinaison du citoyen ordinaire à obéir à la loi et à respecter les autorités, sont maintenant des armes entre les mains de l’ennemi. Cela vaut avant tout pour la loi.
(...)
Les efforts des Démocrates pour discréditer et démobiliser le mouvement contre la police ont directement joué en faveur de leurs adversaires, préparant la voie pour que Trump retourne au pouvoir sans résistance.
(...)
Comme nous l’affirmions par le passé, « Le système bipartite américain fonctionne comme un cliquet, avec le Parti républicain poussant vers la droite la politique publique et le discours admissible vers la droite tandis que les Démocrates, en cherchant à acquérir du pouvoir en faisant la chasse au centre politique, sert de mécanisme pour bloquer tout retour en arrière [dans ce déplacement à droite, ndt] »
Cette stratégie a aidé les Républicains à normaliser ce qui étaient autrefois des idées marginales sur l’immigration et le crime ; sans que cela n’apporte la moindre voix aux Démocrates.
(...)
Cependant, pendant des décennies, les Démocrates ont collaboré avec les Républicains pour écraser les mouvements proposant d’autres voies. Ils ont détruit les forces dans leur camp, comme la campagne Bernie Sanders, qui représentaient une avancée. C’est ce qui a rendu possible pour Trump de se présenter comme le représentant de la rébellion.
De là, la prise du pouvoir par l’extrême-droite devenait inévitable, les Démocrates ayant liquidé les alternatives anarchistes, anti-autoritaires ou de gauche.
(...)
En fin de compte, nous ne pouvons pas attribuer toute la faute aux Démocrates. Pour notre part, nous avons échoué à construire des mouvements assez puissants pour survivre à leurs efforts pour nous effacer. Pour notre part, nous ne sommes toujours pas préparés à empêcher Trump de déporter des millions de gens et de distribuer des milliards de dollars supplémentaires aux milliardaires et aux appareils de sécurité de l’Etat.
Heureusement, cette histoire n’est pas terminée.
(...)
Une étroite fenêtre d’opportunité vient de s’ouvrir maintenant que les millions de personnes qui comptaient sur les Démocrates pour les protéger réalisent que nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes. Nous devons passer à l’action immédiatement pour nous retrouver et rétablir ce que nous avons perdu depuis l’année 2020.
Nous devons lancer des projets proactifs qui nous distingueront des partis politiques, des projets qui montrent que chacun a quelque chose à gagner de nos propositions, et qui offrent des occasions aux gens de tous les milieux de s’impliquer pour changer le monde et en créer un meilleur.
(...)
Ce qui s’est passé aux USA devraient aussi donner matière à réflexion sur la situation en France...
« Après la victoire de Trump, continuer à ralentir le désastre »
« Après la victoire de Trump, continuer à ralentir le désastre » - Sans amertume, mais avec lucidité, notre chroniqueuse Corinne Morel Darleux réagit à la réélection de Donald Trump. « Car le jour où l’on cessera de voir la beauté du monde, alors il n’y aura plus aucune raison de continuer. »
(...)
Bon. Légèreté et bonne humeur, honnêtement, je ne suis pas sûre de savoir faire. Mais résister à la tentation de la sauvagière, cette fois encore, je vais essayer. Sans amertume, mais avec lucidité. Car que l’on ait prise ou pas, ce sentiment d’un monde qui court à l’abîme, il ne s’agit pas de l’ignorer, mais de ne pas le laisser tout saper. Car le jour où l’on cessera de voir la beauté du monde, alors il n’y aura plus aucune raison de continuer.
Alors finalement, ces tulipes, je vais aller les planter. Et après je me brancherai comme prévu pour cette visio d’activistes, en ignorant la petite voix intérieure qui me souffle que c’est vain.
Il n’est jamais vain de s’interposer, de ralentir le désastre, de tisser des réseaux de solidarité : si nous avons échoué à éviter l’ingérable, peut-être est-il encore temps de gérer l’inévitable et de s’exercer avec une vigueur renouvelée à vivre « sans État, sans pétrole et sans électricité ».
(...)
- Les USA livrés aux ultra-capitalistes et néofascistes
À peu de chose près… Donald Trump réélu président des USA : on fait le point
Donald Trump, le milliardaire putschiste, est largement réélu à la tête de la première puissance mondiale. Il écrase sa rivale démocrate et disposera de tous les pouvoirs fédéraux – la présidence, le Sénat, la Cour suprême – pour les prochaines années.
Un retour fou, 4 ans après avoir organisé une tentative de coup d’État en envoyant ses supporters attaquer le Capitole. Idiocratie et néofascisme, on fait le point.
Cette victoire du camp de la Bible, des armes, de la misogynie et du grand capital est l’épilogue d’une campagne sidérante, qui a montré au monde la décadence de l’Empire États-unien. Le président en état de sénilité terminale Joe Biden a dû se retirer brutalement de la campagne après un débat catastrophique où il n’arrivait plus à prononcer la moindre phrase intelligible. Sa vice-présidente Kamala Harris l’a remplacé au pied levé dans la dernière ligne droite.
Donald Trump a été visé par deux tentatives d’assassinats, qui ont renforcé son aura et son « mythe » auprès de ses fans. Le milliardaire Elon Musk, propriétaire de X – Twitter – a littéralement mis son réseau social au service de l’extrême droite. Le camp démocrate, devenu repoussoir et ridicule, n’a suscité aucun enthousiasme alors que le Trumpisme menait campagne jusque sur les campus et parvenait à créer une émulation populaire autour de passions tristes.
La campagne du capital
Aux USA, non seulement la gauche a disparu du champ politique, mais il faut être sponsorisé par des milliardaires pour pouvoir se présenter. Les deux grands partis ont besoin de dons pour financer leurs campagnes. Si vous n’avez pas plusieurs centaines de millions d’euros à mettre sur la table, vous n’avez aucune existence politique ni médiatique, aucune chance d’être élu, ni même entendu. Le filtre se fait par l’argent, des grandes entreprises financent ouvertement leur candidat préféré, c’est une ploutocratie assumée.
Dans un pays où le mot « socialisme » est la pire des insultes politiques et où la lutte des classes a été effacée de l’histoire, il n’est pas étonnant qu’un milliardaire comme Donald Trump, qui a construit sa carrière grâce à la fortune de son père, entrepreneur immobilier, puisse se présenter comme le « candidat du peuple contre les élites ». Quand on démolit les repères entre exploités et exploiteurs, et où tout le monde pense qu’il peut devenir riche avec du mérite, tous les renversements sont possibles.
Dans cette course au mécénat, c’est Kamala Harris qui avait raflé la plupart des sponsors. À elle seule, elle avait reçu plus d’un milliard de dollars – et les Démocrates près de 15 milliards au total, un record – de la part de richissimes donateurs, loin devant Trump qui n’en récoltait « que » trois fois moins. Harris est un produit marketing, vide, soutenu par les grandes stars de la musique, par Obama et une certaine presse.
Kamala Harris est surtout un rouage de la violence de classe aux USA. C’était la procureure de San Francisco, qui a officié au moment du grand tournant sécuritaire dans années 1990. Derrière la communication publicitaire et les vidéos Tiktok destinées à séduire l’électorat noir et jeune, sa vie a été consacrée à mettre en prison des afro-américains et à appliquer des politiques carcérales violentes. Elle avait même réclamé l’emprisonnement de parents qui n’auraient pas envoyé leur enfant à l’école. Sur le spectre politique français, la démocrate se situerait entre Macron et Sarkozy.
America horror again
Entre 2016 et 2020, Donald Trump a redonné de la vigueur aux groupes suprémacistes, qui ont repris les rues, y compris en assassinant des militant-es de gauche, comme à Charlottesville. Il a attaqué le droit à l’avortement, démoli les rares mesures écologiques, renforcé le mur séparant les USA du Mexique, fait des choix géopolitiques hasardeux, organisé un coup d’État grotesque pour rester au pouvoir…
Maintenant réélu, il n’aura plus de limite. Donald Trump incarne le triomphe de l’inversion du réel et de la bêtise contemporaine. Milliardaire : il est considéré comme un « défenseur du peuple » par ses électeurs. Jouisseur misogyne accusé de viols : il est soutenu par les évangélistes et les Amish puritains qui promeuvent le caractère sacré du mariage et l’abstinence. Soutenu par des républicains traditionnellement hostiles au pouvoir de Washington qui empiéterait sur leurs « libertés », il veut instaurer un régime plus autoritaire. À l’ère des fake news généralisées, le vote n’a plus rien de logique ni de rationnel.
En réalité, Trump n’est pas un OVNI politique mais le résultat de décennies d’abrutissement méthodique de la population États-unienne et de droitisation des Républicains. Souvenons-nous que Bush le cow-boy régnait déjà il y a 20 ans, et que le mouvement du Tea Party accusait Obama d’être un dictateur soviétique il y a 15 ans.
Pendant sa campagne, Trump a annoncé son souhait de « supprimer » des pans entiers de la Constitution américaine. Il a promis de mener guerre aux « ennemis de l’intérieur », en particulier les militant-es de gauche, en envoyant « la garde nationale ou l’armée » si nécessaire, ou encore son projet de « déporter entre 15 et 20 millions » d’exilé-es sans-papiers. Il a aussi, naturellement, menacé les médias, et dit qu’il pourrait les « fermer » s’ils publient des informations « sensibles », et même emprisonner des journalistes. John Kelly, l’ancien chef de cabinet de Trump, son collaborateur le plus proche, a même révélé la fascination de Trump pour Hitler dans le New York Times.
Mais l’axe sur lequel Trump a tout misé durant cette campagne, c’est l’immigration, martelée comme un refrain obsessionnel. Dans un pays littéralement fondé par des envahisseurs qui se sont appropriés des terres qui ne leur appartenaient pas, la traque de prétendus « clandestins », en particulier mexicains, est devenue le point principal de la campagne.
En fin de campagne, un document nommé « Projet 2025 » a été rendu public et attribué à des proches de Trump : un plan qui prévoit de centraliser le pouvoir autour du président, de s’en prendre à la séparation des pouvoirs, de placer des pro-Trump à tous les postes clés… une offensive dictatoriale. L’équipe de Trump s’est désolidarisée de ce « projet 2025 » embarrassant, l’avenir nous dira s’il est réellement appliqué.
Musk au pouvoir ?
En revanche, Trump a bénéficié d’un soutien total d’Elon Musk, le milliardaire illuminé qui a pris le contrôle de X, et veut l’intégrer au gouvernement. Invité lors de ses meetings, Musk pourrait être chargé d’une grande réforme de l’État, en licenciant des milliers de fonctionnaires, comme il l’a fait au sein de Twitter. Trump a déclaré que son ami Musk était très fort pour « trouver des milliards à économiser ». Un État entier géré par un manager tyrannique et libertarien : le rêve américain.
Ces dernières semaines, le patron de X a tout misé sur son candidat, multipliant les publications suprémacistes et les memes d’extrême droite. Il a même modifié l’algorithme de son application pour mettre en avant les contenus réactionnaires et invisibiliser des démocrates et la gauche.
Le président pourrait aussi nommer Robert Kennedy junior, qui affirme que les gouvernements ont profité de la pandémie pour installer la 5G et permettre la collecte des données au profit de milliardaires comme Bill Gates, Mark Zuckerberg. Entre autres lobbyistes des armes, du pétrole et autres bonimenteurs.
La Palestine au cœur de la défaite démocrate
Les démocrates ont renié la question sociale et l’écologie depuis longtemps – et c’est ce qui avait valu leur défaite en 2016 déjà – mais ils auraient pu gagner s’ils n’avaient pas armé et soutenu le génocide à Gaza. Depuis des mois, un immense mouvement de fond se lève pour la Palestine aux USA. Il secoue la jeunesse, notamment sur les campus, soulève de profondes questions, à la fois du côté d’une génération de juif-ves américain-es qui dénonce Israël et du côté d’afro-américain-es et de minorités qui s’identifient à la cause anti-colonialiste.
Ces forces en mouvement, qui étaient déterminantes dans le vote des jeunes, Kamala Harris a décidé de les balayer d’un revers de la main. Alors que son gouvernement a apporté son soutien constant et inconditionnel à Israël, a empêché toutes les résolutions de cessez-le-feu à Gaza, a envoyé des milliards de dollars d’armes pour continuer le massacre, elle pouvait tout à fait annoncer un changement de politique pendant sa campagne. Elle ne l’a pas fait.
Pire, dans un État comme le Michigan, qui fait partie des États qui pouvaient faire basculer l’élection, et composé d’une forte minorité d’habitant-es d’origine arabe, elle a continué à soutenir Israël. Dans les derniers jours de la campagne, les démocrates ont dépensé leurs derniers millions de dollars pour démolir la candidate écologiste, pro-palestinienne, Jill Stein, en diffusant des clips orduriers contre elle. C’est cet alignement jusqu’au-boutiste de Kamala Harris derrière les sionistes qui lui a été fatal.
Un saut dans l’inconnu
Avec la victoire de Trump, les données géopolitiques mondiales risquent d’être bouleversées. Trump est un allié de Poutine et annonce depuis longtemps que les USA arrêteront de soutenir l’Ukraine s’il est élu. Il faut donc s’attendre, à brève échéance, à un arrêt de la guerre en Ukraine au profit de la Russie et de Poutine qui sera tenté de pousser son avantage.
Trump, soutenu par les évangélistes, est aussi férocement pro-Israël. Sa victoire est une aubaine pour Netanyahou, qui aura les mains encore plus libres. Trump avait notamment déclaré à propos de Gaza : « Je pense que ça pourrait être encore mieux que Monaco », ajoutant : « Cela pourrait être le plus bel endroit, avec sa météo, l’eau, tout, le climat pourrait être magnifique ». Une déclaration faussement infantile qui pourrait cacher un soutien à une colonisation et reconstruction du territoire par Israël, sur les ruines du génocide.
Ailleurs, les choix de Trump restent imprévisibles. Il avait menacé la Corée du Nord de la rayer de la carte, avant d’aller faire des accolades à Kim Jong Un, puis de se fâcher à nouveau avec lui. Face à la Chine qui menace Taïwan, il choisira sans doute le conflit.
En revanche, il a promis à de nombreuses reprises pendant la campagne qu’il ne lancerait aucune guerre. Ce n’est pas le moindre des paradoxes aux USA : l’extrême droite se proclame comme étant le camp de la « paix » face à des démocrates bellicistes et interventionnistes. Trump a même critiqué Liz Cheney, une républicaine qui a rejoint Kamala Harris, pour son agressivité géopolitique. Cette dernière fait partie des « faucons », qui rêvent de nouvelles guerres menées par les USA. Trump a dit qu’elle devrait aller elle-même faire la guerre face aux fusils de l’ennemi. Cette déclaration a fait hurler les démocrates, qui ont soutenu leur nouvelle alliée.
Un avenir sombre
« Félicitations Président Donald Trump. Prêt à travailler ensemble comme nous avons su le faire durant quatre années. Avec vos convictions et avec les miennes » s’est empressé de tweeter Macron, visiblement très à l’aise avec la fascisation du monde. Netanyahou jubile. Les autres dirigeants du monde suivront. La réélection de Trump ne suscite pas la même désapprobation internationale qu’en 2016, le trumpisme s’est normalisé.
Pour autant, l’horizon au sein de la première puissance mondiale est de plus en plus sombre. Le pays est dévasté par les opiacés, des drogues qui tuent près de 100.000 personnes par an par overdose. La population est surarmée. La polarisation politique entre les territoires n’a jamais été aussi forte. Les braises de l’insurrection suite à la mort de George Floyd couvent toujours. La question palestinienne mobilise fortement la jeunesse urbaine.
Face aux offensives racistes, écocidaires, anti-LGBT, contre l’IVG et face aux tentatives de coups de force de Trump et de ses partisans de plus en plus fanatisés et incontrôlables, les mois qui viennent risquent d’être agités aux USA.
source, avec des liens complémentaires : https://contre-attaque.net/2024/11/06/a-peu-de-chose-pres-donald-trump-reelu-president-des-usa-on-fait-le-point/
Les signes sont évidents depuis longtemps mais ce 6 novembre illustre clairement comment le fascisme est l’allié du capitalisme. Tous les signaux des marchés financiers sont au vert, notamment du côté des banques, du dollars et du bitcoin. L’action de Tesla a bondi de plus de 15%.
(post de CND)
- Les USA livrés aux ultra-capitalistes et néofascistes
« Donald Trump a un pouvoir de nuisance colossal »
sur Reporterre : « Donald Trump a un pouvoir de nuisance colossal » - Fin des accords sur l’environnement, loi anti-immigration, attaque des minorités sexuelles... Donald Trump, désormais plus expérimenté, risque de prendre des mesures « radicales », dit Romain Huret, historien des États-Unis.
- Les USA livrés aux ultra-capitalistes et néofascistes
Agnès Vahramian : Une trumpiste à la tête de France Info
Les médias publics visés par une purge idéologique
Celle qui partageait une publication pro-Trump sur les réseaux sociaux au moment de la proclamation des résultats électoraux aux USA n’est pas une élue du Rassemblement National, ni même une chroniqueuse sur Cnews. C’est Agnès Vahramian, la nouvelle directrice de France Info, sur son compte officiel. Ça se passe comme ça maintenant sur le service public : les dirigeants n’ont plus aucun complexe à afficher publiquement leur soutien à l’extrême droite. Bolloré n’a qu’à bien se tenir.
Agnès Vahramian, fervente catholique, a d’abord animé des émissions relieuses avant de devenir rédactrice en chef du journal télévisé de 20 heures sur France 2 pour David Pujadas. Déjà à l’époque, ce JT s’alignait sur celui de TF1 et des chaines d’info en continu, sur une ligne de plus en plus à droite, anxiogène et hostile au mouvements sociaux, relayant sans recul critique les éléments de langage du pouvoir.
À l’époque, en interne, Agnès Vahramian est dénoncée pour son management violent. Des salariés se disent « terrorisés », humiliés et insultés, travaillant en « tension permanente », à tel point que la rédactrice en chef est évincée du JT. En 2021, elle est nommée correspondante permanente au Moyen-Orient pour France Télévisions. Avec une telle journaliste envoyée dans la région, le traitement exclusivement pro-israélien des médias français n’a rien d’étonnant.
En août 2024, Agnès Vahramian, qui n’a pas aucune expérience en radio, a été propulsée à la tête de France Info. Un ancien grand reporter chez France 2, Daniel Wolfromm, a rappelé lors de sa nomination à quel point elle était « odieuse, humiliante, cassante », à l’humeur toujours changeante. D’autres salariés ont dénoncé un climat de terreur, des crises de larmes, des comportements assimilables à du harcèlement moral alors qu’elle les dirigeait. Agnès Vahramian est payée par l’argent public. Elle n’a jamais été sanctionnée pour ses méthodes, elle a été promue.
Qui l’a nommée ? À la tête de Radio France dont fait partie France Info, on trouve Sibyle Veil, énarque et copine de promotion de Macron. C’est donc elle qui a offert une promotion à la trumpiste Vahramian, et qui a en parallèle a organisé une purge chez France Inter, licenciant notamment Guillaume Meurice qui avait eu le tort de blaguer sur les dirigeants israéliens. Encore une fois, un choix idéologique très clair, avec l’argent public.
Depuis plusieurs mois, France Info n’a plus grand chose à envier aux médias de Bolloré. Le 31 décembre 2023, le média public titre : « Les Israéliens se préparent à un réveillon morose ». Le reportage commence par : « À Tel-Aviv, l’esprit n’est pas à la fête pour ce passage à l’année 2024 ». Sans une ligne pour la population de Gaza qui, elle, a passé le réveillon en subissant une opération génocidaire, assiégée sous un déluge de bombes.
France Info avait déjà titré le 14 décembre que 2023 était l’année où le nombre de journalistes tués était « au plus bas niveau » depuis 20 ans, un titre totalement mensonger, sans aucun travail d’enquête, alors que plus de 100 journalistes avaient été tués en Palestine par l’armée israélienne. Un record. France Info organisait alors la négation absolue de crimes répétés contre la presse.
Le 26 novembre 2023, France Info écrivait après une descente néo-nazie dans un quartier de Romans-sur-Isère, en représailles à la mort du jeune Thomas : « Un militant de 20 ans hospitalisé après avoir été agressé par des jeunes ». D’entrée de jeu, l’information principale n’était pas que des néo-nazis aient attaqué un quartier pour frapper des noirs et des arabes, mais « l’agression » d’un des néo-nazis qualifié de simple « militant », par les habitants du quartier. Un angle journalistique clairement favorable aux attaquants d’extrême droite, qui inversait les responsabilités.
Enfin, sur France Info, on trouve aussi la compagne de Benjamin Duhamel, le présentateur star de BFM et fils de Patrice Duhamel, qui est dirigeant au sein de France Télévision, du Figaro, de France Inter, et président d’une école de journalisme. Agathe Lambret, la nouvelle animatrice vedette de France Info, a passé dix ans sur BFM, et adopte une ligne hyper-agressive contre les rares invités de gauche et complaisante avec le pouvoir.
Sur le même média, on trouve Salhia Brakhlia, qui fait passer des interrogatoires de type policier aux invités de gauche. Par exemple ce coup de pression au député Insoumis Manuel Bompard lors de la révolte après la mort de Nahel : « Mais pourquoi vous n’avez pas appelé au calme ? » « Manuel Bompard, (…) est-ce que vous avez encouragé les exactions par votre silence ? » et autres insinuations policières, plutôt que de parler du sujet, à savoir l’exécution d’un mineur par des policiers couverts par leur hiérarchie.
S’il faut dénoncer les médias privés des milliardaires, il faut aussi souligner que, même dans les médias publics, la caste au pouvoir a organisé une purge idéologique, au point d’y placer des éditorialistes réactionnaires et même, on le découvre à présent, une militante trumpiste et manageuse violente à la tête de France Info.
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source, avec liens complémentaires : https://contre-attaque.net/2024/11/06/agnes-vahramian-une-trumpiste-a-la-tete-de-france-info/
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