« Festival du numérique responsable », quand l’Ecole des Mines Saint-Etienne nous prend pour des imbéciles

Dansons plutôt sur les ruines de leur monde connecté

samedi 16 mars 2024, par Antitech 26.

Partout, l’Etat et le Capital vendent leur numérisation intégrale du monde, en la justifiant par n’importe quel prétexte, dont l’écologie et la « transition » !
Parfois, pour nous enjoindre à l’acceptation, ils se livrent à des exercices forcés de pseudo-critiques et de pseudo-peurs superficielles, comme à l’Ecole des Mines en mars à Saint-Etienne. Voir article ci-dessous.

Les « débats », conférences, normes, comités éthiques de ceci ou celà... servent à mieux imposer leur planification cybernétique à marche forcée et à coups de milliards magiques, avec la cerise empoisonnée de leur « lutte » contre les inégalités face à la dématérialisation des services publics accélérée par eux.
A Saint-Etienne, enjoliver et sécuriser la saloperie d’IA fait aussi parti de la mission des ingénieurs qui sont complices.
Un atelier vicieux « initie tous les enfants, dès 3 ans et sans écrans, au numérique ».

Face à l’irresponsabilité chronique et destructrice du monde cybernétique câblé par des ingénieurs, notre responsabilité est de le désarmer, les bonnes pratiques c’est le démantèlement de leur techno-système, la résilience c’est prendre en charge notre subsistance et la démocratie directe sur les ruines de leur monde connecté. Augmentons notre impact contre la mégamachine et ses griffes avancées.

« Festival du numérique responsable », quand l’Ecole des Mines nous prend pour des imbéciles

- « Festival du numérique responsable », quand l’Ecole des Mines nous prend pour des imbéciles
En ce lundi 11 mars, jour anniversaire du désastre de Fukushima, centrale nucléaire qui, 13 ans après le séisme est non seulement toujours en combustion mais est aussi devenue le laboratoire mondial de la « résilience » et de l’acceptabilité des nuisances, quoi de mieux que d’aller écouter l’ADEME nous expliquer l’impact environnemental du numérique ?
Ça se passe à l’École des Mines de Saint-Étienne pendant le Festival du Numérique Responsable, une série de conférences, la plupart « en visio » (mais pas que), du 11 au 21 mars 2024.
(...)
Leur critique tronquée du numérique doit être prise pour ce qu’elle est : une récupération de la critique par les dominants en vue de l’intégrer à la « révolution numérique en marche ».
Il y a là aussi l’arnaque colibriste des « bonnes pratiques ». Cette injonction au « numérique responsable », à la consomm’action, repose sur le faux-semblant libéral qui met tout le monde au même niveau : « Après tout, vous êtes libres, c’est une question de choix » - et sur son corollaire immédiat « si le monde va mal, c’est donc que vous ne faites pas les bons choix, vous n’êtes pas assez responsables ». Dans ce piège, que l’École des Mines promeut par son festival, on attend de nous qu’on fasse religieusement pipi sous la douche en éteignant notre brosse à dents connectée, pendant que l’économie continue de ravager le monde.
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L’École des Mines, une des plus prestigieuses écoles d’ingénieurs de France dont le but initial était de former des cadres garde-chiourmes de l’industrie minière, est notamment financée par la Fondation Mines Telecom. Parmi les mécènes de cette dernière, les plus notoires sont ArianeGroup, Inéo Defense, MBDA, Safran, Thales, Naval Group, Dassault, Airbus. On a du mal à voir toutes ces entreprises de l’armement (dont les plus grosses sont impliquées dans la fabrication de la bombe atomique) s’émouvoir des « impacts environnementaux » ou du « numérique décolonial ». S’il est besoin de le rappeler, leur fond de commerce, c’est la guerre ! Le contraire donc de la préservation de l’environnement ou de l’« émancipation des peuples ».
(...)
Mais ce n’est pas tout, parmi les partenaires privilégiés de l’École des Mines, on trouve aussi ST Microelectronics qui lui finance au moins une dizaine de thèses. Cette boite qui produit des puces électroniques et dont Macron est venu lancer l’agrandissement à l’été 2022 en pleine canicule, a une consommation d’eau démentielle (336 litres/seconde). D’un bout à l’autre de la planète, on lutte contre ce type de prédation : « De l’eau pas des puces » à Grenoble, « Agua para la gente, no para las empresas » en Uruguay. Vous avez dit « impacts environnementaux » ? Foutage de gueule, regardez plutôt avec qui vous bossez.

Si nous critiquons cette rhétorique mortifère - récupération de la critique, grand messe de la soi-disant « transition » -, c’est qu’elle est mise en œuvre partout. On trouve ainsi une Agnes Pannier-Runacher, ministre de la « transition », nous parler d’une « gestion responsable » de la future mine de lithium censée s’ouvrir bientôt à Échassières dans l’Allier. Échassières, c’est cette petite commune dont les sols sont déjà pollués aux métaux lourds (jusqu’à 7 fois les seuils de risque pour l’arsenic) suite à l’exploitation de tungstène dans un passé assez récent ...

Quoi qu’en disent les acceptologues et autres évangélistes de la société industrielle, il n’existe pas plus de numérique responsable que de mine propre ou de kangourous volants. Charge à nous de leur faire comprendre que nous ne sommes pas dupes (ni des imbéciles).
(...)

- Article complet avec les liens et images : https://lenumerozero.info/Festival-du-numerique-responsable-quand-l-Ecole-des-Mines-nous-prend-pour-des-6757


Forum de l’article

  • « Festival du numérique responsable », quand l’Ecole des Mines Saint-Etienne nous prend pour des imbéciles Le 18 mars à 08:37, par bally26

    En complément de cet article voici un article sur ce sujet paru sur Mediapart le 7/12/2023 LA FINANCE VERTE PASSE LA MARCHE ARRIERE
    Trois ans à peine après avoir annoncé leur conversion, les fonds durables sont en train d’abandonner toute référence aux critères environnementaux et sociaux. Certains ont même décidé de fermer. Motif ? Ils ne rapportent pas assez et sont devenus des repoussoirs pour les clients.
    Martine Orange - Mediapart
    L’époque où les puissants de la finance mondiale se bousculaient pour aller écouter Greta Thunberg au Forum de Davos est bien achevée. Trois ans à peine après qu’ils ont rivalisé de promesses et d’engagements, l’engouement pour la finance verte est retombé. Les financiers éludent désormais les références aux critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). Ils vont jusqu’à effacer toute allusion à des fonds durables.
    Des financiers connus comme Allianz ou Vanguard se sont retirés d’organisations environnementales. La banque américaine JPMorgan a redéfini ses critères d’investissement, assouplissant notablement ses exigences environnementales. Le fonds
    Inclusive Capital ,dirigé par l’activiste Jeff Ubben, qui se donnait pour ambition d’investir dans des groupes non respectueux de l’environnement afin de les faire changer de l’intérieur, a annoncé la semaine dernière qu’il abandonnait et allait rembourser les 2,3 milliards de dollars (2,1 milliards d’euros) recueillis auprès de ses clients.
    Partout, la finance verte semble avoir enclenché la marche arrière. Selon les décomptes du Wall Street Journal,
    six autres fonds ont gommé toute référence aux normes ESG et décidé de s’orienter vers des placements beaucoup plus conventionnels. Trente-deux ont mis la clé sous la porte cette année.
    Cette volonté d’effacement ne doit rien au hasard : la finance verte n’attire plus. Pire : elle est devenue un repoussoir. Car les fonds durables souffrent d’un vice rédhibitoire : ils ne tiennent pas leurs promesses. Leurs rendements sont beaucoup moins élevés que ceux des fonds traditionnels.
    Plus intéressés par les profits que par la planète, les investisseurs ont vite fait les calculs. Ils s’en détournent,au moins aux États-Unis. Cette année, 14 milliards de dollars (13 milliards d’euros environ) ont quitté les fonds ESG, selon le
    Wall Street Journal. Une première. Cette fuite inquiète au plus haut point les financiers et les gestionnaires de fonds, qui ont décidé de réagir.
    Un moment de vérité
    Pour certains observateurs et observatrices du monde financier, la finance verte est en train de connaître son moment de vérité, celui où se dévoilent ses erreurs, ses mensonges et ses ambiguïtés.
    Depuis son lancement, ses promoteurs n’ont cessé de vanter ses mérites, en calquant leurs discours sur le modèle des politiques techno-solutionnistes mises en avant par nombre de gouvernements et d’expert·es :l’orientation des capitaux vers des investissements durables reposant sur des technologies innovantes allait être la réponse adéquate pour lutter contre les dérèglements climatiques. Pour le reste, rien n’allait changer, ni les modèles économiques de croissance, ni surtout les rendements auxquels le capitalisme financier est habitué.
    Dès les prémices de cette finance repeinte en vert, des économistes avaient lancé des mises en garde contre ces nouveaux investissements. Une des critiques les plus féroces de ces obligations vertes a été émise par Ivar Ekeland, ancien président de l’université Paris-Dauphine,et Julien Lefournier, mathématicien et consultant en finance. Leur
    raisonnement était simple : si les obligations vertes sont vraiment vertes, elles doivent avoir un rendement financier beaucoup plus bas que les autres, puisque les projets qu’elles financent ont des contraintes beaucoup plus élevées.
    C’est tout le sens des obligations vertes, expliquaient-ils dans leur démonstration : orienter des financements vers
    des opérations qui ne parviennent pas, sans cette incitation et cette volonté de soutenir les projets durables, à trouver les ressources nécessaires pour se développer. Or, constataient-ils, le marché ne faisait aucune différence entre ces obligations et les autres. Y avait-il un problème de définition ?
    Ne voulant pas voir se tarir ce nouveau filon, les gérants de fonds ont rapidement balayé les critiques. Tout était normal. En dépit de ses contraintes et d’un changement radical de perspectives à long terme, la finance verte était capable, selon eux, de se glisser sans encombre dans les schémas du capitalisme actuel et d’obtenir les mêmes résultats.
    Tout allait se dérouler dans une transition sans heurt. Il n’y avait besoin ni de changer de modèle de croissance, ni de penser d’autres schémas macroéconomiques, et encore moins de changer de référentiel financier.
    La fin de l’argent magique
    L’illusion de l’absence d’antagonisme entre investissements durables et lutte contre les dérèglements climatiques d’un côté, et capitalisme financiarisé de l’autre a duré… Jusqu’à ce que les banques centrales rebattent les cartes monétaires et financières pour endiguer l’inflation.
    Si l’année a été assez chaotique pour la finance, elle l’a été encore plus pour les investissements dans les fonds durables. Au cours de ces derniers mois, beaucoup ont constaté avec la remontée des taux d’intérêt, et la difficulté à lever de l’argent, que les modèles financiers sur lesquels ils surfaient n’étaient plus du tout valables.
    Malgré les encouragements et les incitations du gouvernement américain, beaucoup de projets n’ont pu voir le jour, faute de trouver les capitaux suffisants. D’autres, particulièrement dans les énergies renouvelables, à forte intensité capitalistique, ont été annulés en raison de retours sur investissement jugés trop faibles.
    Les opérations déjà lancées sont souvent très décevantes pour les investisseurs. Montées avec de très forts effets de levier, elles semblaient très rémunératrices quand l’argent ne valait rien. Mais les taux d’intérêt ont grimpé et les charges de remboursement avec. Leurs profits sont désormais des plus médiocres, voire négatifs. Et ils risquent de l’être pendant longtemps.
    Les investisseurs ont fait leurs comptes. Ils estiment n’en avoir pas pour leur argent, ni en termes de dividendes ni en termes de valorisation, car les actifs des projets durables ont baissé.
    Greenwashing à tous les étages
    Bien avant les changements de politiques monétaires,certains fonds avaient déjà commencé à repeindre en vert leurs investissements afin d’obtenir des retours plus élevés, dans la norme de ceux qu’attend Wall Street. Mais avec le durcissement monétaire, ces pratiques se sont généralisées. Afin d’améliorer leurs performances et de les rendre comparables à celles des fonds classiques pour ne pas perdre de clients, notamment les fonds de pension, les uns et les autres ont commencé à acheter des actions dans les grands groupes du numérique, de la santé, voire de l’agrochimie, sans trop ébruiter ce changement de cap.
    Vanguard, considéré comme un des fonds phares
    de la finance durable, est un des plus gros actionnaires d’Apple, Microsoft, Amazon, Tesla et Alphabet, la maison-mère de Google. Des groupes qui ne figurent pas à l’avant-garde des projets durables, respectueux des normes sociales et environnementales, ni de la gouvernance, souvent réduite à
    la seule volonté de leur fondateur milliardaire , quoi qu’ils en disent par ailleurs.
    Mais le cas le plus emblématique est assurément celui de Black Rock. Vivement critiqué pour avoir soutenu des directions, notamment des majors pétrolières, dans leurs conduites niant les dégâts climatiques, son dirigeant,Larry Fink, avait fait amende honorable en 2020. Dans une lettre à ses actionnaires, il s’engageait à ce que les investissements de son groupe, premier gérant d’actifs au monde avec plus de 6 000 milliards de dollars accumulés,respectent désormais les critères ESG et bannissent tout engagement dans les groupes polluants ou aux activités toxiques.
    Trois ans plus tard, la détermination de Black Rock s’est plus qu’émoussée. Alors qu’il avait voté plus de 47 % des résolutions environnementales et sociales présentées lors des assemblées générales des groupes il y a deux ans, il n’en a plus soutenu que 7 % cette année, selon le Financial Times
    . Et lorsque Larry Fink a annoncé le mois dernier que Black Rock allait investir 550 millions de dollars dans un projet de
    capture de CO au Texas, il a présenté ce projet comme
    « une formidable opportunité » financière. Pas un mot n’a été prononcé sur l’environnement, sujet banni dans cet État pétrolier.
    La défense, nouvel investissement durable
    Ces derniers mois, cependant, la révolte a commencé à gronder chez certains clients. Non pas en raison des mauvais rendements offerts par ces fonds, mais des choix d’investissement de certains gérants. Convaincus de la nécessité d’orienter leur épargne – souvent leurs économies en prévision de leur retraite – dans des domaines correspondant à leurs valeurs ou à leur vision de la vie, les épargnant·es n’ont pas apprécié – et c’est un euphémisme – de voir que leur argent, placé dans des fonds labellisés durables, a été investi dans le secteur de la défense
    .
    Alors que les tensions géopolitiques s’accentuent, les industries de défense américaines tournent à plein régime pour approvisionner l’Ukraine en armement,pour fournir également Israël et surtout pour accentuer leur domination technologique face à la Chine. En plus des financements étatiques, l’ensemble du secteur cherche à attirer le plus de capitaux privés possible.
    La défense et la sécurité du pays, voilà des investissements durables, et qui ont en plus le mérite d’offrir des dividendes élevés, se sont mis à arguer les gérants de fonds ESG. Et ils ont commencé à acheter duBoeing, du Raytheon, du Lockheed Martin, etc.
    Lorsqu’ils ont découvert le subterfuge, certains clients ont été pris de fureur et ont retiré leur argent. Mais la décollecte de ces petits épargnants est une goutte d’eau par rapport à la menace de grands investisseurs, comme les fonds de pension, qui attendent des rendements annuels élevés, quelles que soient leurs intentions affichées par ailleurs. Ce sont eux qu’il faut contenter.
    Et bientôt, « Big Oil » dans les fonds durables ?
    Poussant le raisonnement le plus loin possible, un dirigeant des fonds durables à la Deutsche Bank, MarkusMüller, a fait une proposition qui risque de faire fureur dans le monde financier : inclure les majors pétrolières dans les fonds durables dont elles sont exclues.
    Leur place dans les fonds ESG lui semble tout à fait justifiée. ExxonMobil, Chevron, Shell, BP, TotalEnergies figurent parmi les plus grands acteurs des énergies renouvelables
    . Ils sont même désormais les seuls àaccepter de conduire certains projets : leur puissance financière leur permet de supporter des temps très longs.De plus, cela redore leur image et leur donne une mainmise sur le développement des énergies renouvelables.
    Dès lors, pourquoi ne pas tenir compte de leurs efforts,s’interroge ce responsable de la Deutsche Bank ?D’autant qu’ils sont capables, à la différence de tant d’autres, de verser des dividendes astronomiques chaque année, ce qui ne peut qu’améliorer la performance des fonds durables.
    Et c’est ce que les investisseurs attendent, selon lui :
    « Quand vous considérez les énergies propres, il y a des business models qui sont très nouveaux et sensibles aux taux d’intérêt,a-t-il expliqué à Reuters
    .
    Les investisseurs recherchent des entreprises d’énergie traditionnelles, qui investissent dans les renouvelables. Ils préfèrent la transition plutôt que l’exclusion. »
    Le monde pétrolier doit se frotter les mains. Depuis des années, il milite contre son exclusion des fonds durables,craignant de ne plus pouvoir accéder aux financements dont il a besoin. Ses milliards de profits sont en train de faire sauter tous les obstacles, emportant avec eux les derniers oripeaux de la finance verte. Elle risque de n’être plus qu’un habillage marketing, comme le redoutaient des ONG et des défenseurs du climat depuis le début.
    Martine Orange

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