Quelques mots bien sentis sur les porcs de l’Etat-capitalisme qui se gavent plus que jamais sur notre dos, puis quelques remarques sur « le fantasme de la délivrance » qui amène pratiquement tout le monde à se soumettre à la grande Firme, à la techno-industrie, à l’administration autoritaire centralisée, à la marchandisation de tout, et même à perdre toute liberté privée.
- Avec Macron, le cabinet Mc Kinsey et les ultra riches se sont gavés comme des porcs
- Les porcs de la firme « Etat-capitalisme » se gavent sur nos renoncements à assumer la vie
🐷 « COMME DES PORCS »
Deux citations qui résument l’ambiance de cette fin de règne crépusculaire.
➡️ Un ancien consultant du cabinet privé Mc Kinsey témoigne dans Médiapart :
« On vendait des fortunes des trucs effarants de nullité. »
➡️ Un journaliste à l’Opinion, média libéral, pas vraiment opposant au macronisme, cite « un homme au cœur du système », probablement membre du gouvernement, à propos du scandale des cabinets privés :
« Évidemment, ils se sont goinfrés comme des porcs » .
« Comme des porcs ». Cela pourrait être le titre d’un documentaire sur le quinquennat de Macron. Pendant des années, les ultra-riches, les courtisans du pouvoir, les spéculateurs se sont engraissés comme des porcs sur la souffrance des plus pauvres, toujours plus écrasés, méprisés, réprimés. Des cabinets ont touché des milliards d’argent public pour organiser la baisse des APL, le Pass sanitaire ou la casse des retraites. Nous les avons payé pour nous torturer. Payé comme des porcs.
(post de Nantes Révoltée)
Leur société et la nôtre
Leur société et la nôtre, par Frédéric Lordon - Extraits :
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Vient tout de même un moment où l’on s’interroge. Parler d’un rapport, s’il est nouveau, entre l’État et le capital suppose (logiquement) deux entités distinctes. Mais que penser quand la mise à disposition tourne à l’interpénétration et que, celle-ci franchissant un seuil critique, on finit par ne plus savoir qui est quoi ? Quand un banquier d’affaire devient président, quand les mêmes personnages naviguent indifféremment des postes de pouvoir économiques aux postes de pouvoir politiques, quand par suite les conflits d’intérêts se répandent comme le mildiou ou le phylloxera, et désormais quand des cabinets de consulting prennent en main les politiques publiques : État ? Capital ? Étapital ? Ultra-néolibéralisme ? Les mots commencent à manquer.
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On a pu entendre des analyses s’attarder sur le « vide » du discours de Macron, voire son « absence d’idéologie ». Ce sont des diagnostics aussi faux que dangereux. Le hurlement du « projeeeet » était grotesque mais n’était pas vide de contenus. Aucun de ceux-ci n’étant présentable, il importait évidemment de les recouvrir avec des mots qui ne disent rien — mais la logomachie est une seconde nature pour les chaussures pointues qui sortent de Sciences Po ou de HEC. Or il y a un projet : faire de nous des sujets de la Firme.
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Pour ceux qui peinent encore à saisir quelle idée de la démocratie on se fait depuis la Firme des animaux, il reste cette information de choix que le gouvernement a chargé les cabinets de conseil d’organiser… les « concertations citoyennes ». Ça n’est plus un bouclage de la boucle, c’est presque un geste artistique, une performance contemporaine. Au début on croit qu’on rêve, et convenons qu’il faut s’administrer à soi-même une ou deux baffounettes pour se convaincre qu’on est bien réveillé. Et même ainsi, on ne sait plus si c’est le plus anecdotique, le plus grotesque, ou le plus central et le plus significatif. En tout cas on voit ce que c’est qu’une cohérence. La cohérence à laquelle ces gens veulent livrer la société entière. Il faut vraiment être très limité, ou gouvernemental, pour ne voir dans l’affaire McKinsey qu’une histoire de régularité des marchés publics ou de fraude fiscale.
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Mais cette suite n’empêche pas que les problèmes se posent en toute généralité. Ceux de la société que nous voulons, notamment. Un choix dont l’acuité d’aujourd’hui est sans commune mesure avec celui d’alors. Car depuis quatre décennies, le cauchemar s’est considérablement précisé. On devra d’ailleurs à Macron de l’avoir porté à un degré de clarté inédit. La porcherie va nous détruire, tous, hormis les partners et les hallucinés de la classe nuisible qui leur servent de base et voudront « y croire » jusqu’au bout du fantasme.
Quant aux réfractaires, à ceux qui ne veulent ni devoir chanter leur motivation pour quémander leur servitude, ni finir en tourteaux dégraissés, et que la démocratie assistée façon McKinsey n’aura étonnamment pas réussi à convaincre, on connaît déjà le traitement qui leur sera réservé : police toute-puissante, surveillance intrusive, judiciarisation des contestations les plus anodines. C’est en ce point précis que, selon une expression si usitée de l’éditorialisme, « les extrêmes se touchent » — mais pas ceux auxquels il réserve usuellement cette jonction : non pas, donc, RN et FI (qui ne peut être qualifiée d’« extrême », et rapprochée de l’autre, que par des individus ayant perdu toute boussole politique), mais l’extrême de la Firme et l’extrême des fascistes, deux sortes de porcs si l’on veut, donc voués à se retrouver, au moins à se compléter. Car, en effet la fascisation de la société est le complémentaire naturel de sa firmisation.
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En cette matière, les procédés du macronisme auront été à la hauteur de ceux de la startupisation. Donner un grand entretien à Valeurs Actuelles, exprimer bruyamment l’estime en laquelle on tient ce journal, faire savoir qu’on a réconforté Zemmour à qui avaient été dits de vilains mots, s’intéresser à ses vues sur l’immigration, réfléchir ostensiblement aux mérites historiques de Pétain ou de Maurras, laisser faire avec complaisance la construction d’un empire médiatique ouvertement fasciste : toutes ces choses, qui semblent parfaitement contradictoires avec le monde raffiné des chaussures pointues, sont en fait absolument cohérentes avec son projet, si c’est d’une cohérence indirecte — et, bien sûr, vigoureusement déniée. À plus forte raison dans la dernière phase de campagne, quand il est temps de reprendre les postures avantageuses de l’ouverture et de la tolérance. Après avoir fait glisser méthodiquement tout le terrain vers l’extrême droite.
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- En finir avec le fantasme de la délivrance au lieu de se transformer en zombies cyber
- Laisser la main à l’Etat-capitalisme et à la techno-industrie mène aux pires dystopies (peinture de KarlKopinski)
La volonté d’être délivré des conflits politiques et des tâches de subsistance matérielle mène aux tyrannnies, aux guerres et aux carnages de masse
Lordon manie toujours la langue décapante avec brio, mais continue malgré tout de défendre de manière sous-jacente une certaine forme d’Etat, alors que si l’Etat peut aussi facilement fusionner avec le Capital et ses mercenaires aux dents longues c’est que l’Etat poursuit son rôle de serviteur de l’Ordre des puissants et de leurs valets, qu’il s’agisse du capitalisme privé ou du capitalisme d’Etat (stalinisme, Chine actuelle).
Pour attirer des votants, Macron pille et récupère les slogans des autres.
Après 5 ans de politiques macroniste de droite et d’extrême droite à fond pour les riches et le Capital, qui peut encore croire sincèrement à son bla bla inconsistant « de droite et de gauche » ?!
Et surtout, n’oublions pas que si l’idéologie capitaliste triomphe, si mandat est laissé à l’administration autoritaire d’Etat, si les choix de société sont abandonnés aux experts, managers et élus, c’est parce que l’immense majorité des gens continue d’adhérer à fond aux principes de la délivrance (voir l’excellent livre de Aurélien Berlan : « Terre et liberté ») vendus par la techno-industrie et ses prêtres de droite ...et de gauche.
Le fantasme destructeur de la délivrance, c’est se concentrer sur une liberté (limitée et à présent détruite par la surveillance numérique totalitaire) réduite à l’espace privé, c’est se focaliser sur la consommation et les prétendus choix infinis des loisirs et plaisirs privés élargis à internet et bientôt au Métavers, le choix de la délivrance laisse toute la place aux tyrannies capitalistes et étatisées et à leurs requins petits ou gros.
La volonté de délivrance de la vie politique (via l’Etat, les représentants et les experts) et de la réalité d’animal terrestre (via l’industrie, les machines et les énergies), c’est au final être soumis aux désastres climatiques/écologiques/sociaux, totalement dépendant à l’Etat-capitalisme, soumis à la techno-industrie, et privé de libertés y compris dans l’espace privé contrairement à ce que vendait l’idéologie libérale.
La volonté de fuir les réalités incontournables et pénibles de la mort, de la souffrance, de la difficulté et des conflits de la vie collective mène à une « société » termitière régit par l’Etat-capitalisme, par la cybernétique, par les IA et les robots.
C’est ce qui a mené à Macron, à la démocrature, au capitalisme mondialisé, au règne de l’Argent, de la Propriété et du Travail.
Comme le dit A. Berlan, cette envie de « délivrance » annule à la base la devise « liberté, égalité, fraternité », qui n’a plus aucuns sens ni assise.
- Le fantasme de la délivrance mène aux humains machiniques orientés par des IA
- La volonté de délivrance mène à la destruction de la vie et à une liberté régit par les machines et les « choix » de consommation
A présent, après la (pseudo) délivrance des activités de subsistance matérielle par les machines et l’énergie (pour une partie des gens seulement, et avec des conséquences sur la biosphère terribles), après la délivrance des difficultés de la vie collective et de la politique par l’Etat et la caste des représentants/technocrates, les civilisés en arrivent à la délivrance de la pensée et de la liberté par l’avènement des rationnalités cybernétiques (IA) et des algorithmes adossés au Big Data. Les logiciels pensent pour nous et orientent nos « choix », quand ils ne prennent pas directement les décisions.
En voulant se délivrer des difficultés inhérentes à la vie, on en arrive à se « délivrer » de la vie elle-même, à se transformer en ectoplasme vide, en zombie, en pseudo-machine, qui erre abrutie entre l’infinité des « choix » distrayants fournis industriellement par les machines et les logiciels connectés, qui jouit mécaniquement d’une marchandise à une autre, qui, en réalité, ne vit plus rien, ne ressent plus rien, ne crée plus rien.
Le civilisé devient ainsi une marchandise morte qui s’échange et est gérée tout comme les autres marchandises mortes dans les flux tendus techno-capitalistes, mortes mais agitées de multiples soubressauts stimulés électroniquement.
C’est donc du « fantasme de la délivrance » qu’il nous faut nous délivrer. Ainsi, il sera possible de vivre, de vivre en se libérant des structures qui vont avec ce fantasme (l’Etat-capitalisme, la civilisation industrielle), et de vivre plutôt bien si on évacue les systèmes de dominations, les carcans hiérachiques, si on fait vivre une autonomie de subsistance et une vie politique intense.