La technologie n’est pas du tout neutre, et les technologies complexes appellent mécaniquement des systèmes autoritaires

Se libérer des autoritarismes implique de sortir du monde techno-industriel

jeudi 26 août 2021, par Les Indiens du Futur.

Partout les autorités et leurs médias nous répètent que la « technologie est neutre », que « la recherche techno-scientifique est neutre », et que « le problème se limite à encadrer les innovations technologiques et leurs applications ».
Voici quelques articles pour démonter ces mensonges qui nous enferment dramatiquement dans la civilisation industrielle et ses ravages.

La technologie n’est pas du tout neutre, et les technologies complexes appellent mécaniquement des systèmes autoritaires
Barrage géant : industrie puissante du béton armée et planification étatique avec déplacements de population

LES EXIGENCES DES CHOSES PLUTÔT QUE LES INTENTIONS DES HOMMES

Limite au complotisme & non-neutralité de la technologie

Dans un essai publié à l’automne 1872, intitulé « De l’autorité », Friedrich Engels, l’alter ego de Marx, étrille les « anti-autoritaires » (les anarchistes) qui s’imaginent pouvoir organiser la production de « l’industrie moderne » sans aucun recours à quelque autorité :

« Prenons comme exemple une filature de coton. Pour que le coton se transforme en fil, il doit subir au moins six opérations successives et différentes qui, la plupart du temps, s’effectuent dans des locaux différents. En outre, il faut un ingénieur pour tenir les machines en marche et les surveiller, des mécaniciens, chargés des réparations courantes, et un grand nombre d’ouvriers pour le transport des produits d’un atelier à l’autre, etc. Tous ces travailleurs hommes, femmes et enfants sont obligés de commencer et de finir leur travail à des heures déterminées par l’autorité de la vapeur qui n’a cure de l’autonomie des individus.

Il est donc indispensable, dès le principe, que les ouvriers s’entendent sur les heures de travail et, celles-ci étant fixées, s’y conforment tous sans exception. Ensuite, à tout moment et partout, se posent des questions de détail sur les procédés de fabrication, la répartition du matériel, etc., qu’il faut résoudre sur l’heure sous peine de voir s’arrêter aussitôt toute la production. Qu’elles soient réglées par un délégué qui est à la tête de chaque secteur d’activité ou par une décision de la majorité, si c’est possible, il n’en demeure pas moins que la volonté de chacun devra s’y soumettre. Autrement dit, les questions seront résolues par voie autoritaire. »

Il mentionne également un autre exemple, « celui du chemin de fer. Ici, la coopération d’un grand nombre d’individus est absolument indispensable, coopération qui doit avoir lieu à des heures précises pour qu’il n’y ait pas d’accidents. Ici encore, la première condition de toute l’entreprise est une volonté supérieure qui commande toute question subordonnée, et cela est vrai dans l’hypothèse où elle est représentée par un délégué aussi bien que dans celle où un comité est élu pour exécuter les décisions de la majorité des intéressés. En effet, dans un cas comme dans l’autre, on a affaire à une autorité bien tranchée. Bien plus, qu’adviendrait-il du premier train si l’on abolissait l’autorité des employés de chemin de fer sur messieurs les voyageurs ? »

Ainsi : « Le machinisme automatisé d’une grande fabrique est beaucoup plus tyrannique que ne l’ont été les petits capitalistes qui emploient les ouvriers. Du moins en ce qui concerne les heures de travail, on peut écrire sur la porte de ces fabriques : Lasciate ogni autonomia, voi ch’entrate ! (“Renoncez à toute autonomie, vous qui entrez !“) Si l’homme, avec la science et son génie inventif, s’est soumis les forces de la nature, celles-ci se sont vengées en le soumettant à son tour, lui qui les exploite, à un véritable despotisme, absolument indépendant de tout état social. Vouloir abolir l’autorité dans la grande industrie, c’est vouloir supprimer l’industrie elle-même. C’est détruire la filature à vapeur pour en revenir à la quenouille. »
Autrement dit, Engels souligne que la complexité technique s’accompagne d’impératifs organisationnels. Indépendamment des volontés individuelles, chaque technologie, chaque dispositif technique, possède ses implications propres sur les plans écologiques et sociaux.

Dans la veine d’Engels, Orwell notait que :

« L’anarchisme suppose, selon toute vraisemblance, un faible niveau de vie. Il n’implique pas nécessairement la famine et l’inconfort, mais il est incompatible avec l’existence vouée à l’air conditionné, aux chromes et à l’accumulation de gadgets que l’on considère aujourd’hui comme désirable et civilisée. La suite d’opérations qu’implique, par exemple, la fabrication d’un avion est si complexe qu’elle suppose nécessairement une société planifiée et centralisée, avec tout l’appareil répressif qui l’accompagne. À moins d’un soudain changement dans la nature humaine, on ne voit pas ce qui permettrait de concilier la liberté et l’efficacité. »

Prenons d’autres exemples. La réalisation d’un panier en osier, au même titre que celle d’une centrale nucléaire (ou d’une centrale solaire photovoltaïque, ou d’un smartphone, ou d’un téléviseur), possède des implications matérielles (et donc écologiques) et sociales. Dans le cas du premier, ces implications matérielles relèvent de la collecte de l’osier. Tandis que dans le cas de la seconde, elles relèvent, entre autres, de l’obtention (extractions minières, etc.) des innombrables matières premières nécessaires à la construction d’une centrale, et en amont, nécessaires à la construction des outils nécessaires à l’obtention de ces matières premières, et ainsi de suite – les technologies modernes sont toujours imbriquées dans un immense système technologique composé de nombreuses technologies différentes, aux implications sociales et matérielles immenses.

À ce sujet, dans son livre Des ruines du développement, Wolfgang Sachs prend un mixeur pour exemple :

« Examinons par exemple un mixeur électrique. Il extrait les jus de fruits en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Quelle merveille ! …à première vue. Il suffit de jeter un coup d’œil sur la prise et le fil pour s’apercevoir qu’on est en face du terminal domestique d’un système national et, en fait, mondial. L’électricité arrive par un réseau de lignes alimenté par les centrales qui dépendent à leur tour de barrages, de plates-formes off-shore ou de derricks installés dans de lointains déserts. L’ensemble de la chaîne ne garantit un approvisionnement adéquat et rapide que si chacun des maillons est encadré par des bataillons d’ingénieurs, de gestionnaires et d’experts financiers, eux-mêmes reliés aux administrations et à des secteurs entiers de l’industrie (quand ce n’est pas à l’armée). Le mixeur électrique, comme l’automobile, l’ordinateur ou le téléviseur, dépend entièrement de l’existence de vastes systèmes d’organisation et de production soudés les uns aux autres. En mettant le mixeur en marche, on n’utilise pas simplement un outil, on se branche sur tout un réseau de systèmes interdépendants. Le passage de techniques simples à l’équipement moderne implique la réorganisation de la société tout entière. »

Mais revenons-en au panier en osier et à la centrale nucléaire. Les implications sociales du panier en osier sont minimes. Il repose sur la transmission d’un savoir-faire très simple pouvant être compris et appliqué par n’importe quelle personne. Les implications sociales de la centrale nucléaire sont innombrables et terriblement étendues. La construction d’une centrale nucléaire repose en effet sur une organisation sociale en mesure de générer une grande spécialisation du travail, de produire des ingénieurs hautement qualifiés, des ouvriers, des dirigeants de toutes sortes (c’est-à-dire d’une organisation dotée d’un système scolaire sophistiquée), d’acheminer des matériaux entre des points distants du globe, etc.

Ceux qui affirment – souvent sans avoir sérieusement réfléchi au sujet – que les technologies sont « neutres », qu’on peut utiliser un couteau pour couper du beurre ou trancher la gorge de son voisin, occultent ou ignorent totalement les conditions d’obtention, de réalisation, de production dudit couteau. Ils occultent ou ignorent totalement la manière dont la technologie qu’ils prennent en exemple est fabriquée. Ils partent du principe que la technologie est déjà là – un peu comme si les technologies tombaient du ciel ou poussaient naturellement dans les arbres, ou comme s’il ne s’agissait que de simples outils flottant dans l’espace-temps, n’impliquant rien, issu de rien, n’attendant que d’être bien ou mal utilisé.

Ce n’est – évidemment – pas le cas. Aucune technologie n’est « neutre ». Toute technologie possède des exigences sociales et matérielles. Le cas des objets comme le couteau est spécial dans la mesure où il en existe des versions très simples, correspondant à des basses technologies, des technologies douces, dont les implications sociales et matérielles sont minimes, et des versions complexes, issues de la sphère des hautes technologies, dont les implications sociales et matérielles sont bien plus nombreuses. Un couteau ne possède pas les mêmes implications sociales et matérielles selon qu’il s’agit d’un couteau (préhistorique) en silex ou en obsidienne ou d’un couteau acheté chez Ikea en acier inoxydable (comprenant du chrome, du molybdène et du vanadium) avec manche en polypropylène : les procédés de fabrication, les matériaux nécessaires, les savoir-faire impliqués ne sont pas du tout les mêmes.

Le rapport avec le complotisme ? Une des caractéristiques du complotisme consiste à blâmer diverses figures, divers individus pour l’essentiel des maux qui accablent les êtres humains de la civilisation industrielle contemporaine. Comme si tous nos problèmes étaient le fait de mauvaises intentions de mauvaises personnes. La plupart des complotistes — mais ce trait ne leur est pas exclusif, il caractérise aussi l’essentiel des gens de gauche — s’imaginent que sans ces mauvaises personnes et leurs mauvaises intentions, nous pourrions vivre dans une civilisation technologique juste et bonne, égalitaire et soutenable. Il s’agirait simplement d’élire de bons gouvernants ou de réformer la société de diverses manières.

Seulement, comme on devrait le constater, les choses — y compris les technologies — ont aussi des exigences, des implications, indépendamment des volontés d’êtres humains spécifiques. Certaines technologies (certains types de technologies) sont, par nécessité, liées à l’autoritarisme. C’est notamment le cas, de manière assez évidente, de toutes les « hautes technologies », de toutes les technologies modernes en général.

Prenons encore un autre exemple : la taille des sociétés humaines. Dans son Projet de constitution pour la Corse, rédigé en 1765, Jean-Jacques Rousseau remarquait :
« Un gouvernement purement démocratique convient à une petite ville plutôt qu’à une nation. On ne saurait assembler tout le peuple d’un pays comme celui d’une cité et quand l’autorité suprême est confiée à des députés le gouvernement change et devient aristocratique. »

Dans son livre Le Mythe de la machine (1967), Lewis Mumford notait pareillement :

« La démocratie, au sens où j’emploie ici le terme, est nécessairement plus active au sein de communautés et de groupes réduits, dont les membres se rencontrent face-à-face, interagissent librement en tant qu’égaux, et sont connus les uns des autres en tant que personnes : à tous égards, il s’agit du contraire exact des formes anonymes, dépersonnalisées, en majeure partie invisibles de l’association de masse, de la communication de masse, de l’organisation de masse. Mais aussitôt que de grands nombres sont impliqués, la démocratie doit ou succomber au contrôle extérieur et à la direction centralisée, ou s’embarquer dans la tâche difficile de déléguer l’autorité à une organisation coopérative. »

La taille d’une société humaine possède, très logiquement, des implications sur — autrement dit, détermine, du moins en partie — la manière dont ses membres peuvent s’organiser politiquement. Indépendamment des volontés humaines. On peut bien souhaiter de tout son cœur faire société de manière réellement démocratique (c’est-à-dire au moyen de la démocratie directe) à 70 millions de personnes, en pratique, c’est compliqué.
Encore une fois, les choses ont des exigences.

Autre exemple, lié au précédent. La concentration humaine. Depuis son avènement, la civilisation est synonyme d’émergence de maladies infectieuses, d’épidémies et de pandémies (peste d’Athènes, peste antonine, etc.)[1], en raison de certaines de ses caractéristiques : une forte concentration d’animaux dits d’élevage ou domestiques, dans laquelle des pathogènes peuvent muter et se reproduire, à proximité d’une forte concentration d’êtres humains (leur regroupement dans des villes), qui peuvent ainsi être contaminés par lesdits pathogènes et se les transmettre, d’autant plus vite et d’autant plus amplement que la civilisation en question possède des moyens de transport rapides et planétaires. À tout cela s’ajoute une tendance à dégrader les écosystèmes existants, à perturber des équilibres, ce qui accroit les risques d’émergence de nouvelles épidémies[2].
Pour pallier ces problèmes, la civilisation industrielle a mis au point divers remèdes, dont la vaccination. De la même manière que sans médication (antibiotiques et autres), les porcs élevés de manière industrielle ne survivraient probablement pas, sans vaccins ou sans quelque palliatif, l’existence urbaine, la vie civilisée, serait difficile, les épidémies et les pandémies seraient encore plus nombreuses et dévastatrices.

Là encore, les choses ont leurs exigences. On pourrait multiplier les exemples. Cela signifie, entre autres, que la vie en ville, avec l’eau courante et l’électricité, les hautes technologies en général, possède de nombreuses implications sociales et matérielles, parmi lesquelles, selon toute probabilité, un système social hiérarchique, autoritaire et inégalitaire. Certes, les exigences des choses ne sont pas extrêmement précises, offrent une latitude relative (le pass sanitaire, en France, n’était sans doute pas une nécessité absolue, en revanche, tous les États du monde sont constitués de manière relativement similaire, partout on retrouve des forces de police, un président, etc.). Et effectivement, certains individus cherchent à accaparer toujours plus de pouvoir et de richesses.

Mais si nous vivons aujourd’hui dans des sociétés autoritaires, ce n’est pas — pas seulement — la faute de ces individus avides de contrôle, de pouvoir et de richesse. Le caractère autoritaire et inégalitaire de la civilisation industrielle ne résulte pas[3] — pas seulement — des intentions et des agissements de quelques ultra-riches comme Klaus Schwab ou Bill Gates. Il découle des exigences des choses qui la constituent — systèmes techniques, technologies spécifiques, géographies spécifiques, système économique, etc.
C’est-à-dire que si l’on souhaite se débarrasser de l’autoritarisme, des inégalités, fonder de véritables démocraties, il nous faut renoncer à toutes ces choses dont les exigences nous en empêchent — renoncer, notamment, aux technologies modernes.

[1] https://www.partage-le.com/2020/01/25/de-lavenement-de-la-civilisation-au-coronavirus-de-wuhan-trajectoire-dun-desastre-logique
[2] https://envol-vert.org/actu/2020/04/les-forets-nous-protegent-aussi-de-lapparition-de-nouveaux-virus/
[3] En revanche, initialement, si nous en sommes venus à vivre dans des sociétés autoritaires, dans la civilisation industrielle, c’est en grande partie à cause des intentions de quelques groupes d’individus, qui ont graduellement (et au moyen de la force, de la violence) imposé aux populations cette nouvelle organisation sociotechnique.

(post de Nicolas Casaux)

Une termitière machiniste qui sombre ou des sociétés vivables ?

Vous aimez le mode de vie des machines et des termitières ?, avec des dispositifs socio-techniques toujours plus puissants et totalitaires pour que « ça tienne » (vaccins, caméras, passes, biométrie...), où les personnes ne sont que des pions sous cloches vidéo-surveillés, et maintenus vaguement en vie à l’aide de palliatifs médicaux-policiers, un peu comme dans les gros élevages industriels. Avec une survie dégradée dans un environnement qui devient hostile du fait des catastrophes écologiques et climatiques, où les injonctions à la résilience et à l’adaptation veulent remplacer les résistances et rebellions contre les causes de ces destructions.
Si vous n’aimez pas, il faut alors lutter pour démolir la civilisation industrielle et son monde Machine, pour en sortir, pour sortir du monde de l’économie et de ses innovations technologiques, pour sortir du monde autoritaire de l’Etat et de son administration des désastres.

Se contenter d’être positif, de faire l’autruche, de compter sur « nos enfants » pour agir (quand il sera trop tard du fait de l’inertie du climat et des boucles de rétroaction ?), d’attendre que les dirigeants fassent quelque chose, ou d’espérer des solutions miracles futures n’est qu’un déni suicidaire, un repli auto-destructeur confortable.

La technologie n’est pas du tout neutre, et les technologies complexes appellent mécaniquement des systèmes autoritaires
Se noyer dans des mondes virtuels pour fuir la réalité et ne pas y agir

Le scientisme commence dès l’école

“Malgré la liberté de choix de leurs spécialités, les élèves de terminale générale ont largement reproduit les anciennes filières, notamment la série S. Leurs choix trahissent encore des orientations dictées par leur genre ou leur classe sociale. Les sciences restent les matières reines du lycée. Les élèves qui ont fait leur rentrée en terminale générale en septembre 2020 ont majoritairement choisi des combinaisons de spécialités scientifiques, selon les données officielles rendues publiques par le ministère de l’Éducation nationale. Au-delà de la prévalence des sciences, ils ont souvent reproduit les anciennes séries du bac général, et ont parfois fait des choix très tranchés selon leur genre ou leurs origines sociales.”
- L’Etudiant, L’ombre de la série scientifique plane encore sur le nouveau bac

“Disons-le clairement, ce système est capitaliste et industriel. Cette dernière caractéristique a pour origine la science des objets que l’on appellera technologie, qui elle-même doit tout à la science des énoncés que l’on peut qualifier soit de théorique soit d’expérimentale. Jusque-là rien de compliqué, la science a participé activement à l’essor de l’industrie et réciproquement. Je ne m’étendrai pas sur le fait qu’il n’y a plus, depuis au moins la Première Guerre mondiale, de cloisonnement entre science fondamentale et science appliquée, il faudrait être scientiste pour croire encore à cette mythologie.”

Ce scientisme qui consiste implicitement à croire en un monde sans limite et sous contrôle

“L’histoire des sciences montre que les accélérations extraordinaires, lors du siècle dernier notamment, doivent beaucoup aux industriels peu scrupuleux et aux différents conflits armés : la synthèse chimique a bénéficié des recherches sur les gaz toxiques militaires, la théorie du rayonnement thermique s’est développée dans les aciéries du début du XXe siècle qui furent utilisées pour fabriquer les obus de la première guerre mondiale ; le nucléaire doit son essor au projet de la Bombe ; l’informatique s’est inspirée entre autres des travaux de décryptage d’Enigma et des premiers calculateurs utilisés pour les essais nucléaires ; la science des matériaux s’est développée pour l’aviation militaire, etc. Nos progrès dans la destruction du vivant doivent donc beaucoup à la science et réciproquement.”

Le scientisme, comme toute religion, se plie devant l’Autorité, devant l’Etat, devant le Capital

“Toutes les Eglises ont scrupuleusement respecté et souvent soutenu les autorités de l’Etat, elles ont fait du conformisme une vertu majeure, elles ont toléré les injustices sociales et l’exploitation de l’homme par l’homme.”
- Jacques Ellul

“En effet, on ne lésine pas, en temps de guerre, sur les moyens alloués à la Recherche & Développement. Autre fait historique majeur absent du programme, ces progrès technologiques ont été réinvestis après conflit sans discernement par les industriels qui les ont en partie financés. Ainsi les chenilles des tanks ont équipé les bulldozers, les gaz toxiques se sont convertis en pesticides, la bombe nucléaire en bombe pacifique pour libérer des poches de gaz ou en centrales du même nom, et l’aluminium et le nylon d’abord utilisés dans l’aéronautique militaire ont envahi les habitations. Comment développer une éthique sans parler de cette « filiation » et de ces liens étroits avec l’industrie militaire ? Comment créer un véritable esprit critique si l’on ne parle que de « formidable aventure humaine » ou d’ « admirable aventure de l’esprit humain emplie de beauté, de raison [et] d’imagination » pour reprendre les mots de la personne qui a supervisé ces programmes, Pierre Léna ?

Nous nous considérons actuellement comme la génération qui a enfin compris les enjeux environnementaux, grâce, et il faudrait le souligner autant que le déplorer, à la débauche technologique des supercalculateurs cités dans les rapports du GIEC. C’est ce qui semble, en effet, transparaître des programmes récents toutes matières confondues. Ce manque d’humilité que l’on retrouve aussi dans la notion de « contrôle » de la nature inculquée dans ce nouveau programme, est historiquement contestable et se conjugue avec l’absence de faits montrant plutôt la construction scientifique autant qu’industrielle d’une inconscience environnementale.

Ainsi, pour prendre un exemple parmi tant d’autres, les ouvriers et le voisinage de l’industrie chimique naissante de la France du début du XIXe siècle n’ont pas eu besoin des détecteurs actuels pour comprendre et ressentir les dégâts écologiques et sanitaires causés par cette activité. En revanche, et la science se doit d’assumer ce passé, les institutions académiques scientifiques ont clairement participé à la protection de l’industrie en construisant des normes et des expertises avantageuses. Par exemple, l’académie des sciences a dévalorisé la parole du citoyen pour privilégier l’analyse d’experts scientifiques juges et parties, car aussi industriels de la chimie, comme Jean-Antoine Chaptal dont des établissements scolaires portent encore le nom aujourd’hui. La preuve scientifique, longue, onéreuse et dépendante de l’état des connaissances s’est ainsi imposée devant le principe de précaution, la prudence et l’humilité.”

Adrien D., Sur le scientisme à l’école, 2021
Voir https://sniadecki.wordpress.com/2021/01/17/scientisme-terminale/ (avec les notes et références)

Et aussi :

  • Allons-nous continuer la recherche ? - par Alexandre Grothendieck - La « crise » sanitaire (celle du Covid-19) ramène une fois de plus à l’esprit une question et un questionneur que la corporation scientifique s’efforce d’ignorer, d’éliminer et d’enfouir depuis un demi-siècle. Le questionneur est pourtant un scientifique lui-même, mathématicien de génie reconnu comme tel par ses pairs, et son questionnement est on ne peut plus scientifique : « Pourquoi faisons-nous de la recherche scientifique ? A quoi sert socialement la recherche scientifique ? Allons-nous continuer à faire de la recherche scientifique ? »

P.-S.

Perspectives et pistes de résistance active

La situation écologique, climatique, sociale est terrible.
Mais tant qu’il y a des résistances, rien n’est complètement perdu.
Et puis la civilisation industrielle, ce système techno-capitaliste et étatique, n’est peut-être pas si solide que ça, elle sans doute plus attaquable qu’on ne pense.

Il existe quantité de moyens de se battre, de lutter pour abattre/détruire/démolir/désarmer/stopper/effondrer les structures matérielles et idéologiques de la civilisation industrielle. Et quantité de moyens pour construire à la place des mondes vivables et soutenables.
Soutien financier, action directe, information, soutien aux personnes engagées, actions publiques ou clandestines, communication, refuges...
Il y en a pour tous les goûts, toutes les disponibilités et « niveaux » d’engagement.

Il y a des places pour chacun.e dans cette vaste culture de résistance à construire.

- Liens utiles pour aller plus loin :


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