Bonne nouvelle, temporaire hélas, pour les écosystèmes, les êtres vivants et le climat.
Mais autour de 2030, les crises économiques et de production pourraient devenir très fortes, durables, structurelles, croissantes, irréversibles...
La production industrielle baisse en Europe, étouffée par les pénuries
Les goulets d’étranglement au niveau des biens intermédiaires risquent d’enrayer la reprise économique.
Entre pénuries et inflation, la production industrielle est asphyxiée. Pour le deuxième mois d’affilée, elle a baissé en zone euro de 0,2 % en septembre par rapport au mois précédent, après une chute de 1,7 % en août, selon les données publiées vendredi 12 novembre par Eurostat. De très nombreux goulets d’étranglement limitent le bon fonctionnement des usines : pénurie de microprocesseurs, manque de conteneurs, engorgement des ports… Le phénomène, particulièrement marqué en Allemagne, risque de freiner sérieusement la reprise économique.
Le choc est particulièrement violent dans l’industrie automobile. Le 3 novembre, Volvo a fait savoir que ses exportations vers la Chine avaient baissé d’un tiers et ses ventes en Europe de 21 % à cause « d’un manque de voitures disponibles ». Faute de pièces détachées, et notamment de puces électroniques, les usines tournent au ralenti.
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La France est également touchée : la production industrielle a baissé de 1,3 % en septembre, et est 5,2 % en deçà de ce qu’elle était avant la crise sanitaire. Là aussi, les équipements de transport enregistrent une chute sensible.
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Les pénuries de biens entraînent une forte inflation. Les prix de ceux qui sortent des usines chinoises ont crû de 13,5 % en octobre sur un an, leur plus forte hausse en un quart de siècle. Pour l’instant, ils n’ont été répercutés que de façon partielle dans la zone euro, où l’inflation n’atteignait que 4,1 % en octobre, contre 6,2 % aux Etats-Unis.
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Prises de court, les entreprises ont commencé par vider leurs stocks, qui sont aujourd’hui au plus bas. Logiquement, elles cherchent à les reconstituer en faisant de la « rétention de précaution » de matières premières et de biens intermédiaires, explique la BRI. Le phénomène ne fait qu’accentuer une série de pénuries (plastique, bois, papier, gaz, chlorine…)
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Le transport mondial est aussi profondément désorganisé. Les conteneurs arrivent tous en même temps en Occident, provoquant de longs embouteillages dans les ports. A Rotterdam, le premier d’Europe, les volumes importés dépassent ceux de 2019 et devraient encore augmenter en 2022. « On n’a pas de boule de cristal, bien sûr, mais on ne voit pas de changement majeur de la situation actuelle avant la fin de 2022 au moins, tant que tout le monde continue à dépenser et à commander en ligne »
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Voir aussi :
- Flambée des prix de l’énergie : de grosses industries bientôt à l’arrêt en France !
- sur le Monde, ça s’étend : L’inflation frappe durement l’Europe centrale - La flambée des cours des matières premières, les difficultés d’approvisionnement, les pénuries de main-d’œuvre et les hausses de salaires font grimper les prix en Roumanie, en Pologne, en République tchèque ou en Hongrie.
- Bonne nouvelle : la croissance et la reprise de la production industrielle étouffées par des pénuries de pièces et la flambée des prix des énergies
- La crise économique autour de 2030 est inéluctable et irréversible, mais les façons d’agir maintenant et d’y réagir restent ouvertes
Sans doute que ces ralentissements ne sont pour l’instant que temporaires, le système industriel productiviste écocidaire va tout faire hélas pour redémarrer à pleine puissance et au-delà, sa survie dépend de sa croissance, comme les requins il ne peut pas s’arrêter.
Mais ça ne durera pas indéfiniment, car une croissance infinie dans un monde fini étant impossible. On sait que diverses limites d’extraction de matières premières pourraient bien sonner le glas (trop tardivement, il nous faut agir pour stopper tout ça au plus vite) du délire mortifère de la croissance et du productivisme.
Notamment : le pétrole conventionnel devrait commencer à sérieusement manquer autour de 2030. Il n’y aura pas de retour au monde d’avant.
Mais comme les marchés capitalistes recherchent la rentabilité maximale à court terme, les investissements dans la recherche de nouvelles réserves pétrolières vont continuer à baisser et ça ne sera pas "rattrapable", donc les pénuries structurelles et irréversibles de pétrole devraient commencer avant 2030, disons 2026, soyons optimistes pour une fois.
Crever de l’abondance du pétrole ou de sa rareté ? - Avec ou sans pétrole, la civilisation industrielle continuera à tout ravager
2026 c’est demain - Début de profondes crises économiques irréversibles
Une pénurie irréversible et croissante de pétrole conventionnel aura plusieurs conséquences très dramatiques pour les humains et même pour l’ensemble du vivant malgré les chutes de production (en l’absence de profondes transformations révolutionnaires émancipatrices, populaires et écologiques, visant des sociétés réellement démocratiques, sobres, simples, conviviales, autonomes et solidaires) :
- Inflation des prix de tas de produits, pénuries de certains produits (notamment ceux réclamant beaucoup de pétrole)
- Risques de pénuries alimentaires (du fait de la dépendance de l’agro-industrie au pétrole : engrais, pesticides, machines)
- Nombreux logements privés de chauffage ou en précarité énergétique (c’est déjà dramatique de nos jours...) - L’été (canicules) ou l’hiver, un nombre croissant de personnes devra se réfugier durablement dans des lieux de secours (gymnases, centre commerciaux, sous-sols...)
- Baisse irréversible de la croissance, donc crises économiques dures et durables, avec augmentation de la précarité, de la misère et du chômage (un peu comme après 2008 en Grèce ou en Espagne, mais en pire et sans reprise économique possible)
- L’Economie productiviste souhaitant à tout prix continuer pour ne pas s’effondrer : Augmentation des pollutions, émissions et destructions du fait du recours accru au charbon, aux pétroles/gaz de schistes et au bois pour remplacer la pénurie croissante de pétrole conventionnel (notamment dans les pays moins industrialisés et/ou plus pauvres), et aussi du fait de l’augmentation des énergies alternatives industrielles dites « vertes » (qui consomment elles aussi énergies et matières premières)
- Autoritarisme et brutalités policières accrues pour "gérer" les foules tardivement en colère par la force, les tickets de rationnement (nourriture, essence, transports, certains objets...) électroniques (avec QR codes ?) et les états d’urgence perpétuels. L’essence sera distribuée par l’armée en priorité pour les services d’urgence, les industries jugées essentielles et les flics. Les autres seront rationnés, devront fermer, et les travailleurs devront prendre le train, le bus, ou le vélo. Finis les week-ends ou les vacances en auto pour les pauvres et les classes moyennes (les riches pourront bien sûr continuer à polluer en voiture, en yacht ou en avion, en payant cher). - D’ailleurs on voit bien que l’Etat investit massivement dans le système policier, en transformant un maximum de personnes en flics alliés (agriculteurs FNSEA avec les cellules DEMETER, association des chasseurs à la-sécurité, habitants en lien avec les flics pour surveiller leur quartier, contrôles de pass, extension des prérogatives des agents de sécurité privés, etc.). Si le gouvernement fait ça ce n’est pas seulement pour les marchés juteux du business de la-sécurité ou pour récolter des voix aux élections, c’est aussi pour pouvoir mater par la force armée les futures révoltes dont il sait qu’elles seront puissantes et inéluctables.
- Forts risques de néo-fascismes « compensatoires » et servant aussi à faire tenir le capitalisme (National) et l’Etat au profit des notables et du bloc bourgeois. D’autant que les promesses de "green new deal" et de maintien du mode de vie industriel sous énergies décarbonées échouera, il pourrait s’en suivre une quête du bouc émissaire et l’envie de retourner à un passé fantasmé qui ne reviendra pas.
Si les puissants deviennent un peu motivés par les énergies industrielles alternatives dites « renouvelables », ce n’est pas du tout pour le climat, le bien être des vivants animaux ou végétaux ou la sauvegarde des écosystèmes.
S’ils envisagent tardivement d’investir des sommes considérables pour les énergies alternatives non-fossiles ou dans le nucléaire (...qui viendra de toute façon trop tard : 2035 ou 2045 en France, des milliards jetés par les fenêtres), ce n’est pas du tout pour le bien être des peuples, c’est en réalité surtout pour pouvoir préserver et continuer la désastreuse et irréformable société techno-industrielle productiviste. Les réserves de pétrole chutant, il leur faut à tout prix le remplacer par d’autres énergies.
Si le pétrole était beaucoup plus abondant, ils auraient simplement engagé des « décarbonations » de sa combustion ou des systèmes de compensation et de taxes (ce qu’ils font par ailleurs).
Quelques conséquences pour les luttes et actions à mener de nos jours :
- Il est vain et absurde de demander du pétrole pas cher et de l’argent aux puissants responsables de l’écocide et des violences sociales, car ça renforce leur pouvoir et le système techno-industriel productiviste, et de toute façon ils nous enverront chier avec 100 balles et un mars
- Il ne faudrait plus se contenter de critiquer les conséquences du système en place, mais attaquer ses bases, ses fondements matériels et idéologiques (aller vers un anticapitalisme radical et « non-tronqué » pour commencer)
- Donc reprendre la main sur l’économie, sortir du capitalisme et du monde de l’Economie qui dirige et oriente tout, virer les possédants et les politicards, définir nos besoins réels, décider de ce qu’on produit et distribue, où, comment, par qui, pour quoi... Ce qui signifie bien sûr de quitter radicalement le mode de fonctionnement capitaliste, vaste programme...
- Plus on attend pour se révolter et mettre en place une vraie culture de résistance plus ce sera difficile, car :
- Ce sera plus compliqué encore de lutter avec en face une répression « automatisée » exercée par des drones et des robots armés plus ou moins autonomes... Sans parler des mini caméras HD invisibles et des capteurs électroniques (de son, de mouvement, d’odeurs ?) disséminés partout et reliés à l’internet des objets via 5G (pour la répression, énergies et matières premières ne manqueront pas bien entendu, voir ce qui s’est passé durant la pandémie covid-19)
- Notre situation sociale sera encore plus précaire, ne facilitant pas les grèves et l’organisation militante
- Nos moyens de subsistance (sols, airs, forêts, eau...) seront encore plus dégradés par les catastrophes climatiques et écologiques croissantes, rendant toujours plus difficile une possible autonomie matérielle hors du système techno-industriel
- On sera toujours plus dépendant des technologies techno-industrielles et de l’infrastructure mondialisée, et les difficultés d’approvisionnement durant la crise ou suite à une « révolution » seront plus grandes
- Les idées et pratiques néo-fascistes, par désespoir nihiliste, aveuglement ou vraie adhésion, se seront renforcés, « ajoutant » (...c’est déjà pas mal le cas) des complications et un front de lutte supplémentaire alors qu’il y aurait déjà fort à faire avec le reste
- Nous aurons à nous occuper de vagues croissantes de réfugiés intérieurs et extérieurs (fuyant guerres, dictatures, catastrophes climatiques/écologiques), ce qui accaparerait là aussi des énergies dont on aurait bien besoin ailleurs
- On devrait au plus vite s’organiser collectivement pour construire massivement de l’autonomie locale (notamment alimentaire), dans la sobriété, la non-utilisation d’énergies fossiles, le partage et la solidarité coopérative. Ce qui signifie bien sûr le rejet total de l’agro-industrie, des pesticides, des engrais issus du pétrole, des gros tracteurs, etc. (donc permaculture, paysannerie agro-écologique, mise en culture, diversité...)
- On devrait s’organiser dès à présent autant que possible en communes libres, en instances communalistes fédérées (au sens de Murray Bookchin, voir Rojava Kurde), en assemblées..., pour lutter et s’occuper des communs (à reprendre à l’Etat et aux propriétaires capitalistes), pour s’habituer à décider et agir ensemble au lieu de s’enliser dans la survie individuelle chacun dans son coin (ce qui ne sera plus possible quand la grande crise commencera, à part pour les plus riches bien sûr) - Sans ces deux derniers points on sera TOTALEMENT dépendant de l’Etat du système techno-industriel
- On devrait revoir nos logements, soit pour les rendre bioclimatiques (vivables pratiquement sans chauffage), soit pour occuper des espaces plus petits, à plusieurs, donc chauffables plus facilement
Si la giga crise économico-sociale de « 2026 » (c’est juste une date repère prédite à la louche ça pourrait être 2025 ou 2029) est inéluctable et irréversible, la façon de la vivre, les actions à mener maintenant et dans les années à venir, restent ouvertes et à écrire.
Soit on laisse plus ou moins continuer le système en place et ce sera très dur pour nous (d’autant que les destructions des écosystèmes et de leurs habitants, et les perturbations du climat se seront approfondies, réduisant d’autant nos moyens de subsistance, avec aussi des risques de boucles de rétroaction menant à des situations apocalyptiques et incontrôlables...).
Soit on se rebelle vraiment et on construit ensemble des sociétés vivables, et là ça pourrait être nettement moins pénible, voir même possiblement carrément exaltant.
Il reste donc 5 ans, peut-être 6 ?
Infaisable ? Parfois l’instinct de survie et l’énergie du désespoir peuvent faire des miracles.