Ca fait des années que l’Etat français nous bassine avec ses projets scientifiques d’exploration des grands fonds marins.
On savait pertinemment qu’il ne s’agissait pas du tout d’exalter la soi-disant science pure (dans le techno-capitalisme il n’y a que de la science impure), mais de préparer des recherches minières bien sales, bien destructrices, pour alimenter les fours capitalistes, la grande machine à fabriquer toujours plus d’argent.
L’Etat-capitalisme sait que les matières premières arrachées à la planète en quantités astronomiques croissantes grâce aux technologies modernes sont indispensable à la poursuite de la Machine sans tête, que les bagnoles électriques et les appareils numériques décrits comme « clean » ne poussent pas dans les choux mais sont issus de l’extractivisme, de processus industriels mondialisés complexes sales, polluants et destructeurs, souvent coloniaux.
Il sait aussi que la réouverture de mines prévue un peu partout en France ou ailleurs ne suffira pas à contenter les besoins de la Croissance et de ses industries voraces.
Donc le grand bleu, les fonds marins indispensables aux équilibres vitaux de la biosphère pour la régulation du CO2 et de l’oxygène, des écoystèmes riches et inconnus, pourraient bien eux aussi être ravagés à coup d’aspirateurs géants, de karcher, de foreuses et d’explosifs, pardon, restons positifs : « exploités rationnellement via des processus éco-industriels minimisants les impacts négatifs qui resteront localisés et mineurs par rapport aux avantages majeurs pour l’Economie décarbonée ».
La civilisation industrielle et ses COP 26 ravagera TOUTE la planète jusqu’au bout si nous ne l’arrêtons pas.
Si nous croyons trop longtemps encore aux contes à dormir debout d’un possible système techno-industriel capitaliste bio-vert-durable-éthique, le réveil pourrait être dur et brutal, et se faire les deux pieds déjà bien embourbés au fond d’une tombe profonde.
- La France veut extraire les métaux rares des fonds océaniques, une entreprise destructrice et suicidaire
- La civilisation industrielle réclame toujours plus de matières premières pour ses nouvelles industries smart. Les océans seraient plus vite pillés que la planète Mars
L’EXPLORATION MINIÈRE DES GRANDS FONDS MARINS, OU COMMENT ACHEVER LA BIOSPHÈRE
« Emmanuel Macron a dévoilé mardi 12 octobre un plan d’investissement de 30 milliards d’euros sur cinq ans pour développer la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir en France. Autour de deux milliards d’euros vont être investis dans l’exploration des fonds marins mais aussi de l’espace. Cette exploration est "un levier extraordinaire de compréhension du vivant, d’accès à certains métaux rares, de compréhension du fonctionnement de nouveaux écosystèmes d’innovation", a souligné le chef de l’État. Mais cette exploration pourrait conduire à une exploitation de ces fonds marins, redoutent des ONG.
Dans les fonds marins, on trouve en effet les minéraux de demain, qui entrent dans la composition des batteries des voitures électriques ou des appareils de communication. Il s’agit par exemple de cobalt, de manganèse ou de nickel. Ces minerais se trouvent à plus de 4 000 mètres de profondeur. Ils sont contenus dans des concrétions minérales qu’on appelle des nodules polymétalliques. On trouve aussi des cheminées hydrothermales qui ont pour certaines plus de 120 000 ans. »
Parmi les ONG dénonçant le "deep-sea mining", on trouve Greenpeace qui, comme d’habitude, prend les gens pour des imbéciles. Greenpeace défend la colonisation de nos milieux de vie par des panneaux solaires, des éoliennes et des batteries de stockage, ainsi que la conservation et le développement de l’intelligence artificielle éthique, des smartphones éthiques, l’Internet éthique, la vidéo en ligne éthique, les datacenters éthiques, etc., autrement dit les technologies gourmandes en métaux rares nécessitant d’envoyer des bulldozers détruire les abysses que Greenpeace dit vouloir protéger... Greenpeace souhaite voir "la technologie au service des humains", un voeu pieux puisque la technologie est hors de contrôle depuis la première révolution industrielle. Si le contraire était vrai, on ne serait pas en train d’assister au suicide de l’espèce humaine. Il suffit de consulter la "Vision pour les mondes de demain" de Greenpeace, dans laquelle ils imaginent une dystopie technobiodurable, pour réaliser à quel point ces gens sont déconnectés de la réalité :
« La technologie numérique continue d’occuper une place importante au travail, dans l’accès à la connaissance et la communication avec nos proches. Nous limitons cependant les volumes de données échangées sur internet, tandis que les datacenters sont alimentés exclusivement en énergie renouvelable. Les plateformes de vidéo à la demande adaptent la qualité aux besoins réels, permettant à chacun•e de se cultiver et de se divertir sans trop peser sur les écosystèmes. » (https://bit.ly/3DAp8EB).
Derek Abbott, physicien et ingénieur australien de l’université d’Adélaïde, a estimé qu’il faudrait construire au moins 15 000 réacteurs nucléaires supplémentaires pour compenser la sortie des énergies fossiles alimentant à l’heure actuelle à hauteur de plus de 84 % la civilisation industrielle (https://bit.ly/3v4uLIk). La leçon à retenir ici, c’est que les énergies fossiles ne seront JAMAIS abandonnées tant que la civilisation techno-industrielle ne sera pas démantelée en totalité. L’autre leçon à retenir, c’est que les promoteurs des énergies biodurables « propres » et « vertes » sont tout aussi fous et dangereux que les nucléaristes.
Avec Greenpeace, on dévaste la planète en gardant la conscience tranquille, puisqu’on le fait avec "éthique", "résilience" et "sobriété", et en écriture inclusive s’il vous plaît. On comprend mieux pourquoi un paquet de crétins progressistes technoperfusés continuent de mettre la main au portefeuille pour sponsoriser Greenpeace.
Après avoir dévasté les terres, l’industrie minière s’apprête donc à achever les océans, ce qui pourrait avoir des répercussions cataclysmiques sur la biosphère. Interviewé dans le documentaire La ruée vers les fonds marins du Pacifique, Matthias Haeckel, chercheur au centre GEOMAR Helmholtz pour la recherche océanique, déclarait :
« Le plancher océanique, surtout celui des abysses qui représente une immense surface, est le moteur principal du cycle mondial du carbone. C’est lui qui équilibre notre climat à une échelle temporelle d’environ 100 000 ans. À cela s’ajoute un 2e cycle que l’exploitation des nodules [polymétalliques] risque également de perturber, qui est celui de l’oxygène. Les sédiments marins régulent le taux d’oxygène, et là, il s’agit d’un cycle sur plus de deux millions d’années. »
Le progrès scientifique et technique est une entreprise suicidaire à laquelle il faut mettre un terme. Le très respecté mathématicien français Alexandre Grothendieck avait déjà, dans les années 1970, suggéré de cesser la recherche scientifique et technique qu’il jugeait incapable de résoudre les innombrables problèmes posés par la civilisation industrielle.
« Les activités scientifiques que nous faisons ne servent à remplir directement aucun de nos besoins, aucun des besoins de nos proches, de gens que nous puissions connaître. Il y a aliénation parfaite entre nous-mêmes et notre travail. »
« À l’intérieur de la civilisation occidentale ou de la civilisation industrielle, il n’y a pas de solution possible. L’imbrication des problèmes économiques, politiques, idéologiques et scientifiques est telle qu’il n’y a pas d’issues possibles. »
(voir cet article de l’excellent média Sciences Critiques : https://bit.ly/3mHUT7S)
Avant lui, le penseur technocritique Jacques Ellul écrivait ceci dans La Technique ou l’Enjeu du siècle (1954) :
« La technique n’adore rien, ne respecte rien ; elle n’a qu’un rôle : dépouiller, mettre au clair, puis utiliser en rationalisant, transformer toute chose en moyen. Bien plus que la science qui se borne à expliquer des “comment”, la technique est désacralisante, car elle montre, par l’évidence et non par la raison, par l’utilisation et non par des livres, que le mystère n’existe pas. La science perce à jour tout ce que l’homme avait cru sacré, la technique s’en empare et le fait servir. Le sacré ne peut pas résister. La science va vers les grands fonds de mer pour photographier les poissons inconnus qui hantent les abîmes ; la technique les capture, les ramène à l’air pour voir s’ils sont comestibles, mais avant d’arriver sur le pont du navire, ils ont éclaté. Et pourquoi la technique ne le ferait-elle pas ? Elle est autonome, elle ne connaît comme barrières que les limites temporaires de son action. »
Le démantèlement du système technologique est la seule issue rationnelle pour éviter l’extinction de l’espèce humaine et l’anéantissement complet de la biosphère.
Post de Nicolas Casaux
- La France veut extraire les métaux rares des fonds océaniques, une entreprise destructrice et suicidaire
- La civilisation industrielle ne fait que déplacer les problèmes, et fait tout empirer au niveau global
Comme les forages pétroliers off-shore ou les délocalisations d’industries, l’extraction minière des planchers océaniques se déroulerait loin des yeux, les ravages qu’elles entraînent pourraient ainsi être masquées plus facilement.
Et ses industries minières pourraient être nettement moins atteignables/bloquables que les mines terrestres actuelles.
- La France veut exploiter les métaux rares des fonds océaniques, une entreprise destructrice et suicidaire
- Grâce à la techno-science, la civilisation industrielle pourra exploiter de nouveaux écosystèmes, et donc augmenter ses ravages
voir aussi :
- Manifeste contre l’exploitation minière prétendument « verte » ou « durable »
- L’avenir des fonds marins, entre eldorado minier et désastre écologique - Alors que des métaux essentiels pour l’économie numérique comme pour la transition écologique pourraient venir à manquer sur la terre ferme, d’énormes réserves reposant au fond des océans attisent les convoitises. Mais chercheurs et ONG s’inquiètent des conséquences pour des écosystèmes abyssaux encore largement inconnus.
- L’exploitation des fonds marins, nouvelle limite autodestructrice de l’humanité -
- La France veut exploiter les métaux rares des fonds océaniques, une entreprise destructrice et suicidaire
- Robots et machines sophistiquées pour mieux racler et détruire les recoins encore relativement épargnées de la biosphère
- La France veut exploiter les métaux rares des fonds océaniques, une entreprise destructrice et suicidaire
- Il est impossible, suicidaire et absurde de chercher à résoudre les problèmes posés par la techno-industrie par davantage de techno-industrie