Le coronavirus fait plonger les bourses et le prix du pétrole :
- Nasdaq composite : Wall Street plonge, le krach pétrolier provoque un krach boursier - Le bain de sang se propage jusqu’à New York - La panique se propage jusqu’à Wall Street, dont les principaux indices ouvrent sur des plongeons compris entre -6,4% pour le Dow et -7,1% pour le Nasdaq. Le S&P 500 a été suspendu de cotation quelques minutes après l’ouverture, pour la première fois depuis 2008.
- Le jour où le marché pétrolier a craqué - Les cours du baril s’effondraient de 25 %, lundi, l’Arabie saoudite et la Russie engageant une guerre des prix. (9 mars)
- Coronavirus : vent de panique sur les bourses mondiales, Paris perd 4% - Les marchés continuaient à défaillir vendredi dans un contexte de nervosité extrême, alors que le monde est engagé dans une course contre la montre pour endiguer les effets délétères de l’épidémie de coronavirus sur l’économie. (6 mars)
- Les effets du coronavirus font craindre une déroute de l’économie mondiale - Les Bourses ont connu une semaine difficile et, en Europe, la récession semble inévitable. Les investisseurs retiennent leur souffle, convaincus que les banques centrales vont intervenir.
- Coronavirus : actualités et impact en bourse
- Bourse : « le coronavirus est un choc comparable au 11 septembre et à la crise de 2008 » (8 mars) - L’épidémie de coronavirus fait tomber la planète dans l’inconnu, lui imposant ainsi de changer de modèle économique et sociétal, juge notre chroniqueur Marc Touati, économiste et président du cabinet ACDEFI.
- Contre le coronavirus, l’Italie paralyse son poumon économique - FOCUS - Les mesures annoncées par le gouvernement italien vont perturber l’activité des trois régions comptant parmi les plus dynamiques et attractives du pays, dont la Lombardie. (...) À l’heure actuelle, toutefois, la force industrielle de ces zones est mise en péril par l’épidémie, qui perturbe en profondeur les chaînes d’approvisionnement ainsi que le commerce avec la Chine.
- Le coronavirus révèle la fragilité du capitalisme mondialisé - Le monstre capitaliste n’est pas invincible
« Pour l’instant, nous envisageons toujours une reprise de la croissance au cours de 2020, même si l’impact de l’épidémie risque de se prolonger jusqu’au deuxième trimestre », note Esty Dwek, responsable de la stratégie de marché chez Natixis Investment Managers. Impossible, pourtant, d’écarter l’hypothèse que le Covid-19 puisse être le catalyseur d’une crise de plus grande ampleur.
Sur le plan économique d’abord. La paralysie en Chine pèse sur la croissance domestique, puis sur les chaînes d’approvisionnement des multinationales qui ont besoin de composants fabriqués dans les usines chinoises pour assurer leur production. Témoin de l’impact du coronavirus sur l’empire du Milieu : l’activité manufacturière s’est écroulée en février à son plus bas niveau jamais enregistré, selon les chiffres publiés samedi 29 février par le Bureau national des statistiques (BNS). Et les données sont encore plus mauvaises dans le secteur des services.
De quoi alimenter les inquiétudes sur une déroute de l’économie mondiale. Car la consommation dans les pays occidentaux est aussi affectée. Le tourisme, le transport aérien, les loisirs (hors Netflix) souffrent déjà. Une récession mondiale se profile. En Europe, elle semble inévitable.
- Coronavirus - la priorité : maintenir les marchés financiers et les profits
En Bourse, la crise du Covid-19 a d’abord affecté les valeurs très liées à la consommation chinoise. Les actions dans le secteur du luxe comme Kering ou LVMH, du transport aérien ou du tourisme (Air France-KLM, Accor) voient rouge. Les groupes qui possèdent des usines dans la région de Wuhan (épicentre de l’épidémie), à l’instar de Seb ou PSA, voient également leur valeur sanctionnée par les marchés. Après un moment de résilience, les marchés ont eux aussi subi la propagation du virus. Au 6 mars, le Dow Jones perdait 13,5% sur un mois glissant, le CAC 40 plus de 15%. Afin de calmer la panique, la Fed a baissé par surprise ses taux directeurs de 0,5 point de pourcentage le 3 mars, sans effet notable.
Seulement voilà, les investisseurs et les citoyens de notre belle Terre oublient souvent une règle de base incontournable : les arbres ne montent pas au ciel. La Chine est en train d’en faire la douloureuse expérience. En effet, de 1980 à 2019, son PIB réel (c’est-à-dire hors inflation) a flambé de 3200%. Sur la même période, son poids dans le PIB mondial en parités de pouvoir d’achat est passé de 2% à 20%.
Un succès que personne n’a osé contester, d’autant qu’il a permis de réduire nettement l’inflation des produits consommés à travers le monde. Cet avantage majeur a ainsi fait oublier que les normes sanitaires et démocratiques de l’Empire du milieu étaient loin d’être satisfaisantes. L’épidémie du Coronavirus de Wuhan est venue mettre les pendules à l’heure de façon dramatique. Les conséquences économiques de cette triste situation sont déjà observables : récession historique en Chine, qui va malheureusement se généraliser à l’ensemble de la planète.
La plupart des puissants s’inquiètent davantage des effets du coronavirus sur la Croissance que du nombre de morts et des problèmes des personnes mises en quarantaine... Leurs profits ont plus d’importance que la vie humaine ou que les catastrophes climatiques/écologiques/sociales en cours.
La crise causée par le coronavirus n’est qu’une toute petite crise comparé à ce qui risque de se produire avec la fin du pétrole abondant et de l’accès à certaines matières premières, les catastrophes climatiques qui affecteront l’économie et l’entièreté de nos vies (c’est déjà le cas dans d’autres pays, pillés, exploités, affectés par des sécheresses ou des inondations). Raison de plus pour quitter le capitalisme au plus vite.
Quelques remarques et leçons à tirer de la crise du coronavirus
L’impact du coronavirus sur le climat - Avions cloués au sol, événements annulés, usines arrêtés : le coronavirus pèse sur l’économie mondiale, avec comme corollaire inattendu une chute des émissions de gaz à effet de serre en Chine et ailleurs. Mais cette bonne nouvelle pour l’environnement ne pourrait être que temporaire. (...) Le danger est que la crise sanitaire détourne « l’attention du changement climatique et d’autres problèmes à long-terme », alors que l’urgence climatique « nécessite une attention sur plusieurs décennies », estime Michael Oppenheimer, de l’université de Princeton.
Ce virus assez contagieux révèle plusieurs choses :
- le manque de moyens des services de santé et hôpitaux, qui en France sont déjà en très grande difficulté sans épidémie du fait de la volonté de privatisation et du management néo-libéral.
- La dangerosité de la circulation continue des biens et des personnes aux 4 coins de la planète, voir Thibault Isabel : “Pandémie : le prix d’un monde sans limites”
- la fragilité de l’économie capitaliste mondialisée
Du fait de l’interconnexion mondiale des marchés et des usines fonctionnant en flux tendus avec des pièces provenant des 4 coins du monde, un « simple » virus peut entraîner une grosse crise pour l’économie et la finance dans de nombreux pays.
C’est triste pour les chômeurs qui vont souffrir de la crise, mais c’est réjouissant pour l’écologiste concerné.
En effet, au delà de la réduction très temporaire et réjouissante des nuisances, ça signifie que système économique n’est pas si solide que ça.
Par exemple, des blocages, des grèves (ou des sabotages si ce moyen d’action revient au goût du jour) ciblées dans un ou plusieurs pays (infrastructures du pétrole, ports, transporteurs routiers....) permettraient de bloquer efficacement des flux cruciaux affectant par domino l’ensemble de l’économie. Ce moyen de pression permettrait d’obliger à des bifurcations radicales, à quitter l’économie de marché.
Les crises économiques qui risqueraient d’arriver lors de ce rapport de force insurrectionnel seront très nettement moins graves que les atteintes lourdes aux écosystèmes et au climat menant à une planète à peu près inhabitable.
Avec de l’entraide, de l’organisation et une sobriété choisie, on peut survivre et même au final vivre mieux, tandis qu’on ne pourra pas survivre sur planète transformée en étuve par la civilisation industrielle.
Le capitalisme carbure à la Croissance et au toujours plus, sinon c’est la crise et les problèmes sociaux qui vont avec.
Ce ralentissement forcé de l’économie le démontre une fois de plus.
Voir le texte d’André Gorz de 1974, extrait :
Car les partisans de la croissance ont raison sur un point au moins : dans le cadre de l’actuelle société et de l’actuel modèle de consommation, fondés sur l’inégalité, le privilège et la recherche du profit, la non-croissance ou la croissance négative peuvent seulement signifier stagnation, chômage, accroissement de l’écart qui sépare riches et pauvres. Dans le cadre de l’actuel mode de production, il n’est pas possible de limiter ou de bloquer la croissance tout en répartissant plus équitablement les biens disponibles.
Tant qu’on raisonnera dans les limites de cette civilisation inégalitaire, la croissance apparaîtra à la masse des gens comme la promesse — pourtant entièrement illusoire — qu’ils cesseront un jour d’être « sous-privilégiés », et la non-croissance comme leur condamnation à la médiocrité sans espoir. Aussi n’est-ce pas tant à la croissance qu’il faut s’attaquer qu’à la mystification qu’elle entretient, à la dynamique des besoins croissants et toujours frustrés sur laquelle elle repose, à la compétition qu’elle organise en incitant les individus à vouloir, chacun, se hisser « au-dessus » des autres.
Pour pouvoir décroître sans trop de difficultés, réduire la production et les nuisances, réduire fortement les consommations d’énergies et de matières premières afin de réduire fortement les atteintes au climat et, les destructions d’animaux/plantes et les destructions écologiques en général, on doit donc forcément sortir du cadre capitaliste.
Que ce soit par rapport aux crises « classiques » de l’économie (1929, 2008, coronavirus...) ou aux méga désastres écologiques et climatiques en cours, la seule option vivable est d’arrêter et remplacer la civilisation industrielle et son capitalisme, et donc :
- décroître de manière choisie, solidaire et juste (ce sont d’abord les riches qui devront décroître, tandis que les plus pauvres pourront accroître leurs moyens matériels)
- remplacer quantité et consommation par la qualité de vie et la démocratie directe
- renoncer aux illusions suicidaires du capitalisme « vert » et de ses avatars (garder à peu près intact la Machine technicienne et capitaliste, en comptant sur les énergies dites renouvelables, les économies d’énergie, les déplacements non motorisés, etc.)
- forcer l’arrêt d’urgence de l’économie capitaliste, qui sinon continuera à tout détruire jusqu’à l’anéantissement d’à peu près toute vie sur Terre
- embarquer les travailleurs des secteurs clés de l’économie dans cette lutte - pour les autres, participer aux grèves autres actions
- faire grandir une culture de résistance dans chaque bassin de vie
Aux conservateurs de droite ou de gauche qui diront qu’il n’y a pas d’alternatives potables au capitalisme, que « le communisme on a vu ce que ça a donné avec l’URSS de Staline et la Chine », il faudra répondre qu’il n’y a pas besoin d’être anarchiste pour comprendre qu’on n’a pas le choix, que mêmes les pires boursicoteurs, s’ils étaient raisonnables, devraient être anticapitalistes, et qu’il y a d’autres voies que le (pseudo) communisme autoritaire (et productiviste) pour se dépêtrer à temps de la pieuvre capitaliste omnicidaire.
En attendant, peut-être que la crise économique due au Coronavirus pourrait être une occasion pour critiquer et attaquer davantage le capitalisme, pour accentuer la défiance à son égard et les actions pour le démolir et vivre sans lui ?
- L’hôpital détruit par le néo-libéralisme aura du mal à faire face aux pandémies
voir aussi :
Limiter l’épidémie de coronavirus, ...et en tirer des leçons d’urgence - Sauver l’économie, mais pas trop les gens - Le coronavirus révèle l’extrême fragilité de la mondialisation néolibérale
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