La Rochelle : de nombreux David contre Goliath - retours et récits

Actions directes massives et/ou actions directes en petites groupes ?

vendredi 26 juillet 2024

Quelques récits des manifs et blocages à La Rochelle qui visaient des infastrutures agro-industrielles d’import-export.
De quoi réfléchir sur les modes d’actions et tactiques employées.

La Rochelle : de nombreux David contre Goliath - retours et récits

DEPUIS LA TERRE ET LA MER, TRACTEURS ET BATEAUX BLOQUENT LE PORT DE LA ROCHELLE : RÉCIT

Récit de la mobilisation à La Rochelle, ce samedi 20 juillet, poing d’orgue de 5 jours de rencontres internationales sur un village de l’eau qui a accueilli plus de 10.000 personnes, après une manifestation en plein champs vendredi devant la coopérative Terrena et le désarmement naturaliste d’une bassine appartenant à une ferme-usine.

Par Les soulèvements de la terre.
La journée a démarré avec le blocage surprise du port et de l’entreprise de négoce en céréale Soufflet, par un convoi de tracteurs surgissant depuis le pont de l’île de Ré au nez et à la barbe du dispositif policier. Ils ont été rapidement rejoints par un cortège caché dans le port avec une banderole « Paysan·nes, travailleurs, autonomes, unissez vous ! ». Loin des oppositions binaires mises en scène par le gouvernement entre écologistes et agriculteurs, ce blocage marque une fois de plus l’engagement paysan dans la lutte anti-bassines.

Aujourd’hui, les paysann·es comme le reste des manifestant·es avaient pour but de cibler des ennemis communs majeurs : les méga-coopératives et entreprises de négoce du port de la Pallice. Celles-ci appuient en effet la construction des méga-bassines pour rentabiliser leurs investissements dans l’agrandissement du port. Elles s’accaparent le revenu des paysan·nes pour maximiser leurs profits et les poussent à une course folle au rendement au détriment des terres, de l’eau et des populations.

Relevant une nouvelle fois le défi des interdictions systématiques de manifester et malgré les nombreux blocages policiers, plus de 8000 personnes ont réussi à se réunir dans le parc Charruyer. Elles ont été ralliées tout au long de l’après-midi jusqu’à atteindre 10.000 manifestantes. Durant les prises de parole initiales, une délégation internationale, composée de 200 personnes venu·es du monde entier a souligné à quel point ce port est un outil majeur de l’extractivisme néocolonial. En effet, la moitié des flux du port alimentent le complexe agro-industriel, l’autre moitié l’industrie du pétrole et du BTP. Le port est le catalyseur d’un capitalisme fossile qui nous fait foncer tout droit dans le bouleversement climatique.

On y retrouve pêle-mêle : Total, CMA-CGM, Lafarge, et bien sûr Bolloré. Celui-ci ne se contente pas d’intoxiquer nos esprits avec sa propagande néo-fasciste, il intoxique le monde avec ses industries responsables, entre autre, de déforestations massives pour l’huile de palme ! Il a été l’un des principaux investisseurs de l’agrandissement du Port de La Rochelle où il est toujours bien présent via son pôle énergie. Jadis, c’est le port négrier qui a fait la fortune des négociants rochelais. Aujourd’hui, la fortune de ces multinationales est toujours directement issue du pillage de l’Afrique et des guerres que celui-ci engendre.

Après les prises de parole, les manifestant•e•s se sont divisé•es en deux cortèges pour ruisseler vers le port avec pour objectif d’établir différents points de blocages festifs aux alentours et tenter une approche par la mer. Le premier cortège a longé la côte en faisant jonction avec les 10 tracteurs paysans copieusement gazés par la police en fin de matinée avant d’être obligés de quitter leur piquet.
Comme promis le cortège côtier a réussi à entrer sur la plage la plus proche du port de la Pallice et à partir le bloquer par voie marine avec de nombreuses embarcations et des nageurs·euses longeant la côté. Ils ont été rejoints par une flottille de catamarans et kayaks déjà en route malgré les interdictions de naviguer.

Le second cortège qui a emprunté les boulevards en direction du port a quant à lui été rapidement nassé, gazé et lourdement chargé dans la ville, mais à fini par s’extraire du piège policier. Les deux cortèges ont fini par se rejoindre en milieu d’après-midi en faisant une haie d’honneur aux tracteurs dans une ambiance de fête, en chantant malicieusement « Et tout le monde déteste La Pallice » ou encore « siamo tutti antibassini », marquant ainsi la jonction des luttes écologistes et antifascistes.

Les forces de l’ordre ont de nouveau attaqué la manifestation avec des gaz et canons à eau. Plusieurs interpellations ont eu lieu dont plusieurs avec des violences des forces de l’ordre. Ils ont fait face à des manifestant·es de tout âge et de toutes conditions physiques, mais extrêmement solidaires, déterminé·es à se protéger ensemble des coups et à ne pas se lâcher.
À l’heure où nous écrivons ce communiqué une partie de la manifestation se dirigeait vers la plage de la concurrence pour clore la journée.
Nous avons déployé aujourd’hui différentes manières de bloquer le port de La Pallice. Nous y reviendrons tant que ses multinationales détruisent nos vies, nos fermes, nos bassins versants et ceux des populations de l’autre côté de l’océan.

Un an et demi après Sainte-Soline, ces deux journées de manifestation démontrent l’inventivité et les capacités de rebond du mouvement anti-bassines, et ce malgré une pression politique et policière sidérante. Chaque chantier de bassines et les entreprises responsables vont continuer à être combattus pieds à pied localement et nationalement. Il est temps de faire bassine arrière, de statuer sur un moratoire et d’ouvrir la voie à une bascule agro-écologique.

La Rochelle : de nombreux David contre Goliath - retours et récits
La Rochelle : de nombreux David contre Goliath - retours et récits

🚜 SURGISSEMENT MATINAL AU PORT DE LA PALLICE

Rejoignez les tracteurs sur le blocage !
Alors qu’une nouvelle grande manifestation anti-bassines est annoncée à 10h, des paysanꞏnes en tracteur ont surgi depuis le pont de l’île de Ré dès 6h du matin pour commencer le blocage du port de commerce La Rochelle. Déjouant le dispositif d’interdiction de manifester et pénétrant dans la zone rouge, 200 syndicalistes, paysan.nes, militantꞏes écologistes et autonomes, les ont rejoint devant les silos géants à l’intérieur du port.
Ils ont installé ensemble un blocage paysan avec une dizaine de tracteurs devant les bâtiments de l’entreprise Soufflet.

La Rochelle : de nombreux David contre Goliath - retours et récits

GABASSINES : LA ROCHELLE SOUS LES MATRAQUES


10.000 personnes ont manifesté ce samedi 20 juillet à La Rochelle pour protéger les ressources en eau et dénoncer les mégabassines.
Une nouvelle mobilisation très courageuse, puisque l’État français avait déployé des moyens colossaux depuis des jours pour empêcher et terrifier toute possibilité de s’exprimer.

3.000 policiers, des nasses et des arrestations préventives, des drones et des hélicoptères, des discours mensongers et anxiogènes...
Malgré toutes ces interdictions, une première action réussie a pris la gendarmerie de cours à l’aube, avec un blocage paysan du port de La Rochelle, et en particulier de l’entreprise de spéculation sur les céréales Soufflet. Les tracteurs ont été chargés et gazés en fin de matinée.

À midi, des milliers de personnes parvenaient à converger dans un parc, avant de défiler dans la ville. Les unités les plus violentes du maintien de l’ordre français ont été envoyées pour charger, frapper et gazer sans relâche, chassant les manifestant-es partout où ils allaient. La CRS 8 a notamment passé à tabac une foule pacifique dans le seul but de la traumatiser.

Les gendarmes, appuyés par des blindés et des canons à eau, ont également chargé l’avant et l’arrière d’un cortège simultanément, mettant en danger tout le monde.
Cela n’a pas empêché les 10.000 personnes présentes dans les rues de marcher en direction du port et de créer une belle pagaille. En chemin, une enseigne Super U a été prise pour cible, des barricades sont apparues et certaines charges policières tenues à distance avec des feux d’artifice. Mieux, la répression n’a pas empêché la dimension festive et plurielle des cortèges.
Pendant ce temps, au large du port, des kayaks ont aussi manifesté pour bloquer l’accès depuis l’océan.
Cette journée sous un soleil de plomb s’est poursuivie avec des slogans chantés directement sur la plage et dans la mer.

- Quelques images par Clément Lanot, Bismuth Back, Laurent Bigot, Arnaud César Vilette, The brake et Emilio Meslet
- vidéo : https://fb.watch/trB3gVZ2BZ/

(posts de contre Attaque)

DIVERS

  • Les Soulèvements, une inspiration pour les écologistes radicaux européens - Les Soulèvements de la Terre sont une source d’inspiration pour les activistes européens. Certains ont participé aux mobilisations contre les mégabassines et en tirent un bilan stratégique fait d’espoir et de doutes. (...) Des deux journées de manifestation, les militants européens retiennent des chants entêtants pour mettre « à bas l’État policier » et une joyeuse baignade accompagnée par la fanfare, mais aussi le sentiment d’assister à une répression accrue des mouvements écologistes qui rend les actions de masse « moins efficaces ». « Ce qui m’a beaucoup surprise, c’est que des pratiques de la police française, comme les contrôles d’identités et les fouilles sans justificatif ou laisser un feu se propager dans un champ où se trouvent des centaines de personnes, qui me semblent illégitimes et illégales, paraissent normalisées en France », s’étonne Mariana, membre du collectif portugais pour la justice climatique Climaximo. (...) La militante portugaise appelle à tirer les leçons des manifestations de Poitiers et La Rochelle qui n’ont pas atteint physiquement leurs cibles, et donc la nécessité de mener des « actions directes en plus petits groupes ». (...)
  • Bottes, serviettes hygiéniques : ces objets absurdes confisqués aux antibassines - Les centaines d’objets confisqués par la gendarmerie durant le Village de l’eau des militants antibassines ont commencé à être restituées à leurs propriétaires. Révélant une forme d’amateurisme et un déni de justice.
  • Ce que je ne sais pas encore nommer - Village de l’eau - Melle - Juillet 24 : On évalue, régulièrement et à tort, une lutte à son efficacité supposée : nombre de participants (selon la police ou les organisateurs), avancées dans les négociations institutionnelles, m2 de vitrines brisées, likes sur les réseaux, faveurs de l’opinion publique. C’est pourtant toujours autre chose qui se joue et compte comme cet article vient nous le rappeler.
  • La Rochelle, le 20 juillet : nassage, gazage, matraquage… - « C’est l’écrasement à la verticale des corps les uns contre les autres. » : Nous sommes plusieurs milliers à constituer le cortège... Jusque là, la progression est ponctuée par les annonces en tête de cortège, une gestuelle particulière vient ponctuer le temps. Tour à tour différents signes se posent : silence, grouper, tout droit... La situation évolue au gré de la présence des forces de l’ordre. Jusqu’à 13H30, jusqu’à la charge brutale et démesurée qui fait suite à des ordres de dispersion vite balancés par haut-parleur par un membre des robocops... Quelques secondes avant la charge des lacrymos sont balancées. Nous sommes faits comme des rats. Cette charge prévisible nous entasse les uns contre les autres. La dispersion est impossible.

Répondre à cet article

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
[Se connecter]
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Partagez la page

Site réalisé avec SPIP | | Plan du site | Drôme infos locales | Articles | Thèmes | Présentation | Contact | Rechercher | Mentions légales | Suivre la vie du site RSS 2.0
Médial local d'information et d'expression libre pour la Drôme et ses vallées, journal local de contre-pouvoir à but non-lucratif, média participatif indépendant :
Valence, Romans-sur-Isère, Montélimar, Crest, Saillans, Die, Dieulefit, Vercheny, Grane, Eurre, Loriol, Livron, Aouste sur Sye, Mirabel et Blacons, Piegros la Clastre, Beaufort sur Gervanne, Allex, Divajeu, Saou, Suze, Upie, Pontaix, Barsac, St Benois en Diois, Aurel...
Vous avez le droit de reproduire les contenus de ce site à condition de citer la source et qu'il s'agisse d'utilisations non-commerciales
Copyleft