Les carnages commis à Gaza et alentour par l’armée israélienne illustrent de manière particulièrement sanglante la nocivité extrême des Etats, des armées, des complexes militaro-scientifico-industriels et des gouvernements. Ces entités conjuguent surpuissance et autoritarisme, elles échappent toujours aux contrôles et volontés populaires et visent d’abord leurs propres intérêts.
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DEUX JOURNALISTES DÉCAPITÉS A GAZA
La frappe, intentionnelle et ciblée, a eu lieu vers 16 h mercredi 31 juillet. Les images, filmées et diffusées par les confrères des deux journalistes sont insoutenables.
On y voit une voiture dévastée par une munition israélienne, et à l’intérieur, deux hommes décapités par l’explosion. La dépouille de Ismail Al-Ghoul, dont la tête a été réduite en charpie alors qu’il était au volant, porte un gilet floqué Press parfaitement identifiable. Il était en reportage avec son collègue cameraman, Rami al-Refee, dans le camp de réfugiés d’al-Shati. Les deux défunts rejoignent la longue liste des journalistes tués en faisant leur travail.
La fille d’Ismail Al-Ghoul, surnommé « Zeina », n’avait pas vu son père depuis le début de la guerre car elle a été déplacée vers le sud de Gaza pour fuir les bombardements. Lui était resté dans les zones de combat, pour couvrir la situation au péril de sa vie. Sa fille ne le reverra jamais.
L’annonce de ce nouveau crime de guerre et les images épouvantables circulent partout sur internet, pourtant, il n’y a toujours aucune aucune condamnation de la part de journalistes ou médias français. L’information n’est même pas évoquée dans les médias de masse.
Depuis le 7 octobre, Israël a tué au moins 165 journalistes à Gaza. Jamais un conflit n’avait été aussi meurtrier pour la profession de reporter. L’Etat colonial vise délibérément et systématiquement la presse, et interdit aux journalistes étrangers d’entrer dans Gaza, pour empêcher les témoins de documenter le génocide. Israël est en guerre contre la vérité, et Gaza est le plus grand cimetière de journalistes du monde, dans l’indifférence des médias occidentaux.
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NOUVEAU MASSACRE DE MASSE DANS UNE ÉCOLE DE GAZA, UNE ONG ISRAÉLIENNE DÉNONCE LES VIOLS ET TORTURES DE PRISONNIERS PALESTINIENS
Absolument rien n’arrête l’État israélien dans l’horreur.
Il y a eu le « massacre de la farine » : le 29 février, l’armée israélienne a mitraillé et bombardé une foule affamée qui attendait des camions d’aide alimentaire. Au moins 800 personnes blessées par balles, et 112 tuées, des chariots entiers de cadavres ont été récupérés après ces tirs. Il y a eu le massacre des hôpitaux, notamment le plus grand de Gaza, dans lequel des bébés en couveuses ont été retrouvés morts après le passage des soldats israéliens. Et il y a le massacre dans les écoles. Tous les lieux les plus sacrés sont impitoyablement pris pour cible.
Écoles
Ce samedi 10 août, au moins 93 Palestiniens ont été tués au petit matin, dans le bombardement de l’école Al-Taba’een, à l’est de la ville de Gaza. Depuis le mois d’octobre, les écoles servent de lieux d’accueil aux réfugiés dont les maisons ont été détruites, et qui n’ont nulle part où aller. Ce sont, en principe, des lieux protégés, inviolables. Pourtant, Israël les cible délibérément.
La frappe a été d’autant plus meurtrière qu’elle est tombée à l’heure où les fidèles effectuaient la prière du fajr, celle qui a lieu à l’aube. L’État colonial justifie ce nouveau massacre de civils en prétendant, comme toujours, que l’école était un « quartier général du Hamas ». Un mensonge déjà asséné des dizaines de fois pour tout détruire à Gaza, sans jamais trouver le moindre quartier général.
Ces derniers jours, l’armée israélienne bombarde systématiquement les écoles de Gaza. Selon l’UNRWA, 7 écoles sur 10 de ce territoire ont été frappées depuis le 7 octobre. En violation totale du droit international et des règles les plus fondamentales de la guerre.
En mars, Philippe Lazzarini, représentant de l’UNRWA, expliquait déjà : « Le nombre d’enfants tués en un peu plus de quatre mois dans la bande de Gaza est supérieur au nombre d’enfants tués en quatre ans de guerres dans le monde entier. Cette guerre est une guerre contre les enfants. C’est une guerre contre leur enfance et leur avenir ».
De son côté, le lieutenant-colonel Guillaume Ancel, ancien officier de l’Armée française, estimait ce samedi sur BFM que « c’est un crime contre l’humanité ». Sera-t-il lui aussi traité d’antisémite ?
Viols de prisonniers
Israël a implanté un immense complexe carcéral voire concentrationnaire contre les palestiniens. On trouve dans ces geôles des milliers de prisonniers, hommes et femmes, enfants, médecins, universitaires, avocats, étudiants, dirigeants politiques…
L’ONG israélienne B’Tselem, qui défend les droits humains, vient de rendre un rapport sur l’usage de viols et de torture systématiques contre ces détenues. « Certains ont été emprisonnés simplement pour avoir exprimé leur sympathie pour les souffrances des Palestiniens, explique le rapport. D’autres ont été placés en détention pendant les opérations militaires dans la bande de Gaza, au seul motif qu’ils relevaient de la définition vague d’“hommes en âge de combattre”. D’autres encore ont été emprisonnés parce qu’on les soupçonnait, à tort ou à raison, d’être des agents ou des sympathisants d’organisations palestiniennes armées. »
B’Tselem parle d’un usage « systémique et institutionnalisé » de la torture dans les prisons israéliennes, et utilise même l’expression de « camps de tortures ». L’ONG se base sur 55 témoignages de palestiniens passés par une dizaine de prisons, venant de Cisjordanie, de Jérusalem et de Gaza. La grande majorité d’entre eux a été enfermée sans inculpation ni procès, grâce à deux régimes de détention arbitraires. Ils disent avoir subi des violences sexuelles, physiques et psychologiques, humiliations, punitions arbitraires, privation délibérée d’eau, de nourriture, de sommeil, de soins médicaux, de confiscation de tous les biens… Une liste d’actes de torture, de déshumanisation et de violation des droits fondamentaux sans fin.
Avant la guerre, le nombre de Palestiniens incarcérés par Israël et classés comme « prisonniers de sécurité » était de 5 192, dont environ 1 319 retenus sous le régime de la détention administrative. Début juillet, ils étaient de 9 623, dont 4 781 détenus sans procès, ni inculpation, ni accès au droit de se défendre. On estime qu’environ 1 million de palestiniens ont été détenus par Israël depuis 1967. Il y a aujourd’hui autour de 5 millions de palestiniens. C’est un peuple entier qui est passé derrière les barreaux.
Dans le camp israélien de Sde Teiman, des détenus ont rapporté des actes de torture par électrochocs lors des interrogatoires, provoquant une douleur extrême, mais aussi une déshumanisations totale en étant ligotés à des lits, les yeux bandés, déféquant dans des couches et interdits de parler, ou encore des viols. Les témoignages parlent d’insertions de tiges de métal dans l’anus, ou d’obligation de s’asseoir sur des objets pointus qui pénètrent et blessent pendant les interrogatoires, provoquant des saignements.
Dans le pays qui se proclame "seule démocratie du Proche Orient", des députés israéliens ont manifesté pour défendre les soldats accusés de viols, et les ont même qualifiés de « héros ».
(posts de Contre Attaque)
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Chère réfugiée palestinienne
Chère réfugiée palestinienne
Ce texte a été écrit et lu par une militante du collectif lors de l’une de nos projections de Israelism, un documentaire portant sur l’endoctrinement que subissent les Juifs et Juives aux États-Unis. Elle y raconte sa découverte de l’histoire palestinienne et de sa désionisation – un témoignage qui a fait écho à l’expérience de plusieurs membres de Tsedek ! et qu’il nous a paru important de diffuser.
Chère réfugiée palestinienne, j’ai une histoire à te raconter.
Une histoire qui ne sera pour toi pas facile à écouter.
Mais je t’invite à plonger dans l’esprit d’une jeune fille de 18 ans qui ne reconnaît pas ton existence, n’a pas connaissance de tes souffrances, ne te voit pas.
Avant de crier pour la liberté de ton pays, il m’a fallu du temps. Je te propose de remonter ce temps avec moi.
C’était il y a 10 ans, le 8 octobre 2013 et je m’apprête à prendre l’avion, celui qui m’amènera à te connaître et à te reconnaître.
(...)
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« Israël commet un génocide des Palestiniens, un quartier à la fois, un hôpital à la fois, une école à la fois, un camp de réfugiés à la fois, une "zone sûre" à la fois. Avec des armes US et européennes. Et dans l’indifférence de toutes les "nations civilisées". »
Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens. 10 août 2024.
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"L’ENFER EST VIDE, TOUS LES DÉMONS SONT ICI"
« L’enfer est vide, tous les démons sont ici » écrivait William Shakespeare. Une image toujours d’actualité, alors que l’humanité assiste en mondovision à un génocide, documenté par des images d’enfants déchiquetés depuis 10 mois par les bombe fournies par le camp du bien et de la démocratie.
Dans le grand concours de la perversion et de l’horreur, ces deux interventions du pouvoir israélien à quelques jours d’écart :
⚫ Alors qu’un mandat d’arrêt de la justice internationale vise Netanyahou, celui-ci est allé se faire applaudir devant le Congrès des USA, épicentre politique de l’Empire, le 24 juillet. Il a notamment osé affirmer : « Pratiquement aucun civil » n’a été tué à Gaza par l’armée israélienne. Et le pire, c’est que cette phrase a été massivement applaudie par les élus de la première puissance mondiale.
Lors de son discours, il a aussi affirmé : « Il s’agit d’une lutte entre la barbarie et la civilisation. Notre combat est votre combat. Nos ennemis sont vos ennemis. Notre victoire sera votre victoire » ou encore que si la justice internationale « gagne la bataille contre nous, les États-Unis seront les prochains sur la liste ». Il a aussi asséné que « les soldats de l’armée israélienne devraient être félicités ». Il a été acclamé plus de 50 fois, une fois par minute, à tel point qu’il a même dû demander aux élus du Congrès de s’arrêter d’applaudir.
⚫ Bezalel Smotrich, ministre fasciste de Netanyahu, connu pour ses propos racistes et homophobes et ses tentatives de stopper les convois de nourriture vers Gaza a déclaré ce lundi 5 août qu’il aimerait bloquer toute l’aide humanitaire pour exterminer les palestiniens : « Il pourrait être juste et moral de laisser mourir de faim 2 millions de Gazaouis, mais le monde ne nous laissera pas faire ». L’intention génocidaire est une fois de plus établie, revendiquée, plus personne ne peut encore l’ignorer.
Cyniquement, Smotrich déplore : « Nous apportons de l’aide parce que nous n’avons pas le choix, nous avons besoin d’une légitimité internationale pour cette guerre », tout en déclarant qu’il soutien l’annexion et la colonisation de Gaza.
L’ARMÉE ISRAÉLIENNE UTILISE DES BOUCLIERS HUMAINS
Depuis des mois, dans les médias et sur tous les tons, les défenseurs du régime israélien justifient le massacre à Gaza par le fait que le Hamas utiliserait les palestiniens comme des « boucliers humains ». Ce qui est en soi absurde : dans toute guerre coloniale asymétrique, en Algérie comme au Vietnam, à Cuba comme en Afrique du Sud, lorsqu’une guérilla affronte l’armée infiniment plus puissante d’un l’État, elle n’a aucun autre choix que de se fondre dans la population. Elle ne dispose ni de tanks, ni de bombardiers, ni de bunkers. Et cela ne justifie en aucun cas l’extermination de la population civile, qui reste un crime de guerre et un crime contre l’humanité.
Quoiqu’il en soit, aucun cas de « bouclier humain » utilisé par des combattants palestiniens n’a été documenté ni filmé. À l’inverse, de récentes images de juin 2024 prouvent l’utilisation par l’armée israélienne de palestiniens vivants comme boucliers. À Jénine en Cisjordanie, lors d’une incursion de l’armée israélienne, les soldats de Tsahal ont blessé un jeune palestinien et l’ont attaché sur le capot de la jeep pour se protéger de tirs ou de jets de projectiles. C’est un crime de guerre.
Cette pratique n’est pas nouvelle côté israélien. Pendant l’offensive israélienne « Plomb durci » menée à Gaza en janvier 2009, des soldats ont utilisé un enfant de 9 ans, Majeh Rabah, pour vérifier la présence d’explosifs dans des sacs, sous la menace d’une arme. Ces soldats ont été condamnés l’année suivante.
En mai dernier, le mouvement international pour la défense des Enfants-Palestine dénonçait l’utilisation de trois enfants palestiniens comme « boucliers humains » lors d’un assaut israélien contre le camp de réfugiés de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie. Les enfants ont notamment déclaré que les soldats israéliens les ont forcés à marcher devant eux dans le camp tout en procédant à des fouilles dans les maisons. En mars, une photo montrait deux hommes palestiniens attachés, forcés à marcher devant un char. Des vidéos et articles antérieurs montrent que cette pratique est récurrente. Mais elle ne sera jamais évoquée dans les grands médias occidentaux.
vidéo : https://fb.watch/sS-VnmVv8I/
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NANTES : LES LOCAUX DE THALES PRIS POUR CIBLE
A Nantes, les locaux de la firme Thalès ont été pris pour cible dans le cadre d’une campagne contre les vendeurs et fabricants d’armes complices d’Israël. Un mystérieux collectif nous a fait parvenir des images et un communiqué que voici :
« Du 17 au 21 juin a eu lieu près de Paris un salon de la honte : des vendeurs d’armes du monde entier ont exposé leurs dernières machines à tuer dans le cadre d’un événement nommé Eurosatory.
Nombre de ces entreprises collaborent avec Israël, et arment les guerres coloniales. Nous ne pouvions pas laisser un tel salon se tenir sans réagir.
Puisqu’on dénombre maintenant plus de 37 431 victimes dans le génocide en cours dans la bande de Gaza du fait de l’état fasciste d’Israël.
Puisque les promesses de mandats d’arrêt de la Cour internationale de justice contre le gouvernement d’extrême droite de Netanyahou et ses sbires sont restées sans réponse de la communauté internationale.
Puisque les rapports de l’ONU sur les crimes de guerre d’Israël sont toujours ignorés par nos gouvernements.
Puisque le paysage médiatique s’acharne à manipuler les accusations d’antisémitisme pour discréditer toutes les voix qui s’opposent au génocide et à la colonisation israélienne.
Puisqu’aucune sanction n’a été prononcée contre les entreprises qui rendent possible le massacre d’hommes de femmes et d’enfants en Palestine
Le collectif Guerre à la guerre revendique l’action menée à Nantes le 25 juin sur les locaux de Thalès, entreprise de surveillance impliquée dans la construction des logiciels de drone de combat utilisé dans la bande de Gaza.
Par son action, qui a recouvert la façade de rouge, le collectif rejoint l’ensemble des personnes qui luttent en France et à l’étranger pour stopper les crimes coloniaux, et qui s’opposent matériellement aux vendeurs d’armes, à l’industrie du massacre et à la militarisation du monde. »
(posts de Contre Attaque)
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Des nouvelles de l’armée là plus morale du monde !
Une enquête du journal israélien Haaretz révèle que L’armée israélienne utilise les civils palestiniens comme boucliers humains.
Des civils Palestiniens auraient été envoyés dans des maisons gravement endommagées et à l’entrée de tunnels, les mains liées par des liens en plastique par des soldats et d’officiers israéliens.
, notamment pour explorer les tunnels du Hamas dans l’enclave palestinienne. Selon plusieurs sources, cela se passe dans l’ensemble de la Bande de Gaza. Les faits seraient connus des officiers supérieurs, y compris de l’état-major général de l’armée israélienne.
(post de CND)
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DIVERS
- Des journalistes palestiniens emprisonnés dans le désert du Néguev : « Ils m’ont fermé la bouche avec du ruban adhésif et m’ont battu » - Depuis le début de la guerre, 46 journalistes ont été arrêtés par les forces israéliennes à Gaza ou en Cisjordanie, 34 restent détenus.
- Génocide à Gaza : « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens » - Existe-t-il une limite aux horreurs qu’Israël inflige aux Palestiniens ? Dans la nuit de vendredi à samedi, plus de 90 personnes ont encore été tuées, beaucoup alors qu’elles étaient en train de prier, lors d’un triple bombardement qui a visé une école coranique de la ville de Gaza où s’entassaient des centaines de Gazaouis déplacés par les bombardements.
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"MAINS ROUGES" SUR LE MÉMORIAL DES JUSTES : LES VANDALES SONT DES NÉO-NAZIS D’EUROPE DE L’EST
La médiatisation du dénouement de cette affaire est inversement proportionnelle au scandale qu’elle avait provoqué.
C’était un choc national en mai dernier, avec une polémique pendant plusieurs jours. À l’époque, 35 pochoirs représentant des mains rouges avaient été peintes sur le Mur des Justes, à l’extérieur du Mémorial de la Shoah à Paris. Une dégradation à l’endroit où se trouvent les noms des 3900 hommes et femmes qui ont contribué à sauver des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Un vandalisme mémoriel contre les héros et héroïnes qui ont désobéi, au péril de leur vie, pour en sauver d’autres menacées par la barbarie nazie et antisémite.
Ces « mains rouges » arrivaient dans un timing plus que troublant. Quelques jours plus tôt, les défenseurs d’Israël avaient lancé une campagne d’intox délirante. Souvenez vous : à cette époque, des étudiant-es se mobilisaient pour la Palestine dans toute la France, notamment sur les campus de Science Po, et subissaient une forte répression. Ainsi, vendredi 27 avril, les jeunes de Science Po avaient été brutalement expulsé-es par la police et étaient sorti-es du bâtiment en levant des mains rouges en l’air.
Le geste dénonçait évidemment les crimes de guerre à Gaza. Il renvoie à l’expression « avoir du sang sur les mains ». Les mains rouges sont brandies depuis des décennies, dans le monde entier, pour dénoncer les bourreaux, les dictateurs, les criminels de guerre. Par extension, la main couverte de peinture rouge est un symbole mondialement connu dans les manifestations contre les guerres ou les régimes autoritaires.
Mais en cette fin du mois d’avril, une opération concertée de diffamation s’était mise en marche. L’État israélien, sur son compte Twitter officiel, avait dénoncé le port d’un pins avec une main rouge par des personnalités du monde du cinéma en soutien à Gaza lors de la cérémonie des Oscars. En France, c’est le porte-parole de l’armée israélienne Julien Bahloul, régulièrement invité sur BFM, qui l’avait reprise. La polémique avait tout d’une théorie absurde : se couvrir les mains de peinture rouge serait une référence à un événement survenu en octobre 2000 en Cisjordanie, lors duquel deux soldats israéliens avaient été tués, et leurs assassins avaient eu les mains tâchées de sang.
Selon cette logique, les mains rouges n’auraient rien à voir avec le massacre en cours à Gaza, ce serait un hommage à un meurtre remontant à 24 ans, un geste subliminal antisémite et terroriste. Avec cette théorie complotiste, il s’agissait de criminaliser un geste symbolique, après avoir diffamé méthodiquement le mouvement qui s’oppose au génocide à Gaza.
C’est donc dans ce contexte que sont apparus les fameux pochoirs de mains rouges sur le mémorial de la Shoah. Ces dégradations ont permis aux supporters d’Israël de faire le lien entre les luttes pro-palestiniennes et la Shoah, d’assimiler un symbole de paix aux nazisme. Du pain béni. Quel aurait été l’intérêt des mouvement pour la Palestine de s’en prendre à ce mémorial ? Aucun. Et qui serait assez stupide pour coller aussi parfaitement au narratif pro-israélien ?
Les médias se sont évidemment rués sur cet acte de vandalisme. Cnews faisait par exemple un lien direct entre « le blocus de Sciences Po Paris », le « lynchage de soldats israéliens en 2000 » et « les dégradations sur le Mur des Justes, qui jouxte le Mémorial de la Shoah ». Une belle opération de propagande, une de plus.
Plusieurs mois ont passé. Sans surprise, l’enquête n’a pas mené à la Palestine, mais à trois hommes originaires de Bulgarie. Et, sans surprise, il s’agit de militants d’extrême droite.
La presse, en ce mois d’aout, explique très sobrement que ces individus « gravitent dans des cercles d’extrême droite », appartiennent à des « clubs d’ultras de football » et surtout que l’un d’entre eux « s’affiche avec un tatouage nazi sur la poitrine ». Évidemment. Qui d’autres que des fascistes pourrait s’en prendre à un mémorial d’un crime contre l’humanité commis par des nazis ? Qui d’autres voudrait dégrader un hommage aux Justes, humanistes et résistant-es ?
Une lutte légitime réprimée, une opération de propagande israélienne et des nazis d’Europe de l’Est qui viennent terminer le travail. L’enchaînement est bluffant.
L’un des tagueurs bulgares a contacté l’AFP avant son procès. Il affirme « ne pas avoir eu connaissance de la symbolique antisémite de ces mains et les avoir réalisées ivre, sans connaître ce bâtiment ». Le « trentenaire au crane rasé le jure : "J’était avec un ami à Paris pour voir la tour Eiffel. J’avais bu beaucoup d’alcool. Quand je me suis réveillé le lendemain, j’ai réalisé quelle bêtise j’avais commise et j’ai pris la fuite" ». Plus c’est gros, plus ça passe.
Et évidemment, aucune enquête dans les médias, aucun traitement sérieux, aucune recherche sur ces néo-nazis et leurs commanditaires. Ces informations capitales occupent une poignée de lignes dans quelques titres de presse.
Fin octobre 2023, des centaines d’étoiles de David de couleur bleue, parfaitement exécutées sur de nombreux murs de la capitale, avaient provoqué un drame national. Tous les médias français parlaient d’un « retour des années 30 », d’une symbolique nazie, sans se poser aucune question. Pourtant, l’étoile de David n’est pas antisémite en soi, la couleur évoquait même le drapeau israélien.
Darmanin avait accusé « l’islamisme » et « l’ultra-gauche », désignés comme responsable de « l’antisémitisme en France ». Mais quelques jours plus tard, on apprenait que ces tags avaient en fait été réalisés par un couple Moldave à la demande d’un homme d’affaire pro-Israël. Celui-ci disait vouloir « soutenir les juifs européens » en lien, selon lui, avec un groupe français pro-israélien, le « bouclier de David ».
Mains rouges bulgares, étoiles de David moldaves : s’agissait-il à chaque fois d’actes d’extrême droite ou, comme on peut le supposer, d’opération orchestrées en haut lieu, depuis la Russie, pour créer la tension en France ?
Dans ces deux cas, ce sont les médias et le gouvernement français qui ont créé ces paniques morales. S’il n’y avait pas d’emballement médiatique ni de relais des mensonges israéliens, ces deux opérations n’auraient pas eu lieu d’être. Les supposés commanditaires russes n’ont eu besoin que de quelques pochoirs et d’une poignée de paumés pour utiliser les failles créées par nos médias. Et cela a fonctionné. Nos dirigeants sont entièrement responsables.
Pour finir concernant cette lamentable histoire de mains rouges : contrairement à ce qui est répété, la dénonciation du génocide à Gaza ne s’oppose pas à la dénonciation de la Shoah. Elles sont complémentaires. La souffrance palestinienne n’est pas concurrente de la souffrance du peuple juif, au contraire. C’est précisément parce que, après la barbarie nazie, l’humanité épouvantée s’est écriée « plus jamais ça » et s’est promise qu’il ne fallait jamais oublier, que les discours fascistes en Israël aujourd’hui et les pratiques génocidaires qui rappellent les heures noires doivent être combattus avec force.
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🍪 LES PRO-ISRAÉLIENS ORGANISENT LE HARCÈLEMENT DE VENDEURS DE COOKIES
– « Ce n’était qu’un petit cure-dent dans un cookie » –
« Cookie Richard » est une enseigne familiale, basée en Normandie, qui propose dans les villes de Caen et Deauville des cookies salés et sucrés « fabriqués chaque jour à partir de produits frais dont du beurre normand et des œufs de plein air ». Ses propriétaires sont harcelés pour des cure-dents. On dirait une blague, mais c’est malheureusement réel.
À partir du début des Jeux Olympiques, les gérants ont eu une idée innocente : faire apparaître les couleurs des pays participants sur leurs gâteaux, pour célébrer l’événement sportif. Parmi les nations invitées par le Comité International Olympique, la Palestine. Le magasin a donc orné ses produits avec ces petits cure-dents imitant des drapeaux, qui ont été décoré aléatoirement sur les cookies. Ses propriétaires avaient sous estimé le niveau de violence et de fanatisme des supporters d’Israël.
Sur les dizaines de pays participant aux J.O, c’est évidemment celui de la Palestine qui a provoqué un torrent de haine et de harcèlement. D’abord, une personne a publié la photo d’un cookie avec le drapeau palestinien sur les réseaux sociaux. Cela a provoqué une campagne méthodique et organisée contre l’enseigne : un flot de commentaires dénigrants, des mauvaises notes sur internet, des avis négatifs sur Google, des messages recommandant « d’éviter la boutique ». Ce qui, pour un commerce, peut avoir de sérieuses conséquences.
Les gérants, surpris par ce flot de haine, jurent « n’avoir voulu heurter personne », et ont rapidement retiré leurs petits drapeaux. Mais le magasin a subi une chute de fréquentation : en une dizaine de jours, il a perdu 30% de son chiffre d’affaires par rapport à l’été dernier. Et la famille de commerçants est victime de harcèlement. « On a été jeté en pâture sur les réseaux sociaux avec une photo sortie de son contexte. Il y a un préjudice qui est financier mais aussi moral […] Il y a des insultes et des regards comme si j’étais l’homme à abattre » explique le gérant de la boutique à France Bleu. Il a été qualifié « d’antisémite » par les clients et des internautes. « Des gamins passent devant la boutique en disant ’Boycott, Boycott » explique-t-il.
Cette affaire inquiétante s’inscrit dans une campagne généralisée de censure, de répression et de diabolisation de toute parole défendant la Palestine et dénonçant le génocide. Médias reprenant unilatéralement la propagande de Netanyahou, procédures pour « apologie de terrorisme » suite à des paroles de soutien à Gaza, manifestations interdites, effaçage systématique de tags pour la Palestine, licenciement d’humoriste, chasse aux sorcières dans la politique, le sport et la culture. Retour au temps du Maccarthysme.
En parallèle, des groupuscules fascistes pro-israéliens s’organisent pour harceler les personnalités qui leur déplaisent, en faisant fuiter des informations privées et des numéros personnels : des élus et journalistes ont ainsi reçu des dizaines de menaces de viol, de meurtre, des vidéos horribles de crimes de guerre… en toute impunité. C’est la même logique qui a visé « Cookie Richard ». La simple présence des couleurs de la Palestine dans l’espace public leur est insupportable.
Le plus ironique, c’est que depuis des années les dirigeants français et les défenseurs d’Israël jouent la carte de la victimisation et prétendent que le boycott serait un acte « antisémite » : la campagne BDS – Boycott, Désinvestissement, Sanction – contre les entreprises israéliennes est régulièrement dénoncée et réprimée. En revanche, quand il s’agit de harceler une famille de commerçants pour un minuscule morceau de papier noir, vert, rouge et blanc sur des gâteaux, les pro-israéliens ne reculent devant aucune manœuvre.
Et si un magasin affichant un drapeau d’Israël avait subi de telles méthodes, quelle aurait été la réaction des autorités et des médias de masse ?
(posts de Contre Attaque)