Un phénomène qu’on peut aussi observer dans certaines petites villes de Drôme..., sans doute à un rythme moins rapide.
La propriété, la spéculation immobilière inhérente au marché capitaliste, les besoins de sécurité des plus riches, l’appui des élus pro-business et pro-bourgeois... déplacent sans cesse les problèmes, au détriment des classes les plus pauvres.
Le capitalisme, les technocrates et les élus remodèlent sans cesse le territoire selon leurs besoins et ceux du système impersonnel en place, et les populations concernées restent exclues des décisions.
Néoruraux : comment les classes dominantes transforment les campagnes
Depuis l’épidémie de Covid, l’arrivée de sous-bourgeois et bourgeois Parisiens dans des petites et moyennes villes rurales enthousiasme autant qu’elle inquiète. Ces municipalités attirent, contribuant au développement de nouveaux services, mais éloignent et excluent encore un peu plus la classe laborieuse locale de son centre et de ses onéreux commerces. Ces néoruraux, pour l’essentiel issus des classes dominantes et dont la vision de la campagne reste citadine et bourgeoise, font évoluer les campagnes à leur image et les rendent dépendantes de leurs attentes. La localité de Bernay, en Normandie, illustre parfaitement ces évolutions qui ont lieu dans de nombreuses communes du pays.
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La petite bourgeoisie locale mise alors sur la recherche d’attractivité pour attirer ces nouveaux résidents. Ou plutôt, de nouveaux « clients », pour Benoît Négrier, ex-directeur de la communication de l’Intercom Bernay « Terres de Normandie », qui observe une « vraie vague évidente depuis le premier confinement ». Bernay, dont la population est vieillissante et légèrement en déclin, comme dans la plupart des petites villes de campagne, espère attirer une classe parisienne aisée. Celle dite des « créatifs », urbaine, relativement jeune – trentaine et quarantaine -, aisée, connectée et domiciliée dans de grandes villes comme Paris, Londres ou encore Amsterdam3. Bernay, nouvelle place to be.
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Surtout, « attractivité » rime avec consommation. Et ils consomment, les Parisiens. La maire de droite Marie-Line Vagner en est donc « ravie » : « On a vu, avec le covid, l’arrivée massive de Parisiens. Ils ont une manne financière plus importante, ils consomment beaucoup dans le centre ville. Pour nous, c’est un vrai plus. Ils ont racheté pas mal de propriétés, des restaurants ont ouvert, on n’avait pas d’offre importante et de qualité avant ». Parmi ce « nous » employé par la maire, les promoteurs immobiliers, qui se frottent les mains depuis l’arrivée de ces vagues massives.
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En plus des promoteurs immobiliers, des boutiques et des restaurants à destination de ces classes dominantes urbaines, situés dans le centre ville, profitent également de cette nouvelle manne financière. C’est le cas de la petite boutique de mode haut de gamme « Mod’l »
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Cette agriculture bio est particulièrement présente sur le marché et les prix sont, par conséquent, assez élevés. Les locaux aux revenus modestes se tournent alors vers des discount pour faire leurs courses alimentaires, implantés à l’extérieur de la ville, comme les « très sympathiques » Lidl ou Aldi. Le marché est davantage « un lieu de sociabilité que de consommation pour nous », explique celui que l’on surnomme Hibou, âgé de 34 ans et qui vit à Bernay depuis plusieurs années. Il y a beaucoup de gens sur le marché qu’il ne reconnaît pas aujourd’hui : « Les Parisiens, on les reconnaît au premier coup d’œil ! », s’amuse t-il, « l’attitude, le look BCBG propre sur eux, des vêtements colorés…
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