Des fermes paysannes qui nourrissent les humains et enrichissent la biodiversité

Drôme : « Une ferme nourricière peut être aussi riche en biodiversité qu’une réserve naturelle »

dimanche 18 août 2024, par Les Indiens du Futur.

A Montélier, la ferme du Grand Laval est une petite exploitation agricole bio (verger, grandes cultures, élevage) qui intègre pleinement la vie sauvage.

Concilier agriculture (paysanne) et biodiversité, c’est non seulement possible et souhaitable, mais bénéfique.

Et ça marche :

- Drôme : « Une ferme nourricière peut être aussi riche en biodiversité qu’une réserve naturelle »
L’ornithologue Maxime Zucca raconte, dans une tribune, comment le « réensauvagement paysan » a permis le retour de la marouette, un oiseau migrateur, dans une ferme de la Drôme qui allie rendement agricole et soutien à la biodiversité.
(...)
Alors que l’intensification des pratiques agricoles toujours en cours a conduit à une rapide érosion de la biodiversité, ce type de système produit l’effet inverse.
(...)

Extraits de la présentation :

- Une ferme paysanne et sauvage
L’idée de cette ferme est d’intégrer la vie sauvage dans un milieu vidé par des années d’agriculture chimique, de l’intégrer dans le système de cultures, de répondre aux enjeux de perte de biodiversité dans un milieu anthropisé et de montrer qu’on peut nourrir l’humanité avec de vraies productions agricoles, sans pour autant détruire la diversité du vivant.

Très simplement, pour faire revenir la vie sauvage, il faut amener de l’hétérogénéité dans les pratiques agricoles : un verger diversifié, jouxtant une petite parcelle de luzerne, à coté d’une haie qui fait de l’ombre pour les bêtes, plus loin une parcelle de tournesol dans laquelle va nicher l’œdicnème, que traverse un petit ruisseau qui sert à l’irrigation du verger, sur lequel on a laissé la végétation s’étaler, au fond une bergerie agrémentée de nichoirs, une chemin pratiqué par les brebis et les tracteurs pour accéder aux parcelles, une mare pour abreuver les brebis. Chacun de ces milieux amène son cortège d’animaux, de plantes, de champignons. En multipliant les ateliers, on multiplie les habitats et on multiplie la diversité d’espèces sur la ferme.

L’idée est de faire revenir tout le monde et non pas de cibler l’une ou l’autre espèce parce qu’elle pourrait nous être utile. L’idée c’est qu’à l’opposé d’un système ultrasimplifié où tout est homogène, si un ravageur vient sur la ferme, il ne peut se multiplier, envahir et détruire une culture puisque la place est déjà prise par une myriade d’autres espèces. Le ravageur ne pourra pas saccager la culture. C’est le principe d’antagonisme. L’idée est de ne pas tout contrôler, une partie de l’exploitation est hors de notre contrôle.
Et puis on laisse évoluer librement certains espaces non cultivés, sans les nettoyer, sans les broyer, sans chercher à faire propre, en acceptant le « désordre » apparent.
(...)

Des fermes paysannes qui nourrissent les humains et enrichissent la biodiversité

Les fermes paysannes et sauvages

- D’autres fermes s’inscrivent dans cette démarche d’avenir et font partie d’un réseau :
https://lesfermespaysannesetsauvages.wordpress.com/

Un réseau de fermes à taille humaine qui œuvrent pour le retour de la vie sauvage au cœurs des espaces agricoles en partant d’un postulat simple : la ferme n’est plus le problème mais une partie de la solution.
(...)
Paysannes et sauvages, ça veut dire quoi ?
Ce sont des termes qui nous semblent a priori contradictoires. Ceci est dû à un héritage paysan de nos pratiques qui dit que le sauvage ne fait pas partie de notre ferme. Nous nous asseyons là dessus en acceptant la réalité : ce sont les dynamiques et les forces sauvages qui nous donnent à manger.
(...)

- Les fermes du réseau : https://lesfermespaysannesetsauvages.wordpress.com/les-fermes/
- Les événements : https://lesfermespaysannesetsauvages.wordpress.com/evenements/

Des fermes paysannes qui nourrissent les humains et enrichissent la biodiversité

Réensauvager la ferme


Et enfin et non des moindres, l’association Réensauvager la ferme a vu le jour en 2021 et joue le rôle de laboratoire d’invention et d’expérimentation de pratiques et dispositifs sur la ferme et comme un espace d’exploration et de suivi de la faune, de la flore, de la fonge des microbiotes qui s’y installent et des dynamiques interdépendantes qu’elles assurent.

- Extraits de la présentation de la démarche :

Aujourd’hui, au regard de la crise écologique systémique, les initiatives se multiplient pour faire de la place à la biodiversité sauvage dans les exploitations agricoles. La plupart du temps, elles consistent à concéder une évolution ponctuelle de pratiques en échange de nouvelle formes de subventions, ou à mettre en place des aménagements marginaux, choisis parmi un menu proposé par des experts extérieurs à la paysannerie. Par ailleurs c’est la biodiversité que l’on considère comme des auxiliaires de l’activité agricole qui est essentiellement visée. L’objectif de ces initiatives est avant tout de faire revenir de la diversité spécifique (plusieurs espèces de mésanges par exemple), en centrant la formulation du problème sur la métrique « nombre d’espèces » et sur leur lien direct avec des « services écosystémiques ». Cette approche-là est défendable à certains égards, mais elle a des points aveugles que nous entendons dépasser.
(...)
L’enjeu ce n’est pas seulement de faire de l’hospitalité pour des individus animaux, mais de faire de l’hospitalité pour des dynamiques du vivant.
(...)
Les initiatives d’hospitalité active pour la vie sauvage ne doivent donc pas être pensées comme sacrifice de l’agricole ou des intérêts humains pour le sauvage, mais comme bon sens paysan, allié au bon sens écologique. L’enjeu est de chercher des dispositifs qui dans le même mouvement améliorent le travail paysan (au sens large de donner du sens), et qui bénéficient à la vie sauvage, et d’y mêler des inventions plus désintéressées, insérées dans la logique de la ferme, et plus spécifiquement dédiées au vivant non cultivé.

Par exemple, si l’on replante des haies pour que les mésanges n’aient plus besoin de nichoirs à terme, il s’agit de sélectionner des arbres qui ont un sens sur une ferme, en se nourrissant ça et là des apports des sciences écologiques : des arbres qui font de l’ombre pour les bêtes, comme un mûrier, des arbustes coupe-vent pour protéger les cultures, un arbre nourricier comme le noyer, ou encore un arbre qui a un sens patrimonial du point de vue de l’histoire paysanne, associés à d’autres espèces attractives pour les insectes floricoles, pouvant servir de refuges aux reptiles et de paradis aux oiseaux migrateurs de retour, et d’autres espèces encore dont on ne connaît pas nécessairement les bénéfices, mais dont la seule présence apporte nécessairement un enrichissement au sein du tissu de la ferme, et participe à sa résilience. C’est une conception originale de la polyculture-élevage agroécologique qui s’invente ici.

Sortir aussi l’agriculture du capitalisme, du monde de l’Economie

Permaculture, agriculture syntropique, hydrologie régénérative, fermes paysannes et sauvages..., de nombreuses pratiques connues vont dans le même sens, celui de bien nourrir les humains (pas seulement via la nourriture) tout en s’inscrivant dans la vie riche et dynamique de la biosphère.

Seulement, ces pratiques écologiques à échelle humaine et s’intégrant aux mondes vivant ne peuvent hélas pas être étendues à grande échelle car la civilisation industrielle et son capitalisme imposent partout des pratiques destructives du fait de leurs fondements et besoins. Ces voies écologico-sociales désirables/soutenables restent malheureusement marginales,elles existent grâce aux efforts "héroïques" de quelques un.e.s, à des "trous dans la raquette", à des marchés de niche. Des gouttes d’eau dans un océan de poisons.
Et la destruction des sols, de la biodiversité, des animaux et des plantes, la perte de sens, les pollutions, les monocultures stériles, la déconnection d’avec la nature, la dépendance aux machines et à la chimie... continuent d’étendre leurs ravages.

C’est en luttant collectivement et vigoureusement pour stopper la civilisation industrielle, pour dévaloriser ses idéologies et mythologies, pour se libérer de ses chaînes, que les pratiques vertueuses pourront prendre toute la place qu’elles méritent.

P.-S.

Parce qu’à gauche, dans l’agriculture comme ailleurs, il s’agit encore souvent de brandir des étendards altercapitalistes, alterconsuméristes (consomm’action) et altermondialistes plutôt que de s’attaquer vraiment au capitalisme et à tout ce qui va avec :

Brochure à (re)découvrir : « Sortir l’agriculture de l’économie » (2008)

Une critique de l’oxymore de l’ « agriculture ‘‘ paysanne ’’ » et de la Confédération dite « paysanne », au regard de l’histoire récente, future comme passée de quelques territoires encore autonomes à la marchandise.
Suivi de…
« Sortir l’agriculture de l’économie ».

« La résurgence du terme ‘‘ paysan ’’, cache toute une imagerie commerciale mise en scène par les écomusées et les foires aux produits du terroir… et qui face au désastre provoqué par l’agriculture industrielle sert à un relookage syndical généralisé des plus suspects. Il ne subsiste au mieux dans nos pays industrialisés qu’une forme artisanale de production agricole dans laquelle l’autosubsistance n’est plus le but. Une agriculture artisanale qui comme sa soeur industrielle a perdu toute autonomie, étant placée, souvent de son plein gré, sous la dépendance des Etats, par toute une série de normes (sanitaires, économiques, commerciales, idéologiques…) et tout un panel de subventions ou d’aides diverses ».
CNT-Fédération des Travailleurs de la Terre et de l’Environnement.

- La brochure : Contre l’« agriculture paysanne » - Critique d’une arnaque altercapitaliste (L’ « agriculture paysanne » de José Bové, de la Confédération paysanne et des anti-industriels est-elle une marchandise ?), par Ned the Digger
Suivi de "Sortir l’agriculture de l’économie", par Deun

(...)
Chez les agriculteurs dits « alternatifs » et proches de la « Confédération ‘‘ paysanne ’’ », ou encore chez les écologistes et autres militants d’une « consommation engagée », l’image de la paysannerie - avec le travail de la terre nourricière, et le fonctionnement communautaire des travaux des champs et des villages -, est très positive.
En effet pas d’intrants, peu de mécanisation, pas de productivisme, de la rotation des cultures, de la solidarité, et une densité du lien social par le travail en commun, etc. Que demandait plus ?
Cependant, l’usage de ce terme de « paysan » pour qualifier la petite production agricole marchande en France n’est-elle pas abusive, ne déforme-t-elle pas la réalité ? Car la Confédération dite paysanne, est-elle véritablement constituée de « paysans » ? Plus encore, parler d’ « agriculture paysanne » comme nous le faisons depuis quelques années, n’est-il pas déjà une formidable réduction du phénomène historique paysan, c’est-à-dire d’un certain rapport à l’activité et aux ressources naturelles ? N’y a-t-il pas là encore finalement dans cet usage, à la fois une réanimation syndicale et commerciale d’une image complètement instrumentalisée ? Ce sont les questions qui seront d’abord posées ici dans les deux premières parties de cette brochure.
(...)
En 1991, la « Confédération ‘‘ paysanne ’’ » lance alors cette opération de sauvetage vers une « agriculture qui respecte les consommateurs et la nature » (sic), en créant « l’Alliance paysans-écologistes-consommateurs » qui rapidement va regrouper une quarantaine d’associations qui vont lancer le réseau de « consomm’action », notamment dans les circuits de la militance altermondialiste. Et les classes « bobos » et les magazines féminins branchés vont rapidement suivre cette idée sympathique d’une « consommation engagée »
(...)

Soit disant que « le monde n’est pas une marchandise » comme le disent trop abstraitement les partisans de l’autre monde de la marchandise, mais l’activité d’agriculteur de José Bové en est une et depuis un bon moment. José Bové, dans son travail, est donc à vendre en tant qu’« homme marchandise » (même avec ses moustaches), comme tous les rouages automates que nous sommes dès que nous touchons un salaire, un revenu, de l’argent au noir, une retraite ou une allocation.
Et ainsi grâce à la toute puissante magie du fric, nous nous rapportons à cette immense inter-dépendance échangiste désormais mondiale.. Qualifier une agriculture de « paysanne » afin de mieux la commercialiser, alors que justement le trait majeur des activités paysannes était d’être encore en grande partie étranger à une commercialisation, c’est là un tour de passe-passe, qui obscurcit justement la possibilité de sortir l’agriculture de l’économie, et de contester l’économie et son capitalisme. Il est donc évident que non seulement aujourd’hui une « agriculture paysanne » qui dans son
principe est commercialisable (on produit pour l’échange et à sa seule fin) serait une contradiction dans les termes, c’est-à-dire une formidable oxymore, mais plus encore cette agriculture ne saurait s’opposer au meilleur des monde économique qui nous met tous à genoux. L’anti-libéralisme n’est trop souvent qu’un altercapitalisme, celui d’une économie à visage humain, régulée, étatisée, redistribuée, et rien de plus.
(...)
Dans le péri-urbain comme à la campagne, la question essentielle est donc moins de savoir où se procurer l’argent pour y vivre, que de trouver les moyens de s’en dispenser. La sortie de l’économie ne peut probablement partir que de ce point. La question d’une possible commercialisation ne peut que lui être subordonnée. La question d’un bon voisinage, la proximité d’amis, l’intégration dans des réseaux de complicités semblent essentiels. L’autonomie existentielle et collective - car ancrée sur des champs de complicités locaux et militants – est devenu l’enjeu majeur aujourd’hui, notre cause commune contre la société spectaculaire-marchande amenée à se noyer à la mer par tous les pipeaux des économistes.
(...)
Et en cela, il est intéressant de continuer à critiquer l’agriculture marchande qui sous des airs écologistes et d’une activité rémunératrice, se dit « paysanne ». Les questions de l’usage des terres inutilisées, de l’habitat et des installations agricoles hors normes (qui ne veulent pas d’abord produire pour l’échange marchand, mais pour eux et des réseaux de complicités), des occupations illégales, des mises en culture pour l’autosuffisance, comme l’abolition de la propriété privée et donc du Marché de la terre, la sortie des AMAP de l’économie, doivent continuer à être posées dans les débats publics.
(...)
Sortir de l’économie c’est quitter les réflexes habituels communs à toutes les formes d’économie : dédommager quelqu’un en lui donnant de l’argent, définir des rôles séparés producteur/consommateur. L’économie, fondamentalement, sépare les personnes en permettant une division du travail infinie. Mais l’économie ne peut relier
ce qui a été séparé. Or, quand les choses dont nous dépendons de façon vitale (comme une nourriture saine) sont devenues des objets économiques, et quand ces choses font défaut, il est tout aussi vital d’en organiser la production hors des mécanismes économiques.
Sortir l’agriculture de l’économie, c’est donner aux personnes une maîtrise directe de la production agricole, sans pour autant qu’elles s’en occupent à plein temps, ni qu’elles doivent habiter toute l’année à la campagne. Pour être réaliste, un tel objectif doit tenir compte des conditions actuelles : les possibilités d’organisation de tels collectif se trouvent en ville, tandis que les possibilités de produire sa nourriture sont à la
campagne.
(...)

- D’autres textes sur http://sortirdeleconomie.ouvaton.org
comme par exemple : Du supermarché à la tombe, en passant par les navires porte-conteneurs.


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