A Montélier, la ferme du Grand Laval est une petite exploitation agricole bio (verger, grandes cultures, élevage) qui intègre pleinement la vie sauvage.
Concilier agriculture (paysanne) et biodiversité, c’est non seulement possible et souhaitable, mais bénéfique.
Et ça marche :
Drôme : « Une ferme nourricière peut être aussi riche en biodiversité qu’une réserve naturelle »
L’ornithologue Maxime Zucca raconte, dans une tribune, comment le « réensauvagement paysan » a permis le retour de la marouette, un oiseau migrateur, dans une ferme de la Drôme qui allie rendement agricole et soutien à la biodiversité.
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Alors que l’intensification des pratiques agricoles toujours en cours a conduit à une rapide érosion de la biodiversité, ce type de système produit l’effet inverse.
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Extraits de la présentation :
Une ferme paysanne et sauvage
L’idée de cette ferme est d’intégrer la vie sauvage dans un milieu vidé par des années d’agriculture chimique, de l’intégrer dans le système de cultures, de répondre aux enjeux de perte de biodiversité dans un milieu anthropisé et de montrer qu’on peut nourrir l’humanité avec de vraies productions agricoles, sans pour autant détruire la diversité du vivant.
Très simplement, pour faire revenir la vie sauvage, il faut amener de l’hétérogénéité dans les pratiques agricoles : un verger diversifié, jouxtant une petite parcelle de luzerne, à coté d’une haie qui fait de l’ombre pour les bêtes, plus loin une parcelle de tournesol dans laquelle va nicher l’œdicnème, que traverse un petit ruisseau qui sert à l’irrigation du verger, sur lequel on a laissé la végétation s’étaler, au fond une bergerie agrémentée de nichoirs, une chemin pratiqué par les brebis et les tracteurs pour accéder aux parcelles, une mare pour abreuver les brebis. Chacun de ces milieux amène son cortège d’animaux, de plantes, de champignons. En multipliant les ateliers, on multiplie les habitats et on multiplie la diversité d’espèces sur la ferme.
L’idée est de faire revenir tout le monde et non pas de cibler l’une ou l’autre espèce parce qu’elle pourrait nous être utile. L’idée c’est qu’à l’opposé d’un système ultrasimplifié où tout est homogène, si un ravageur vient sur la ferme, il ne peut se multiplier, envahir et détruire une culture puisque la place est déjà prise par une myriade d’autres espèces. Le ravageur ne pourra pas saccager la culture. C’est le principe d’antagonisme. L’idée est de ne pas tout contrôler, une partie de l’exploitation est hors de notre contrôle.
Et puis on laisse évoluer librement certains espaces non cultivés, sans les nettoyer, sans les broyer, sans chercher à faire propre, en acceptant le « désordre » apparent.
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- Des fermes paysannes qui nourrissent les humains et enrichissent la biodiversité
Les fermes paysannes et sauvages
D’autres fermes s’inscrivent dans cette démarche d’avenir et font partie d’un réseau :
https://lesfermespaysannesetsauvages.wordpress.com/
Un réseau de fermes à taille humaine qui œuvrent pour le retour de la vie sauvage au cœurs des espaces agricoles en partant d’un postulat simple : la ferme n’est plus le problème mais une partie de la solution.
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Paysannes et sauvages, ça veut dire quoi ?
Ce sont des termes qui nous semblent a priori contradictoires. Ceci est dû à un héritage paysan de nos pratiques qui dit que le sauvage ne fait pas partie de notre ferme. Nous nous asseyons là dessus en acceptant la réalité : ce sont les dynamiques et les forces sauvages qui nous donnent à manger.
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Les fermes du réseau : https://lesfermespaysannesetsauvages.wordpress.com/les-fermes/
Les événements : https://lesfermespaysannesetsauvages.wordpress.com/evenements/
- Des fermes paysannes qui nourrissent les humains et enrichissent la biodiversité
Réensauvager la ferme
Et enfin et non des moindres, l’association Réensauvager la ferme a vu le jour en 2021 et joue le rôle de laboratoire d’invention et d’expérimentation de pratiques et dispositifs sur la ferme et comme un espace d’exploration et de suivi de la faune, de la flore, de la fonge des microbiotes qui s’y installent et des dynamiques interdépendantes qu’elles assurent.
Extraits de la présentation de la démarche :
Aujourd’hui, au regard de la crise écologique systémique, les initiatives se multiplient pour faire de la place à la biodiversité sauvage dans les exploitations agricoles. La plupart du temps, elles consistent à concéder une évolution ponctuelle de pratiques en échange de nouvelle formes de subventions, ou à mettre en place des aménagements marginaux, choisis parmi un menu proposé par des experts extérieurs à la paysannerie. Par ailleurs c’est la biodiversité que l’on considère comme des auxiliaires de l’activité agricole qui est essentiellement visée. L’objectif de ces initiatives est avant tout de faire revenir de la diversité spécifique (plusieurs espèces de mésanges par exemple), en centrant la formulation du problème sur la métrique « nombre d’espèces » et sur leur lien direct avec des « services écosystémiques ». Cette approche-là est défendable à certains égards, mais elle a des points aveugles que nous entendons dépasser.
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L’enjeu ce n’est pas seulement de faire de l’hospitalité pour des individus animaux, mais de faire de l’hospitalité pour des dynamiques du vivant.
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Les initiatives d’hospitalité active pour la vie sauvage ne doivent donc pas être pensées comme sacrifice de l’agricole ou des intérêts humains pour le sauvage, mais comme bon sens paysan, allié au bon sens écologique. L’enjeu est de chercher des dispositifs qui dans le même mouvement améliorent le travail paysan (au sens large de donner du sens), et qui bénéficient à la vie sauvage, et d’y mêler des inventions plus désintéressées, insérées dans la logique de la ferme, et plus spécifiquement dédiées au vivant non cultivé.
Par exemple, si l’on replante des haies pour que les mésanges n’aient plus besoin de nichoirs à terme, il s’agit de sélectionner des arbres qui ont un sens sur une ferme, en se nourrissant ça et là des apports des sciences écologiques : des arbres qui font de l’ombre pour les bêtes, comme un mûrier, des arbustes coupe-vent pour protéger les cultures, un arbre nourricier comme le noyer, ou encore un arbre qui a un sens patrimonial du point de vue de l’histoire paysanne, associés à d’autres espèces attractives pour les insectes floricoles, pouvant servir de refuges aux reptiles et de paradis aux oiseaux migrateurs de retour, et d’autres espèces encore dont on ne connaît pas nécessairement les bénéfices, mais dont la seule présence apporte nécessairement un enrichissement au sein du tissu de la ferme, et participe à sa résilience. C’est une conception originale de la polyculture-élevage agroécologique qui s’invente ici.
Sortir aussi l’agriculture du capitalisme, du monde de l’Economie
Permaculture, agriculture syntropique, hydrologie régénérative, fermes paysannes et sauvages..., de nombreuses pratiques connues vont dans le même sens, celui de bien nourrir les humains (pas seulement via la nourriture) tout en s’inscrivant dans la vie riche et dynamique de la biosphère.
Seulement, ces pratiques écologiques à échelle humaine et s’intégrant aux mondes vivant ne peuvent hélas pas être étendues à grande échelle car la civilisation industrielle et son capitalisme imposent partout des pratiques destructives du fait de leurs fondements et besoins. Ces voies écologico-sociales désirables/soutenables restent malheureusement marginales,elles existent grâce aux efforts "héroïques" de quelques un.e.s, à des "trous dans la raquette", à des marchés de niche. Des gouttes d’eau dans un océan de poisons.
Et la destruction des sols, de la biodiversité, des animaux et des plantes, la perte de sens, les pollutions, les monocultures stériles, la déconnection d’avec la nature, la dépendance aux machines et à la chimie... continuent d’étendre leurs ravages.
C’est en luttant collectivement et vigoureusement pour stopper la civilisation industrielle, pour dévaloriser ses idéologies et mythologies, pour se libérer de ses chaînes, que les pratiques vertueuses pourront prendre toute la place qu’elles méritent.