De nombreux scientifiques sont légitimement terrifiés face aux désastres planétaires que fabrique inexorablement la civilisation techno-industrielle, et ils ne sont pas les seuls...
Plus de 300 scientifiques du climat terrifiés par l’avenir de la planète - Le journal britannique « The Guardian » a interrogé 380 des plus grands scientifiques du climat. Selon la majorité d’entre eux, la température moyenne sur la planète va augmenter d’au moins 2,5 °C, avec des conséquences désastreuses.
« Désespérée et brisée », « Nous vivons à l’ère des fous ! », « Je suis soulagé de ne pas avoir d’enfants, sachant ce que l’avenir nous réserve »… La plupart des scientifiques du climat interrogés par The Guardian ont une vision très pessimiste du futur.
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77 % d’entre eux pensent que la planète se dirige vers une hausse d’au moins 2,5 °C des températures (par rapport au niveau préindustriel), avec des conséquences désastreuses pour l’humanité. Près de la moitié, soit 42 %, pensent même qu’elles dépasseront les 3 °C.
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Seuls 6 % restent optimistes en estimant que la limite de 1,5 °C à ne pas dépasser (fixée lors de l’Accord de Paris) sera atteinte.
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Nombre de ces scientifiques envisagent « un avenir “semi-dystopique”, avec des famines, des conflits et des migrations massives, provoqués par des vagues de chaleur, des incendies de forêt, des inondations et des tempêtes d’une intensité et d’une fréquence bien supérieures à celles qui ont déjà frappé », détaille le journal.
Interrogés sur leurs sentiments vis-à-vis de ce constat très sombre, elles et ils sont nombreux à faire part de leur désespoir (en anglais). Certains reconnaissent avoir fait des dépressions ou songé à abandonner leurs travaux. Ils disent aussi leur exaspération et leur peur face à l’incapacité des gouvernements à agir malgré les preuves scientifiques évidentes fournies.
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Les autorités seront submergées par les événements extrêmes, les uns après les autres, et la production alimentaire sera perturbée. Je ne pourrais pas ressentir un plus grand désespoir face à l’avenir.
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C’est vraiment absurde de ne pas agir maintenant. Ou de ne pas l’avoir fait dès le début des années 2000 où ça aurait été beaucoup plus facile.
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Un autre exemple de ravage (parmi des dizaines d’autres possibles - on pourrait citer au hasard les investissements massifs de TOTAL dans les énergies fossiles), pour achever le tableau : Élevage de saumons : « une bombe écologique et sociale », dénonce un rapport
- Climat : scientifiques et écologistes sont terrifiés - Etats et capitalistes sont prêts à tout pour que rien ne change
Remarques
Rien de nouveau hélas. Ces scientifiques confirment ce que l’on sait depuis des années.
Et malheureusement ils ne semblent toujours pas mesurer l’impasse irréformable de la civilisation industrielle puisqu’ils se contentent de parler de transition et de manque de volonté politique.
En réalité, concernant les problèmes de fond, la civilisation industrielle, le capitalisme et les Etats sont par nature irréformables.
Sauf à s’écrouler, à chuter dans les crises, ils ne peuvent pas faire autrement que continuer à consumer la planète et à réchauffer le climat en augmentant la production, la consommation d’énergies et de matières premières, la Croissance et les atteintes aux écosystèmes. (sans parler des atteintes directes aux humains)
Comme les puissants et leurs soutiens ne veulent absolument pas abandonner ce système productiviste mortifère (qui profite surtout aux plus riches et à leur consommation ostentatoire de luxe et volupté) et changer radicalement de modèle de société, aucune évolution positive n’est possible. ...Sauf si les peuples se révoltent franchement un peu partout et imposent une bifurcation radicale d’urgence.
A la place d’un nécessaire et vital basculement révolutionnaire, Etats, entreprises et gouvernements multiplient les mensonges, les faux espoirs, les illusions, les gadgets, le greewashing, les projets néfastes, la fuite en avant dans les énergies alternatives complémentaires dites « vertes », le technosolutionnisme archaïque à base de numérique, d’OGM, de robots et d’impossible (et de toute façon indésirable) décarbonation (en tout cas, à temps) de l’Economie. Ils s’efforcent de changer tout ce qu’il est nécessaire de changer en surface pour qu’au fond rien ne change.
Ca fait des dizaines d’années qu’on est face à ce problème.
Et la civilisation industrielle, et ses dirigeants et fans, préfèrent installer des dystopies, subir des pénuries et catastrophes mortelles, sombrer dans les guerres et les néo-fascismes... que céder aux contestations écologistes, politiques et sociales, qu’ils traitent d’« Amish adeptes de la bougie », « d’éco-terroristes », « d’islamo-gauchistes » de « factieux » à éradiquer.
Non seulement ce système ne veut pas disparaître pour sauver la donne, mais ces dirigeants ne font pas grand chose pour qu’on supporte moins mal les désastres déjà inévitables qu’il crée. Les riches s’achètent des bunkers ou des propriétés isolées tout équipées, mais pour les pauvres d’ici et d’ailleurs que dalle.
« La révolution ou la mort » disaient certains dans le passé. Cette fois on y est, littéralement. Et c’est si on ne se révolte pas qu’on périra salement.
Mais il semble que la réalité d’une forme de révolution fait davantage peur que survivre de plus en plus mal dans le système en vigueur, plus peur que les catastrophes climatiques, écologiques et sociales en cours et à venir.
Peut-être qu’on aura peur pour de bon confrontés directement aux famines, incendies géants, bombes et dystopies néofascistes..., mais là ce sera un peu tard pour la révolution, en tout cas tard pour préserver la planète et la possibilité de vivre décemment.
La seule « innovation » qui pourrait limiter la casse et amorcer un avenir vivable (moins invivable disons, vu le stade où on en est), ce sont des méthodes et objectifs révolutionnaires déterminés, largement pratiqués et offensifs. Les business des énergies supplémentaires dites à tord renouvelables, des véhicules électrifiés, des usines à hydrogène, des captations de CO2, des IA et autres.. sont des innovations nuisibles qui servent d’une manière ou d’une autre à continuer le même système suicidaire.
Avec le temps, les luttes et réformismes deviennent souvent aussi des dérivatifs aux nécessaires basculements radicaux.
C’est pire que ce qu’on peut imaginer, on est terrifié, y a de quoi.
Quand on est terrifié, après la sidération vient souvent ...la rage.