Dans la série « nettoyage des oreilles », détoxification de la musique MacDo, pleine de gras qui rend le cerveau lent et obèse, loin des bandes en boucle de chez Leclerc ou Carrefour, pauvres comme des champs au glyphosate, quand le lopin de musique permaculturelle fourmille de lupins, de cirons, de godins, de millions de bestioles, voici une série musicale traditionnelle malaisienne. Malaisienne et non pas malaise, Malais qui sont l’une des ethnies seulement de la Malaisie. Mieux vaut le dire : pas de malaise !
Ça dure plus que trois minutes mais moins que les heures et les heures où nous entrainait loin du sol, sur l’aile vibrante et surchauffée du désert la regrettée Oum Khalthoum.
Trois minutes : le format d’attention des jeunes enfants. Mais déjà bien plus que l’empan intellectuel de Donald Trump. Trois minutes, le temps d’un clip, le temps d’une publicité, le temps d’assimiler toute la culture occidentale, ce qu’elle est devenue, qui n’aura plus bientôt besoin de cerveaux humains, toute contenue qu’elle sera dans les centres de données (data center : je traduis pour les esprits déjà trop atteints d’Alzheimer siliceux.)
Comme l’opéra, c’est chiant à écouter. C’est lent. Mais comme l’opéra ou le tofou -豆腐 - on finit par aimer. Très différent de Lady Gaga, une précurseure bien nommée de la jivaroïte 2.0, réduction cognitive volontaire, amplification moderne de la servitude volontaire.
C’est chiant, c’est lent. Ça traîne, ça tourne comme une mélopée, comme le retour constant du même, comme l’ouroboros.
Et pour cela c’est passionnant. Derrière la ritournelle, c’est l’âme d’un peuple, un rythme, une temporalité, tout un cosmos que la musique esquisse. Aux marges de zinc de la forêt où vivaient les vieux hommes, orang outan et leurs frères sapiens, orang asli !
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