- Feuilles du Platane, 2éme volet | Réserver c’est se soumettre !
Les gestionnaires du Parc National des Calanques (PNC) ont dû faire appel à un coûteux cabinet de conseil pour pondre le slogan de l’été 2022 : « Réserver, c’est préserver » ; ou peut-être est-il sorti d’un brainstorming interne. Qui sait ? Ce qui est sûr c’est qu’on l’a choisi pour communiquer sur la mesure et « habiller » le bouton d’accès à la plateforme de réservation. Une « devise sur étagère », comme on dit chez les développeurs, prête à l’emploi pour les autres parcs nationaux et régionaux. Le Parc fait ainsi office de pionnier pour tracer la voie vers la smart Nature. Une Nature gérée, surveillée, connectée à laquelle on accède en cliquant.
« Réserver, c’est préserver »
Cette simplification grotesque et malhonnête joue sur la corde sensible du smartien [1] pour qui « préserver l’environnement » est au cœur de ses préoccupations digitales. Qui peut être contre la préservation d’une si jolie calanque ? Certainement pas les Smartiens. Agiles de leurs pouces ou index, ils sont déjà dressés à cliquer frénétiquement pour soutenir des pétitions en ligne ou partager des articles sur les réseaux sociaux… Un clic de plus et c’est Sugiton que l’on sauve.
Pourquoi s’en priver ?
Pourtant, réserver n’est pas une solution
Nous l’avons montré précédemment [2], la réservation ne garantit nullement la préservation de la calanque et de ses voisines. Répéter un mensonge n’en fait pas une vérité. La prétendue solution séduit pourtant les esprits les plus étroitement rationnels, du type ingénieurs, vouant un culte à la science et aux technologies. C’est qu’elle conforte leur adage favori : À tout problème sa solution – et même, son unique meilleure solution. En revanche, si le problème est mal posé ou la solution injuste, inefficace ou dangereuse, ils ne la remettent jamais en question. D’autant moins lorsqu’elle se présente sous la forme d’un bouton sur lequel il faut cliquer. Ils exhiberont plutôt leur agilité à utiliser leurs prothèses électroniques, tout en répétant leur mantra préféré : « C’est quand même bien pratique - et en plus, on fait un petit geste pour la planète »
Réserver c’est surtout aider la start-up nation
Nous avons déjà décortiqué les liens entre le Parc des Calanques et le milieu du numérique, de la vidéo surveillance et de la gestion, supputant que la Nature servirait de laboratoire pour l’innovation. La confirmation n’a pas tardé. Pour réserver son laissez-passer, le visiteur devra aller sur une plateforme de réservation développée par une start-up marseillaise : Troov. C’est bien, c’est local ! Non, c’est avant tout la « French Tech » qui développe les outils de la smart Nature. Troov est la « jeune pousse innovante », lauréate du « prix start-up » à Marseille, qui s’est distinguée en proposant une solution de machine learning pour retrouver des objets perdus. Elle a notamment été financée par la région Île-de-France et la BPI dans le cadre d’un dispositif ridiculement nommé Innov’Up.
La BPI est la banque publique d’investissement, spécialement conçue pour les entrepreneurs et par les « socialistes » (gouvernement Hollande). Elle est l’organe étatique de financement d’une grande partie de ces délires de la « start-up nation » à combattre sans relâche, tels que la EdTech, la FoodTech ou encore la HealthTech… Bref, tous les trucs en Tech pouvant s’inscrire dans le plan Deeptech.
« Réserver, c’est préserver… le système en place »
La « French Tech » et le Parc sont alliés. L’une développe toutes sortes d’innovations sous couvert d’écologie cependant que l’autre justifie son existence en qualité de gestionnaire des nouveaux gadgets fournis par la première. N’écoutons plus ces gestionnaires ni leurs experts. Ils ne travaillent qu’à leur préservation ; celle de leurs boîtes, de leurs organismes, des structures qu’ils mettent en place.
Réserver c’est se soumettre
Refusons que l’accès à la Nature soit soumis aux volontés toxiques des technocrates et des politiciens. Refusons leur « écologie » et leurs « innovations ». Refusons les réserves à touristes !
Visiteurs de Sugiton, ne soyez pas les cobayes des smart calanques.
Nature et liberté !
Le Platane
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