J’ai commencé à écrire ce texte en novembre 2023, en fRance, dans un contexte politique et social à la fois ultra-libéral et fasciste, répressif, raciste, islamophobe et antisémite. Dans ce contexte, quoi de plus dérisoire que de réfléchir aux relations affectives ? Mais quand tout est fragile et menaçant, il est d’autant plus nécessaire de construire et de soigner sa communauté choisie, ou ses « conforts affectifs », pour citer un zine qui m’a marquée1. Plus le contexte est difficile, plus nos relations se déchirent facilement au fil des désaccords, des conflits, des ruptures personnelles et politiques. Ayant expérimenté beaucoup de déchirures et de scissions mêlant le politique et l’affectif ces dernières années, j’ai eu envie de me poser pour réfléchir, pour
repenser les liens affectifs et militants (je vois ça ensemble) à la lumière des pensées et des pratiques féministes, anarchistes, décoloniales et queers.
Ce qui nous lie affectivement est aussi politique : nos relations ont une puissance à la fois individuelle et collective. Seulement, nous n’avons pas forcément les outils pour les penser et les vivre de manière émancipatrice et engagée. En tant qu’anarcha-féministe cisgouine, prolo et métisse, j’ai appris que les communautés politiques et affectives sont centrales dans la lutte.
L’amitié, la camaraderie, les différentes formes d’amour, tout cela n’a rien de futile. Loin d’être la base arrière de la révolution, c’est une part déterminante de la transformation sociale, personnelle et spirituelle que nous désirons. En plusieurs chapitres, ce zine s’intéresse à l’influence du capitalisme, de l’hétéropatriarcat et du colonialisme sur la construction de nos relations affectives. Il essaye d’imaginer comment s’en émanciper individuellement et collectivement sur une base anarchiste, en transformant le tissage
interrelationnel à la base de toute forme d’existence et d’organisation.
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La Brochure : https://iaata.info/IMG/pdf/relationner_en_anarchistes_cahier.pdf