L’agriculture « tient » grâce à des travailleurs étrangers précaires

Exemples en Drôme-Ardèche

samedi 17 août 2024

Pour résister à la concurrence et pouvoir maintenir des prix de vente bas, de nombreux agriculteurs ont recours à des saisonniers étrangers.
A la précarité de très nombreux agriculteurs s’ajoutent la précarité de nombreux employés agricoles.
Encore une illustration de l’impasse mortelle du capitalisme, où la fabrication de toujours plus d’argent passe avant toute chose, où certains marchés porteurs imposent de maintenir des prix bas pour d’autres.

- Les saisonniers étrangers, piliers invisibles de l’agriculture - Tous les ans, des milliers de personnes, venues notamment du Maghreb, affluent dans les fermes françaises pour travailler. La résidence leur est pourtant refusée, quelle que soit leur ancienneté dans la profession.
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des dizaines de milliers de saisonniers agricoles étrangers travaillent chaque été dans les vergers, les domaines viticoles ou les serres maraîchères françaises.
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Si ce recours à la main-d’œuvre étrangère existe depuis le XIXe siècle, il s’est largement accentué à partir des années 1950 et plus encore ces vingt dernières années, principalement au sud de la France. « Avant, je travaillais avec des jeunes du secteur et depuis une dizaine d’années, je n’embauche plus que des étrangers », témoigne Francis Seyvet, arboriculteur dans la Drôme
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Moins au fait de la législation, et dépendant de l’employeur pour se voir proposer un contrat l’année suivante, les travailleurs étrangers représentent une main-d’œuvre docile, plus à même de s’adapter aux contraintes du marché.
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Chez les agriculteurs, on ne s’en cache pas, les ouvriers étrangers sont souvent préférés. Comme en Ardèche, dans la ferme de Judith et Jérôme, où cinq salariés marocains sont employés pendant six mois
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Derrière ce débat se cachent les rouages du modèle agricole. « L’orientation productiviste a aussi servi à faire baisser les prix de vente des produits agricoles pour permettre aux ménages de consommer d’autres choses », rappelle Frédéric Décosse. Ainsi, le coût de l’alimentation affecte directement le revenu des agriculteurs (bien qu’une minorité bénéficie largement de ce système) et, in fine, les conditions de travail des ouvriers.
Un déséquilibre que les aides de la Politique agricole commune (PAC) peinent à enrayer et qui ne fait que s’accentuer avec le dérèglement climatique et les pertes de récoltes récurrentes. « J’aimerais pouvoir mieux payer mes salariés, mais on tient juste la tête hors de l’eau… En fait, c’est une cascade de précarisation », analyse Judith.
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Qu’ils bénéficient d’une carte de séjour de saisonniers ou qu’ils soient sans-papiers, la situation est inextricable. Les premiers ne pourront être résidents français, même si leur principale activité économique se trouve là 6 mois sur 12. Et les seconds ne pourront être régularisés par le biais du travail, puisqu’il est illégal de les employer comme saisonniers. Et l’élargissement des métiers en tension à l’agriculture en mars dernier ne change pas cet état de fait.

« On est dans une forme d’utilitarisme migratoire, observe Frédéric Décosse. On soumet la présence de ces personnes sur le territoire à leur utilité économique. Leur droit à faire société se limite au fait de travailler. » D’un côté, des migrants prêts à braver la loi pour tenter leur chance en France — en travaillant sans être déclarés ou avec de faux papiers. Et de l’autre, des employeurs parfois abusifs, face auxquels les salariés étrangers s’élèvent rarement, de peur de voir leur séjour sur le sol français écourté. Pour Frédéric Décosse, « c’est une synthèse entre l’idéologie raciste et le pragmatisme néolibéral ».
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