Un nouvel article sur un sujet important :
sur « La Collapsologie ou l’écologie mutilée », livre de Renaud Garcia
Depuis plusieurs années, les collapsologues et autres effondristes sont sur le devant de la scène. Ces experts de l’effondrement sont présents dans les médias, les cercles de pouvoir et les avant-postes du libéralisme…
Pour toute personne qui s’inquiète des mécanismes de l’exploitation et de la marchandisation du vivant, de la spectacularisation de la réalité qui en découle, cette médiatisation sème le doute :
« Dans une société, quand on parle surabondamment d’une certaine donnée humaine, c’est que celle-ci n’existe pas. »
Proche des idées d’Ellul, d’Illich, de Charbonneau, de Weil, Renaud Garcia, dans son essai La collapsologie ou l’écologie mutilée, paru aux éditions de l’Échappée, se propose d’en analyser les discours pour en révéler toutes les dangereuses incohérences et inversions.
(...)
Plus qu’inconsistante, la pensée des effondristes est dangereuse. Elle s’accorde parfaitement au système idéologique et politique qui détruit nos vies et la planète. En refusant toute altérité, elle ne nous permet plus de prendre la mesure de notre liberté. En faisant table rase du passé, elle nous abandonne à la vacuité et à l’angoisse. En nous imposant l’avis de ses experts, elle disqualifie notre capacité à penser. Ses experts auront ainsi tout l’avenir devant eux pour nous faire payer cher les cinq phases du deuil de notre liberté. Ce que les effondristes masquent en réalité, c’est l’opposition entre ceux qui ont le pouvoir, les technocrates, et ceux qui ne l’ont pas. Leurs experts n’ont pour raison d’être que de nous intégrer au système.
C’est pourtant contre le pouvoir des technocrates que l’écologie politique s’est développée
(...)
Résister, c’est retrouver le sens de l’attachement et de la mémoire, la loyauté à l’égard de la vie ordinaire. C’est apprécier des actions simples, retrouver le sens des lieux et des liens que l’on y cultive. Résister, c’est se soucier du monde et tout faire pour rester tout simplement humain.
Enfin, une résistance écologique ne saurait faire l’impasse sur ce que nous enseignent les écoféministes de la subsistance telles que Maria Mies, Claudia von Werlhof et Veronika Bennholdt-Thomsen. Ces dernières, depuis les années 1970, défendent l’idée que les femmes sont les meilleures gardiennes des activités de subsistance qui résistent au monde du travail abstrait et du salariat. S’inspirant des populations du Sud, des alternatives rurales en marge et aux limites du monde marchand, elles théorisent une aspiration à une société juste, non patriarcale et autosuffisante : la perspective de subsistance. Renouer avec le travail traditionnel qui engendre la subsistance, accepter « l’effort de recommencer dans la non-puissance, de vivre contre son temps » de manière à provoquer le retour des arts de faire du quotidien, seuls garants de notre liberté incarnée.
Forum de l’article