L’extrême-droite en force en Allemagne - D’énormes contestations en Grèce, Serbie, Slovaquie, Monténégro...

Le pire et le meilleur en Europe

samedi 1er février 2025

Parce que les médias mainsteam en France parlent peu des révoltes en Europe quand elles visent des régimes néo-libéraux et autoritaires, parlons un peu des soulèvements et manifestations en Grèce, Serbie, Slovaquie...

En Grèce comme en France : Nous n’avons pas d’oxygène !

L’extrême-droite en force en Allemagne - D’énormes contestations en Grèce, Serbie, Slovaquie, Monténégro...
  • Allemagne : pour la première fois depuis 1945, la droite parlementaire s’allie aux néo-nazis - C’est un coup de tonnerre politique qui a eu lieu en Allemagne mercredi 29 janvier. (...) Et tout cela alors que l’AfD s’envole dans les sondages, avec plus de 20% des intentions de vote, en deuxième position derrière la CDU, créditée de 29% des voix. La droite et l’extrême droite seraient donc désormais majoritaires en Allemagne. Ici encore, c’est la fin d’une époque d’alternance entre le centre-gauche et le centre-droit. Les groupes issus du néo-nazisme étaient quasiment inexistants dans le pays depuis 1945, ils sont à présent la deuxième force politique du pays. (...) Quand l’Allemagne se réarme massivement et vote pour l’extrême droite, c’est généralement un mauvais présage.
  • En Grèce : marée humaine pour les victimes du néolibéralisme - Dimanche 26 janvier, une déferlante a pris les rues des villes grecques, afin de réclamer justice pour les 57 personnes tuées dans la catastrophe ferroviaire de Tempi, il y a deux ans. (...) Deux ans après le drame, rien n’a changé, sauf la répression qui s’est durcie. Ce dimanche à Athènes, de nombreux-ses manifestant-es ont été arrêté-es et blessé-es. La police a tiré de nombreuses grenades de désencerclement et des patrouilles à moto ont semé la terreur. Mais ce déchaînement ne masque pas l’immense soif de justice qui n’a pas été étanchée en Grèce depuis trop longtemps.
  • Serbie : un immense mouvement social entraîne la démission du Premier Ministre - La lutte contre la corruption et l’autoritarisme va-t-elle renverser le gouvernement ? (...) Pourquoi un mouvement aussi puissant en Europe est-il si peu connu ? Pourquoi les médias français en parlent aussi peu ? Car le régime corrompu et réactionnaire de Belgrade est européiste, il est considéré comme étant dans le camp des gentils de la géopolitique mondiale. Il n’est donc pas dénoncé comme l’a été dernièrement, à juste titre, celui qui gouverne en Géorgie est qui est pro-Russe.
    Le départ de Milos Vucevic risque d’entraîner à nouveau, des élections législatives anticipées. La Serbie, en plein soulèvement, entre dans une zone d’incertitude et d’espoirs.
L’extrême-droite en force en Allemagne - D’énormes contestations en Grèce, Serbie, Slovaquie, Monténégro...

La Grèce en ébullition

(extrait d’une lettre d’info récente de Maud et Yannis Youlountas)

(...)
Les valets du pouvoir ont fait preuve d’une peur panique face à l’arrivée d’une foule massive. Pendant ce temps, les médias occidentaux n’ont répété comme des perroquets que les chiffres ridicules et mensongers de la police grecque : 40.000 manifestants à Athènes et 80.000 dans toute la Grèce, alors que le nombre réel était autour de 250.000 à Athènes et plus de 500.000 dans toute la Grèce, soit 1/20e de la population du pays. Sur ordre, plusieurs centaines de policiers ont d’abord tenté d’éloigner les journalistes indépendants qui témoignent en images de ces événements, de la violence de la répression et, parfois, des scènes de torture au coin des rues. Comme d’autres vidéastes et photoreporters connus pour être proches du mouvement social, Marios était l’un des plus gênants, une fois de plus, avec son appareil photo et sa persévérance. Il a délibérément été visé à la tête par une grenade de désencerclement qui, heureusement, n’a explosé qu’après le rebond et pas contre sa tête. Sinon Marios serait mort.
(...)

Depuis la privatisation, les trains sont très peu entretenus, sur des rails en très mauvais état et surtout sans système de sécurité moderne du fait de l’obsession du profit. Il y a bientôt deux ans, l’un de ces trains de voyageurs en perdition a percuté une cargaison de produits chimiques et explosifs qui se trouvait sur la même voie depuis 19 minutes sans que personne ne s’en rende compte. La révolte est d’autant plus grande qu’un enregistrement sonore a récemment été rendu public par la mère d’une des victimes. On y entend sa fille témoigner de la situation, puis suffoquer, avant de conclure en agonisant : « je n’ai pas d’oxygène. »

Ces derniers jours, cette phrase est devenu le nouveau slogan du mouvement social qui résume l’étouffement de la société toute entière, à tous les niveaux : « Den echo oxygono » (je n’ai pas d’oxygène). Ce slogan est maintenant repris dans toutes les régions de la Grèce, y compris dans des tout petits villages révoltés, eux aussi, et pas seulement dans des grandes villes réputées pour l’intensité de leurs manifestations et de leurs émeutes. Nous n’avons plus d’oxygène dans ce système économique étouffant qui creuse les inégalités. Nous n’avons plus d’oxygène dans une société toujours plus autoritaire et répressive. Nous n’avons plus d’oxygène dans un monde qui s’autodétruit chaque jour en saccageant la terre et la mer qui agonisent, elles aussi.
(...)
À Athènes plus qu’ailleurs, sur ordre des responsables politiques effrayés, la police a fait usage de beaucoup de violence pour tenter de disperser la manifestation gigantesque qui a envahi tout le centre-ville, provoquant une importante indignation. Les arrestations en masse ont également beaucoup choqué, ainsi que de nouveaux cas de torture aux coins de plusieurs rues. La colère ne cesse de monter contre l’autoritarisme du pouvoir et de sa police. De plus, jeter massivement du gaz lacrymogène sur une manifestation qui scande « Je n’ai plus d’oxygène, j’étouffe », c’est jeter de l’huile sur le feu, surtout quand, parmi les nombreuses personnes gazées se trouvent des dizaines d’enfants dans des poussettes et plusieurs familles des victimes.
(...)
Après avoir essayé d’enterrer l’affaire et d’empêcher les poursuites contre les hauts-responsables, le gouvernement grec panique maintenant de plus en plus face au mécontentement généralisé de la population. Sa volonté de nous empêcher de filmer ou photographier certaines choses est symptomatique de l’évolution du régime, à l’instar de ce qui s’est passé pour Marios et pour beaucoup d’autres journalistes indépendants avant lui (par exemple, plusieurs des créateurs du film Nous n’avons pas peur des ruines se sont retrouvés à l’hôpital, blessés suite à des charges latérales avec l’objectif de provoquer des mauvaises chutes, alors que nous étions en train de filmer sans comprendre ce qui nous arrivait, comme le confirment des dizaines de témoins). La pseudo liberté de la presse continue de fondre comme neige au soleil, mais nous ne baissons pas les bras, bien au contraire, avec toujours plus de soutien dans une population qui semble se réveiller d’un sommeil forcé, chaque jour plus nombreuse à prendre conscience de la situation globale et à protester.

En Grèce comme ailleurs, beaucoup de monde comprend de mieux en mieux que ce système politique est à bout de souffle, qu’il n’est pas réellement démocratique mais profondément autoritaire et qu’il est capable de bien pire dès qu’il se sent en danger. Bien sûr, ni en Grèce ni en France, nous ne sommes encore au degré le plus violent, celui d’une dictature qui élimine physiquement ses opposants. Mais la montée du fascisme est bien là, visible, palpable, mystificatrice et décidée à frapper toujours plus fort. Ce système économique et politique ne cesse de creuser les inégalités, partout dans le monde, et de nous conduire dans l’impasse. Il n’arrive plus à bercer d’illusions la masse des exploités et a donc décidé d’utiliser massivement son joker, une fois de plus : en montrant du doigt des boucs-émissaires parmi les plus précaires et en lâchant ses partisans les plus enragés contre toutes celles et ceux qui menacent ses intérêts.

L’enjeu actuel est donc, plus que jamais, la prise de conscience de ce qui se déroule sous nos yeux : un durcissement du capitalisme et de la société autoritaire qui franchit de nouveaux paliers, d’année en année ; le conditionnement de ses forces répressives, principales et auxiliaires ; la transformation du sourire carnassier des puissants en une grimace inquiète et jusqu’au boutiste.

Le masque est en train de tomber. Et sous ce masque, il n’y a jamais eu autre chose que le mépris et le plaisir de dominer. Derrière les oripeaux de la société de consommation et du bourrage de crâne télévisé sous le contrôle des milliardaires, il y a, en réalité, un refus absolu de nous laisser prendre nos vies en mains. Derrière les discours polis et démagogues, il y a le visage de la mort. Sous le masque de nos principaux dirigeants, il y a le fascisme. Voilà pourquoi nous manquons d’oxygène dans cette société absurde et mortifère. Voilà pourquoi nous sommes de plus à plus nombreux à vouloir sortir de la préhistoire politique de l’humanité.
(...)


LA CONTESTATION S’ETEND A TOUS LES PAYS DES BALKANS

Un boycott contre la hausse des prix des grandes chaines de distribution parti de la Croatie vendredi dernier qui a fait baisser la consommation de moité dans ces magasins du pays s’étend ce vendredi 31 en Bosnie-Herzégovine à nouveau en Croatie et en Serbie et au Monténégro où il va se mêler à la contestation des étudiants et étendre la contestation à d’autres sujets tout en l’étendant à toute la région.
Le 1er février, après la chute du 1er ministre, est prévu une manifestation géante en Serbie pour les 3 mois du mouvement

Au Monténégro, le 1er février est la date ultimatum posé par les étudiants pour la démission du ministre de l’intérieur et des chefs de la sécurité

POUVOIR DU PEUPLE EN SERBIE

Manifestation ce soir à Kragujevac en Serbie, 150 000 habitants, après la démission du 1er ministre Vuccevic comme dans beaucoup de villes
Les manifestants veulent l’arrestation du président Vucic en plus du 1er ministre Vucevic son passage en justice, la dissolution de son gouvernent, de son parti, le SNS , l’arrestation de tous ses dirigeants et ils ne veulent pas de nouvelles élections truquées mais un pouvoir direct du peuple : ils continuent les manifestations
https://www.facebook.com/kreni.promeni/videos/3833264086937825

LE REGIME SLOVAQUE VACILLE FACE A LA CONTESTATION

La majorité gouvernementale de Fico allié à l’extrême-droite et à Poutine, déjà fragile, est devenue hier une minorité après que 4 députés l’aient quittée suite aux manifestations qui durent depuis un an mais qui sont devenues massives en ce début 2025 avec des mobilisations jamais vues à Bratislava et dans les autres villes depuis 1989, quand le régime pro-russe était tombé.
Le gouvernement pourrait donc tomber suite à une motion de censure comme il y en a eu une la semaine dernière avant que les 4 députés ne fassent basculer la majorité.
Fico menace d’un coup d’Etat, mais au vu de la mobilisation populaire actuelle, il pourrait bien lui arriver la même chose qu’au président sud-coréen.

UN MOUVEMENT MASSIF SEVE EN ALLEMAGNE CONTRE L’EXTRÊME-DROITE

Aujourd’hui 1er février, dans la plupart des villes allemandes, la participation aux manifestations contre l’Extrême-droite et maintenant aussi contre la droite qui envisage de faire alliance avec elle, a quasiment doublé par rapport à la semaine dernière.
Ainsi il y avait 80 000 manifestants à Hambourg selon les organisateurs mais peut-être plus encore, 10 000 à Neu Isenburg (soit 28% de la population, à peu près 2,5 millions à Paris), 10 000 à Hildesheim, 10 000 à Darmstadt, 40 000 à Brême, 16 000 à Coblence, 12 000 à Trier, 50 000 à Stuttgart, 15 000 à Mannheim, 17 000 à Dortmundt , 20 000 à Göttingen, etc, etc, etc... et les manifestations continuent demain, après demain, etc
https://www.facebook.com/reel/2074530463045410

(4 posts de J Chastaing)

L’extrême-droite en force en Allemagne - D’énormes contestations en Grèce, Serbie, Slovaquie, Monténégro...
Photo de la manifestation du 24 janvier 2025 à Bratislava

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