Comme le capitalisme son alter-ego, le sport valorise et entretient la compétition entre des personnes et structures forcément inégales. Du fait de ces différences intrinsèques, il n’existe pas de concurrence économique ou de compétition sportive loyales, la notion de compétition loyale est absurde et nocive.
Il y a juste validation des « plus aptes » par le biais du Marché ou de la compétition sportive. Toute compétition économique et sportive est forcément déloyale. D’ailleurs si tout le monde était réellement à égalité, il n’y aurait jamais aucun vainqueur, ça ne fonctionnerait pas.
Outre les différences génétiques et de naissance, les corps se distinguent par l’argent et le temps disponible pour l’entraînement, l’accessibilité aux éventuels dopages plus ou moins sophistiqués, et les volontarismes psychiques.
La compétition sportive est la projection et le renforcement du modèle capitaliste dans le domaine de l’activité corporelle. Il s’agit de conformer toujours plus corps et esprits à la concurrence de tous contre tous.
C’est pourquoi médias et élus (locaux comme nationaux) adorent autant le sport et le mettent à toutes les sauces.
Les enjeux des compétitions sportives sont totalement insignifiants à un certain niveau (qu’est-ce qu’on a à faire de la médaille d’un tel ou d’une telle), mais elles sont très importantes pour le renforcement et le maintien de la culture capitaliste/productiviste. Et elles servent aussi, secondairement, de distractions sans enjeux et de défouloir. Oubliés les catastrophes climatiques, les désastres sociaux et écologiques. Oubliés les individus et structures responsables de ces carnages.
Pour les pouvoirs, mieux vaut se rassembler en foule pour gueuler et soutenir une équipe que de lancer des émeutes et grèves. Mieux vaut individuellement épuiser son temps et son énergie à la discipline sportive que de participer à des mouvements sociaux et s’entraîner à résister au système policier.
Les élans et efforts individuels/collectifs sont valorisés dans les voies du sport et du travail capitaliste, tandis qu’ils sont décriés et défavorisés quand ils visent des changements radicaux de société et des utopies.
Le besoin humain de socialisation et de grégarité est accaparé par le sport et l’entreprise, au détriment des luttes, alternatives radicales et insurrections au détriment d’une vie sociale et politique intense et quotidienne.
Sport et travail servent de, piètre et nocive, compensation/ersatz à une vie sociale et politique riche, créative, libre et démocratique.
Ainsi, l’insignifiance abyssale du sport, l’absence de sens du travail capitaliste, des activités productivistes néfastes qui détruisent les sociétés et la biosphère sont la norme et le nec plus ultra, le modèle à suivre de la réussite et de l’épanouissement. Tout est falsifié et inversé à la base.
Le fait qu’autant de monde adhère au sport et à sa compétition montre combien l’idéologie capitaliste imprègne la société. Dans le sport et l’olympisme, les dominés participent au modèle social des dominants et s’enthousiasment de son fonctionnement. Il leur est donc difficile de se révolter de manière radicale, le plus souvent ils se limitent à tenter une, légère, redistribution des rôles et des flux d’argent à l’intérieur d’un système inchangé.
Et si le sport prônait la coopération et la lenteur ?
Et si le sport prônait la coopération et la lenteur ? - Domination, concurrence... Les valeurs du sport sont en totale opposition avec celles liées à l’écologie. Des sportifs et chercheurs en prônent d’autres, plus respectueuses de soi et des autres.
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L’événement véhicule toutefois d’autres valeurs, largement moins consensuelles : quête sans fin du dépassement de soi et des autres, désir de puissance, volonté de contrôle, éloge de la compétition, culte de la performance, classement des individus… En un mot, une philosophie de la démesure, antinomique à celle de l’écologie. Alors que le cataclysme écologique en cours souligne plutôt l’urgence de ralentir et de retrouver le sens des limites, le sport semble prôner une éthique à rebours complet de la révolution culturelle dont nous avons besoin. Peut-il encore se réinventer et mettre sa formidable puissance mobilisatrice au service d’une bifurcation civilisationnelle écologique ?
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Le sport n’a pourtant pas toujours été perverti par l’idéologie du capitalisme qui l’imprègne aujourd’hui. En Grèce antique, racine de l’olympisme, on célébrait les vainqueurs sans s’intéresser à leurs performances. Les Grecs avaient une vision cyclique du temps : « Un temps de la stabilité, du retour ; un temps qui ne recherche pas systématiquement l’amélioration, la progression. Dans ce temps-là, le record n’a pas de sens ; l’athlète cherche à s’approcher d’un modèle intangible et inamovible »
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Tout change avec « l’esprit bourgeois » et la révolution industrielle de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Le sport moderne naît en même tant que le capitalisme, dans une société où l’obsession pour la productivité et la performance nourrit l’idéal de « progrès ». Un monde « très axé sur la recherche et la problématique de l’amélioration de l’humain, de l’homme au sens individuel et de l’espèce au sens collectif, avec l’émergence des sciences humaines, de l’industrialisation de la société et la prédominance de l’idée de perfectibilité qui avait déjà été posée par Rousseau... », détaille sur France Culture Isabelle Queval
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Dans sa version moderne, le sport est ainsi intrinsèquement lié au capitalisme. Le sociologue Jean-Marie Brohm le définit comme une activité ayant pour finalité la compétition systématique, qui est organisée autour de l’entraînement régulier et qui est contrôlée par une institution (fédération, clubs, etc.) selon des règles strictes. Il oppose le terme à celui des « techniques de corps », « le fait de savoir marcher, sauter, courir, nager, faire l’amour, accoucher, etc. », soit les activités physiques pratiquées en autonomie.
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Cette dichotomie des pratiques physiques est elle-même menacée par l’expansion agressive du champ sportif, selon ses détracteurs. « Le sport a l’ambition impérialiste de dominer toutes les autres pratiques, soit en les éliminant, soit en les récupérant. Des pratiques un temps alternatives comme le breakdance, l’escalade ou le surf ont vite été récupérées par le sport, c’est-à-dire par un système institutionnalisé archidominant par ses finances, par ses liens avec les pouvoirs politiques et par sa médiatisation », dénonce Fabien Ollier, professeur d’éducation physique et sportive et directeur de la revue Quel sport ?.
Pour lui, cette dynamique reflète « l’anthropométrie totalitaire du sport », c’est-à-dire une volonté de mesure maniaque des corps puisant à la fois dans les imaginaires fasciste et capitaliste. « On a affaire à une praxis fondée sur l’élimination des faibles, sur la réduction des corps à des quantités abstraites en vue de les comparer constamment, sur le classement et la discrimination physique permanente, déplore-t-il. On retrouve en germe l’idéal de la race supérieure opposée au chétif, au faible, et finalement à l’intellectuel qui dans le milieu sportif fait figure de repoussoir, celui qui est incapable de dépasser ses limites physiques. »
Et de conclure : « Le corps sportif est en somme l’incarnation du principe de rendement capitaliste dans ce qu’il a de plus prédateur : une sorte de rage de dépasser les limites naturelles, humaines, qui conduit inexorablement au flirt avec la mort et aux pratiques d’augmentation du corps par le dopage, la pharmacopée et la technologie afin de transmuter la nature humaine. »
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Ce rapport totalitaire au corps est également un fait social majeur pour Bernard Andrieu, philosophe du corps. Tant et si bien qu’il a rebaptisé l’Anthropocène, notre époque de ravages écologiques, par le terme de « corpocène ». « Il désigne notre conception capitaliste, coloniale et dominatrice du corps »
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Il plaide pour le retour à une « écologie corporelle », soit une activité physique qui priorise le plaisir, la connaissance de soi et du milieu dans lequel on active son corps par des pratiques lentes
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en remplaçant l’objectif de dépassement par celui d’accomplissement. « L’accomplissement peut être compris comme un approfondissement progressif, en spiral, de la conscience de soi et de son milieu, dans une conception aux antipodes du dépassement occidental linéaire, sans limites, qui pousse le sportif à traverser un milieu sans le voir pour performer dans un trail, par exemple. »
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Les pratiques vertueuses pourraient alors s’inspirer des jeux traditionnels, coopératifs, construits comme des vecteurs de socialisation plutôt que comme des compétitions. « On retrouve dans de nombreuses coutumes autochtones, du Brésil au Pays basque, des jeux conviviaux, des courses d’orientation ou des jeux de rôle (comme une fausse traque de chasseurs contre des lapins), fondés sur l’occupation de l’espace et des pratiques collectives éthiques, ritualisées et respectueuses de l’intégrité corporelle des autres »
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« La discipline du corps et certaines modalités d’entraînement ne sont pas intrinsèquement mauvaises, reconnaît Fabien Ollier. Ce n’est évidemment pas pareil d’endurcir son corps dans le cadre, par exemple, de pratiques militantes (comme des combats défensifs contre les forces de répression de manifestants) ou dans des fédérations sportives vectrices de dépolitisation et de narcissisme. »
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Pour Jean-Marie Brohm, il serait également vain de nier que l’humain est « porteur d’un principe de concurrence ». Le sport utilise cette propension pour mettre les individus en compétition les uns contre les autres. Tout l’enjeu est de réussir à la détourner pour « tenter de la mettre au service de pratiques physiques imaginatives et profondément sociales », propose-t-il dans le journal Le Chiffon.
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Jean-Marie Brohm, lui aussi prof d’EPS pendant vingt-cinq ans, confie s’être également heurté à l’esprit de compétition ancré dans la tête de ses élèves. Pour Fabien Ollier, « tant que des institutions marchandes extrêmement puissantes, comme le CIO, la Fifa ou l’UEFA, gangrenées par la corruption et les pratiques mafieuses, maintiendront leur emprise propagandiste permanente sur le corps humain, toute tentative d’alternative restera dérisoire. Il importe avant tout de critiquer sans ambiguïté les fondements du sport réellement existant. »
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L’immonde tyran qui squatte à l’Elysée fait une nouvelle démonstration de mensonge et d’insignifiance, voir ci-dessous.
L’obscénité hors sol de ce forcené sociopathe se marie très bien avec l’obscénité violente de la compétition sportive portée à un niveau olympique en mondovision.
Sport et tyran capitaliste de haut niveau sont parfaitement en phase avec la fange brûnatre qui jaillit non stop des écrans TV et des orifices clonés qui servent de bouches aux très nombreux élus & éditocrates ardents répétiteurs de "la doxa mégamachinique".
- JO : une insanité insignifiante glorifiée H24 qui en dit long sur médias, gouvernements & système social
MACRON : LE PRÉSIDENT LE PLUS GLUANT DES JEUX OLYMPIQUES
Le 22 juillet, il avait réclamé une « trêve olympique » et promettait de se faire discret lors des Jeux. Macron devait se rendre au fort de Brégançon pour passer ses vacances, le temps de la compétition. Ses conseillers avaient même promis dans le quotidien Le Parisien « un exercice d’humilité et de proximité ». L’entourage du président annonçait « une posture de spectateur, de supporter, un Français parmi les Français » et une « présence impressionniste dans les tribunes » sans photographes ni caméras.
C’était en effet la moindre des choses, après les défaites électorales de Macron, le chaos politique et le maintien d’un gouvernement qui aurait dû démissionner depuis un mois. Mais « l’humilité » ne fait pas partie du vocabulaire de Macron. Ni le respect des promesses.
Le président fait donc preuve, comme toujours, d’une obscénité sans limite. Plutôt que de rester discret comme annoncé, il est absolument partout, tout le temps dans les tribunes olympiques, essayant pathétiquement d’aspirer un peu de la popularité des athlètes victorieux. Il tweete plusieurs fois par jour sur les médailles, il a demandé à son équipe de créer une application pour « suivre les résultats », alors qu’il suffit d’allumer sa télé, et surtout, il fait tout pour entrer dans le champ des caméras.
Revenu de Brégançon en jet, il est présent à toutes les épreuves qui ont des chances de médailles. Natation, judo et même BMX. Ce vendredi 2 août, le maximum du grotesque a été atteint. Il est allé enlacer les athlètes Romane Dicko – médaillée de bronze en judo – et Teddy Riner – médaille d’or – devant les caméras, en leur attrapant la tête de façon gluante. Il a même saisi la fille du champion du monde, visiblement gênée, pour la pousser dans les bras du judoka. Le tout en direct en mondovision. Malaise énorme.
En judo, le « ippon Seoi Nage » consiste à saisir l’adversaire et le projeter par-dessus son épaule. Le Ippon est aussi le point complet, la victoire dans un combat, lorsque l’adversaire tombe lourdement sur le dos. Un Ippon contre Macron en direct aurait probablement soulagé des dizaines de millions de français bien plus qu’une médaille.
(posté par Contre attaque)