Les autorités comme de nombreux militants ou alternatifs vantent et recommandent bruyamment l’adaptation et la résilience aux catastrophes climatiques produites par la civilisation industrielle.
Beaucoup aussi se situent dans une démarche d’autonomie individuelle ou collective, ou dans diverses formes de survivalismes.
Exemple parlant ci-dessous des limites de l’autonomie quand les désastres s’aggravent.
Le problème, c’est que presque tous « oublient » qu’à terme, si le réchauffement climatique et les destructions d’écosytèmes dues au système en place continuent, les autonomies, résiliences et adaptations ne seront plus guère possibles.
Avec +3°, +6° et aussi les dévastations de l’extractivisme, de la géoingénierie et du productivisme, il ne restera (quasimement) plus de régions vivables sur Terre pour les humains et la plupart des espèces...
- Climat : autonomie individuelle et collective, résilience et adaptation seront impossibles
- Photo illustrative de Max Guitare
- Saint-Raphaël : un couple privé d’eau à cause de la sécheresse, leur étang complètement à sec - C’est l’une des conséquences visibles de la sécheresse. Un couple vivant en autonomie à Saint-Raphaël, est privé d’eau car l’étang où ils avaient l’habitude d’en recueillir, s’est évaporé.
(...) Mais problème, cet été, l’étang ne mesure plus trois mètres de profondeur. Désormais l’eau a disparu, à tel point que l’on peut marcher sur cette étendue de terre craquelée (...) « On avait des carpes en pagaille, 100 ou 200, elles sont mortes les unes après les autres » (...) - et aussi : En Californie, le drame des puits asséchés et contaminés - Une grande partie de la Californie est asséchée. Dans la vallée agricole de San Joaquin, les puits nécessaires à la survie des habitants sont à sec ou contaminés. Les agriculteurs, eux, ne peuvent plus irriguer. (...) Mais comme souvent dans la vallée de San Joaquin, ce qui impacte la santé des habitants est aussi ce qui leur permet d’avoir un toit (...)
A terme, si la civilisation indutrielle (Etats, capitalisme, technologisme, extractivisme, patriarcat, fantasme de la délivrance...) n’est pas stoppée d’une manière ou d’une autre, les autonomies, résiliences et adaptations ne seront donc plus guère possibles. On aura beau utiliser des méthodes écologiques élaborées, de l’agroforesterie, de l’économie d’eau, de la plantation d’arbres..., à un moment ça ne marchera plus, les cataclysmes seront trop forts et trop fréquents, quand y a plus y a plus.
Pourtant, les autorités et de nombreuses personnes continuent de miser prioritairement (et souvent uniquement) sur la résilience et l’adaptation. Les blablas et les mesurettes sur la réduction des gaz à effet de serre et la protection de la biodiversité n’abusent que les naïfs et les personnes qui veulent y croire. Le système techno-industriel récupère les notions de résilience et de transition pour faire la même chose, mais en « vert ». Pire, il s’appuie sur les désastres qu’il produit pour s’imposer encore plus et enfumer avec de la pseudo « écologie » à sa sauce.
Les dirigeants du système et leurs fans misent beaucoup sur la résilience et l’adaptation, et aussi des modifications de la carburation, du carburant, de la peinture, voir du type de moteur, car ils veulent que la Machine continue à tout prix. Ils ne veulent surtout pas de la seule solution viable : mettre fin à la mégamachine (et donc à leurs pouvoirs et richesses).
(re)voir :
- La résilience sert d’idéologie du consentement et de co-gestion du désastre - Non pas résister contre le désastre — social et écologique — en cours mais juste nous y adapter
- La résilience, une idéologie de l’adaptation, une technologie du consentement aux désastres et à leur administration autoritaire ? - Se soumettre individuellement aux catastrophes évitables ou s’adapter collectivement aux problèmes inévitables, tout en luttant ensemble ?
- Climat : autonomie individuelle et collective, résilience et adaptation seront impossibles
- Si la fleur est piétinée plusieurs fois et arrosée de pesticides, elles ne repousse pas, elle ne résilie pas, elle crève
On est certes bien obligé de s’adapter au mieux aux désastres déjà là, et d’essayer de se préparer au mieux à ceux qui vont hélas inéluctablement suivre du fait des gaz à effet de serre déjà émis (leurs effets sont décalés dans le temps vu l’inertie du climat) et des destructions d’êtres vivants et d’écosystèmes déjà faites.
Néanmoins, le plus important reste de stopper vraiment ce qui cause les désastres et le réchauffement global qui s’accélère.
Peut-être que certains sont dépités, et s’imaginent qu’on ne peut rien faire contre les causes, et se rabattent sur la survie temporaire ? Vu la puissance de la civilisation industrielle et la relative faiblesse des luttes et résistances, ça peut se comprendre.
Mais tout n’est pas perdu, le système est plus fragile qu’on ne pense.
De plus, question adaptation, les autorités, élus et gouvernements ne brillent guère, ils sont complètement à la ramasse, quand ils ne les ignorent pas complètement du haut de leur cynisme et de leur bêtise sans fond. On l’a vu cet été avec les canicules et la sécheresse historique, c’est comme pour les moyens anti-incendies et les moyens pour les hôpitaux...
Pour ça aussi, il ne faut pas compter sur eux.
Le système en place veut qu’on « s’adapte » à ses désastres, qu’on subisse sagement, mais il ne s’agit surtout pas de détruire et remplacer ce système.
A terme, si on laisse aller le réchauffement et les destructions du vivant, l’autonomie et les méthodes « naturelles » d’agriculture et de mode de vie (simples, low tech) deviendront impossibles presque partout.
Avec la désertification, les innondations qui succèdent aux sécheresses, les canicules et les incendies récurrents, les animaux et les plantes survivants fragilisés, les sols détruits.... ça va devenir de plus en plus « compliqué ».
Pour survivre, il ne restera que les produits industriels fabriqués par des technologies et méthodes industrielles. On sera encore plus dépendants de la civilisation industrielle et de ses machines.
Ainsi en refusant toute lutte sérieuse contre la civilisation industrielle pour se réfugier dans l’autonomie (individuelle ou collective), on se condamne à ce que l’autonomie devienne impossible.
En s’imaginant pouvoir indéfiniment s’adapter aux ravages de la civilisation industrielle, on se condamne à ne plus pouvoir du tout s’adapter et à être anihilé avec des tas d’autres animaux.
En se concentrant sur la résilience de la civilisation industrielle, on l’aide à être acceptable et on lui permet de continuer, ainsi elle peut provoquer davantage de réchauffement climatique et de destructions écologiques.
Et puis faut pas rêver, l’Etat et le capitalisme, avec leurs besoins gargantuesques, ne tolèrent des autonomies et alternatives qu’à la marge. Si ça dérange, si ça prend de l’ampleur ils répriment, s’ils ont besoin de ressources qui se trouvent dans les îlots d’autonomie ils se servent.
Et puis tout le monde n’a pas l’argent pour aquérir des terrains adaptés.
Et puis le squat se termine souvent par l’expulsion brutale par les flics.
Pour la résilience des mondes vivants il faudrait plutôt viser la fin de la civilisation industrielle qui les détruit de manière planifiée et accélérée.
Pour s’adapter aux désastres déjà là, il faudra compter sur nous-mêmes et là aussi rentrer en confrontation avec le système en place. Même la simple adaptation est une lutte puisqu’elle contrecarre son fonctionnement.
Pour devenir (rester) autonome sur la durée, le démantèlement de la civilisation industrielle est vitale.
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