Castor electoralis, une espèce nuisible et proliférante

mardi 30 juillet 2024, par bally26.

Castor electoralis, espèce semi-démocratique, nuisible mais protégée, est spécialisée dans la construction frénétique et cyclique de barrages fragiles face à la montée d’une eau brune toxique. Cette espèce semble cependant condamnée à édifier sans cesse de nouveaux barrages sans se soucier de tarir ou de bloquer le plus en amont possible ce flux immonde.

Si l’on en croit Wikipedia, il semble exister dans la famille des Castoridae seulement deux espèces actuelles de castors : Castor fiber et Castor canadensis. Or, depuis une vingtaine d’années, nous assistons en France à une éclosion, puis une explosion de sa population, d’une nouvelle espèce : Castor electoralis.

Cette espèce semi-démocratique prolifère particulièrement selon des cycles de cinq ans, parfois plus courts, récemment il a été mis en évidence l’existence d’un cycle de deux ans. Ubiquitaire, cet animal a une plus forte affinité pour les milieux densément peuplés, son biotope préférentiel se situant dans le bassin parisien. Très grégaire, le comportement du groupe est dicté par un petit nombre de castors dominants.

Cette espèce est surtout connue pour ses nombreux barrages qui possèdent des propriétés très particulières. En effet, ces castors ont une certaine propension à ériger des barrages rapidement, le plus souvent dans l’urgence, suivant en toute soumission les consignes des castors dominants, pour contenir une montée d’eau brune et putride. Néanmoins, il s’agit de barrages souvent bâclés qui assez vite laissent filtrer en continu un discret filet de ce cours nauséabond. Ce dernier aura même tendance à s’accumuler plus loin, devenant après quelques temps une nouvelle menace nécessitant à son tour d’être endiguée par un nouveau barrage. Cette espèce semble condamnée semble-t-il à édifier sans cesse de nouveaux barrages fragiles sans se soucier de tarir ou de bloquer le plus en amont possible cette eau pleine de miasmes des plus incommodants.

En période de construction de barrage, Castor electoralis, sous la gouverne de ses chefs, s’active en tous sens vers le seul but de bloquer ce flux immonde. Il agit de concert avec ses congénères dans une parfaite harmonie, tendus tous vers le même but et sans un instant de doute ni de repos, rappelant en cela des mouvements aveugles de masse du genre Homo sapiens en certaines périodes de son histoire. Certains éthologues, rares il est vrai, s’étonnent de cette disposition frénétique en période de danger à suivre sans rechigner le troupeau. Les quelques individus du groupe lassés par cette tâche sans fin et qui tentent d’en dissuader d’autres sont rapidement chassés du groupe ou mis à l’écart temporairement marqués du sceau de l’infamie castorienne.

Une fois le barrage construit, la vague brune, temporairement- mais fragilement - endiguée, le groupe se retrouve sur la berge, contemplant son ouvrage avec fierté et joie. Il n’est pas rare alors qu’ils donnent à entendre un spectacle acoustique bruyant composé de cris de joie, cris castoriens qui peuvent être assez déplaisants à une oreille humaine exercée à des chants parfois moins consensuels et plus riches musicalement.

Une fois repu de son œuvre, sentiment voisin de l’auto satisfaction chez Homo sapiens, Castor electoralis va entrer alors en semi hibernation, adoptant alors une posture de semi abrutissement, regardant son fragile barrage laisser passer de plus en plus d’eau brune jusqu’à son effondrement avec nécessité ensuite, sur ordre des chefs, de s’activer à nouveau dans une nouvelle érection cyclique.

Contre toute attente et déjouant les lois de l’évolution, cet animal au comportement déroutant, semble désormais invasif et prend soin de sélectionner les plus dociles de ses membres pour perpétuer son espèce. Cependant, bien que nuisible, Castor electoralis semble posséder le statut d’espèce protégée, ce qui n’a pas été le cas de Surricata democratis[1] au bord de l’extinction.

[1] Pablo Servigne, Nathan Obiada. Le pouvoir du Suricate. Apprivoiser nos peurs pour traverser ce siècle. Seuil 2024

par Julien Vernaudon - Citoyen et médecin


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