Dans la Drôme et un peu partout, la résilience est à toutes les sauces dans les milieux écolo-alternatifs-bio-survivalistes-effondrologues, pour le meilleur, et surtout pour le pire, surtout quand les autorités ou des bonhimenteurs récupèrent et étendent le concept pour en faire une idéologie du consentement individuel aux désastres et à la soumission aux impératifs mortels de la civilisation industrielle :
Thierry Ribault : « La résilience est la nouvelle religion d’Etat » - Alors que la catastrophe nucléaire de Fukushima se poursuit, dans l’indifférence quasi générale, depuis plus de dix ans maintenant, le gouvernement japonais a mis en œuvre, dès le lendemain de l’accident, une « politique de résilience » enjoignant la population à vivre, quoi qu’il en coûte, avec la contamination radioactive, au péril de nombreuses vies humaines. C’est cette nouvelle « idéologie de l’adaptation », cette dernière-née des « technologies du consentement », que Thierry Ribault analyse et critique sans concession dans son livre Contre la résilience. A Fukushima et ailleurs (L’Echappée, 2021). A l’heure du dérèglement climatique et de la pandémie de Covid-19, le sociologue met en garde contre cette énième « imposture solutionniste de notre époque ».
- La résilience, une idéologie de l’adaptation, une technologie du consentement aux désastres et à leur administration autoritaire ?
- Une résilience temporaire pour des minorités de riches, ou une révolution radicale pour que tout le monde puisse vivre correctement ?
Ok, on est bien obligé de s’adapter et de se préparer comme on peut, de préférence via des luttes et politiques collectives, à ce qui est là, aux problèmes et mutations qui sont réellement inévitables, mais méfiance extrême envers tout ce qui invite à la passivité soumise, à l’adaptation individuelle (pour les plus ou moins fortunés) aux désastres évitables et à leur administration autoritaire par l’Etat et le techno-capitalisme.
Au lieu d’une résilience non-durable (car inscrite dans un techno-monde inchangé qui ravagera tout, y compris les quelques enclaves permacoles) surtout destinée aux plus ou moins nantis, un projet résilient intéressant serait de démolir au plus vite le technocapitalisme et son monde, ce qui stimulerait la nécessité de l’autonomie locale low-tech partout, et, si des forces s’y emploient, des sociétés en démocratie directe solidaires et égalitaires.
Ne rêvons pas svp, le techno-capitalisme et les Etats ne feront que la « résilience » qui les intéresse, celle qui permet aux pouvoirs et à l’économie de marché de continuer à tout ravager malgré les désastres qu’ils provoquent.
Ainsi, grâce à cette « résilience » là, les effondrements de la civilisation industrielle seront malheureusement retardés au maximum, ce qui lui permettra d’achever jusqu’au bout la destruction des mondes vivants et d’instaurer pour de bon un billet sans retour vers « l’enfer » sur Terre pour la plupart des espèces, dont la nôtre.
Car si on peut (re)vivre sans la civilisation industrielle, on ne peut pas vivre sans écosystèmes vivants.