Bombardements massifs de Gaza assiégée : 6000 morts en 15 jours, dont 2000 enfants.
Sous prétexte de guerre au Hamas, la vengeance meurtrière de l’Etat d’Israël sur des civils palestiniens ne mène à rien d’autre qu’à la poursuite du cycle des horreurs et à l’éloignement des possibilités de paix juste pour tout le monde.
Les vengeances « inter-peuples » ne mènent à rien. Chaque peuple devrait plutôt s’affairer à défaire en priorité les structures politiques et économiques oppressives, autoritaires, militaristes, nationalistes, colonialistes, racistes, bourgeoises, faussement démocratiques mais réellement tyranniques et ultra-capitalistes, qui ravagent le monde chez eux et autour d’eux, générant crimes en tous genres, massacres, misères, destructions sans fin et autres catastrophes climatiques/écologiques.
Et c’est la solidarité, l’internationalisme, la discussion, l’entraide, la lutte ensemble, le sens de la justice et du partage qui aideront à ça, pas les vengeances et pogroms, et encore moins le soutien à des gouvernements, modèles de société et structures qui sont la cause principale des problèmes.
Ca vaut encore plus pour les ressortissants des Etats oppresseurs. Par exemple, les israéliens opposants au gouvernement d’Israël devraient reprendre leurs contestations et manifestations de rue au lieu de continuer à s’aligner sur le piège habituel de « l’union nationale » (bien pratique pour museler toute opposition en temps de guerre ou de crise quelconque).
Que des soldats de chaque « camp » se fassent tuer durant les guerres, c’est triste, comme toute disparition violente d’êtres humains, mais c’est « normal » dans le modèle de société existant. Dans les sociétés étatistes militarisées, c’est le rôle des soldats de tuer, et en retour de risquer d’être tués. En revanche, ce n’est pas aux civils (de quelque camp que ce soit) de subir des bombardements, des représailles et des massacres.
En france, la répression et l’interdiction des manifestations pour la paix, l’arrêt des bombardements de Gaza, et/ou le soutien aux civils palestiniens se sont (un peu) atténuées.
En Israël, les voix dissidentes sont réprimées.
Dans leur com politicienne opportuniste, les macronistes ressortent leur « en même temps » inepte pour enfumer, mais continuent clairement de soutenir les crimes de guerre de masse exécutés par le gouvernement israélien et son armée. Honte !
Tandis que l’État israélien s’en prend même à l’ONU et à ses déclarations mesurées qui lui déplaisent.
- Gaza et Israël : défaire partout les structures politiques et économiques oppressives au lieu de s’entretuer
Catalyse totalitaire, par Frédéric Lordon
Catalyse totalitaire : il y a une économie générale de la violence. Ex nihilo nihil : rien ne sort de rien. Il y a toujours des antécédents. Cette économie, hélas, ne connaît qu’un principe : la réciprocité – négative. Lorsque l’injustice a été portée à son comble, lorsque le groupe a connu le meurtre de masse et, pire peut-être, l’invisibilisation du meurtre de masse, comment pourrait-il ne pas en sortir une haine vengeresse ? Les rationalités stratégiques – faire dérailler la normalisation israélo-arabe, réinstaller le conflit israélo-palestinien sur la scène internationale –, si elles sont réelles, n’en ont pas moins trouvé parmi leurs ressources le carburant de la vengeance meurtrière.
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Réponse à Eva Illouz
Réponse à Eva Illouz, à propos d’une interview donnée dans le journal Le Monde -
Ron Naiweld
Le 17 octobre dernier le journal Le Monde a publié un entretien avec Eva Ilouz rédigé par Luc Bronner. Ilouz y est présentée comme une « universitaire franco-israélienne ». Je réponds aussi en tant qu’un universitaire. Je suis né en Israël et y ai grandi, et je travaille comme historien du Judaïsme au CNRS et à l’EHESS, où Eva Ilouz est directrice d’études. Une réponse est nécessaire non seulement pour corriger des erreurs factuelles, mais aussi pour proposer quelque chose qu’elle ne propose pas – une vision de la réalité d’où pourrait surgir l’espérance face au conflit mortifère.
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Juifs et décoloniaux ? entretien avec le collectif Tsedek !
Juifs et décoloniaux ? entretien avec le collectif Tsedek ! - À la suite d’un article sur l’antisémitisme co-écrit par David, membre des Juives et Juifs Révolutionnaires, nous avions demarré une discussion avec le Collectif Tsedek qui avait manifesté des points de désaccords. Celui-ci se décrit dans son manifeste comme “un collectif de juifs et juives décoloniaux·ales luttant contre le racisme d’État en France et pour la fin de l’apartheid et de l’occupation en Israël-Palestine” et se situe “en rupture avec les discours promulgués par les institutions juives censées nous représenter et par la majeure partie des collectifs juifs antiracistes français”. Le collectif a aussi fait parler de lui récemment grâce à une interview pour Konbini qui a beaucoup fait réagir. Entre le début et la fin de notre discussion, la situation en Palestine et Israël a connu une nouvelle crise majeure suite aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui ont donné une grande actualité à cette dernière. Il est plus que jamais nécessaire, contre toutes les simplifications et les caricatures, de faire entendre et connaître les voix juives contre le colonialisme israélien. Dans ce grand entretien, nous avons parlé de la représentation des juives et juifs en France, de l’antisémitisme, du sionisme, de l’anticapitalisme et de la situation en Israël-Palestine. Propos recueillis par Nicolas Framont.
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Cela n’empêche pas certains représentants politiques, y compris issus du RN, et certaines institutions de l’État de se placer comme les protecteurs des juif·ve·s afin de mieux légitimer des politiques répressives. La loi Sarah Halimi adoptée en 2021 l’illustre très bien. Ayant été présentée comme une loi venant répondre au sentiment d’insécurité de la communauté juive, elle n’a finalement abouti qu’à plus de répression pour les populations non blanches marginalisées et a renforcé l’appareil autoritaire de l’État. Comme l’illustre “l’affaire Médine” de cet été, nous traversons une séquence où la prétendue défense des juif·ve·s sert à justifier l’islamophobie d’Etat, à museler des organisations et figures des droits de l’Homme ou à créer des fractures au sein du mouvement social et de la gauche.
Enfin, le soutien affiché de la Macronie aux juif·ve·s passe en grande partie par un soutien sans faille à Israël, avec un lobbying intense au sein du groupe parlementaire Renaissance pour faire taire dans ses rangs toute critique de l’apartheid israélien. L’adhésion de l’État français à l’idéologie sioniste fait des juif·ve·s des citoyen·ne·s de facto à part. Elle renforce l’idée que les juif·ve·s français·e·s ne sont pas entièrement français·e·s car ils appartiendraient à une nation juive qui a sa place sur le sol historique de la Palestine. Si nous ne sommes vraiment chez nous qu’en Israël, qu’est ce que cela veut dire pour nos droits, notre sécurité et notre émancipation en France ?
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L’amalgame entre antisionisme et antisémitisme relève d’abord d’un effort des organisations sionistes et des gouvernements israéliens successifs pour associer la solidarité avec les Palestinien·ne·s à l’expérience occidentale de l’antisémitisme. Ce discours se développe en réaction à la dégradation de l’image de l’État israélien sur la scène internationale, suite au début de l’occupation en 1967 et à la résolution 3379 de l’ONU adoptée en 1975 (et révoquée depuis) qui déclarait que le sionisme était une forme de racisme. Cette dégradation s’est accélérée à partir des années 80 avec l’invasion du Liban et la première Intifada.
Partant de cet amalgame, l’identité juive passe forcément par le sionisme, l’adhésion à un projet ethnonationaliste. Juif·ve = sioniste et judaïsme = sionisme. Cette politique de propagande a rencontré un accueil bienveillant auprès des classes dirigeantes occidentales qui partagent des intérêts et des valeurs avec l’État israélien.
En France, cet amalgame est un élément central de la construction nationale, révèle comment la France se rêve – c’est-à-dire en protectrice des juif·ve·s – et comment elle rêve les juif·ve·s de France – faisant partie d’une autre nation.
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Aujourd’hui, la défense des intérêts de l’État d’Israël – l’impensé du colonialisme sioniste et la négation des droits des Palestinien·ne·s – est assurée par cet amalgame. Les droits et les libertés des Palestinien·ne·s sont d’abord en jeu ici, mais la sécurité des juif·ve·s en France en est aussi impactée. Car en liant le sort des juif·ve·s de France à celui d’un projet colonial suprémaciste entre la Mer et le Jourdain, elle les place inexorablement entre le marteau et l’enclume.
Evidemment, on peut être antisémite et antisioniste, les années Dieudonné-Soral nous l’ont bien montré et ont d’ailleurs donné un élan à l’amalgame. Mais assimiler par principe l’un à l’autre relève d’une escroquerie politique et intellectuelle. Surtout si l’on ignore systématiquement les liens politiques de plus en plus visibles qui unissent les défenseurs de l’idéologie sioniste aux politicien·ne·s suprémacistes blancs et aux antisémites européen·ne·s ou étasunien·ne·s.
Sortir du piège que constitue cet amalgame, c’est d’abord ne pas se laisser intimider par de tels dispositifs, comprendre comment ils fonctionnent et quels intérêts ils servent. C’est s’alarmer du fait qu’il dépouille l’antisémitisme de toute signification. Les crimes du colonialisme israélien étant commis par des individu·e·s se réclamant du judaïsme ou de la judéité, au nom de “l’État des juif·ve·s”, par des hommes et des femmes politiques exigeant des juif·ve·s du monde entier une solidarité inconditionnelle sous peine d’être qualifié·e·s de traîtres, nous pensons que c’est la politique israélienne, et non la lutte contre celle-ci, qui renforce l’antisémitisme.
(...)
Au final, deux éléments pourtant centraux dans la production et la circulation de l’antisémitisme sont ignorés. D’une part, la manière dont le sionisme et la politique israélienne sont venus percuter la question de l’antisémitisme : en associant le nom « juif » à une entreprise coloniale, en conditionnant la réalisation supposée des intérêts juifs à la spoliation et l’oppression des Palestinien·nes, l’État israélien et ses soutiens cultivent dangereusement le terrain d’un antisémitisme d’autant plus dangereux qu’il pourrait s’auto-justifier par la cause juste de la lutte contre le colonialisme et l’oppression. D’autre part, l’instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme par un pouvoir d’État de plus en plus islamophobe et antisocial est ignorée. Pourtant, cette instrumentalisation nourrit l’antisémitisme et favorise sa circulation.
(...)
Enfin, nous ne pouvons ignorer le contexte d’énonciation depuis lequel nous parlons. Ce texte s’inscrit dans une controverse lancée il y a quelques années et qui consiste à affirmer, à partir d’une position de militant révolutionnaire de gauche, que la gauche à un problème spécifique avec l’antisémitisme. Un discours qui arrive en écho à ce que l’on entend du côté de la droite et des soutiens de la politique israélienne depuis bien plus longtemps. Au regard des enjeux politiques extrêmement graves de notre époque et, notamment, ceux relatifs à la lutte contre l’antisémitisme et l’islamophobie, une telle démarche nous pose question. Nous pensons, au contraire, qu’il est urgent d’identifier clairement les structures de production de l’antisémitisme là où elles sont : à droite, à l’extrême-droite, dans le pouvoir d’Etat en France, dans la politique israélienne.
Enfoncer des portes ouvertes ou aligner des apories n’est d’aucune utilité dans la lutte contre l’antisémitisme. Oui, il peut y avoir des personnes ou des propos antisémites « à gauche », comme on peut y trouver des personnes ou des propos sexistes, islamophobes, homophobes. Cela ne veut pas dire pour autant que « la gauche », en tant que telle, est un lieu spécifique de production de l’antisémitisme. Et, a fortiori, que la cibler est une priorité.
(...)
Collectivement, nous sommes aussi extrêmement inquiets du climat actuel en France, qui transforme la situation en Israël-Palestine en un affrontement entre juifs et musulmans, un narratif qui n’aura pour répercussion que la multiplication d’actes islamophobes et antisémites. A l’échelle politique, la sécurité des juifs et des juives est une fois encore instrumentalisée pour justifier des mesures autoritaires et racistes : interdiction de manifestations en soutien à la Palestine, suspicion à l’égard des musulmans, arrestations et expulsions. En tant qu’antiracistes, nous combattons l’islamophobie et l’antisémitisme , tout en restant lucides quant à ses lieux de productions, que ce soit l’antisémitisme historique européen ou l’amalgame entre Juifs et Israël. Mais cette position, sur une ligne de crête, peut nous rendre inaudibles pour une partie de notre communauté, qui voit Israël comme la seule solution possible pour nous protéger. Nous rappellerons tant qu’il le faudra que la sécurité des juifs et des juives ne sera pas garantie tant que l’existence d’un pays qui se revendique comme foyer national du peuple juif se basera sur la négation des droits des Palestiniens. Tout comme elle ne la sera pas tant, qu’en France, la persistance de l’antisémitisme européen continuera de prospérer, tout en étant niée, au profit de l’idée fallacieuse que les musulmans représenteraient aujourd’hui la menace existentielle pour les juifs et les juives.
En contrepoint, pour poursuivre ces discussions et peut-être aider chacun.e à y voir plus clair : Juives et Juifs Révolutionnaires - QUEL ANTIRACISME POLITIQUE ? (2019)
DIVERS
- Septembre 2019 : À Gaza, un peuple en cage - Alors que les Israéliens sont appelés à élire un nouveau Parlement le 17 septembre, la bande de Gaza n’en finit pas de sombrer. Depuis treize ans, Tel-Aviv soumet le territoire palestinien dirigé par le Hamas à un blocus militaire dévastateur. Combien de temps la population pourra-t-elle tenir ?
- De la Galilée à Gaza : une voix de Palestine - En ce moment même l’armée israélienne fait pleuvoir les bombes sur les personnes piégées dans Gaza. Les militaires ont déjà tué presque 3000 personnes et provoqué le déplacement de plus d’un million d’autres. Il ne s’agit pourtant que du dernier chapitre en date d’un siècle de violences coloniales visant les Palestinien⋅nes.
- “Une superpuissance nucléaire et un peuple dépossédé” - Un anarchiste de Jaffa, à propos de la violence en Palestine et de la répression israélienne
- Génocide de Gaza, la fable du crime de guerre dans le fascisme fossile - Une des questions qui a été, peut-être, la plus mal comprise par le camp des progressistes – et, bien entendu, reçue avec la plus grande mauvaise foi par le camp fascisé – a été celle de savoir pourquoi une certaine gauche refusait, avec obstination et insistance, de désigner les indéniables atrocités commises par le Hamas – réelles pratiques de terreur – du terme de « terrorisme ». Le texte de Kandisha rappelle en quoi le concept de « terrorisme » implique la négation impériale de l’état de guerre décolonial, refoulé sous l’apparente « paix blanche » et son hypocrite statu-quo. Il revient sur la nature et les propriétés de cet Empire colonial polycidaire ou « éco-ethno-géno-cidaire », fondé en sous-main sur l’hégémonie de ses États fossiles et son extractiviste/destructiviste fascisme fossile. Une analyse historico-théorique du génocide en cours à Gaza.
- Israël réprime les voix dissidentes de ses propres citoyen·nes - Des Palestinien·nes d’Israël, ainsi que des juifs·ves de gauche, sont suspendu·es de leurs universités, licencié·es ou arrêté·es la nuit, tout cela à cause de messages postés sur les réseaux sociaux.
- Gaza et Israël : défaire partout les structures politiques et économiques oppressives au lieu de s’entretuer
UN TRACT MENACE DE MORT LES HABITANTS DE GAZA
Depuis le début des bombardements israéliens sur Gaza, l’aviation envoie des tracts pour exiger que la population évacue la zone où elle habite. Ce samedi 21 octobre, des habitants ont photographié et diffusé les tracts qu’ils ont ramassé.
Ces prospectus rouges portent le logo de l’armée israélienne et la mention « Attention urgent » en arabe. Nous avons fait traduire le texte par un lecteur arabophone, et il s’agit de menaces de mort pures et simples contre les civils.
Voilà ce qui est écrit : « Votre présence au nord du Wadi Gaza met votre vie en danger grave et imminent ». Wadi est un cours d’eau situé au centre de la bande de Gaza. C’est la limite fixée par l’armée israélienne : tout le nord du Wadi doit être entièrement vidé de ses habitants, ce qui est impossible. La ville de Gaza city représente 700.000 habitants. À titre de comparaison, ce serait comme exiger que la ville de Lyon soit intégralement vidée jusqu’à son dernier habitant en quelques jours, bébés comme vieillards, hôpitaux comme écoles.
Un encadré noir comporte ce texte : « Quiconque n’évacue pas Gaza vers le sud sera considéré comme complice du terrorisme ». Ce tract prépare l’invasion terrestre de Gaza, durant laquelle les troupes israéliennes au sol comptent tirer sur tout ce qui bouge.
Sachant que des dizaines de milliers de gazaouis sont encore dans cette zone car ils n’ont nulle part ou aller, craignent de fuir de peur d’être bombardés car même des convois de civils ont été frappés, ou refusent de quitter leur domicile avec le risque de ne plus jamais pouvoir revenir, ce tract sonne comme une condamnation à mort. Il reste également des hôpitaux impossible à évacuer au nord de Gaza. Estimer que tout être humain dans une zone donnée est « complice du terrorisme » et peut donc être tué par sa seule présence est un crime de guerre.
Avec tout le cynisme qui caractérise l’armée coloniale, il s’agit de couvrir de futurs massacres en disant « on avait prévenu, ils l’ont bien mérité ».
Par ailleurs, l’armée israélienne annonce ce samedi soir qu’elle compte « augmenter » ses bombardements sur Gaza, en vue de l’offensive terrestre.
Dans l’enclave palestinienne, les enfants se sont mis à écrire noms et prénoms sur leurs mains afin de faciliter leur identification en cas de décès. Un enfant palestinien qui est tué toutes les 15 minutes en moyenne à Gaza depuis le 7 octobre.
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LONDRES : 300.000 PERSONNES DANS LA RUE POUR LA PALESTINE
Samedi 21 octobre, Londres a connu une véritable marée humaine pour la Palestine. 100.000 manifestants selon la police, 300.000 selon les organisateurs. Selon les autorités, il s’agissait de l’une des 10 plus grandes marches de toute l’histoire britannique !
Cette mobilisation record fait écho aux nombreuses manifestations massives partout autour du monde contre les bombardements sur Gaza. Il y avait aussi 15.000 personnes dans les rues de Sidney samedi. À Donostia (San Sebastian), ville basque à la frontière franco-espagnole, une déferlante immense a défilé pour Gaza hier. Selon une participante, « il n’y a qu’environ 200.000 habitants dans la ville, peut-être un quart d’entre eux sont ici ! »
Environ 10.000 personnes s’étaient rassemblées mercredi dans le centre d’Athènes et 20.000 à Amsterdam la semaine dernière, parmi de très nombreux autres événements qui ne sont évidemment jamais relayés dans les médias français, sauf pour les diaboliser.
Dans le monde musulman, l’affluence dans ces manifestations se compte en centaines de milliers de personnes voire en millions. À Rabat dimanche dernier, les organisateurs estimaient à 300.000 le nombre de manifestants pour Gaza. C’était la plus grande manifestation au Maroc depuis des années, et un sérieux désaveu pour le Roi, d’habitude tout puissant, qui avait entamé une politique de « normalisation » avec Israël.
Malgré l’intense propagande de guerre, malgré les mensonges et les manipulations, les opinions publiques du monde entier refusent de cautionner les crimes de l’armée israélienne. Même en France, le fait que le gouvernement ait du interdire toute manifestation et verrouiller le pays, sans pour autant réussir à empêcher certains rassemblements, en dit long sur la faiblesse du camp colonial.
La justice est de notre côté. Et les fanatiques qui inondent les médias en faveur des bombardements sont en réalité très minoritaires même si l’on n’entend qu’eux. Peut-être auront-ils honte, au regard de l’histoire, d’avoir accompagné les massacres ?
D’autres manifestations sont prévues ce dimanche à Paris et dans le reste de la France ces prochains jours.
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APOLOGIE DE CRIMES DE GUERRE
« On sait que les populations civiles servent aujourd’hui de bouclier humain [...] il faut les préserver bien sur, mais rien ne doit empêcher Israël de se défendre. »
Vous avez bien lu, RIEN ne doit empêcher le massacre en cours. Ce sont les mots, sidérants, de la présidente macroniste de l’Assemblée Nationale française Yaël Braun Pivet.
Elle est partie faire un petit séjour en Israël, posant en gilet pare balle entourée de soldats, accompagnée du député d’extrême droite Eric Ciotti et de Meyer Habib, élu franco-israélien proche de Benjamin Netanyahou, afin de montrer son soutien absolu aux bombardements en cours.
Puisque toute humanité élémentaire et tout reste de bon sens semblent avoir déserté le cœur et l’esprit des dirigeants français, quelques rappels de base :
➡️Tuer des enfants n’est pas de l’autodéfense.
➡️Bombarder des écoles, des hôpitaux et des ambulances n’est pas de l’autodéfense.
➡️Liquider des journalistes n’est pas de l’autodéfense.
➡️Voler les terres d’un autre peuple n’est pas de l’autodéfense.
➡️Parquer des centaines de milliers de palestiniens pendant 3 génération dans des « camps de réfugiés » derrière des murs et entourés de militaires n’est pas de l’autodéfense.
➡️Violer des dizaines de fois le droit international et les résolutions de l’ONU n’est pas de l’autodéfense.
➡️Un État d’apartheid n’est pas de l’autodéfense.
➡️Rentrer dans des maisons palestiniennes, en chasser ses habitants et les raser au bulldozer n’est pas de l’autodéfense.
➡️Priver 2 millions de personnes d’eau, de nourriture et d’électricité n’est pas de l’autodéfense.
➡️Tenir des discours génocidaires à l’égard d’une population entière n’est pas de l’autodéfense.
Après cette expédition, Macron a lui même prévu d’aller mardi en Israël, alors qu’une opération terrestre dévastatrice se prépare contre Gaza. Si dénoncer les bombardements israéliens est une « apologie du terrorisme » selon les médias français, alors les propos de Yaël Braun Pivet sont incontestablement une apologie de crimes de guerre.
DOUBLE STANDARD
⚫10 octobre 2022 : Yaël Braun Pivet, présidente de l’Assemblée Nationale écrit : « bombarder aveuglément des femmes, des hommes et des enfants c’est un crime de guerre. » Elle parle de l’Ukraine, par de la Palestine. Un an plus tard presque jour pour jour, elle part en Israël, qui bombarde et tue aveuglément des milliers de femmes, des hommes et des enfants, pour affirmer aux côté de son armée que « rien ne doit empêcher » le pays de « se défendre ».
⚫21 avril 2022 : « des dizaines de milliers de civils sont piégés » s’inquiète Macron. Il faut « permettre aux habitants de quitter la ville » et « laisser rentrer l’aide humanitaire ». Il parle alors de la ville de Marioupol, en Ukraine, où s’est retranché le bataillon néo-nazi AZOV. Un an plus tard, ce sont plus de 2 millions de civils qui sont piégés à Gaza, sans eau, sans électricité, sans nourriture, sous un déluge de bombes.
⚫6 mai 2023 : la Première Ministre Elisabeth Borne souligne « la mort tragique d’Arman Soldin journaliste à l’AFP, alors qu’il couvrait la guerre », et salue le « courage de tous les journalistes qui s’engagent pour nous informer au péril de leur vie ». Quelques mois plus tard, Israël tue au moins 13 journalistes en deux semaines à Gaza et au Sud-Liban, dont un qui travaille pour France Inter, et blesse délibérément plusieurs journalistes de l’AFP. Elle ne réagit pas.
Sans commentaire.
(posts de Contre Attaque)
GAZA : MESSAGE REÇU DE KHALED.
Khaled nous a envoyé au petit matin ce message affolant.
Il décrit un bombardement suivi d’une odeur horrible, de « moutarde », qui pique les yeux, la gorge, et l’empêche de respirer.
Il est près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza depuis hier, sa maison, située au nord ayant été détruite, mais lui et sa famille étaient sains et saufs.
Que se passe-t-il ?
Quel gaz utilise Israël sur des populations civiles au sud de la bande de Gaza ?
Combien de crimes de guerre supplémentaires seront-ils commis, avant que les gouvernements occidentaux ne réagissent ?
vidéo : https://fb.watch/nS3VsAr5xK/
(post de CND)
- Gaza et Israël : défaire partout les structures politiques et économiques oppressives au lieu de s’entretuer
ROSHDI SARRAJ, 31 ANS, JOURNALISTE TUÉ À GAZA
Il avait 31 ans, une petite fille, et il était reporter dans la bande de Gaza. Roshdi Sarra travaillait notamment pour Radio France, il a été tué dimanche 22 octobre par un bombardement israélien.
La famille du journaliste vivait avant 1948 à Jaffa, une ville située au sud de Tel-Aviv. Sa famille avait été déplacée de force lorsque l’armée israélienne a pris possession des terres et chassé des centaines de milliers de palestiniens, qui ont ensuite été regroupés pour des générations dans des camps de réfugiés ou à Gaza. Un épisode appelé Nakba, « catastrophe » en arabe.
Mediapart donnait la parole à Roshdi Sarraj dans un article paru le 20 octobre : « Nous, les journalistes de Gaza, nous sommes terrorisés quand nous allons sur le terrain. Parce que nous laissons nos familles dans nos maisons et l’armée israélienne peut les prendre pour cibles ». Sa fille d’un an n’arrivait « plus à dormir ».
Pas de courant, quasiment pas d’accès à internet, des bombardements incessants : la tâche des journalistes de Gaza est rendue quasiment impossible par le siège militaire. « Israël essaie de couper aussi la bande de Gaza médiatiquement, en réduisant notre accès à Internet. Comme cela, le monde n’aura aucune image de ce qu’ils sont en train de faire ici. Des crimes de guerre qu’ils commettent contre des femmes, des enfants, des civils », expliquait Roshdi Sarraj.
« En fait, en tant que journaliste, je n’ai que deux options : continuer à faire mon métier pour raconter ce qui se passe, ou rester à la maison et ne rien faire. Moi j’ai choisi de filmer, de photographier pour que le monde entier sache ce qui se passe dans la bande de Gaza. » Il était tué deux jours plus tard.
Selon le Syndicat des journalistes palestiniens, plus d’une cinquantaine de structures médiatiques ont été détruites, et au moins 13 journalistes tués par les bombes israéliennes. Alice Froussard de France Inter, écrivait à propos de son collègue Roshdi Sarraj : « L’impunité israélienne. Le silence européen. Voilà ce qui l’a tué une deuxième fois ».
La dernière photo publiée par le journaliste ? La bande de gaza dévastée par les bombes.
"Pour écrire une poésie qui ne soit pas politique,
Je dois écouter les oiseaux,
Et pour écouter les oiseaux,
Il faut que cesse le bruit des bombardiers."
Marwan Makhoul, poète palestinien
- Gaza et Israël : défaire partout les structures politiques et économiques oppressives au lieu de s’entretuer
🪖 MACRON EN ISRAËL, DIT TOUT ET SON CONTRAIRE
➡️ 23 octobre : à la veille de son déplacement en Israël, Macron dit dans la presse que l’objectif de son voyage est de relancer un « véritable processus de paix » et même de proposer une « pause humanitaire » pour les habitants de gaza. Emmanuel Macron fait savoir que sa visite a pour but d’être « utile » à la région pour « freiner l’escalade », « éviter la généralisation du conflit » et empêcher une situation « dangereuse et non maîtrisée au Moyen-Orient ». Macron parle même de « réouvrir une perspective politique », « d’arrêt de la colonisation » et d’un État palestinien.
➡️ 24 octobre : quelques heures seulement plus tard, Macron assiste stoïque au discours ultra-violent du Premier Ministre d’extrême droite israélien qui dit : « Nous sommes en guerre, la civilisation contre la barbarie » et que ce conflit concerne « le monde entier. »
Macron prend le micro : « Merci cher Bibi pour ces paroles ». « Bibi » est le surnom affectueux de l’homme politique d’extrême droite. Puis, épousant totalement la rhétorique israélienne sur la « guerre au terrorisme » et le « choc des civilisations » théorisé par George Bush avant la guerre en Irak, il propose carrément que la France et la coalition internationale s’engage militairement contre le Hamas. C’est l’exact inverse d’un cessez-le feu.
➡️ BFM commente cette annonce hallucinante : « Pour Israël, l’implication française dans une coalition internationale pourrait prendre la forme de frappes aériennes, mais aussi la mobilisation de la flotte française en Méditerranée […] Reste à voir si d’autres pays phares de cette coalition internationale, à commencer par les États-Unis, voudront participer à une nouvelle coalition ». Macron tente donc d’aller plus loin que les USA, mais se rend-t-il compte de ce qu’il raconte ? C’est tout juste s’il ne propose pas d’envoyer des avions de guerre français bombarder Gaza !
➡️ Le « en même temps » macroniste est une folie. On ne peut pas demander une « trêve humanitaire » devant les médias français et proposer son implication militaire le lendemain. On ne peut pas parler « d’éviter la généralisation du conflit » puis proposer l’intervention militaire d’une coalition internationale. Les mots ont un sens.
➡️ En France, nous sommes habitués à ce que Macron raconte n’importe quoi, dise tout et son contraire et nous mente en permanence. Cela ne nous fait plus grand chose. Mais là, on parle de géopolitique, de milliers de civils déjà morts sous les bombes et d’une potentielle guerre mondiale, car en cas d’intervention occidentale, cela provoquerait une réaction en chaine de l’Iran et des puissances arabes. Notre président est un danger public, halte au feu !
(posts de Contre Attaque)
- Gaza et Israël : défaire partout les structures politiques et économiques oppressives au lieu de s’entretuer
Un journaliste israélien menacé de mort par l’extrême droite
Samuel Frey est actuellement menacé par l’extrême droite en raison de ses interventions en faveur du peuple palestinien.
Il avait parlé d’empathie envers les victimes de Gaza et de la Cisjordanie.
Il avait également mis des mots clairs sur ce que pratique le gouvernement israélien : nettoyage ethnique, persécutions, crimes de guerre.
Une campagne d’intimidation globale en Israël, est dirigée contre toutes les voix qui s’élèvent contre le massacre en cours.
vidéo : https://fb.watch/nTFB0u91vL/
(post de CND)
- Gaza et Israël : défaire partout les structures politiques et économiques oppressives au lieu de s’entretuer
SE REPRÉSENTER LE MASSACRE DE GAZA
À des milliers de kilomètres et dans un pays en paix, il est difficile de se représenter ce que vit la population de Gaza. Et les médias font tout pour empêcher la moindre empathie avec les palestiniens, présentés comme des sauvages islamistes.
Voici une carte qui peut donner une idée de l’ampleur de la tragédie en cours.
Nous avons représenté à la même échelle la ville de Paris et sa petite couronne et la bande de Gaza. Celle ci est deux fois plus petite que Paris et sa proche banlieue, pour 2,4 millions d’habitants.
Imaginez maintenant qu’aucun être humain ne puisse sortir des frontières de la petite couronne depuis 15 ans. Qu’il y ait un mur et des militaires partout aux limites des départements, qui tirent sur les personnes qui s’approchent. Le seul aéroport de Gaza a été détruit. Le territoire est en bord de mer, les bateaux aussi se font tirer dessus par l’armée israélienne s’ils s’éloignent des côtes. Vous êtes coupé du monde.
Imaginez que, régulièrement, l’armée qui assiège cette zone et ses millions d’habitants bombardent des quartiers densément peuplés comme les arrondissements de Paris. Des boulevards Haussmaniens éventrés, des ruelles du cœur de l’île de la Cité pilonnées... Imaginez Paris qui manque de tout, et dont l’accès à l’eau et à l’électricité même dépend d’une armée ennemie.
Imaginez maintenant que, depuis 15 jours, la zone soit désormais totalement assiégée. Aucune eau, aucune électricité, aucun carburant. Un siège médiéval. Les millions d’habitants de la petite couronne ne pourraient pas se laver, manqueraient de nourriture, perdraient leurs maisons. Les gazaouis boivent de l’eau de mer, ceux de Paris boiraient-ils l’eau de la Seine ?
L’armée réclame un déplacement total vers le Sud. Hôpitaux, écoles, magasins, services, maisons... Imaginez des millions de personnes forcées de tout abandonner et quitter la Seine-Saint-Denis et le nord de Paris pour aller vers le Val-de-Marne, survivre dans des tentes. Il serait déjà impossible d’organiser une telle évacuation en métro !
Imaginez des milliers de tonnes de bombes qui s’abattent sans relâche sur ce petit territoire. 6000 morts en 15 jours, dont 2000 enfants. Voilà, vous avez un aperçu, infime, de ce que subit la population de Gaza.
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🇮🇱 ISRAËL VEUT LA TÊTE DU SECRÉTAIRE DE L’ONU
Après avoir assimilé tout le peuple de Gaza au terrorisme, puis accusé tous les soutiens du peuple palestinien d’être complices du terrorisme, l’État israélien accuse désormais le secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies de complaisance avec le terrorisme.
Lors du Conseil de sécurité de l’ONU ce 24 octobre, Antonio Guterres s’est pourtant contenté d’appeler encore une fois à un cessez-le-feu humanitaire pour épargner les civils de Gaza, et à quelques évidences historiques. Un discours très modéré au regard du massacre en cours :
« Il est important de reconnaître également que les attaques du Hamas ne se sont pas produites pour rien. Le peuple palestinien est soumis à 56 ans d’occupation étouffante. Ils ont vu leurs terres en proie à la violence être progressivement dévorées par les colonies ; leur économie étouffée ; leurs habitants déplacés et leurs maisons démolies. Leurs espoirs d’une solution politique à leur sort se sont évanouis […] les griefs du peuple palestinien ne peuvent justifier les attaques effroyables du Hamas. Et ces attaques épouvantables ne peuvent justifier la punition collective du peuple palestinien ».
Ce rappel timide et ménageant les deux bords est déjà audacieux dans le contexte actuel. Guterres a ajouté : « Soyons clairs. Aucune partie à un conflit armé n’est au-dessus du droit international humanitaire. Rien ne peut justifier que des civils soient délibérément tués, blessés ou enlevés, ou que des roquettes soient lancées contre des cibles civiles. »
La simple évocation de l’histoire coloniale de l’État hébreu et des politiques d’apartheid en vigueur est devenue intolérable. Seul le discours mensonger de Netanyahou sur le « choc des civilisations » assimilant les palestiniens et plus généralement les musulmans à Daesh est le récit autorisé, en tout cas en Occident.
Les responsables israéliens ont immédiatement appelé à la démission du représentant de l’organisation internationale qui regroupe 193 États et a pour but de maintenir la paix dans le monde depuis la fin de la seconde guerre mondiale. « De toute évidence, nous allons devoir reconsidérer l’ensemble de nos relations avec les Nations Unies » a déclaré un ambassadeur israélien, accusant carrément l’ONU de « prendre les mots du Hamas comme s’ils étaient la parole de Dieu ». Zéro limite, même Bush n’avait pas osé.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, a ensuite annulé sa rencontre avec le secrétaire général de l’ONU et l’a accusé d’être complaisant avec le terrorisme. Pour rappel, Israël a tué 35 employés de l’ONU à Gaza en deux semaines.
C’est un État voyou et militarisé, dirigé par l’extrême droite, qui s’exonère ouvertement des règles les plus fondamentales du droit international. L’ONU était le dernier contre-pouvoir, symbolique, aux crimes de l’armée israélienne.
En guerre contre les ONG, les opposants politiques, les opinions publiques étrangères et maintenant contre l’ONU, l’État israélien n’est plus soutenu que par une poignée de puissances impérialistes lourdement armées. Il reste donc tout permis.
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🎨 SOUTIEN ARTISTIQUE MONDIAL À LA PALESTINE
Ces derniers jours, des drapeaux israéliens ont été affichés sur les monuments officiels par les gouvernants occidentaux : sur la tour Eiffel à Paris, la porte de Brandebourg à Berlin ou le Parlement Européen. Pendant ce temps, Gaza est sous les bombes et les mobilisations pour la Palestine empêchées, réprimées, diffamées.
Mais une contre-mobilisation artistique venue d’en bas se répand partout. Sur les trains, dans les tribunes de foot, sur les murs et les banderoles, à Belfast, Mexico ou Paris…
Voici des créations du monde entier qui témoignent la solidarité avec le peuple palestinien. Résister c’est créer.
(posts de Contre Attaque)